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L’Observateur N° 8259 du 22/11/2012

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Dialogue intermalien : Blaise a eu le nez creux…
Publié le jeudi 22 novembre 2012   |  L’Observateur


Blaise
© Présidence
Blaise COMPAORE
Président du Faso


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On ne sait plus quoi penser ou dire du Mali, tant les positions sont volatiles tout comme la situation à Bamako et au nord du pays. Ces derniers jours, on entendait pratiquement les bruits de bottes des 3 300 soldats de la MICEMA se rapprochant du septentrion malien. A telle enseigne que certains groupes tel Ansar Dine, jusque-là rétifs à tout dialogue, ont repris langue avec le médiateur burkinabè, craignant qu’ils sont, d’être boutés hors du Nord. Alors que le Mali et la CEDEAO, après des mois d’atermoiements, se sont accordés sur le mode opératoire d’une intervention, d’autres acteurs, indispensables sur le volet logistique, freinaient des quatre fers : il y a notamment les Américains, qui cultivaient une certaine circonspection sur une éventuelle résolution militaire du problème. Sans oublier l’Algérie, maillon capital du puzzle interventionniste, qui reste arc-boutée à cette posture aussi.


Dans cet embrouillamini politico-militaire, on était parvenu, cahin caha à une unanimité : il fallait chasser les djadistes du Nord-Mali. On se doutait bien que cette opération musclée n’aurait pas lieu en 2012, et qu’on allait même rater le coach de mars 2013, autre date indicative du déploiement des militaires, tant cette bataille annoncée dans les dunes de sable est loin d’être une guerre conventionnelle. Mais de là à rejeter cet affrontement aux calendes maliennes, il y a de quoi semer le trouble et sonner la débandade.


Et apparemment, c’est l’effet que pourrait produire la sortie de Romano Prodi, l’envoyé spécial de l’ONU au Sahel : depuis Rabat au Maroc, l’ex-président de la Commission européenne a laissé entendre qu’”une action militaire dans le Nord-Mali ne sera possible qu’en septembre 2013” ; dit autrement, dans une année. 48 heures auparavant, le Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra, ne disait pas autre chose lorsqu’il insistait sur le caractère “inévitable” du dialogue avec Ansar Dine et le MNLA.


On n’aurait pas pris au sérieux cette déclaration si elle ne venait pas de la bouche de Romano Prodi qui, au regard des fonctions qu’il a occupées et de sa position actuelle, sait tourner la langue 7 fois avant de parler. On ne peut que prendre donc ces paroles très au sérieux, car, au-delà de lui, il y a l’ONU, et ce missi domini n’aurait pas tenu un tel langage s’il n’a pas eu auparavant le quitus de celle-ci.


La communauté internationale et les autorités maliennes redonnent encore un répit aux irrédentistes et surtout aux katibas “aqmisés” et “ansardinés” pour continuer à couper des mains, à cravacher de supposés impies et procéder à des enlèvements d’Occidentaux. Au demeurant, le rapt, hier 21 novembre, du Français, Gilberto Rodriguez Leal à Diema à la frontière malo-mauritanienne est encore une preuve supplémentaire que la situation est toujours improbable et que les phalangistes ne cherchent qu’à gagner du temps. Avec des négociations en trompe-l’œil. On ne met pas fin du jour au lendemain à ce fonds de commerce lucratif que sont ces enlèvements, qui procurent beaucoup de devises grâce aux rançons payées rubis sur l’ongle. Les ravisseurs sévissent toujours..


Du coup, c’est le président du Faso qui savoure une certaine revanche. En l’espèce, il aura eu le nez creux, celui d’avoir senti très tôt qu’une intervention précipitée aurait transformé cette bande sahélo-saharienne en bourbier pour la CEDEAO et ses alliés.


Militaire, il sait les dangers d’une intervention au désert, et on comprend qu’il veuille donner toutes les chances à la paix, quitte à être l’objet de récriminations et d’imprécations de toutes sortes. On a même cru à la médiation de trop avec le dossier malien, puis on a décrété la mort des négociations, certains Maliens lui en voulant. Et on en oublie...
Aujourd’hui, le médiateur, Blaise Compaoré, semble tenir la corde, même si on ne sait pas si, in fine, il aura raison, car seule l’issue de cette crise politico-militaire nous le dira, mais tous ces ralliements à sa position initiale sont autant de preuves qu’il avait vu juste.


Dans tous les cas, quoi qu’on dise, il faut ici distinguer “le bon grain de l’ivraie” : il y a le MNLA, avec qui on peut négocier, tout comme, dans une moindre mesure, Ansar Dine, mais peut-on vraiment discuter avec le MUJAO, cette excroissance d’Aqmi où l’on retrouve des Afghans, des Pakistanais, des Pachtouns,... et des appatridesbref, des gens qui se fichent du Mali comme de leur première barboteuse ? A la vérité, si Blaise a repris la main (l’avait-il du reste perdue ?) il a aussi désormais le dos au mur, car il lui faudra fixer clairement les bases de ces négociations.

De même qu’en 2006 il avait signifié aux opposants togolais qu’ils ne sauraient dialoguer avec Faure tout en ne le reconnaissant pas comme président élu, ou en 2007 quand il a dit de “petites vérités” à son frère Gbagbo, Blaise devra pouvoir appliquer cette méthode aux protagonistes maliens, même si les contextes togolais et ivoirien étaient différents de celui du Mali.


De ce fait, il doit pouvoir convaincre le MNLA de mettre sous l’éteignoir ses velléités autonomistes, et trouver un terrain d’entente qui épouse un certain réalisme politique. Concernant Ansar Dine, le message ne doit pas être subliminal : Kidal ne saurait être une enclave salafiste dans la République laïque du Mali. Comment Blaise va-t-il gérer toutes ces contradictions ?
Quant au MUJAO, c’est une autre histoire...

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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