Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Bendré N° 715 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Autres articles

 Météo


Comment

Société

Circulation routière : Quand route tue, ouagalais se fâchent
Publié le mercredi 21 novembre 2012   |  Bendré


La
© Autre presse par DR
La route Ouahigouya–frontière du Mali


 Vos outils




Le mercredi 14 novembre 2012, un élève en classe de sixième au Marien N’gouabi a été écrasé par un camion sur l’avenue 56. Cette situation qui n’est pas la première du genre a provoqué la colère des habitants de Nossin qui ont manifesté leur mécontentement en barrant la voie. Ils disent rester dans cette situation jusqu’à ce que les autorités viennent mettre des feux tricolores et des ralentisseurs. Aux dernières nouvelles, le maire de la capitale est passé rassurer les frondeurs. Voici des propos que nous avons enregistrés dans un brouhaha total.

"On veut qu’on mette des feux tricolores sur la voix, ça ne peut pas être comme ça. Peut-être que ce sont les futurs dirigeants du pays qu’on a tués. Ceux qu’on a tués, s’ils étaient vivants, ils pouvaient construire le pays. Nous sommes ici, nous ne faisons pas la bagarre avec quelqu’un, nous voulons qu’ils viennent arranger notre pays, nous sommes tous les enfants de ce pays. Nous voulons que d’ici demain matin ils viennent mettre le feu, s’ils ne mettent pas le feu, on va barrer la voie. On va bien barrer, même si on va couper les arbres pour le faire, on va la barrer. Ceux qui disent que ça ne leur plaît pas, ils n’ont qu’à venir, on va leur dire la vérité. Si c’est bien la vérité qu’on dit, ils vont arranger notre situation ".

" Mr le maire même est à l’écoute, il a dit de ne plus brûler les pneus sur la voie, donc ils n’ont qu’à grouiller arranger la situation, ç’a duré. Hier le deuxième accident a été une moto de six vitesses, sans ralenti. Le premier accident était une citerne, un enfant de sixième. Depuis qu’on a enlevé le feu, on tue les enfants comme des coqs, c’est le feu tricolore seulement que nous on veut, ils n’ont qu’à venir mettre le feu pour que les gens puissent passer. L’enfant voulait traverser, la citerne aussi voulait tourner. A 17h même la circulation est dense, les gens ne ralentissent pas, ils roulent sur la voie comme s’ils avaient bu l’alcool. Il y a eu trois accidents dont un à Larlé vers la maison des jeunes, Larlé Naaba Abga, là-bas c’était avec six vitesses sans ralenti, l’autre devant ici, c’était une Mercedes, il y a eu trop d’accidents même ici, c’est chaque jour avec son cadavre ".

" Y a un camion qui a écrasé un enfant sur la route, on ne sait pas comment ça s’est passé, mais au moment où le véhicule a piétiné l’enfant, les gens ont crié, quand ils ont crié, il s’est arrêté, après il s’est engagé maintenant, c’est en ce moment qu’il a tué l’enfant, quand l’enfant a crié c’est fini. Il est monté sur l’enfant et son vélo. Ce qui a fait mal aux gens. Quand la police est venue, elle devait faire son travail. Elle a dit qu’elle n’a pas de grilles, les gens ont dit non, à la voirie il y a une grille posée gratuitement. Vous pouvez les appeler, ils vont venir débloquer la situation. L’enfant est sous le véhicule, on ne sait pas comment faire pour enlever le corps, ça fait mal. Le papa de l’enfant a crié qu’on n’a qu’à faire sortir son enfant pour lui remettre il va aller enterrer. Il a crié au moins trois fois. Personne n’a pu faire sortir l’enfant. Et puis dans le quartier, il y a des conseillers, aucun conseiller n’est venu sur le lieu. Normalement les conseillers, des trucs comme ça au moins, ils doivent appeler la voirie.

C’est à cause de ça que les gens ont dit aussi que ce n’est pas normal. Si dans un secteur les conseillers ne font pas leur rôle, en tout cas c’est grave. Et puis depuis la fête de tabaski jusqu’à ce jour, ce sont trois personnes qu’on a tuées ici, deux élèves et une vieille qui vendait des beignets à côté. Y a pas de feu, les gens circulent au hasard, donc il faut qu’ils reviennent mettre le feu. Au moment où ils ont fini de bitumer la voie, ils devaient remettre le feu, mais pourquoi ils n’ont pas remis. Y a une école à côté, St Michel, mais d’après que l’enfant était au Marien N’Gouabi, il partait à la maison, c’était vraiment catastrophique et les gens en ont marre de cette situation, parce que eux-mêmes ils savent ce qu’ils peuvent faire pour diminuer ça et ils ne font pas. Par exemple, les conseillers qui sont ici, ils ne font même pas leur travail, c’est manger seulement, construire leur étage. Moi je n’ai jamais eu un problème et allé voir un conseiller, parce que je sais qu’il ne peut pas résoudre mon problème, donc je n’ose même pas aller ".

" Depuis plus d’un mois, on a plus de cinq morts sur cette voix. Avant même que la route soit ’’rebitumée’’, on avait un feu ici, y a des écoles dans les à côtés, donc nous on ne demande que des ralentisseurs, à ce qu’ils remettent les feux tricolores pour nous. Y a une femme qui est morte ici la fois passée, la dernière fois aussi y a eu un enfant qui est mort. Rien qu’hier y a un élève de sixième qui est mort sur la voix. Est-ce qu’on va attendre à ce que l’enfant du maire, l’enfant du député ou bien l’enfant du conseiller meurt avant qu’on trouve des feux ou bien des ralentisseurs. Donc nous avons dit non, nous allons manifester pacifiquement pour qu’au moins à leur tour, ils essaient de sauver nos vies. C’est pas parce qu’ils vont mettre les ralentisseurs et les feux qu’on peut éviter que quelqu’un ne meurt, mais au lieu qu’il y ait quatre morts en quatre semaines, peut-être qu’on va aller à un mort par mois. Jusqu’à présent on a des conseillers, on a des élus locaux, jusqu’à présent aucun d’eux n’est venu nous écouter, c’est ce qui nous fait très mal. On les a votés pour ça, mais jusqu’à présent on ne les a pas vus. Est-ce qu’il faut qu’on attende les campagnes pour qu’ils viennent nous voir ? Bon on ne sait pas, on les attend. Hier c’est un enfant qu’ils ont percuté ici qui voulait traverser, c’est un élève".

" Un véhicule citerne a écrasé un enfant, c’est récurent que ce genre de situation arrive. On pensait que les autorités allaient venir résoudre le problème. Mais c’est devenu récurent et si tu veux réclamer quelque chose, c’est par la force parce que si on va utiliser les voix normales, on va faire deux ans sans que quelque chose se passe ici. C’est regrettable, on ne le fait pas parce qu’on a envie de se comporter comme ça, parce que c’est pas citoyen, mais qu’est-ce que vous voulez, c’est la seule langue que les autorités aujourd’hui comprennent, donc nous on a pas d’autres langues aussi pour leur faire comprendre si c’est pas comme ça. Cela ne nous plait pas, parce que nous perdons aussi, y a des commerces qui sont fermés, y a des gens qui ne vont pas aller au travail pour avoir leur pain quotidien. Ce qu’on souhaite, c’est qu’ils viennent régler le problème parce que nos mamans sont ici, chaque fois on les écrase sur le goudron, y a nos femmes, nos sœurs, nos enfants, chaque fois c’est comme ça. Donc, c’est à cause de ça que les jeunes se sont regroupés après avoir appris qu’on a retiré l’enfant des pneus même du véhicule. On n’a pas suivi réellement l’accident, ce sont les cris des riverains qui nous ont alertés qu’il y a quelque chose qui s’est passée. Donc on est allé sur le terrain on a vu que y a une citerne qui a écrasé un enfant, les heures de pointe même.

On avait appris que pendant les heures de pointe même les gros porteurs ne doivent pas circuler, c’est ce qu’ils disent à chaque fois, pourtant chaque fois aussi on voit des gros porteurs circuler. Souvent ils disent que ces gens ont des permis spéciaux, ils ont des autorisations spéciales pour circuler. Avec tout ça, je pense qu’à 17h ces genres de véhicules ne doivent pas circuler. C’est vrai que si un accident arrive on ne peut pas savoir comment ça va se passer, mais je pense que c’est mieux, que ces textes qu’ils décident, parce que nous on ne décide rien. C’est eux qui décident et ils adoptent. Pourtant ils disent que c’est le peuple qui adopte, nous on adopte rien. C’est eux qui font ce qu’ils veulent, nous aussi on va faire ce qu’on veut, c’est comme ça. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder la vase. Nous-mêmes, en tant que citoyens, on sent qu’on est brimé, on sent que les gens en qui on a placé notre confiance s’en fichent de nous. Ils font tout ce qu’ils veulent, ils pillent le pays. Ce n’est pas un problème, ils n’ont qu’à piller le pays, ils n’ont qu’à piller tout ce qu’ils veulent, mais ils n’ont qu’à nous laisser tranquille, c’est tout.

"Nous on ne demande pas plus, nous, on a enregistré plusieurs accidents ici, et ce sont des cas dangereux, il y a la vie de nos mamans qui coûtent chères ici, y a nos papas, y a les enfants et y a nos femmes. À tout moment y a des accidents ici, et ce sont des accidents graves, mortels. Avant de réfectionner la voie y avait un feu tricolore ici. Ils l’ont enlevé, ils ont réfectionné la voie, et ils n’ont pas remis les feux tricolores. Nous on veut notre feu tricolore qu’ils ont enlevé, et ils n’ont qu’à venir placer des ralentisseurs pour éviter la vitesse, parce que les gens font trop la vitesse. A chaque cas c’est des accidents mortels et c’est des cas durs, ce sont les feux tricolores et les ralentisseurs qu’on veut, on ne veut pas plus. Il faut qu’ils mettent les ralentisseurs avant qu’on ne dégage la voie, sinon on va terminer nos mamans, c’est vrai qu’on n’a pas d’argent, mais on veut vivre ".

Propos recueillis par Madina Bélemviré (Stagiaire)

 Commentaires