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L`Observateur Paalga N° 8639 du 11/6/2014

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Autopsie du juge Nébié : la frustration des médecins
Publié le jeudi 12 juin 2014   |  L`Observateur Paalga


Salifou
© Autre presse par DR
Salifou Nébié, magistrat, membre du Conseil constitutionnel


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Dans une déclaration parvenue hier mercredi 11 juin 2014 à notre rédaction, le Syndicat des médecins burkinabè (SYMEB) s’élève contre la « sortie peu honorable » du ministre de la Communication, Alain Edouard Traoré, lequel a déclaré que le Burkina Faso ne disposait pas de compétences en matière d’autopsie. Aussi exige-t-il que toute la lumière soit faite sur les frais de mission du spécialiste français qui a pratiqué la nécropsie du corps du juge Salifou Nébié, retrouvé mort le samedi 24 mai dernier sur la route de saponé. Il dénonce, au passage, un examen postmortem qui s’est effectué au mépris de certains principes éthiques et déontologiques qui régissent l’Ordre des médecins.


Lisez plutôt !


Nous voudrions avant tout propos déplorer la perte de cette vie humaine pour laquelle nous nous battons au quotidien en tant que médecins. Nous présentons nos condoléances les plus attristées à la famille éplorée et à l’ensemble du corps judiciaire pour cette perte énorme.

C’est avec une grande indignation que le SYMEB s’insurge contre la délation monstre faite à l’endroit de la communauté médicale. Les chantres du jacobinisme ont de la manière la plus éhontée voulu se dérober de leurs responsabilités par la politique de l’autruche, en jetant le discrédit sur des médecins qui travaillent dans des conditions extrêmement pénibles pour offrir des soins au peuple burkinabè. Nous nous attendions à des félicitations à la suite du procureur qui a salué la qualité et la célérité du travail des médecins légistes burkinabè qui ont contribué à écarter les autres pistes pour garder la piste de l’homicide volontaire.

Malheureusement, le porte-parole du gouvernement estime qu’il n’y a pas de compétences au Burkina Faso en la matière, car lors du traditionnel point de presse du gouvernement le jeudi 05 juin 2014 il a déclaré : « L’autopsie va au-delà des kits ; vous pouvez avoir les meilleurs kits, mais si vous n’avez pas les hommes qu’il faut, ça ne va pas servir ». Et le ministre Traoré d'enfoncer davantage le clou en affirmant : « Peut-être les problèmes d’autopsie ne se posaient pas au Burkina Faso ces 15 ou 20 dernières années ».

Monsieur le Ministre, avez-vous une idée du nombre d’autopsies réalisées par les médecins légistes burkinabè depuis 20 ans ?


De la condescendance du ministre Alain Edouard Traoré


Le ministre, en tant que responsable, aurait pu chercher à avoir des informations sur les hommes que le Faso a auprès de son collègue de la Santé, de la Fonction publique ou de la Justice qui travaillent régulièrement avec les médecins légistes burkinabè depuis plusieurs années pour faire l'économie de cette sortie peu honorable . Par ailleurs, parlant de kits, le médecin légiste est-il venu avec son kit ou pas ? Le coût de la mission du médecin légiste aurait pu payer plus de deux kits. Par ailleurs, nous exigeons du gouvernement qu’il fasse toute la lumière sur les coûts de cette intervention du médecin légiste français qui avoisineraient la cinquantaine de millions, selon nos informations.

Au demeurant, si le Burkina Faso dispose d’un kit de médecine légale, nous voudrions bien le savoir où il est planqué. Mieux, Monsieur le Ministre, nous aimerions savoir où il se trouverait.

Le problème de kit a été posé bien avant cette autopsie dans d’autres situations dont le secret médical nous interdit de donner des détails.

Cette attitude de condescendance vis-à-vis du corps médical exerçant dans nos hôpitaux et enseignant la discipline à l’université depuis plusieurs années est intolérable. Nous invitons le ministre à s’informer davantage sur la profession médicale avant de faire des affirmations gratuites.


De la légalité de l’autopsie


La loi N° 028-2012/AN portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Ordre national des médecins du Burkina Faso dispose à son article 37 que : Nul ne peut exercer la profession de médecin au Burkina s’il n’est inscrit au tableau de l’Ordre. L’article 43 de la même loi dispose que l’inscription au tableau de l’Ordre rend légal l’exercice de la profession sur tout le territoire national. Par contre, celui qui n’est pas inscrit exerce illégalement la profession de médecin. Tout médecin étranger doit se référer aux instances ordinales burkinabè avant de pouvoir exercer sur notre territoire.

En dépit des prérogatives de réquisition que la justice a pour faire la lumière sur ses dossiers, il faut rappeler que ne peut réaliser l’expertise de médecine légale qu’un médecin qui n’est pas sous le coup d’une sanction ordinale l’en empêchant. Dans un pays, l’institution habilitée à faire ce contrôle est sans nul doute l’Ordre des médecins de ce pays.

Nous passons outre les manquements à l’éthique de la profession dont l’ordre est garant. A ce propos, le code de déontologie harmonisé de l’Afrique de l’Ouest dispose à son Article 2 : Le respect de la vie et de la personne humaine constitue en toutes circonstances le devoir primordial du médecin. Le respect dû à la personne ne cesse pas de s’imposer après la mort. C’est l’Ordre des médecins de chaque pays qui est garant du respect de cette déontologie.

Le médecin légiste français est-il entré en contact avec les instances ordinales du Burkina avant d’exercer la médecine au Burkina ?

• - Le SYMEB :
• - exige des excuses sous la même forme du ministre Traoré Alain à l’endroit du corps médical et hospitalo-universitaire ;
• - réitère son engagement à lutter pour que les structures hospitalières soient bien équipées pour améliorer l’offre de services aux populations ;
• - exige la mise en place d’un institut de médecine légale pour aider la justice à protéger les victimes ;
• - exige le respect du droit positif régissant l’exercice de la médecine au Burkina Faso pour garantir le respect de l’éthique et du droit des patients ;
• - invite l’ensemble de ses militants à se mobiliser pour défendre davantage ses intérêts moraux et matériels

Soyons des médecins dignes et intègres !



Le Bureau exécutif national du SYMEB

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