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L`Observateur Paalga N° 8633 du 3/6/2014

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Rawlings chez Blaise : Ah, il y a donc une vie après la présidence !
Publié le mardi 3 juin 2014   |  L`Observateur Paalga


Rawlings
© Autre presse par DR
Rawlings chez Blaise : Ah, il y a donc une vie après la présidence !


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«C’est une visite privée». Ainsi les journalistes ont-ils été éconduits au palais de Kosyam.


Les services de la Communication et du Protocole ont-ils voulu par là éviter au maître des lieux quelques questions qui fâchent ?




C’est que Blaise Compaoré et Jerry John Rawlings ont été tour à tour unis dans la lutte contre l’impérialisme, séparés par l’assassinat de Thomas Sankara, pour, après plusieurs années, normaliser leurs relations. Officiellement donc, plus de brouille entre le chef de l’Etat burkinabè et l’ex-président ghanéen. La preuve de cette fraternité entre les deux hommes, nous dira-t-on, c’est l’audience privée que l’un a accordée à l’autre hier lundi 2 juin 2014.

Mais au-delà des accolades, de la poignée de main chaleureuse et des sourires sans doute feints, une divergence de conceptions du pouvoir d’Etat existe entre les deux anciens révolutionnaires.

Venus aux affaires par les armes à la même période et presque au même âge, l’un, Blaise Compaoré, est, 27 ans après, toujours au pouvoir et n’entend pas s’en aller de sitôt, et l’autre, Rawlings, a cédé sa place conformément à ce que lui impose la Constitution de son pays.

Alors, si l’homme du 31 décembre 1981 s’est rendu à Kosyam, ce n’est certainement pas pour féliciter celui du 15 octobre 1987 pour sa longévité politique.

Bien au contraire, son séjour en terre ouagalaise sonne comme une désapprobation d’un si long règne.

En effet, JJR, comme on l’appelle, est venu rehausser de sa présence la Xe édition de Ciné droit libre, le festival de films sur les droits humains, dont les organisateurs sont opposés au maintien au pouvoir du président Compaoré au-delà de l’échéance de 2015.

En parvenant à décrocher un prestigieux parrain de la trempe de Rawlings, Semfilm, l’organisateur de ce rendez-vous cinématographique annuel, a frappé un group coup politique et médiatique.

Car à vrai dire, on se demandait si celui qui a été choisi comme tuteur de la cuvée 2014 viendrait vraiment. Et cela, pour deux raisons précises : au regard du contexte sociopolitique de notre pays et de la charge idéologique véhiculée par Ciné droit libre.

En acceptant donc de mettre son charisme et sa voix au service du cinéma engagé, du cinéma de dénonciation, Jerry John Rawlings a posé un acte militant et pris position dans la polémique qui agite la classe politique au sujet de la révision de l’article 37 et de l’organisation du référendum. Et il le sait. Alors, qu’est-ce que les deux hommes ont pu bien se dire, eux dont les rapports au pouvoir sont diamétralement opposés ? Alors que le premier, après vingt-huit ans au pouvoir, cherche à sauter le verrou constitutionnel pour briguer un cinquième mandat, le second a cédé son fauteuil en 2001, offrant ainsi à son pays sa première transition politique pacifique. Consacrant depuis son expérience de chef d’Etat au service de l’humanitaire et de la médiation.

Mauvaise conscience des dirigeants qui ambitionnent de s’octroyer un règne ad vitam aeternam, l’ex-flight lieutenant montre qu’il y a bien une vie, peut-être autrement prestigieuse après la présidence.

Voilà donc un homme qui est venu au pouvoir par les armes et en est reparti par les urnes après vingt ans passés à la plus haute charge de l’Etat.

Depuis qu’il a su quitter les affaires pour aller cultiver le jardin de l’Afrique, le Ghana ne s’est pas effondré parce qu’un homme, soit-il Rawlings, n’est plus à sa tête. Bien au contraire. Cet acte, qui dénote une grande élégance démocratique, fut pour un pays naguère connu pour ses coups d’Etat un acte fondateur : la consécration des urnes comme mode de dévolution du pouvoir. La succession des alternances consensuelles ont engendré une stabilité politique qui explique en grande partie la réussite économique de l’ex-Gold Coast, devenu émergent.

Libre de tout mouvement, adulé dans son pays comme dans bien d’autres, sollicité partout pour des conférences dans de prestigieuses universités, JJR pourra-t-il, par son seul exemple, convaincre son vieux camarade de la lutte antiimpérialiste qu’il y a des vies après la vie ?

Alain Saint Robespierre

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