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Notre Temps N° 112 du 27/6/2014

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Imam Ismaël Tiendrebéogo à propos du Ramadan : «L’intention doit être de se rapprocher de Dieu»
Publié le dimanche 29 juin 2014   |  Notre Temps


Ismaël
© Autre presse par DR
Ismaël Tiendrébéogo, imam de l`Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) et du Cercle d`études, de recherches et de formation islamiques (CERFI)


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Le mois de Ramadan est le mois durant lequel le saint Coran a été révélé. En l’honneur de ce livre, le mois de Ramadan est un mois où l’on s’adonne à des œuvres de piété « pour témoigner sa gratitude à Dieu qui nous a guidés à travers le Coran et également pour nous rapprocher davantage de Dieu ». Ismaël Tiendrebéogo, imam de l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (AEEMB) et du Cercle d’étude de recherches et de formation islamiques (CERFI) nous en parle à travers cette interview. Il évoque le sens de ce mois, comment le musulman doit se comporter pendant cette période. Pour lui, l’intention doit être de rechercher l’agrément divin et de se rapprocher de Dieu.


Notre Temps : A quelle date sommes-nous à ce jour sur le calendrier hégirien, le calendrier que l’islam considère, sachant qu’il est différent de celui grégorien ?

Imam Ismaël Tiendrebéogo : Nous sommes actuellement dans le mois de Shaaban et le 24e jour si je ne m’abuse (NDLR : l’interview a été réalisée le 23 juin 2014). Donc nous avons 5 ou 6 jours maximum pour être en plein dans le mois de Ramadan.

Donc le vendredi ou samedi commence le mois de Ramadan?

En tout cas autour du 28 ou du 29 juin, on devrait être dans le mois de Ramadan.

Parlant justement du mois de Ramadan, quelle est sa signification et partant celle du jeûne pour le fidèle musulman ?

Pour ce qui est du mois, il est observé en jeûne parce que c’est durant la 27e nuit de ce mois que le Coran a été révélé. Le Ramadan revient à donner au mois son droit. Dans le mois de Ramadan, on lit davantage le Coran. C’est aussi pour témoigner notre gratitude à Dieu qui nous a guidés à travers le Coran et également pour nous rapprocher davantage de lui pendant ce mois de Ramadan. En effet, la parole de Dieu est révélée la 27e nuit du mois de Ramadan de l’an 610 et vise à rapprocher la créature du Créateur. Donc, nous en profitons pour nous rapprocher de Dieu parce que pour nous musulmans, il y a trois barrières qui empêchent la créature de façon générale de se rapprocher du Créateur. Ce sont : son orgueil, ses membres et les droits des autres sur lui-même. Pendant le mois de Ramadan, nous cassons l’orgueil parce que Dieu nous demande de nous rabaisser, d’oublier nos faims et tout ce que nous avons comme besoins et d’obéir à Sa Parole. A ce moment, c’est l’orgueil que l’on tue parce qu’on reconnait une autorité supérieure à nous et l’on se soumet à cette autorité. Deuxièmement, c’est aussi un mois pendant lequel nous éduquons nos organes. Celui qui jeûne et, le Hadith dit, « ne s’abstient pas de mentir et de calomnier, Dieu n’a nul besoin qu’il se prive de manger et de boire ». Donc, ce mois ne se définit pas seulement comme une suite d’abstentions. C’est une philosophie qui pousse l’individu à prendre conscience de son emprise sur ses passions et sur ses membres pour se rapprocher de Dieu. Troisièmement pendant le mois de Ramadan, les uns s’abstiennent de manger et de boire et se rendent compte de la dureté de la faim. Cela les prédispose à la générosité vis-à-vis des autres, d’autant plus que durant ce mois on fait des économies sur ce que l’on mange. Celui qui mangeait trois fois par jour le fera peut-être deux fois, et celui qui mangeait une fois le fera une fois. Ces éléments nous rappellent que la portion ainsi économisée peut servir à soulager les autres dans leur faim et leur soif. Le mois de Ramadan, pour me résumer, c’est de reconnaitre le droit du Coran sur nous en multipliant sa lecture pendant le mois de Ramadan ; c’est également nous rapprocher de Dieu en brisant les trois barrières que j’ai citées plus haut, et bien évidemment c’est surtout pour obéir à Dieu qui nous prescrit ce mois et donc nous lui obéissons tout simplement. Et nous savons que c’est par l’obéissance à Dieu que nous accédons à la miséricorde divine qui est la clé d’entrée au paradis.

Y a-t- il une différence entre les termes jeûne et carême ?

Le carême est chrétien et fait 40 jours. Le jeûne est un terme générique et en islam on va parler de As-Siyam. Et le mot Siyam ne signifie pas seulement ne pas manger et ne pas boire. Le jeûne également peut consister en un vœu de silence. Quelqu’un qui se retient de parler au nom de Dieu est en train d’observer un jeûne. Même s’il mange et boit, c’est l’abstention dans les propos qui est considérée comme un jeûne. Et vous trouverez un exemple dans la Sourate 19 du Saint Coran ô mari: aujourd’hui j’ai voué un jeûne à mon Seigneur, je ne parlerai à aucun homme ». Sur cette base donc, on sait que le fait de ne pas parler pour Dieu est compté comme un jeûne.

Qui doit observer le jeûne ?

Celui qui doit observer le jeûne, premièrement, c’est le musulman. Deuxièmement, c’est le musulman pubère et troisièmement, c’est le musulman pubère et saint d’esprit. Quatrièmement, c’est le musulman pubère, saint d’esprit et résident et cinquièmement, c’est le musulman pubère, saint d’esprit, résident et qui n’a pas d’excuse pour ne pas jeûner. Vous avez des gens qui ont une excuse, par exemple la femme qui allaite et qui craint pour sa santé ou celle du bébé ne jeûne pas. La femme également qui est enceinte et qui craint pour sa santé ou pour la survie du fœtus ne jeûne pas. Celui qui souffre d’une maladie, comme les ulcères gastriques ou une maladie qui oblige à prendre des médicaments à intervalles réguliers est également exempté du jeûne. On va distinguer deux types de situation. Il y a des excuses définitives au jeûne dans le cas où une personne a une maladie chronique. Elle, elle se rachète chaque soir en nourrissant un pauvre pendant le mois de Ramadan. Durant les trente (30) jours, la personne aura nourri trente (30) pauvres à la fin du mois de Ramadan.

Est-ce qu’il s’agit de faire l’offande à la même personne ?

Oui, l’essentiel est que ce soit un pauvre. Maintenant, supposons que la personne qui veut nourrir un pauvre lui donne 500 FCFA. Au lieu de donner ces 500 FCFA, il pense qu’il a assez d’argent et il lui donne 100 000 FCFA par jour de jeûne. Le lendemain, il devrait trouver une autre personne. Parce que celui qui a déjà reçu 100000F n’est plus dans la catégorie des pauvres. Mais cela mis à part, on peut donner à la même personne pendant les trente jours (30). Ceux qui ont une excuse temporaire attendent de recouvrer la santé pour rembourser le nombre de jours manqués. De la même manière, ceux qui sont en voyage et qui se trouveraient à plus de 80 km de chez eux ont la possibilité de jeûner ou de ne pas jeûner. S’ils choisissent de ne pas jeûner, ils devront rembourser plus tard ce jeûne manqué. S’ils choisissent de jeûner, cela leur fait du bien et ce n’est pas interdit. Quand on est en voyage, on a la double possibilité de jeûner ou de ne pas le faire. C’est une possibilité qui est prévue dans le Coran, sourate 2, verset 187 et suivants pour celui qui est en voyage de ne pas observer le jeûne. Mais c’est juste une possibilité qui lui est offerte ; ce n’est pas une obligation qui lui est faite.

Concernant les personnes qui ont obligation d’observer le jeûne, quelles sont pour elles, les règles qui sont de mise ?

Pour ce qui est des règles, il y a d’abord l’intention. Parce que le Prophète (saw) a dit que les actes ne valent que par l’intention qui les prévaut et chacun ne sera rétribué pour son action qu’à hauteur de l’intention qui l’a poussé à agir. L’intention doit être de rechercher l’agrément divin et de se rapprocher de Dieu. Celui qui jeûne parce qu’on l’oblige à jeûner ou celui qui jeûne pour que les gens disent que lui aussi le fait, son motif ce n’est pas de plaire à Dieu, ce n’est pas de rechercher l’agrément divin et donc son jeûne n’est pas valable du point de vue spirituel. Il aura accompli un jeûne physique, mais spirituellement, il n’en aura pas le résultat. On insiste sur la question de l’intention. Le Prophète (saw) nous a donné la possibilité de prendre une intention valable pour tout le mois. C’est-à-dire qu’à l’annonce du croissant lunaire, on formule l’intention au fond de soi de jeûner tout le mois durant pour se rapprocher de Dieu. Mais le mieux c’est de la renouveler chaque jour de jeûne avant l’aube. On se lève vers 4h30 pour manger. Juste avant cela, on formule son intention de jeûner pour Dieu. En fait ce ne sont pas des mots, mais c’est un état d’esprit qui caractérise l’intention selon l‘islam. Deuxièmement, c’est de respecter les piliers du jeûne qui sont les trois abstentions qui sont le manger, le boire et la copulation. Dans le manger, on va prendre en compte des besoins comme la cigarette pour certains. Quand on jeûne, on ne peut pas fumer. En dehors du jeûne, fumer est un acte détestable, selon l’islam. Mais pendant le mois de Ramadan, on ne peut même pas jeûner et fumer. Manger donc tout ce qui peut arriver dans le ventre par le tube digestif, comme cela se fait habituellement, rompt le jeûne. Et ce qui peut également avoir l’effet indirect de soulager les besoins du corps rompt le jeûne. Celui qui jeûne ne peut pas prendre une perfusion dans un but qui le nourrit. On ne peut pas prendre un glucosé par exemple. Maintenant celui qui jeûne peut prendre une injection, parce que le but n’est pas de le nourrir. Quand on prend du Quinimax, on sent toujours la faim ! Mais quand on prend du sérum ou un autre produit du même genre sous perfusion, c’est pour soulager le corps de l’absence de la nourriture physique dans le ventre. On parle de ne pas manger, on ne prend pas en compte les cas d’oubli de manger. Quelqu’un qui observe le jeûne et oublie qu’il le fait et mange, cette personne continue son jeûne parce qu’il est valable. Et le Prophète (saw) a dit : « Dieu ne punit pas ma communauté pour trois types de péchés. Le péché commis par oubli, celui commis par ignorance et celui sous la contrainte ». L’oubli, je savais mais j’ai oublié ; l’ignorance je ne savais même pas et la contrainte, on m’a forcé à le faire. Pour ces trois cas, il n’y a pas de péché. Et le Hadith continue en disant que « Celui qui jeûne et mange ou bois par oublie qu’il continue son jeûne, Dieu ne lui en tient pas rigueur ». On peut ne pas prendre en compte les nourritures et les boissons involontaires dans cette catégorie. On ne compte pas également comme manger ou boire le fait de se brosser les dents, ni avec la pâte dentifrice ni avec le cure-dents. Le but premier de ces éléments n’est pas de se nourrir. On peut mettre du collyre dans les yeux, même si on retrouve la trace plus tard au fond de la gorge. Cela non plus ne rompt pas le jeûne. Pendant le mois de Ramadan, il est permis de donner son sang pour une perfusion, mais on ne peut pas recevoir une perfusion. Si on doit recevoir la perfusion, c’est que l’on est dans la situation de quelqu’un qui ne doit pas jeûner. Le verset dit « Ne vous jetez pas vous-même de vos propres mains dans votre perte, Dieu est plein de miséricorde pour vous ». Quand on est malade au point qu’on doit prendre une perfusion sanguine, cela veut dire qu’on ne doit pas jeûner. On reporte le jeûne à plus tard conformément aux différentes catégories citées plus haut. Maintenant à côté de ces piliers du jeûne, il y a également la discipline du corps à observer pendant la période du jeûne. Dans un hadith, le Prophète ( saw) a dit « Celui qui jeûne et ne s’abstient pas de mentir et de calomnier, Dieu n’a nul besoin qu’il s’abstienne de manger et de boire ». Le plus important, ce n’est pas de ne pas manger et boire seulement, il faut également éduquer les organes des sens à rester dans la philosophie et la logique du mois de Ramadan. Pas donc de mensonge ni avant ni pendant et ni après le Ramadan. Le Prophète (saw) a dit que c’est l’un des signes de l’hypocrite. Quand il parle, il ment ; quand on lui fait confiance, il trahit et quand il promet, il ne tient pas sa promesse. Et il a ajouté que quand il est en colère, il est grossier.

Vous avez parlé tantôt de manger. Mais une femme peut-elle goûter à sa sauce pour se rassurer que c’est bien assaisonné alors qu’elle a jeûné ?

Il est permis à la femme de goûter à sa sauce pour voir si c’est bien assaisoné. Mais après, elle doit cracher ce qu’elle a dans la bouche. Dans certaines cultures, quand les enfants ne peuvent pas manger par eux-mêmes, il y en a qui mâchent la nourriture pour redonner à leur enfant. Elle peut le faire pour son enfant, mais doit cracher. Puisqu’on a dit que ce qui est interdit c’est l’arrivée de la nourriture dans l’estomac. Ce n’est pas le fait d’utiliser les dents. Je voudrais également souligner le cas qu’une femme qui, cette année, est enceinte, ne peut pas jeûner si elle craint pour sa santé ou celle de son bébé. L’année suivante également, elle ne pourra pas jeûner parce qu’elle sera en train d’allaiter. Elle aura deux années pendant lesquelles elle aura une excuse. En ce moment, il lui est permis de rattraper un mois de jeûne entier par la compensation d’un pauvre. Elle n’aura pas à jeûner les 60 jours après la fin de son allaitement. Elle compense les 30 premiers jours en nourrissant un pauvre pour chaque jour de jeûne manqué et aménage son temps pour compenser en jeûnant.

Quels sont les comportements obligatoires et ceux surérogatoires pendant le mois de Ramadan ?

Ce qui est obligatoire, c’est de respecter les piliers et les interdits pendant le mois du Ramadan. Comme on l’a dit, ce sont les abstentions et l’éducation de tous les sens. Ce qui est interdit, on le sait, c’est ce qui était interdit avant, sauf la nourriture qui est permise en dehors du mois de Ramadan et qui est interdite pendant le mois de Ramadan. Ce qui est surérogatoire, c’est par exemple multiplier la lecture du Coran. En islam, on parle de 4 catégories d’actes juridiques. C’est-à-dire que quand on prend un acte, soit il est interdit, soit il est permis, soit il est indifférent, soit il est détestable. Quand on parle de ce qui est interdit, c’est l’acte dont la commission est constitutive d’un péché. C’est aussi de multiplier les aumônes… L’islam veut qu’à chaque étape de notre vie, nous puissions nous rapprocher du Créateur, en étant proche de la créature. Le Prophète (saw) a dit : « Faites miséricorde à ceux qui sont sur terre afin que Celui qui est là-haut aussi vous fasse miséricorde ». Et dans un verset de la Sourate 28, Dieu dit : « Sois bienfaisant vis-à-vis des autres comme Dieu l’a été vis-à-vis de toi ». Cela pour dire qu’il y a un lien entre l’adoration que nous devons à Dieu et le comportement que nous devons aux créatures de Dieu.

Et quand, pendant le mois du Ramadan, un homme a besoin de son épouse ?

Pendant le mois du Ramadan, du matin jusqu’au coucher du soleil, il n’y a pas de relations sexuelles. Celui qui rompt volontairement son vis-à-vis, il n’y a pas d’excuse. Il ne pourra plus jamais rattraper le jour perdu, parce que le mois de Ramadan est constitué de jours de grande miséricorde que Dieu destine à ses créatures. Si tu perds un jour pendant le mois du Ramadan de cette année, tu ne pourras jamais en trouver de comparable. Et tu ne peux pas le prendre dans un autre mois du Ramadan, car tu auras aussi à jeûner pendant ce mois. Pour compenser, tu n’auras qu’un jour ordinaire qui n’a pas la même valeur. Deuxièmement pour celui qui rompt volontairement, il a trois possibilités. La première, c’est de jeûner deux jours d’affilée, plus le jour manqué. Donc si j’ai manqué un jour, je jeûne 60 jours de compensation plus 1 jour. Ou bien, il faut affranchir un esclave ou nourrir 60 pauvres. Ce sont ces 3 possibilités que Dieu donne pour amoindrir la perte du jour manqué pendant le mois de Ramadan. Mais ça ne compensera jamais le jour manqué. Pendant le mois de Ramadan, il n’est pas donc pas permis d’avoir des rapports sexuels avec son épouse durant la journée. Mais une fois le soleil couché, ce qui était interdit pendant la journée de Ramadan est autorisé, sauf pour ceux qui sont en retraite spirituelle à l’intérieur des mosquées. Pendant le mois de Ramadan, on peut observer une retraite pieuse. On va dans la mosquée, on se détache du monde et on fait une introspection. On analyse sa relation avec Dieu, on prend des engagements vis-à-vis de Dieu. Pendant cette retraite spirituelle, on ne doit pas avoir de relation sexuelle avec son épouse.

Comment on rompt le jeûne ?

Le prophète (saw) avait l’habitude de rompre léger. Il a dit « rompez avec des dattes fraîches ! Si vous n’avez pas de dattes sèches, si vous n’en avez pas recourez à l’eau, si vous n’en avez pas, recourez à l’écorce d’un arbre et si vous n’en avez pas, l’intention simple est suffisante pour rompre son jeûne. Les dattes contiennent des sucres rapides qui permettent de redonner un peu de vigueur rapidement au corps. On a montré également que pendant le mois de Ramadan, si on se gave de nourriture, on affaiblit l’organisme, on est plus lourd et plus fatigué pour les œuvres d’adoration. Donc on rompt léger et on va pour la prière de Magrib. Là, l’organisme a le temps de se réhabituer à la présence de nourriture et quand on revient, on mange graduellement la quantité qu’on devrait manger. On ne doit pas s’asseoir et manger en 5 ou 10 minutes le plat qu’on mangeait en dehors du mois de Ramadan. Pendant le Ramadan, l’organisme est au ralenti et on ne peut pas le gaver du coup. Aussi, le Coran dit : « Mangez et buvez, mais n’exagérez pas, Dieu n’aime pas ceux qui exagèrent ». Dans la façon de manger, on ne va pas se venger sur la nourriture en mangeant une double portion parce qu’on n’a pas mangé à midi. On va rester dans la logique que nous ne jeûnons pas par punition, mais par désir de se rapprocher de Dieu. C’est quand c’est par punition qu’à la fin de la punition, on veut se rattraper par rapport à ce qu’on a perdu. Mais si on jeûne par amour de Dieu, on reste toujours dans cette logique et on préserve ce corps que Dieu nous a donné, parce que nous devons en répondre le jour de la résurrection. Il faut privilégier les ruptures en commun et éviter trop de sucre. On peut avoir des hyperglycémies circonstancielles qui peuvent avoir des conséquences sur la santé plus tard en débouchant sur un diabète… On peut prendre des conseils avec les spécialistes, car le Coran, dit : «Renseignez-vous auprès des plus instruits si vous êtes ignorant ».

Il est recommandé de consommer les dattes en nombre impair. Quelle est la symbolique ?

Il y a un hadith qui demande de consommer les dattes en nombre impair. Habituellement, le Prophète (saw) ne dépassait pas 7 dattes. Le nombre impair, c’est le Créateur plus la créature. Quand on prend un, Dieu est unique, c’est l’unicité divine. A partir de trois, vous avez la créature qui a été créée par couple. Dieu dit : « nous avons créé toute chose par couple ». Cela fait 2 plus l’unicité de Dieu. Si c’est 5, vous avez les 4 pour la créature et le 1 qui est l’unicité.

A quand la fin du mois de Ramadan qui commence bientôt ?

C’est prévu pour 29 ou 30 jours après son début. Mais après, les mois lunaires et les mois solaires sont différents. D’emblée, on ne peut pas savoir quelle sera sa durée, car c’est en fonction du croissant lunaire. C’est l’apparition du croissant lunaire qui va marquer la fin du Ramadan. Le hadith dit clairement « commencez le jeûne avec l’apparition du croissant lunaire et rompez à son apparition ». On est fixé par rapport à cela.

Fixé, mais il y a chaque fois des bisbilles autour des dates liées au Ramadan !

En fait le problème c’était l’exercice du leadership dans la communauté des musulmans. Au sein de la Fédération, il y a de plus en plus une concertation. Il a été mis en place une commission qui comprend toutes les tendances musulmanes et cela règle ce problème définitivement. Si on se base sur deux hadiths, le premier :« jeûnez avec l’apparition de la lune et rompez avec l’apparition de la lune » et l’autre :« obéissez à Dieu, obéissez au Messager de Dieu, obéissez à ceux qui détiennent l’autorité parmi vous », on ne devrait pas avoir de l’indiscipline ou des perturbations parmi les musulmans, s’agissant du jour de début ou de fin de Ramadan. Je crois que c’est plutôt lié à l’indiscipline de certains musulmans.

Maintenant, quel commentaire faites-vous du fait que pendant le mois de Ramadan, on voit le nombre de pratiquants musulmans aller à la hausse ?

Le hadith dit que pendant le mois de Ramadan, on enchaine les démons. Nos passions sont bridées, et le jeûne n’a pas son semblant pour rapprocher la créature du Créateur. C’est vraiment le meilleur acte pour rapprocher l’individu de son Seigneur. Pendant le mois de Ramadan, cela est perceptible à travers cet élément. Et pendant ce mois, la communauté vit comme une entité, alors qu’en dehors du mois de Ramadan, ce sont des individus qui sont disséminés au sein de la communauté nationale burkinabè. Il y a donc l’engouement lié à la communauté et je crois que cela peut aussi être une explication.

Qu’avez-vous à dire sur la flambée des prix de certaines denrées à l’approche et même durant le mois de Ramadan ?

C’est simplement l’application d’une règle de l’économie qui dit que c’est la demande qui détermine les prix. Plus, vous en demandez, moins il y en a et plus les prix vont monter. Plus vous offrez, personne n’achète et les prix vont chuter. C’est une loi naturelle. Pendant le mois de Ramadan, il y a une plus forte consommation de sucre. Puisque la demande augmente, les gens en profitent pour faire jouer les prix. Mais je crois que les mesures gouvernementales et la prise de conscience de certains commerçants musulmans sont en train de venir à bout de ce problème de fluctuation. Mais il n’y a pas que le sucre, il y a les dattes et tout ce qui est utilisé en plus grande quantité pendant le mois de Ramadan qui connaissent ces exagérations dans la fixation des prix.


Propos recueillis par Boureima DEMBELE

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