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Le Pays N° 5625 du 13/6/2014

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Meetings et contre-meetings au Burkina: Le renoncement au sommet pour éviter l’explosion
Publié le lundi 16 juin 2014   |  Le Pays


Modification
© Autre presse par DR
Modification de l`article 37 de la Constitution : la jeunesse CDP du Houet favorable au référendum
Samedi 14 juin 2015. Bobo-Dioulasso. Plateau de Yéguéré. La jeunesse du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du Houet a organisé un meeting pour dire "oui" au projet de référendum sur l`article 37 de la Constitution


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Tous les Burkinabè épris de paix se posent beaucoup de questions sur l’échéance de 2015. Car le moins que l’on puisse dire est que le sentiment général qui prévaut dans le pays est la frayeur. En effet, à un an de cette échéance, des nuages lourds de dangers sont en train de s’amonceler à l’horizon. Vont-ils évoluer pour donner lieu à une tempête sociopolitique qui pourrait mettre le pays sens dessus dessous ? Ou vont-ils simplement se dissiper pour permettre au Burkina de préserver son statut d’îlot de paix dans une sous-région en ébullition permanente ?

Chaque camp est en ordre de bataille

La première hypothèse, malheureusement, pourrait être retenue au regard du contexte politique marqué essentiellement, on le sait, par des meetings et contre-meetings enflammés au cours desquels l’opposition et le pouvoir affichent des positions inconciliables sur la question du référendum. Chaque camp est déjà en ordre de bataille pour défendre ses vues avec la même conviction auprès des Burkinabè. Ainsi, le samedi 14 juin dernier à Bobo-Dioulasso, les pro et les anti-référendum ont donné rendez-vous à leurs militants pour les sensibiliser sur le sens que chacun donne à son combat et cela n’augure rien de bon pour le Burkina. L’opposition, conformément à sa feuille de route, a réitéré son appel au refus du référendum. Pendant ce temps, l’autre camp ne jurait que par le référendum. Ainsi peut-on dire, à propos des meetings et contre-meetings auxquels se livrent aujourd’hui le pouvoir et l’opposition, que la stratégie du feu et du contre-feu est en marche au « pays des Hommes intègres ». Quel en sera l’épilogue ? Nul ne saurait le dire. L’on sait seulement que l’opposition n’est pas prête à marchander sa position. L’on sait aussi que Blaise Compaoré semble ne pas vouloir lâcher facilement le pouvoir pour les beaux yeux de Zeph et ses camarades. Et pourtant, bien avant qu’on n’arrive à la fracture que connaît aujourd’hui le pays, le collège de sages et l’épiscopat catholique avaient déjà vu venir le danger que pourrait représenter pour le pays, la modification de l’article 37 de la Constitution et avaient courageusement interpellé les acteurs politiques sur la question.

De Gaule n’avait pas hésité à renoncer au pouvoir en 1958

Même le très controversé CCRP (Conseil consultatif pour les réformes politiques) avait fait des propositions allant dans le sens de la recherche du consensus sur les questions qui pourraient mettre à mal la paix et la cohésion nationale. Malgré tout, Blaise Compaoré est resté arc-bouté dangereusement sur sa volonté de s’accrocher au pouvoir, en projetant l’idée d’organiser un référendum qu’il est sûr de remporter. La Constitution, on le sait, dans sa lettre, n’a pas sacralisé l’article 37 mais le fait de la modifier aujourd’hui après les turbulences sociopolitiques que le pays a connues, dans le seul intérêt de Blaise Compaoré et de son clan, avec le risque éventuel de plonger le pays dans l’abîme, doit interpeller et troubler la conscience de tous les Burkinabè qui ont encore la lucidité et le courage de s’élever au-dessus des intérêts égoïstes pour ne prendre en compte que l’intérêt supérieur de la nation. Blaise Compaoré à qui l’on a décerné à plusieurs reprises des lauriers pour son action en faveur de la paix en Afrique, ne peut pas et ne doit pas prendre le risque de semer les germes de la violence politique dans son propre pays en voulant contre vents et marées s’éterniser au pouvoir. En effet, la tenue d’un référendum dans le contexte qui est celui du Burkina, pourrait ouvrir la boite de pandore pour le pays. Pour le moment, le pouvoir et l’opposition se livrent à une guerre de la mobilisation dans les stades et les espaces publics. Mais l’on pourrait se poser la question de savoir si les bergers arriveront à canaliser leurs brebis le jour où elles se déverseront dans les rues pour hurler leur adhésion ou leur refus au référendum. L’on peut craindre à juste titre une explosion dont la responsabilité pourrait incomber essentiellement à Blaise Compaoré. En attendant cette éventualité que personne ne doit souhaiter pour le Burkina, l’on peut espérer un renoncement au sommet qui évitera le pire au pays. C’est en cela que Blaise Compaoré apportera la preuve qu’il est un homme d’Etat, c’est-à-dire porté beaucoup plus par les intérêts de la nation que par ses propres intérêts. Avant lui, des hommes politiques l’ont fait et aujourd’hui l’histoire est en train de les encenser. Le général De Gaule par exemple n’avait pas hésité à renoncer au pouvoir en 1958 lorsqu’il s’était rendu compte que les réformes politiques qu’il préconisait pour la France présentaient le risque d’embraser le pays. De Colomby les deux Eglises, où il s’était retiré après ce renoncement, il était revenu au pouvoir par la grande porte. Blaise Compaoré pourrait s’inspirer de cet exemple de courage politique de ce grand homme en renonçant simplement à sa volonté de s’accrocher au pouvoir, s’il veut aujourd’hui sauver le Burkina de tout risque d’explosion.

Pousdem PICKOU

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