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Notre Temps N° 112 du 27/6/2014

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Ambroise Tapsoba : «Mon sang est CDP»
Publié le samedi 28 juin 2014   |  Notre Temps


Ambroise
© Autre presse par DR
Ambroise Tapsoba, promoteur de radio et militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir)


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Il est considéré par certains comme l’harangueur de foule de Blaise Compaoré et notamment du parti au pouvoir le CDP. Ambroise Tapsoba puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un communicateur ou si vous voulez, un animateur hors pair. Passionné de la publicité depuis sa tendre enfance, il a fait ses premiers pas à la radio en écoutant ses valeureux devanciers comme Sankara Inoussa et Seydou Compaoré pour après se faire épauler à la radio Canal Arc-en-ciel par Gnama Paco Drabo. Aujourd’hui, Ambroise est le président directeur général de la Radio Optima. Nous sommes allés à sa rencontre le 24 juin dernier pour qu’il nous parle de sa vie et surtout de ses convictions politiques. Entretien exclusif !


Quels ont été vos débuts ?

Je suis né à Donsin, dans le département de Loumbila, province de l’Oubritenga où j’ai fait mon école primaire jusqu’à mon CM2. J’ai fait le petit séminaire de Pabré. Quand les gens disent qu’Ambroise parle mooré, cela veut dire que, quelque part, j’ai eu la griffe du petit séminaire. C’est également là où j’ai commencé les animations avec les mouvements de jeunesse. Je suis chrétien catholique devant l’Eternel. C’est la raison pour laquelle j’aime ce que je suis en train de faire actuellement !

Comment avez-vous fait pour vous intégrer dans la vie professionnelle ?

Je n’ai pas eu la chance d’évoluer à l’école. Mais je n’ai pas pour autant baissé les bras. C’est ainsi que je faisais de petits exercices notamment les concours qu’on lançait. Je tentais ma chance par ci par là. Mais depuis ma tendre enfance, j’ai toujours aimé la radio ! Quand j’entendais Sankara Inoussa ou Seydou Compaoré, animer les concerts, j’hallucinais. Je suis même parfois resté à longueur de journée à la maison écouter les concerts à la radio les samedis soirs. A un moment donné, mon maître me fouettait pour mes retards mais je ne me plaignais pas parce que j’étais très content. A tout instant, je me demandais comment faire pour devenir comme mes idoles. Car j’aimais faire de l’animation. Dieu aidant, j’allais passer par là. Un jour, j’ai appris qu’on recrutait deux animateurs radio en mooré et j’ai postulé. Je n’avais pas été retenu d’entrée de jeu car j’étais sur la liste d’attente et plus tard, on m’a fait appel. J’ai donc commencé par la radio nationale. J’ai animé des concerts en mooré, j’ai lu des communiqués et par la suite, on m’a orienté à la direction de la publicité du côté de «Zama publicité » où je suis resté pendant un bon moment jusqu’à sa privatisation. Maintenant, j’évolue en solo comme disent les artistes (rires).

Comment s’est passé vos débuts en tant que grand animateur public ?

Il faut avouer que j’ai été aguerri par les sorties publicitaires. Car entre temps, j’ai eu des contrats avec la LONAB, ce qui m’a davantage forgé car les animations populaires étaient fréquentes. Tu conviendras avec moi que les commerçants ne sont pas du tout faciles, car on en rencontre du tout, les mal causeurs, les virulents (rires) etc. Donc leurs réactions m’ont beaucoup permis de me former et de m’habituer à leurs comportements en public. Quand j’ai intégré «Zama Publicité », c’était juste une forme de continuation. On a commencé à fabriquer les spots: on les réalisait, les montait et diffusait. Le cas de l’histoire de Jean Pierre Besack restera toujours gravé dans ma mémoire. C’est l’histoire d’un monsieur et son beau-père que j’ai transformé et adapté dans plusieurs spots publicitaires avec à mes côtés mon grand frère Hyppolyte Ouangrawa dit Ba-bouanga. On s’amusait tout le temps à adapter nos sketches en tenant compte de cette histoire. Finalement, nous sommes devenus des artistes qu’on associait à tous les évènements. Car nous avions su allier l’humour et le message. Ce spot de Jean Pierre Bezack était très connu à telle enseigne qu’il a même été vendu à l’extérieur. Notre célébrité a démarré à cet instant. Hyppolyte faisait du théâtre et moi de la radio, mais on se complétait favorablement.
Vous côtoyez régulièrement les personnalités politiques et c’est la raison pour laquelle, on voudrait tout de même avoir votre avis sur certaines d’elles. Que pensez-vous de :

Blaise Compaoré ?

C’est un homme d’Etat car c’est celui qui encaisse tout. J’ai connu Blaise Compaoré quand j’étais à Pô dans les années 80. Il est de nature calme, il ne parle pas. Mais avec sa fonction de Chef d’Etat, il est obligé de parler. C’est quelqu’un qui pouvait s’asseoir pendant deux heures, sans mot dire. Il ne rit que quand vous commencez à mettre un peu d’humour dans vos conversations. Il ne vous dira jamais que tel comportement lui plait ou pas. Il restait calme et jovial avec tout le monde. Que vous soyez son aîné ou son jeune frère ou encore quelqu’un qu’il ne connait pas, il va toujours vous vouvoyer. Il respecte beaucoup son prochain. C’est également quelqu’un qui est très attentif, il ne prend pas la parole n’importe comment. Je l’ai connu quand j’étais très jeune dans les années 82-83, avec la résistance du 17 mai où Blaise Compaoré était le numéro 2. C’est quelqu’un qui est très respectueux vis-à-vis des gens qu’il rencontre quel que soit leur rang social. C’est une personnalité parfaite, mais comme il a la charge de tout un pays, on lui colle toutes les étiquettes. Comme l’adage moaga le dit: «Si tu es responsable, tu dois tout encaisser. Ce qui est bon ou mauvais, tu dois tout supporter et subir ». Vraiment, c’est un homme d’Etat responsable.

François Compaoré ?

C’est un homme discret. Un homme surtout travailleur et qui aime ce qui est bien. Je ne suis pas tellement habitué à lui, mais ces derniers temps, quand je le vois, il ne dort pas ! C’est quelqu’un qui travaille énormément aux côtés de son grand-frère comme conseiller économique. Tout comme son grand-frère, il n’aime pas parler. Il mesure ses propos mais malheureusement, on lui colle telle ou telle étiquette. Pourtant, si vous avez la chance d’approcher ces gens là, vous verrez que c’est le contraire. Un autre adage moaga dit que : «Si tu n’es pas à côté de la tortue, tu ne peux pas savoir qu’elle pète». Si vous n’êtes pas à côté de ces gens là, comme ils ne répliquent et disent jamais rien, vous allez les coller certains préjugés qui pourtant ne les ressemblent pas ! Tu finis même par croire qu’ils sont méchants. Je le dis sincèrement, et je ne le dis pas pour qu’ils me donnent des liasses d’argents (Rires), son grand-frère et lui, ce sont de bonnes personnes. Ils sont bien humains ! Ils aiment les gens, mais tant que vous n’êtes pas à côté d’eux, vous direz que ce sont des gens méchants. Ils sont humains, tout comme leurs familles que j’ai eu l’occasion de rencontrer récemment.

Salif Diallo ?

C’est quelqu’un de fougueux et travailleur. Même s’il n’est pas du même bord politique que moi, c’est un bon travailleur. Mais c’est un «Bibèga » (un dur en langue mooré) comme on le dit. Il n’aime pas rester sans rien faire. Il bosse beaucoup et c’est un fin technicien de la parole. Chacun possède ses défauts et ses qualités mais Salif c’est un travailleur ! J’ai un peu travaillé avec lui, au niveau du ministère de l’Agriculture où nous avons fait beaucoup de sorties. C’est un passionné du boulot. Ce n’est pas parce qu’on n’est plus du même bord politique que je vais le nier.

Roch Marc Christian Kaboré ?

Je peux dire aussi que Roch est quelqu’un de talentueux et travailleur. Il fut ministre des Finances, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale et en tant que patron du parti à l’époque, on a eu à travailler ensemble. C’est quelqu’un qui écoute et qui conseille aussi.

Simon Compaoré ?

Ah ouais ! Lui c’est le «bibèega» (rires). Dans ses envolées lyriques souvent, il sort de ces trucs là souvent hors du contexte (rires), même s’il va regretter après ce n’est pas son problème (rires). C’est aussi un fervent bosseur. A la mairie centrale, on ne peut pas dire qu’il n’a rien fait comme boulot. Il était au four et au moulin. Simon c’est quelqu’un qui est très fougueux car dans ses envolées, il mélange tout et il continue. Il y a des termes qu’il a malencontreusement avancés devant les journalistes et cela le suit aujourd’hui.

Salif Diallo vous aurait beaucoup aidé et pourtant lors de vos interventions, vous ne le ménagez pas. N’est-ce pas une ingratitude de votre part ?

J’ai travaillé avec Salif Diallo, quand on l’a nommé en 2001 au ministère de l’Agriculture, il m’a pris à ses côtés grâce au chef de l’Etat. Le Président lui a dit qu’il faut prendre ce petit là parce qu’il peut beaucoup t’apporter et surtout dynamiser tes actions. En son temps, le chef de l’Etat avait à cœur de booster l’agriculture au Burkina Faso ! Quand Salif a été nommé, il m’a appelé et il m’a dit : "Ambroise, nous allons travailler ensemble". Je lui ai dit que si c’est pour le développement de ce pays, partout où il ira, je le suivrai. Mes prestations étaient conséquemment payées. Je ne peux donc pas dire que Salif ne m’a pas aidé. Si vous pouvez aller travailler quelque part et ton salaire te permet de nourrir ta famille, tu ne peux pas dire que tu n’as pas été aidé. Mes prestations étaient rémunérées et souvent quand il était très content, on en bénéficiait tous. Auprès de mes confrères de la presse, il aimait faire des gestes, tout comme avec moi. Surtout en 2005, on a animé la campagne présidentielle ensemble et nous avons sorti tout ce qu’on avait dans nos trippes. J’ai côtoyé ce monsieur, nous avons bossé ensemble et nous n’avons jamais eu des problèmes jusqu’à ce qu’il quitte le ministère. Tout comme avec les autres, je n’ai jamais eu de problèmes avec quelqu’un ! J’ai toujours respecté les gens !

Même avec les opposants ?

Jamais ! J’ai fait quoi ? Nous ne sommes pas des ennemis ! Ce n’est pas parce que je ne suis pas du même bord politique que nous sommes des ennemis. Quand je croise les amis de l’opposition radicale, ils me narguent amicalement en me disant de venir les rejoindre. Parfois, nous prenons la bière ensemble, par exemple avec mon ami Yamba Malick Sawadogo qui vient de quitter l’ UNIR/PS pour le MPP.

Qu’est ce qui vous oppose aujourd’hui à Salif Diallo ?

C’est juste nos divergences politiques qui nous opposent. Moi, je suis CDP et lui il est MPP. Nous sommes des opposants mais pas des ennemis. Mon sang est CDP (rires) contrairement à ce que les gens disent. Ecoutez, l’argent c’est bien, mais ce que je veux, c’est la paix ! Voilà pourquoi je demeure au CDP par conviction. Même quand je dors et que tu me réveille avec une question sur le CDP, je te réponds du tic au tac ! Je suis ancré dedans depuis le temps de l’ODP/MT. Les autres aussi ont choisi d’aller ailleurs; c’est leur droit et un choix politique. Nous ne sommes pas des ennemis. Vous pouvez m’insulter et dire tout sur moi. Mais moi, je ne vais pas répliquer car je ne vais jamais répondre à un coup de pied de l’âne car je deviendrai moi-même un âne.

Comment est née la complicité entre Gnama Paco Drabo et vous ?

Ah ! ça, c’est une très longue histoire ! C’est un grand-frère d’abord. Ensuite, il fut mon chef à la radio Canal Arc-en-ciel quand il était le responsable des programmes. J’ai bossé avec lui jusqu’à la fin sans avoir le moindre pépin ! Ce que j’aime en Gnama Paco Drabo, il est franc et honnête ! Même si vous êtes son ami, quand il n’est pas content de toi, il te le dit immédiatement. Ce n’est pas le genre à aller faire des commérages autour de toi. Il connaît toutes mes attitudes. Que je sois fâché, content, fatigué, il le détecte facilement. Je ne peux pas faire semblant avec lui et vice-versa. C’est quelqu’un que je respecte car j’ai beaucoup appris à ses côtés surtout en ce qui concerne la maîtrise des cérémonies. Il m’a appris à être ordonné, succinct dans mes interventions et je fais beaucoup attention à ce que je dis. Malgré qu’il ne comprenne pas mooré, il sait me dire ce que je dois faire. Il m’oriente en fonction de son expérience. Nous sommes devenus des frères et nos familles se rendent visite constamment. Nous partageons nos angoisses et bien d’autres choses. Mais le hic, c’est que nous sommes des parents à plaisanterie (rires) et ça chauffe à chaque instant.

Comment est née votre radio Optima ?

Depuis 1998, j’avais décidé d’évoluer en solo en créant tout d’abord une maison de communication pour ensuite créer la radio Optima. L’idée d’Optima est née avec Gnama Paco Drabo ou tout au moins le trio «Jatropha » où chacun d’entre nous possède ce que l’autre n’en a pas. Raison pour laquelle, on se complète et nous avons décidé de fonder cette radio. Nous travaillons beaucoup plus sur le social que sur le commercial. Les artistes sont les bienvenus; nous accueillons toutes les associations même les handicapés avec la rubrique Handi-tribune; bref, c’est une radio communautaire. Nous n’offensons pas les gens mais nous abordons tous les sujets dans la vérité selon les règles de l’art. Nous critiquons mais positivement et nous travaillons pour le développement de la Nation. Nous travaillons aussi beaucoup avec les ministères dans le sens de l’accompagnement de leurs missions. Nous produisons beaucoup et nous créons des magazines. Car il ne s’agit pas seulement d’aller dans les reportages pour des conférences de presse, mais nous réalisons des reportages que nous diffusons dans d’autres médias partenaires.

Comment arrivez-vous à la fois à gérer votre vie de famille ?

Ce n’est pas facile, mais il faut que ma femme aussi comprenne. Je suis un artiste, et je suis appelé à tout moment et dans des localités différentes. Il y a plus de 30 ans que nous sommes ensemble. Elle me connait donc parfaitement et elle sait que je suis sollicité partout. Mais je sais faire la part des choses entre ma famille et mon boulot. Mes enfants sont assez responsables. Maintenant chacun vit aussi sa vie de foyer et mes deux petits enfants sont souvent mes principales attractions quand nous sommes ensemble.
Vous avez combien d’enfants ?

Sept et deux petits enfants.

Comment gérez- vous votre quotidien ?

Je me lève très tôt le matin à 5 heures et je fonce à la radio pour préparer mes rubriques. Je suis très actif dans la communication car je passe la plupart du temps dans ce domaine. Publicité, animation et communication. Je rentre souvent tard après que tout le monde soit parti de la radio car je prépare la journée du lendemain. Bref, c’est avant tout une passion.

Des projets ?

Effectivement j’en ai. C’est surtout de créer un grand centre pour l’éducation et la formation des jeunes. Car les jeunes ont besoin d’acquérir des compétences et surtout de savoir exercer un métier. Si j’ai les moyens, je vais construire un internat pour promouvoir la formation aux petits métiers.


David H. MAGNAN

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