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Aujourd`hui au Faso N° 87 du 27/6/2014

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Poé Naaba, député UPC à l’Assemblée Nationale : «C’est la Constitution qui exige que Blaise aille se reposer en 2015»
Publié le samedi 28 juin 2014   |  Aujourd`hui au Faso


Le
© Aujourd`hui au Faso par DR
Le Poé naaba, ministre du Mogho Naaba et député de l`Union pour le progrès et le changement (UPC) à l`Assemblée nationale


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Dans son palais à Bilbalogho, le Poé Naaba (Justin Compaoré à l’état civil), député à l’Assemblée nationale, sous la bannière de l’UPC, après le quotidien aller-retour matinal à «Panghin» (chez le Mogho Naaba) reçoit, expédie les affaires courantes, et va souvent sur le terrain, conjoncture politique oblige, surtout en ces temps d’enrôlement biométrique et de pêche aux militants. En ce matin du 26 juin, il nous a reçu. De la pratique ancestrale de la pythic (art divinatoire et d’inquisition) de son départ du CDP à son adhésion à l’UPC, de ses relations avec les «vieux» de «Bilba City», avec François Compaoré, et Zéphirin Diabré, le Poé Naba se livre (un peu). Sans oublier les sujets à problèmes actuellement, tels le référendum et l’article 37. Entretien avec un ministre du Mogho, descendu dans l’arène politique.


Pour ceux qui vous ont connu, on était loin de penser que vous feriez un jour de la politique…

J’ai dit à un de vos confrères que mon rêve était de faire de la politique, quand j’étais jeune. Je pense que si j’y suis parvenu, c’est grâce à la providence. J’ai l’amour de la politique, c’était un rêve, je crois que toutes ces raisons, avec le concours divin, m’ont ouvert la voie pour devenir un homme politique. Pour être clair, je ne m’attendais pas à être au niveau où je me trouve aujourd’hui en politique. Donc de ce point de vue, j’en conviens avec ceux qui ont pensé qu’on ne voyait pas le Poé Naaba faire de la politique.

Est-ce qu’un quartier, tel Bilbalogo (secteur n° 2 de Ouagadougou), très politisé, n’y est pas pour quelque chose ?

C’est possible que l’environnement eut influencé mon choix d’aller vers cette manière de faire la politique. Mais c’est comme je vous l’ai dit, j’avais comme rêve d’enfance, de faire la politique et l’environnement a participé à ma formation, l’appui des aînés, je pense qu’avec tous ces atouts, je me suis épris à me lancer dans ce domaine.

Du CDP, vous avez basculé dans l’UPC, un nouveau parti à l’époque. Les raisons de ce basculement ?

Je l’ai plusieurs fois répété. J’ai fais mes premières armes au CDP, parce que j’y avais toute ma famille (oncles, cousins). Vous voyez l’environnement dans lequel évolue le quartier Bilbalogho, qui est connu pour être celui du président du Faso. Mais pour vous répondre, je dirai qu’il y a eu un moment où je ne me sentais pas vraiment bien au sein du CDP, parce que comme je l’ai dit, j’accorde beaucoup d’importance à la liberté d’expression, à l’autonomie de pensée, à l’expression individuelle, et je me suis senti orphelin à un certain moment de ces valeurs. Alors je me suis retiré, pour rester à l’écart pendant très longtemps et lorsque j’ai entendu parler de l’UPC et de son leader Zéphirin Diabré, je me suis dit que «voici une opportunité». C’est alors que je me suis lancé dans les recherches pour en savoir beaucoup plus sur ce parti. C’est ainsi, que j’ai pu lire le manifeste du parti et j’ai pris contact avec des personnes que je connaissais dans le quartier.

Avez-vous été personnellement brimé au CDP ?

Pendant très longtemps au CDP, j’ai occupé le poste de responsable de la formation politique de mon secteur. Mais, je ne voyais pas vraiment bien en quoi je remplissais ce rôle, parce qu’en ma qualité de responsable chargé de la formation politique, je n’avais pas grand-chose à faire, et pour moi, c’était un poste creux, une coquille vide. Je ne jouais pas pleinement mon rôle.

C’était aussi courageux et risqué de quitter ainsi le CDP, pour migrer vers l’UPC. N’avez-vous pas eu peur ?

J’avoue que même lorsque je m’en souviens, j’ai des frissons, parce que ce choix n’a pas été du tout facile. Tout le monde me regardait comme une bête curieuse et je me demandais ce qu’il adviendrait, quand je franchirai le pas. C’était comme un pavé jeté dans la mare, mais je l’ai fait quand même.

Revenons à ce temps-là, il semble que ce fut un véritable tollé, au sein des vieux du quartier, certains n’ayant pas compris votre métamorphose. Vrai ou faux ?

Cela est très vrai, et cela a été ressenti lors de la campagne entrant dans le cadre des élections couplées de décembre 2012. Même dans ma propre famille, on est venu «tirer» des gens et plus encore, certains de mes «vieux» qui venaient chaque matin me voir, en tant que chef, parce que c’est la tradition, ne venaient plus. C’est vous dire que j’ai été à un certain moment, mis en quarantaine. Mais aujourd’hui, je crois que tout est rentré dans l’ordre, tous ont compris ce qu’est l’action politique.

Est-ce qu’à l’époque, vous vous êtes ouvert au Mogho Naaba ? En clair, avez-vous eu son feu vert ou orange ?

Pour tout vous dire, je n’ai pas eu besoin de son feu vert, parce que sa Majesté donne la liberté à tout un chacun d’agir, suivant un certain nombre de principes qui nous déterminent et qui sont exigés. Lorsque j’ai décidé d’aller à l’UPC, je suis allé, et ensuite, je suis allé le voir pour le lui dire de vive voix. Il m’a donné ses bénédictions, et prodigué des conseils que je garde au fond de moi.

«Bilba City» comme l’appellent ceux qui y habitent, c’est le quartier du chef de l’Etat, qui y a toujours de la famille. Comment les gens ont apprécié votre changement de bord politique, vu que vous étiez proche de François Compaoré ?

J’avoue que j’ai été agréablement surpris de la mobilisation, lorsque le président de l’UPC est venu à l’école Bilbalogho, pour mon installation en tant que correspondant du parti de mon secteur. Les habitants du quartier étaient venus très nombreux. J’ai compris que les choses avaient commencé à changer et je pense que je n’ai fait qu’accompagner ce changement. Bien sûr, il y a des zones où ce n’était pas facile, je ne citerai pas de noms, mais c’était assez costaud quand même.

Justement, quels sont vos rapports avec François Compaoré, aujourd’hui ?

Ah oui, de très bons rapports. Je crois même que François Compaoré est beaucoup plus un grand-frère pour moi, qu’un adversaire politique. Je vous assure que nous entretenons d’excellents rapports.

Dites-nous comment s’est fait le rapprochement avec Zéphirin Diabré ?

Lorsque j’ai lu le manifeste de l’UPC, je me suis approché d’un certain Jean Marie Bandré, un grand-frère qui a habité ce quartier et qui était le trésorier du parti à l’époque. J’ai alors manifesté mon désir de pouvoir rencontrer le président Zéphirin Diabré et effectivement, à l’issue d’une visite de courtoisie chez sa Majesté le Mogho Naaba, nous avons continué chez moi et ce fut comme cela que j’ai pu rester en contact avec lui et depuis lors, on se rend visite, lorsque le temps nous le permet.

D’aucuns affirment que c’est à force d’attendre en vain votre tour d’être désigné comme représentant des chefs coutumiers à l’Assemblée nationale, au niveau du CDP, qui a milité en faveur de votre départ de ce parti. Est-ce exact ?

En dépit de ma passion pour la politique dont je viens de vous faire cas, je ne m’attendais pas à arriver à l’Assemblée nationale, maintenant (assez tôt). J’ai une autre vision de la politique qui n’est pas celle d’occuper ou d’accumuler les postes, mais d’être un soldat de premier rang, capable d’apporter un plus au parti, de défendre les idéaux du peuple et la vision commune que nous avons pour le Burkina Faso. Ceux qui disent cela, ne connaissent pas le Poé Naaba.

Pour un grand coup de la part de Zéph, c’est en un. Arriver à «débaucher» un chef coutumier, de surcroît, ministre du Mogho, venant de Bilbalogho. Vous êtes d’accord avec ceux qui font ce jugement ?

Je pense plutôt que c’est moi qui ai frappé un grand coup, en amenant l’UPC vers le palais. Je n’ai pas été débauché, vu que je m’étais retiré depuis longtemps des instances de mon ancien parti. Ce n’était pas simple et j’ai amené l’UPC vers moi.

L’UPC, votre parti est la deuxième force politique du Burkina Faso. Qu’est-ce que ça fait d’être député de l’opposition et chef coutumier dans une telle formation ?

Vu la tâche qui m’attend, je crois que mes épaules sont frêles et fragiles pour assumer les nombreuses responsabilités qui sont les miennes. Heureusement, que j’ai mes camarades et mon groupe qui sont constitués d’hommes et de femmes d’expérience. Je me joins à ces hommes et femmes pour pouvoir jouer pleinement mon rôle de député qui est celui de consentir l’impôt, de voter la loi et de contrôler l’action gouvernementale, mais aussi de participer à l’édification d’une nation prospère et à la formation civique de mes concitoyens dans leur ensemble, pas seulement de nos militants et sympathisants. J’entends aussi, en collaboration avec mes camarades, proposer des lois, qui conduiront notre pays vers des lendemains meilleurs.

Votre parti vient de tenir son premier congrès, les 21 et 22 juin 2014. Objectif : présidentielle. Commentaires !

Le train du changement a démarré depuis 2010, maintenant il est à sa vitesse de croisière. Il était normal qu’on puisse redimensionner les organes et les instances du parti par rapport à notre vision qui est de conquérir le pouvoir d’Etat en 2015 et de le gérer. C’est dans cette perspective qu’au sortir de congrès, il a été mis en place des secrétariats techniques qui ont pour tâche de sortir un programme politique pour le Burkina Faso en 2015. Il s’agit de commencer déjà à maîtriser les différents secteurs de la vie nationale (économique et sociale), en mettant en place des secrétariats qui vont se pencher sur les questions importantes (sanitaires, éducatives, énergétiques, culturelles, sociétales, ...). Donc, préparer les maillons essentiels à une nouvelle gestion de notre pays après 2015.

Pour ce faire, nous avons renforcé nos structures de base, pour disposer d’un meilleur maillage du territoire et être représenté partout pour espérer conquérir le pouvoir d’Etat. Voilà de façon ramassée, nos ambitions et comme vous le savez, nous entendons les réaliser avec l’accompagnement du peuple burkinabè dans tout son ensemble, parce que nous voulons répondre aux aspirations de nos concitoyens. C’est du reste, cette ambition qui a motivé le choix du thème de ce premier congrès. Il s’agit pour nous de créer les conditions d’un Burkina meilleur où tout le monde pourra se loger, se nourrir, boire à sa soif et aller à l’école.

Votre position sur le référendum en tant député de l’UPC est claire. Mais qu’en est-il de la casquette de chef coutumier, un milieu où la polémique est aussi vive sur le référendum ?

En tant que député de l’UPC, je sais que mon parti, en alliance avec les autres partis de l’opposition, est régulièrement en concertation pour mener des actions, afin de dire «non» à l’organisation d’un référendum qui est vraiment inopportun. En ma qualité de chef coutumier et traditionnel, je ne saurais me départir de mon droit et devoir de citoyen. J’ai toujours dit que nous devons travailler à répondre de façon républicaine, aux questions urgentes de l’heure. Quand on dit que le référendum est prévu par la constitution, c’est vrai, mais ce n’est pas moral, parce qu’on veut changer des dispositions de notre loi fondamentale juste pour un seul individu. Je qualifierai cela de discours démagogique. Nous l’avons dit et nous le répéterons.

Le maire de Bobo disait que s’ils veulent que Djamila soit présidente, elle le sera. Nous, on répond qu’il n’y a pas de problème. C’est plutôt les velléités de modification de l’article 37 qui ne sont pas morales, et des engagements ont été pris. Puisqu’en 2010, le président du Faso prenait l’engagement devant le monde entier, de respecter et de faire respecter la constitution.

En tant que chef coutumier, je travaillerai toujours à ce que la paix et la cohésion soient préservées au Burkina Faso, tout en restant bien sûr, droit dans ma vision et ma ligne.

Si on vous demandait pourquoi vous ne voulez pas que Blaise Compaoré rempile pour un 3e mandat, que diriez-vous ?

Ce n’est pas que je m’y oppose. C’est plutôt la constitution qui l’exige. Notre constitution veut que Blaise aille se reposer de son labeur. Elle a limité les mandats présidentiels ; Blaise Compaoré a assuré pendant vingt sept ans, le pouvoir d’Etat. Son régime a engrangé des résultats. Il y a des motifs de satisfaction, mais aussi des insuffisances. Mais, nous pensons que tous les Burkinabè sont méritoires et pour finir, nous félicitons le président pour avoir géré le pays pendant tout ce temps.

Le pouvoir use, c’est connu. Il doit aller se reposer. Que le Poé Naaba veuille ou non qu’il «rebelote», importe peu, mais l’important ici, c’est que la constitution l’oblige à prendre un repos, après ces longues années de gouvernance.

Les Poécés se retrouvent souvent depuis quelques temps, pour échanger. Est-ce un regroupement pour faire renaître la pratique de l’oracle, chère à vos aïeux ?

Je ne dirais pas renaître, parce que l’inquisition est toujours là. Nous avons toujours nos pouvoirs divins pour ceux qui sont toujours restés proches de la coutume et de la tradition. Donc, faire renaître, je dis non ! Perpétuer peut-être. C’est vrai que nous sommes en république, nous respectons les principes et les lois républicains, nous y croyons. Vous savez que l’inquisition n’existe plus, mais nous sommes fiers d’avoir assumé ce rôle qui était très important, parce que le Poé Naaba était l’une des personnalités les plus craintes du royaume, par le travail d’inquisition qu’il assurait. Aujourd’hui, quand le Poé Naaba va au palais, il est assis au même endroit, c’est-à-dire sous le hangar des griots (le Bemda Zandé), il regarde toujours vers la case des morts, donc le Poé Naaba communique toujours avec l’au-delà et bien sûr, tous les Poécés sont capables de le faire, si tant est qu’ils sont toujours ancrés dans la tradition.

Si vous devez vous adresser aux Burkinabè ?

J’appelle toutes les filles et fils du Burkina Faso à se donner la main pour épargner notre chère patrie des turpitudes de la violence politique, du fait d’élections mal organisées ou truquées et du fait de la volonté d’individus d’imposer leur volonté par des moyens non républicains et anti-démocratiques. J’invite aussi les leaders et les responsables coutumiers et religieux à se départir du mensonge et de la forfaiture, en disant la vérité avec courage. A ceux qui prônent la paix, je leur dirai de quitter leurs fauteuils douillets pour passer à l’action, en menant des activités entrant dans ce cadre.

A ce titre, je vois beaucoup plus de discours de paix, mais pas vraiment d’actions. Il nous faut dire la vérité en tout lieu et en tout temps, car il ne saurait avoir de paix dans le mensonge. Je ne saurai terminer cette interview sans demander à mes concitoyens des villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, qui accueillent actuellement la révision des listes électorales de se faire enrôler, car comme on le dit, c’est avec la carte d’électeur que l’on sanctionne ou félicite la gouvernance de nos dirigeants.

Aussi, je demande à tous ceux qui ont l’âge de voter et qui ne disposent pas de carte d’électeur à le faire, le plus tôt possible, sur le site le plus proche.


Interview réalisée par Dramane KONE

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