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Sidwaya N° 7703 du 9/7/2014

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Ecoles trames d’acceuil de Ouagadougou : piteux état !
Publié le mercredi 9 juillet 2014   |  Sidwaya




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L’école primaire publique Trame d’accueil du secteur n°43 (Ex- secteur 28) fondée en 1987 se porte mal. Elle reçoit des élèves venant du secteur, mais aussi des environs. Située à moins de cent mètres d’un bas- fond, l’école éprouve des difficultés à fonctionner et pour tout couronner, elle est menacée d’effondrement avec le ruissellement des eaux.

Il est 15 heures, un jour de début d’hivernage 2014, le ciel est couvert. La canicule règne et la moindre goutte d'eau est ressentie comme une bouffée d’oxygène pour les populations. Mais aux écoles Trame d’accueil A, B et C, situées au sud de la capitale, au secteur n°43, arrondissement 10 de Ouagadougou, la situation inquiète. Les responsables des Associations des parents d’élèves (APE) de ces écoles sont venus constater l’état des bâtiments. L’expression de leur visage en dit long sur ce qu’ils ressentent. Ils ont peur pour leurs enfants, car ici, la pluie n’est pas toujours bienfaisante.
En effet, le constat laisse voir des fondations dénudées par la force de l’érosion des eaux de ruissellement. Les salles de classe présentent un état physique de délabrement avancé : des toits déchirés par les vents, des plafonds rongés par les termites ou détachés, à cause des fientes des hirondelles. Dans la cour, les odeurs nauséabondes des toilettes qui se mêlent à celles des ordures ménagères, rendent les lieux irrespirables. Pour tout couronner, le manque de clôture fait que certains riverains n’hésitent pas à traverser la cour de l’école comme un «marché». Ce constat désolant embarrasse plus d’une personne.

Michaël Kinda, président de l’APE de l'école Trame d’accueil (ETA) «A», affirme que des démarches ont été entreprises auprès des autorités qui, pour lui, font la sourde oreille. Pourtant indique-t-il, «le souci est d’offrir un environnement sain et approprié aux 1200 écoliers que comptent les trois écoles». Des écoliers qui, depuis un certain temps, ne profitent plus des vertus du sport, car ne disposant pas d’espace pour cette discipline (NDLR : mauvais état physique de la cour de l’école). Pour minimiser les risques, les éducateurs préfèrent «biffer» cette matière. M. Kinda s’en souvient : «l’école a déjà enregistré des cas d’accident. Notamment, des fractures dues aux mauvais état du terrain». Plus grave, poursuit-il, «il y a déjà eu un cas de noyade dans le grand fossé situé à moins de 100 m de l’école et aussi des blessures graves à ce niveau». (NDLR : la zone a été identifiée comme zone à risque d’inondation). La solution qui consistait à aller mener les activités sportives dans un autre lieu a vite été abandonnée. L’étroitesse du terrain et le nombre des élèves ont contraint les enseignants à y renoncer l’éducation physique et sportive. D’ailleurs, le mauvais état de la route et surtout, du principal pont qui reliait l’école, n’y facilite plus l’accès. «C’est parce qu’il y a une route que les enseignants peuvent venir à l’école. Si le pont cède, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer», avoue, impuissant, M. Kinda.

Même environnement, autre situation

Boubacar Ouédraogo, président APE de l’école Trame d’accueil (ETA) « C », en plus des difficultés ci-dessus énoncées, égrène d’autres tribulations. Il confie que son école connaît un manque criant de tables- bancs. Conséquence, l’école fonctionne, grâce «à l’appui des deux autres écoles et du lycée communal». «Depuis la rentrée scolaire, l’école n’a été dotée ni de mobiliers de bureau ni de tables-bancs», précise M. Ouédraogo. Le constat est sans équivoque, l’école compte cinq classes, au lieu de six. En sus, elle ne dispose pas de bureau pour la directrice. Seuls quelques vieux tables-bancs se trouvant dans chaque classe, permettent aux écoliers de s’asseoir, tant bien que mal à cinq pour suivre les cours. L’école ne dispose pas de magasin. Toute chose qui oblige les responsables, à solliciter l’aide d’une école voisine, en l'occurrence l’école « Yaka », pour stocker les vivres de la cantine scolaire, alloués à l’ETA «C».
A l’école Trame d’accueil B, le président de l’APE, Jean Igore Zoundi et les enseignants vivent une autre situation. Celle de la fuite des élèves. Ainsi se souvient M. Zoundi, «quand je prenais la tête du bureau de l’APE, nous avions un effectif de 590 élèves. Mais aujourd’hui, nous en avons moins de 200. Cette année, nous n’avons eu que 13 élèves». Selon lui, c’est l’enseignement bilingue (français et mooré) qui en est la cause. Il explique que les mesures d’accompagnement promises au moment de la mise en application de ce système dans ces écoles n’ont pas suivi, d’où la résistance des parents à inscrire leurs progénitures dans ce genre de système qui était censé leur apprendre un métier, en plus de l’enseignement dispensé. Les difficultés relevées par les représentants des parents d’élèves sont partagées par le corps enseignant et les élèves qui les vivent au quotidien.

M. Joseph Désiré Sawadogo, enseignant de la classe de CP2, fait remarquer que ces manquements constituent un obstacle à l’accomplissement de leurs missions. Mais, ils ne se découragent pas. Pour accompagner les élèves vers le succès, ils n’hésitent pas à braver certains interdits. «Nous sommes obligés de négocier la rue pour les épreuves d’éducation physique des élèves de CM2», fait remarquer M. Sawadogo qui reconnaît que la pratique n’est pas sans conséquence pour les usagers. Cette liste de difficultés n’est pas exhaustive, a prévenu M. Sawadogo.

Des solutions qui tardent, des élèves soucieux

Issaka Démé et Tatiana Ramatou Ouédraogo, tous en classe de CM2, sont aussi inquiets de la situation de leur école. Ils plaident pour la réhabilitation des infrastructures endommagées et réclament de meilleures conditions de travail pour les enseignants. Ils argumentent leur plaidoyer: «Nous avons un manque de matériels dans nos classes, en cas de pluie, l’eau coule dans les classes et quand il y a un vent, les toits se soulèvent et on a peur. Pendant la récréation, nous n’arrivons pas à nous amuser, car il y a beaucoup d’élèves et il y a un manque de place ». La situation de l’école Trame d’accueil n’est pas ignorée des responsables de la Circonscription d'éducation de base (CEB) n°17, selon l’inspecteur de la circonscription, Adama Zongo. Et à l’entendre, l’ensemble des dégâts constatés a déjà été transmis à la hiérarchie. Mais, il avoue ne pas savoir exactement ce qui sera fait. «Des dispositions sont en train d’être prises au niveau de la Direction provinciale de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (DPENA) du Kadiogo en ce qui concerne l’aspect extérieur de l’école», lâche M. Zongo. Par ailleurs, il rappelle qu’en ce qui concerne les autres préoccupations soulevées par les différents présidents, il appartient au bureau des APE, au cours d’une assemblée générale, de les relever et les faire parvenir sous ampliation. Rappelant le rôle des mairies dans le fonctionnement des établissements, il explique que certaines questions relèvent des prérogatives de celles-ci qui se doivent de trouver des solutions palliatives. M. Zongo déplore la construction du nouveau bâtiment qui, de son avis, n’est pas appropriée. «Je ne suis pas technicien, mais à voir l’état de dégradation du terrain, il est inconcevable d’envisager une telle réalisation, sans pour autant penser à comment sécuriser les lieux. Au lieu d’ajouter un autre bâtiment, qui serait un investissement à perte, il fallait d’abord voir comment assurer la sérénité de ce qui existe déjà», regrette-il.


Le dynamisme, gage d’un bon fonctionnement


Depuis quelques années, la nouvelle politique du gouvernement en faveur de l’éducation est la gratuité de l’école et la rétrocession progressive des établissements publics aux collectivités. Selon M. Ouédraogo, «seule la cotisation des parents d’élèves, dont le montant s’élève à 3 000 F CFA par élève, permet de payer le consommable des enseignants, réparer les tables-bancs et les tableaux, parer au plus urgent au niveau des bâtiments, payer les factures d’eau et d’électricité, assurer le salaire du gardien, sans oublier la somme de 4 000 F CFA par classe pour le fonctionnement de l’inspection». Mais sur la question, les trois présidents sont unanimes sur les défis de recouvrement de la cotisation. «Sur plus de 1 200 élèves, seulement 400 à 600 sont à jour de leur cotisation», font-ils savoir. Ils soutiennent que certains des dysfonctionnements sont liés à ce manque à gagner de la cotisation. A cela, il faut ajouter, à les entendre, les factures impayées d’eau datant de 2009, de plus de 350 000 F CFA, consécutives au relogement des sinistrés des inondations du 1er septembre de ladite année dans les écoles. «C’est grâce à l’association ASMAD, que nous avons pu régler ces six mois d’arriérés, sinon, nous étions obligés de payer deux barriques d’eau par jour et par école, pour que les enfants puissent se désaltérer», raconte M. Kinda. Le problème de l’éducation est l’affaire de tous. C’est dans ce sens que certaines institutions et sociétés du Burkina Faso n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour offrir de meilleures conditions de travail aux établissements publics de la place. Les présidents des APE des écoles Trament d’accueil citent des appuis venus de l’ONATEL, de SOPAM et de la Croix-Rouge. Mais, ils assurent que beaucoup reste à faire. Car, «le nombre pléthorique dans les classes, au moins 130 élèves, fait qu’à chaque rentrée scolaire, nous avons toujours des problèmes et la proximité de l’école avec la zone non-lotie a contribué à cette pléthore», explique M. Kinda.


Donald Wendpouiré NIKIEMA
nikdonald@yahoo.fr

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