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Sidwaya N° 7302 du 23/11/2012

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Editorial : L’UMP, le mauvais exemple venu de l’Hexagone !
Publié le lundi 26 novembre 2012   |  Sidwaya


Jean
© Autre presse par DR
Jean Guéhéno


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L’Union pour un mouvement populaire (UMP), traverse une crise sans précédent de son histoire. Le parti politique français de droite et du centre créé sous Jacques Chirac en 2002, est au bord de l’implosion.
Ce rassemblement de tendances gaullistes, centristes, libérales et conservatrices est sorti de l’élection de son président affaibli, divisé et il faut de la délicatesse pour recoller les morceaux. Le nouveau président, Jean-François Copé, aurait remporté l’élection du 18 novembre par 87 388 voix (50,03%) contre 87 290 voix à François Fillon (49,97%). L’écart de 98 voix semble être dur à avaler par les partisans de Fillon. Du coup, ce principal parti d’opposition au gouvernement actuel qui compte, à la date du 18 novembre 2012, 324 945 adhérents à jour de leurs cotisations devra gérer la colère de ceux qui avaient misé sur François Fillon. Même si celui-ci a reconnu bon gré, mal gré, sa défaite, la crise est visible à l’UMP. L’élection de Copé s’est faite dans la douleur, les insultes et la critique. Et rien ne montre que les “Fillonistes” déçus accepteront courber l’échine et obtempérer aux ordres de Copé.
On a appris que des irrégularités ont été constatées. Chaque camp accuse l’autre d’avoir triché. A Nice, dans l’Oise, dans les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne et à Paris, on crie à la fraude. Le candidat malheureux reconnaÎt qu’il y a risque d’implosion à l’UMP. « La fracture que traverse notre camp politique est désormais manifeste », a lâché François Fillon. L’ancien Premier ministre avait proclamé sa victoire avec 224 voix d’avance avant, finalement, de reconnaître sa défaite.
Appelé à jouer le pompier de service, Alain Juppé ne s’illusionne pas trop sur ses chances de réussite. Il prévient d’ailleurs : « Si nous n’arrivons pas à rétablir la paix, la sérénité au sein du mouvement, nous risquons d’aller vers l’éclatement de l’UMP ». La crise va laisser des cicatrices et déjà c’est le Front national (FN) qui se réjouit de la situation. Depuis le déclenchement de cette crise, le Front national et l’Union des démocrates et indépendants (UDI) du centriste Jean-Louis Borloo affirment enregistrer de nombreux ralliements de sympathisants ou d’adhérents UMP. « Depuis deux ou trois jours, on a doublé ou triplé le nombre d’adhésions. », a déclaré vendredi dernier, Marine Le Pen, la responsable du FN. Le FN affirme recueillir en temps « normal » environ 150 adhésions par jour. Grâce à la crise Fillon-Copé, il en aurait reçu environ 400 lundi, plus 600 mercredi.
L’examen clinique de la crise de l’UMP, revèle que le ver est dans le fruit. Le médiateur, Alain Juppé reconnait n’avoir que« très peu de chances » de mener à bien cette conciliation, qu’il voudrait conduire dans les deux semaines à venir. L’ancien président français, Nicolas Sarkozy soutient les efforts du médiateur même s’il est, lui aussi, conscient de la difficulté de la tâche. En effet, Jean-François Copé ne jure que par la commission des recours de l’UMP, au nom du respect des statuts du parti. Alain Juppé ne doit jouer à ses yeux qu’un rôle de superviseur. Les partisans de François Fillon, eux, ont suspendu dimanche leur participation aux travaux de la Commission des recours de l’UMP, instance suprême du parti, au motif que la composition de celle-ci ferait la part belle aux Copéistes. « La démarche d’Alain Juppé est la seule que nous reconnaissons », a ainsi déclaré Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon. En cas d’éclatement de l’UMP, les analystes prédisent une victoire du Front national aux élections municipales de 2014. Jean-Louis Borloo a déjà appelé, dimanche à la création d’une « coalition du centre droit et de la droite républicaine », placée, bien évidemment, sous « le leadership de l’UDI ».
Marine Le Pen se satisfait pour sa part de voir que le rythme des adhésions au FN a augmenté. Outre ces deux formations, il est fort à craindre, l’émergence d’un autre mouvement à droite sous la coupe de François Fillon. En cas d’échec de la médiation, l’on s’interroge sur ce que feront les deux leaders. Jusqu’où sont –ils prêts à y aller dans leur quête du pouvoir ? Choisiront-ils d’être des têtes de rats au lieu des queues de lion ?
« Quand la compétition est farouche entre deux rivaux, le gagnant est celui qui a le plus grand contrôle de ses émotions », nous enseigne l’écrivain indien, Ardashir Vakil. On ne sait pas qui de Fillon ou de Copé a su maîtriser ses émotions et ses pulsions dans cette rude compétition. Chacun ayant décroché ses flèches contre l’autre, rendant ainsi l’UMP mal en point.
Et la survie ou la mort de l’UMP dépendra de ces leaders qui se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. Ce n’est pas en dispersant ses forces que l’UMP restera un grand parti. Chacun devra privilégier les intérêts UMPistes pour espérer sauver l’essentiel. En cas de cassure, c’est Marine Le Pen, qui se réclame d’ailleurs principale opposante face à François Hollande qui s’en félicitera. Déjà que le FN fait des surprises à chaque échéance électorale, une implosion de l’UMP ouvrira un boulevard pour l’extrême droite qui entend prouver qu’elle est bien la deuxième force politique française. Fillon et Copé sauront-ils sauver les meubles. Auront-ils la sagesse de sauver le bateau de l’UMP dans cet océan agité ? 2014 est encore loin et tout est encore possible à l’UMP. Le naufrage peut être évité. Tout dépend de la volonté des deux leaders et de leurs partisans. François Fillon et Jean-François Copé doivent simplement méditer sur cette pensée de Yvan Audouard : « Savoir se retirer à temps indique déjà une grande airvoyance, mais conserver l’estime de ses amis et de ses rivaux quand on est plus au pouvoir, c’est à ce signe qu’on reconnaît les gens dignes de gérer votre destin ». Ce n’est pas en accédant au perchoir de l’UMP de cette façon que les deux prétendants auront l’estime de leurs amis et de leurs rivaux. Tant qu’il n’y aura pas de consensus sur celui qui portera le chapeau de l’UMP, l’implosion de l’UMP tant rédoutée reste juste une question de temps. Elle surviendra et de la façon la plus douloureuse. A chacun des prétendants de faire le choix entre le sauvetage et la cassure de l’UMP. Le médiateur Jupé ayant jeté l’éponge, la réconciliation des deux camps semble désormais mission impossible. En cette période de campagne électorale, et suivant de prêt les soubresauts électoraux chez nos "ancêtres les Gaullois", les Burkinabè, parfois champions dans l’imitation comme leurs autres frères du continent noir, doivent savoir qu’au moins, pour une fois, ce qui se passe en France n’est pas un modèle.

Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida

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