Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Pays N° 5620 du 6/6/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Velléités de modification de l’article 37 ; « Un référendum pour quoi faire »
Publié le samedi 7 juin 2014   |  Le Pays




 Vos outils




S’il y a un sujet qui divise actuellement la classe politique et le peuple burkinabè, c’est bien celui de l’organisation d’un référendum. Après les désormais historiques marches de l’opposition contre le Sénat des 29 juin et 28 juillet 2013, qui ont rassemblé grand monde, on pensait que le pouvoir en place renoncerait enfin à sa volonté de passer en force et d’aller contre la clause limitative des mandats présidentiels contenue dans notre Constitution.
Mais les dernières sorties du Front républicain (FR) et du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ainsi que les récentes rencontres du chef de l’Etat avec les populations du Centre-Est et du Centre-Ouest, montrent bien que ceux qui nous gouvernent sont prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. Devant la menace d’une explosion sociale, et de la paix que certains mettent au crédit de l’actuel président, il n’y a pas de raison de se taire ou de voir venir. Même le fait de n’appartenir à aucune formation politique ne pourrait justifier le silence sur la question de savoir s’il faut organiser un référendum. L’intérêt national commande donc d’intervenir dans ce débat.

Mais avant d’aborder la question du référendum, il importe de revenir un peu en arrière pour comprendre les intentions cachées ou manifestes de ces velléités de modifications constitutionnelles.

On se rappelle, comme si c’était hier, qu’en 2005 la question de la candidature de notre président était en débat. En son temps, il y a eu des juristes, et pas des moindres, pour défendre sa légalité; et on a sorti l’argument de la non-rétroactivité de la loi pour clouer le bec à ceux qui y étaient opposés. Autrement dit, avec la modification constitutionnelle qui avait ramené le mandat présidentiel à 5 ans, en réintroduisant la clause limitative comme le recommandait le Collège des Sages, les compteurs de règne étaient remis à zéro. Et le président pouvait alors prétendre à deux nouveaux mandats, comme s’il n’avait jamais régné ici au Faso.

Sans être juristes, nous avons quand même le bon sens et assez de jugement pour savoir qu’une modification d’un article dans une Constitution ne saurait constituer un changement de constitution. Mais avec des juges de service et des avocats du diable, la voix des sans-voixne pouvait être entendue. Et ce qui devait arriver arriva.

Blaise Compaoré sera élu président en 2005 et en 2010. Hélas, que le temps passe si vite! Et comme le dit l’adage chez les Mossé : « nab’n-yagdé ; béog ka yagd-yé». Autrement dit, « c’est le chef qui ment, et non pas demain». Nous voici donc à la veille de 2015, année où le dernier mandat du président arrive à son terme. Et nous retombons dans l’éternelle polémique sur le départ du président, et par conséquent dans la perspective de remettre en cause la possibilité d’une alternance politique. Pourquoi donc un référendum, au moment où le dernier mandat du président tire à sa fin ?

Le peuple burkinabè qui est très pacifique et tolérant, a pourtant déjà largement répondu à cette question par sa mobilisation franche et totale derrière le Chef de file de l’opposition politique (CFOP). Et même ceux qui ne juraient que par Blaise Compaoré ont fini par rejoindre le camp du peuple qu’ils veulent maintenant défendre.

Mais il y a aussi la race des politiciens sans honte qui, comme des sangsues ou des chauves-souris, s’affichent de plus en plus par des arguments ignobles pour montrer que le départ du président sera la fin des temps.
Ils nous rappellent le regretté Cyril Goungounga qui déclarait en son temps que la fonction de chef d’Etat est si haute et si noble que quand on trouve la personne qu’il faut pour l’assumer, il ne faut pas la remplacer. C’était pour justifier la modification constitutionnelle qui sautait le verrou de la limitation des mandats présidentiels. C’était dire qu’ «on ne change pas une équipe qui gagne ».

On se rappelle aussi que le regretté Dim Salif Sawadogo disait qu’ils pouvaient faire ce qu’ils veulent de la Constitution parce qu’ils ont le pouvoir et la majorité présidentielle. Autrement dit, « on fait ce qu’on veut parce qu’on a la force ».

Tous ces gens ne sont plus là; que Dieu leur pardonne, et qu’il pardonne aussi tous nos méfaits et nos égarements. Mais le pays est toujours là. C’est dire qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes des passagers sur terre et des habitants d’un pays qui demeure.
Aujourd’hui, ceux qui s’excitent et s’agitent pour l’organisation d’un référendum à l’effet de modifier une énième fois l’article 37 de la Constitution, se justifient par le fait banal qu’il fait partie des articles révisables de la loi qui n’interdit pas du tout cette solution… hic. Mais ils oublient royalement l’esprit du texte qui vise à institutionnaliser l’alternance comme principe cardinal de toute vraie démocratie, et s’attachent plus à la légalité qu’à la légitimité. On sait bien qu’ils sont très nombreux, mais pas aussi nombreux que ceux qui se sont clairement exprimés contre le Sénat et la révision de l’article 37 comme des manœuvres pour l’instauration de la monarchie constitutionnelle et le pouvoir à vie. Depuis l’assassinat du président Thomas Sankara en 1987, on constate que ce sont pratiquement les mêmes personnes qui ont toujours gouverné.

On sait aussi que Blaise Compaoré a trop fait pour son pays et pour la sous-région. Il est peut-être aussi un démocrate, celui-là même qui a amené la démocratie ici au Faso comme disent certains. Il est certainement un grand homme, mais c’est tout de même un homme. Et si tous les hommes sont mortels, il est par conséquent mortel. (…)

C’est la question que doivent se poser aujourd’hui ceux qui lui demandent de prendre ses responsabilités pour convoquer cette consultation du peuple, dans le but de savoir s’il peut violer la loi fondamentale, au moment où on déplore de plus en plus les actes d’incivisme de nos concitoyens.

Pour nous qui ne voulons que la paix et qui ne prétendons qu’à vivre librement et dignement dans un pays prospère, il est plus que souhaitable que les uns et les autres considèrent et respectent le Burkina Faso et son peuple, et qu’ils apprennent une fois pour toutes qu’il ne faut pas accorder à un homme plus d’égard qu’à la vérité.

Que DIEU nous aide ; qu’il aide la Vérité !

SEGDA Ablassé

 Commentaires