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Le Pays N° 5617 du 3/6/2014

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Mort du juge Nebie : le SAMAB brise le mythe de la lenteur judiciaire
Publié le mardi 3 juin 2014   |  Le Pays


SAMAB
© Autre presse par DR
SAMAB : Qu`est-ce que le bon juge ?


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Suite à la mort du juge constitutionnel Salifou Nébié, le Syndicat autonome des magistrats burkinabè (SAMAB) a fait une sortie dans laquelle il dénonce « la lourdeur et la lenteur de l’enquête ». Sory Moussa Stéphane a notamment, au nom du comité exécutif du SAMAB, déploré « les balbutiements et les hésitations dans la conduite de cette affaire qui laissent les magistrats perplexes sur son aboutissement à des résultats utiles ». Cette lenteur est d’autant plus inacceptable, qu’elle peut favoriser la dissipation d’indices matériels, a relevé par ailleurs le responsable du syndicat.

La crédibilité de la justice a été mise à mal dans le traitement de plusieurs dossiers
Cette inquiétude du SAMAB pourrait être partagée par le peuple burkinabè au nom duquel les magistrats assument leurs fonctions. Ces manquements de la justice, constatés par des magistrats de surcroit, intéressent véritablement l’ensemble des Burkinabè, car quand la justice va mal, c’est toute la cité qui en est affectée. Malheureusement, au Burkina, l’on peut avoir l’impression que la crédibilité de la justice a été mise à mal dans le traitement de plusieurs dossiers. Le sort que la justice burkinabè a réservé à certains dossiers peut renforcer le citoyen lambda dans sa conviction que la justice est aux ordres et qu’elle travaille à étouffer certains dossiers en comptant notamment sur le temps. Tous ceux qui ont cette opinion sur la justice burkinabè, et ils sont nombreux, ont toujours eu droit à cette sempiternelle réplique : « la justice suit son cours ». Cet argumentaire, qui est invariablement servi au peuple burkinabè comme un dogme, a fini par conduire celui-ci à désespérer de la justice, quant à sa volonté de travailler à la manifestation de la vérité dans le traitement de certains dossiers à elle confiés. La sortie du SAMAB, suite à la mort du juge Nébié, vient apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui ont cette perception de l’institution judiciaire. Certes, le point de vue du SAMAB est celui d’un syndicat. De ce point de vue, il peut ne pas être partagé par l’ensemble du corps, mais il vaut son pesant d’or puisqu’il émane avant tout de professionnels de la justice, qui savent très bien de quoi ils parlent. Ainsi donc, des magistrats ont reconnu dans l’affaire de la mort du juge Nébié que « l’enquête est lourde et lente ». C’est certainement vrai mais cette lenteur de la justice ne date pas seulement de la mort regrettable de Salifou Nébié.
La justice peut aller vite si elle le veut
Celle-ci est une pathologie que la justice burkinabè a toujours traînée. Le SAMAB vient donc d’enfoncer une porte déjà ouverte. Est-ce donc parce que le regretté Salifou Nébié est du corps que les magistrats exigent que diligence soit faite dans le traitement de son dossier ? Bien avant ce triste évènement, bien des Burkinabè ont été atrocement assassinés dans des circonstances qui n’ont toujours pas été élucidées. Pire, certains dossiers ont été purement et simplement classés. Il aurait été plus intéressant que le SAMAB profitât de la lenteur et de la lourdeur qu’il a constatées dans la conduite de l’enquête liée à la mort du juge constitutionnel pour dénoncer de manière générale tous les disfonctionnements de la justice burkinabè. Les Burkinabè leur auraient été plus reconnaissants. Cela dit, le principal enseignement que l’on peut tirer de la sortie du SAMAB est que la justice peut aller vite si elle le veut, dans la conduite des enquêtes liées aux affaires criminelles. Les Burkinabè peuvent donc rendre hommage au Syndicat autonome des magistrats burkinabè pour avoir contribué à briser le mythe de la lenteur de la justice. La mort du juge Nébié doit être élucidée au plus vite, comme celle de bien d’autres Burkinabè qui avant lui, ont été sauvagement arrachés à l’affection de leurs familles. Ce combat doit être porté par l’ensemble de l’institution judicaire si elle veut que le peuple burkinabè au nom duquel elle rend la justice, lui fasse confiance. C’est aussi à ce prix qu’elle pourra mériter la définition qu’Aristote donne au concept de justice : « la disposition à accomplir des actions qui mènent au bien commun ».

Sidzabda

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