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Sidwaya N° 7694 du 26/6/2014

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Les OSC et les producteurs veulent des actes concrets
Publié le jeudi 26 juin 2014   |  Sidwaya




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2014 a été déclarée Année internationale de l’agriculture familiale pour les Nations unies, mais aussi, celle de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour l’Union africaine (UA). Le 23e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) qui s’ouvre ce 26 juin, à Malabo, en Guinée Equatoriale, devra permettre, enfin , de passer de la rhétorique à l’action en faveur de ce secteur. C’est du moins le vœu des producteurs burkinabè, tout comme de leurs collègues du continent.

A près de 1500 km à vol d’oiseau de Malabo, la capitale équato-guinéenne, le monde paysan burkinabè a l’oreille tendue vers cette ville. Son avenir, et celui des producteurs de toute l’Afrique y seront dessinés ou redessinés, au cours de la 23ème session de la Conférence des dirigeants du continent qui débute ce matin. «Nous attendons des engagements fermes de Malabo», espère le responsable de la Campagne «Cultivons» de l’ONG/Oxfam, au Burkina Faso, Issaka Ouandaogo. «Plus fermes», insiste-t-il, rappelant au passage que de précédents engagements ont déjà été pris dans la capitale mozambicaine, Maputo, en 2003, mais ceux-ci peinent à se concrétiser. Du bilan, plus de 10 ans après, il ressort que «seulement» 8 pays sur les 54 qui avaient fait la promesse de consacrer au moins 10% de leur budget national à l’agriculture (agriculture, ressources animales, halieutiques, forestières, etc.) ont honoré cet engagement. Parmi les «Etats de parole», le Burkina Faso, qui, selon les chiffres du Centre d’information, de formation et d’étude sur le budget (CIFOEB), a dédié, sur la période 2006-2012, en moyenne, 14% du budget aux acteurs ruraux, fait figure de champion. Ce leadership est salué, par le monde paysan. Pour Seydou Eric Ouédraogo, animateur endogène et membre du Conseil d’administration de la Confédération paysanne du Faso (CPF), l’accroissement, ces dernières années, des investissements dans l’agriculture, a effectivement permis de glaner quelques acquis. De façon générale, en effet, des retenues d’eau ont pu être réalisées, de même que des routes pour le désenclavement des zones de production. Au niveau de la production également, il relève les efforts de subvention des intrants (semences améliorées et engrais) et des équipements agricoles au profit de petites exploitations familiales. Bruno Ouédraogo, représentant la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), pense que l’extension de ces appuis aux producteurs céréaliers et d’autres cultures de rente telles que le coton, explique la tendance à la hausse de la production agricole au pays. Pour lui, il y a eu «Beaucoup de progrès», et il fait parler les chiffres : «La production céréalière 2013-2014 était de 4 millions 900 mille tonnes, soit une progression d’à peu près 15,3% par rapport aux 5 campagnes précédentes. Cette année, les prévisions sont de 5 millions 700 mille tonnes de céréales». Ce qui amène le directeur pays de Oxfam, Omer Kaboré, à dire que «Pour ce qui concerne le Burkina Faso, nous pouvons tirer, en toute évidence, une relative satisfaction».

Et pourtant, la faim et la malnutrition persistent

Toutefois, en dépit de ces efforts, les personnes rencontrées estiment, presqu’unanimement, que la faim et la malnutrition restent persistantes au Burkina Faso, et que les objectifs de les réduire de moitié, conformément à l’OMD 1, sont loin d’être atteints en 2015. Selon des chiffres, l’insécurité alimentaire touche en moyenne 35,4% des ménages. Il y a aussi le risque que cette année, 54% des ménages agricoles burkinabè n’arrivent pas à couvrir leurs besoins céréaliers. Les acteurs non étatiques du monde agricole ont leurs explications. Pour beaucoup d’entre eux, les 14% du budget consacrés à l’agriculture paraissent comme une goutte d’eau dans une mer, tant les besoins sont énormes. Mme Marie Avrou Sia/Yaro, productrice, vice-présidente de la fédération des professionnels agricoles du Burkina (FEPAB), vice-présidente du collège des femmes au niveau de la Confédération paysanne du Faso (CPF), est catégorique : «On ne sent pas les 14%. Ça n’arrive pas aux vrais acteurs». Elle dénonce surtout la gestion de ce qui devrait parvenir aux producteurs. Dans l’entendement de dame Sia, il est incongru que les maires des communes, des politiques par excellence, soient les dépositaires, au niveau décentralisé, des équipements et intrants que l’Etat met à la disposition du monde paysan. «Ils (les maires) ont tendance à favoriser ceux qui ont voté pour eux…», souffle-t-elle. Mme Marie Avrou Sia/Yaro reconnaît cependant, qu’elle et la centaine de femmes de son groupement Wend-Panga, dans la commune rurale de Ziou dans la province du Nahouri, région du Centre-Sud, se battent pour avoir «un peu» des intrants subventionnés par l’Etat et ses partenaires. Seydou Eric Ouédraogo, surnommé «Eric le paysan», lui aussi, doute que les prévisions budgétaires soient utilisées pour les investissements directs dans le secteur de la production. Il est également de ceux qui demandent que l’Etat puisse augmenter l’enveloppe financière destinée au développement de l’agriculture, à au moins 20% du budget national. «Nous contribuons pour environ 35 % dans le produit intérieur brut, et représentons 80% de la population active, donc nous demandons d’investir plus, en termes de volume, et mieux, en termes de qualité», ajoute-t-il. Le directeur pays de Oxfam, Omer Kaboré, affirme que l’augmentation tant souhaitée, est possible. Il fait savoir par exemple, qu’en 1996, le gouvernement a pu consacrer 30% du budget national à l’agriculture. A son avis, il faut une sorte de Plan Marshall très ambitieux pour lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire, convaincu qu’il est que la faim peut être vaincue. Par ailleurs, le mode de financement semble poser problème aux yeux des acteurs. «Les efforts resteront précaires, tant que l’essentiel du financement de l’agriculture, plus de 73%, dépendra toujours de l’extérieur», regrette Mme Aline Zongo, directrice du bureau national de l’Institut africain pour le développement économique et social au Burkina (INADES-Formation/Burkina). Et M. Issaka Ouandaogo de la Campagne «Cultivons» de se désoler : «l’on ne peut pas confier son ventre à l’extérieur», soutenant que l’agriculture doit être un secteur de souveraineté.

Foi aux exploitations de type familial

Davantage de moyens financiers devraient permettre d’améliorer conséquemment, l’accompagnent des paysans en intrants et équipements agricoles. «Mais, en tenant compte de l’agro-écologie», préviennent Issaka Ouandaogo et «Eric le paysan». En amont et en aval, les producteurs espèrent plus d’infrastructures de retenue d’eau, de désenclavement, de stockage et de conservation des produits. La question de la sécurité foncière, et surtout la prise en compte des femmes, sont également des équations à résoudre. Même si la loi n° 034-2009/AN portant régime foncier rural, a été adoptée, il en ressort que son application reste un autre défi à relever. Au-delà de la loi, et des textes d’application qui viendront, souligne Seydou Eric Ouédraogo, la sensibilisation doit se poursuivre, en vue d’aplanir les appréhensions qui entourent la terre dans les contrées burkinabè. Mme Aline Zongo de INADES-Formation/Burkina, adjoint la nécessité de réveiller les mécanismes d’appui-conseil de l’Etat, afin de mieux guider les producteurs sur le terrain. Une autre bataille de la marche vers la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso, déclinée par la chargée de projet résilience, plaidoyer et suivi des politiques publiques de l’Ong Christian Aid, Aïsseta Kabré, porte sur la réduction des risques de catastrophes. Elle explique que la mise en place de systèmes de prévention des catastrophes, d’alerte précoce ou de prise en charge rapide des sinistres, est un impératif, jusqu’au niveau village. Les «fruits» de qualité de dur labeur du monde paysan auront également besoin de consommateurs. A ce sujet, Issaka Ouandaogo de Oxfam confie que sa structure met déjà l’accent sur la promotion de la consommation des produits locaux, surtout par les citadins, pour que les paysans puissent tirer profit de leurs efforts.
Dans leur vision du développement des secteurs du monde rural, les Ong, OSC et producteurs, ne jurent que sur les petites exploitations agricoles rurales. Ce type d’exploitation, à les écouter, a fait ses preuves dans le domaine du coton. «Ce sont les petits producteurs de type familial, bien soutenus, qui ont hissé le Burkina Faso au rang de premier producteur de coton en Afrique», témoigne «Eric le paysan». Aussi, rappelle-t-il, ce sont ces producteurs qui ont su doubler la production nationale de riz, après avoir reçu les moyens adéquats de l’Etat, au lendemain de la crise alimentaire de 2008. «L’agriculture familiale bien soutenue, peut générer au moins 2 millions d’emplois aux jeunes.», abonde dans le même sens, Bruno Ouédraogo, de la Ligue des consommateurs. En tous les cas, le responsable de la Campagne Cultivons est formel que l’agriculture doit être au cœur des priorités, parce que, à son avis, si ce secteur décolle, les autres secteurs s’en porteront mieux : une bonne alimentation, plus de richesses pour pouvoir investir, la population aura un meilleur accès à l’éducation, à la santé, etc.).

Moumouni OUEDRAOGO
(Collaborateur)

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