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Le Pays N° 5245 du 26/11/2012

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Site d’orpaillage de Labola : La Somika et Sav-Or à couteaux tirés
Publié le lundi 26 novembre 2012   |  Le Pays




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L’installation d’une seconde société d’achat et de vente du métal précieux, autorisée par les habitants de Labola, localité située à une quinzaine de kilomètres de Banfora, est source de conflit entre les deux sociétés SOMIKA et SAV-Or. Le 23 novembre 2012, la dernière a vu ses installations incendiées par la première, la SOMIKA.

Le 23 novembre 2012, le site d’orpaillage de Labola situé à une quinzaine de kilomètres de Banfora a été le théâtre d’une scène de saccage des installations de la Société d’achat et de vente d’or (SAV-Or) par les agents de la SOMIKA établis sur les lieux depuis son ouverture en 2010. La SAV-Or est arrivée sur le site il y a à peine 4 semaines. Dans cette guerre où les uns cherchent à se faire une place au soleil et les autres qui tentent de protéger leur « vache laitière », les habitants de Labola ont pris fait et cause pour la nouvelle société au motif que, contrairement à SOMIKA, SAV-Or a pris l’engagement de réaliser des infrastructures au profit du village. Lequel engagement se traduira par le reversement de 100 F CFA par gramme d’or vendu dans une caisse du village, ce qui servira à financer ces réalisations. Le 24 novembre 2012, suite à l’incendie des hangars appartenant à SAV-Or, une trentaine de villageois de Labola sont arrivés au haut-commissariat de la Comoé à bord d’un véhicule affrété par SAV-Or, dans l’optique de se plaindre de ce qu’ils ont appelé la basse besogne des agents de SOMIKA. Le premier responsable de la province, Casimir B. Séguéda, décide séance tenante, de retablir le dialogue entre les différents acteurs. En homme averti, il a pris le soin de convoquer les deux protagonistes qui arrivèrent sans tarder. A l’entretien qu’il a eu avec les trois parties, à savoir les villageois, le représentant de SOMIKA et celui de SAV-Or, il a invité le commandant de la brigade territoriale de gendarmerie de Banfora. C’était donc parti pour un huis clos de trois heures d’horloge. A la sortie, le porte-parole des villageois, Soungalo Sagnon, habitant de Labola Kassienguera, fait savoir qu’après deux années d’exploitation de leurs terres, SOMIKA n’a encore rien fait pour le village. « A cause de l’orpaillage et des produits chimiques utilisés, nous n’avons plus d’eau pour nos animaux ni de terres pour des travaux agricoles », dit-il. Pour avoir de l’eau de boisson, indique-t-il, nous devons parcourir au bas mot 6 kilomètres pour rallier Tiéfora.

« SOMIKA est un affront »

C’est donc dans ce contexte marqué par une insatisfaction des villageois vis-à-vis de la SOMIKA que SAV-Or est arrivée. « SAV-Or a pris l’engagement de nous donner de quoi manger ; donc nous avons donné notre accord pour qu’elle s’installe », martèle un autre villageois. Parlant de manger, SAV-Or a promis de reverser au village de Labola 100 F sur chaque gramme d’or vendu. Ce qui semble faire l’affaire des habitants de Labola. Soungalo Sagnon soutient qu’à leur arrivée, une délégation du village est allée voir le représentant de SOMIKA sur place pour lui dire que la nouvelle société s’installe avec leur accord. « En tout cas, nous avons signifié aux deux société que leur cohabitation devrait être pacifique ». La destruction des hangars qui devaient servir de comptoir aux agents de la SAV-Or par les éléments de la SOMIKA est un affront aux yeux des villageois. « C’est une situation que nous n’arrivons pas à digérer. Par ce geste, SOMIKA nous a traités de moins que rien. Comme pour dire que nous ne sommes plus libres de céder nos terres à qui nous voulons », s’indigne un villageois. Dans la foulée, un autre lance à peu près ceci : « L’Etat ne peut pas vendre nos terres sans nous dédommager. Et d’ailleurs, nous sommes à une période électorale. Ce ne sont pas des animaux qui iront voter mais des hommes comme nous ». Le représentant de SAV-Or, Moussa Ouédraogo, dit ne pas comprendre le comportement des agents de la SOMIKA. De son avis, c’est le maire de Tiéfora dont relève Labola qui leur a octroyé la zone après avoir obtenu le consentement des villageois. A son avis, elle (la zone) se trouve à plus de 5 kilomètres du périmètre de la SOMIKA. Au-delà de la destruction des installations de SAV-Or, les habitants de Labola voient en ce geste le refus de SOMIKA de voir une autre sociétés, s’installer dans la zone, concurrence oblige. Mais à écouter le représentant de cette société, Moctar Bamogo, il n’en est rien. Pour lui, l’arrivée de SAV-Or n’a respecté aucune norme de courtoisie. « La société SAV –Or est arrivée sans même prendre langue avec nous. Pourtant, avec le représentant de cette société, nous nous connaissons même avant de travailler pour le compte de nos sociétés respectives », a-t-il fait savoir. Selon lui, c’est un beau matin qu’il a appris que SAV-Or voulait installer un comptoir. « Ce qui m’a un peu intrigué. Je me suis alors rendu à la gendarmerie où on m’apprit que SAV-Or a présenté un document qui lui a été délivré par le maire de Tiéfora ». S’étant référé au maire, Moctar Bamogo dit avoir découvert que ledit document demandait à SAV-Or de prendre attache avec le détenteur du permis d’exploiter, donc la SOMIKA, avant toute chose. Ce qui, de son avis, n’a pas été fait et pire, fait-il savoir, SAV-Or a installé ses hangars à moins d’une centaine de mètres de leurs trous. « Nous ne pouvons tolérer pareil comportement ». Pour ce qui est de la plainte des villageois relative à la non-réalisation d’infrastructures sociales au profit du village, Moctar Bamogo répond que la SOMIKA n’est pas là seulement pour faire des profits. Elle s’est plusieurs fois illustrée en bienfaitrice même si cela ne s’est pas encore produit à Labola. Personnellement, il dit avoir soutenu financièrement des habitants de la localité en cette année 2012 pour une enveloppe globale de plus d’un million de francs CFA. Pour lui, cette raison ne saurait justifier l’attitude des villageois qui, du reste, ne devraient pas se mêler de cette bagarre et prendre position pour SAV-Or. D’ailleurs, sur leur requête, la SOMIKA s’est engagée à racheter au profit du village la fontaine d’un particulier, située non loin du site d’orpaillage. Le haut-commissaire, pour sa part, a invité les deux protagonistes à la retenue. Pour lui, nous sommes à une période électorale qui n’a pas besoin de ce genre de conflit. Une fois les élections passée, Casimir Séguéga entend les rappeler autour d’une même table. Auparavant, a-t-il dit, nous allons rassembler le maximum d’informations qui nous diront qui de SOMIKA ou de SAV-Or doit rester ou quitter le site. Un message qui a été entendu par les villageois de Labola puisqu’ils se sont engagés à se calmer en attendant que les élections passent. Cependant, a prévenu leur porte-parole, ils regagnent Labola avec leur faim. « Nous resterons, comme il l’a dit, à l’écoute mais nous devons dire que notre patience a des limites. Si d’ici-là nous n’apprenons rien, nous allons encore faire du bruit pour nous faire entende ».

Mamoudou TRAORE

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