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Etablissements d’enseignement privé : L’Etat ouvre la voie au désordre
Publié le mercredi 21 novembre 2012   |  Autre presse


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Activités Gouvernementales: Conseil des ministres du mercredi 12 septembre 2012


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Les établissements d’enseignements privés ont pris le pas sur les établissements publics dans les deux principales grandes villes du Burkina. A Ouagadougou, sur 527 écoles primaires 248 sont privées. A Bobo Dioulasso, sur les 177 écoles de la ville, 141 sont privées. Au secondaire, 40% des élèves sont inscrits au privé. Au supérieur, les chiffres indiquent que sur les 60 000 étudiants du pays, 22% sont du privé soit quelques 13 000 étudiants. Pourtant, l’enseignement privé reste l’un des secteurs mal organisé. Les chiffres officiels masquent la réalité. De nombreux autres établissements non reconnus pullulent dans les grandes villes. Les domiciles et autres parcelles à usage d’habitation sont transformés en écoles primaires ou lycées. L’Etat qui a créé le vide pour l’instant ferme les yeux. Les syndicats s’indignent de voir le gouvernement abandonner le secteur de l’éducation au privé.

A Ouagadougou rien qu’à l’école primaire, sur 527 écoles reconnues, il ya 248 établissements privés et à Bobo Dioulasso sur les 177 écoles que compte la ville, 141 sont privées. Sur l’ensemble du territoire selon les chiffres officiels les plus récents, le Burkina dispose de 11 545 écoles primaires dont 2279 privées. C’est surtout dans les centres urbains que le phénomène des établissements privés a trouvé un espace fertile pour se développer. Dans les plus grandes villes du pays, l’Etat n’investit plus dans les constructions d’écoles. Pourtant, la demande en matière éducative ne cesse de croitre.

Le vide créé par l’Etat dans les centres urbains a ouvert la porte à un commerce autour du secteur de l’éducation. D’abord au niveau de la réglementation. Selon les chiffres officiels Ouagadougou compte environ 248 écoles primaires privées. Mais au niveau du ministère, on reconnait que ces chiffres sont loin de refléter la réalité. On pense même que le nombre d’écoles privées non reconnues dépasse de loin, celles reconnues par le ministère. Personne ne connait le nombre d’écoles privées qui opèrent dans la clandestinité totale.

Les établissements clandestins foisonnent

Pourtant de nombreuses familles ont confié leurs enfants à ces établissements. Beaucoup de parents savent que ces établissements ne sont pas reconnus. Mais la plupart d’entre eux ne le savent pas. Au ministère, on explique que les établissements reconnus ont l’obligation d’afficher devant leur porte une plaque de reconnaissance pour permettre aux parents de faire leur choix en toute responsabilité. Mais peu d’établissements appliquent cette règle. Mais pour certains parents, le problème ne se trouve pas à ce niveau.

La question se pose en termes d’accès. Boukary Ilboudo est résident au secteur 19 de Ouaga et sait de quoi il parle. « Depuis une dizaine d’années, j’inscris mes enfants dans les écoles privées. Pas qu’elles sont meilleures au public. Je n’ai pas le choix. Les écoles publiques sont aujourd’hui inaccessibles. Il y a peu de places pour les centaines d’enfants du quartier chaque année. Les classes sont bondées d’élèves. Les seules écoles accessibles à côté sont privées. Mais là où j’inscris mes enfants, je sais que l’école n’est pas reconnue et le fondateur l’a reconnu et m’a convaincu qu’il travaille à se conformer aux normes ». Dans le quartier Nonsin, plusieurs écoles privées ont vu le jour ces dernières années. Naba piiga, la fraternité, Kam Yam Wékré,…, ce sont des centaines d’enfants qui y sont inscrits. Mais en réalité, aucune d’elle n’a une reconnaissance officielle. Elles n’ont pas d’autorisation d’ouverture. Pourtant, les élèves qui y sont inscrits participent aux examens nationaux.

Les écoles non reconnues s’arrangent chaque année pour se mettre en partenariat avec les établissements reconnus pour pouvoir présenter leurs candidats aux examens. Et souvent, elles arrivent à faire de bons résultats malgré les conditions d’études qui sont souvent les moins enviables. A l’école primaire Kam Yam Wékré ce sont des maisons de 16 tôles qui constituent les salles de classes. Comme la plupart des écoles privées dans ce quartier, l’école a une superficie d’environ 400 m2.C’est une parcelle à usage d’habitation qui a été transformée au milieu des concessions en école primaire. Ce sont les petites maisons de 16 tôles qui font office de salles de classes. Il y en a 5. La première promotion fait le CM2 cette année scolaire 2012-2013. Les salles de classes manquent. Le fondateur a trouvé une solution. Le CM1 et le CM2 occuperont la même salle cette année. Il va toujours en manquer. L’école se veut un complexe scolaire. Elle propose le préscolaire aux parents.

Mais pour ces bambins, le hangar construit peut faire l’affaire. Le fondateur est conscient de l’exiguïté de son espace. Il tente depuis quelques temps d’acquérir l’espace de son voisin.

Ce dernier s’y oppose catégoriquement. La qualité des enseignants est souvent douteuse dans la plupart des ces écoles. Nombre de ces enseignants n’ont reçu aucune formation et n’ont aucune qualification.

Ce sont pour la plupart des jeunes des quartiers à la recherche d’emploi. Très souvent, l’enseignement n’est qu’un boulot transitoire en attendant de trouver mieux. A l’école primaire Naba Piiga, on se dit conscient de toutes ces faiblesses. Mais on assure que l’établissement se débrouille souvent pour que ces enseignants puissent prendre part à certains séminaires de formation. Des séances qui pour eux contribuent à améliorer le niveau des enseignants. Le ministère connait bien la situation des écoles non reconnus. « Le phénomène des écoles privées non reconnues est un véritable problème pour le ministère. Beaucoup ne respectent aucune règle. » Reconnait une autorité du ministère.

Malgré cette prise de conscience, il n’y a pas de sanction. La solution envisagée pour le moment, c’est la sensibilisation. « Nous sommes en train de voir avec la mairie comment rencontrer ces promoteurs non reconnus pour les organiser afin qu’ils puissent se mettre un peu dans les normes. » affirme la même autorité. Pas question pour le moment de fermer ces écoles. L’Etat n’en dispose pas assez pour récupérer les milliers d’élèves inscrits dans ces écoles. Au niveau du secondaire, les choses ne sont pas véritablement différentes. De nombreux collèges et lycées privés sont dans l’illégalité totale. Là Aussi, le ministère est au courant.

En début d’année scolaire, ce sont des messages téléphoniques que le ministère des enseignements secondaire et supérieur a envoyé aux abonnés. Dans ces messages, le ministère conseille aux parents d’élèves de se renseigner avant toute inscription dans les lycées. « Élève, étudiant, ou parent, avant toute inscription vérifiez que l’établissement d’enseignement est autorisé… » Pour la vérification, le ministère vous renvoie à leur site internet. Mais sur ce site, la liste des établissements autorisés n’a pas été actualisée. Elle date de 2006. ¬6 ans après, c’est la même liste qui s’affiche toujours sur le site. Ce laxisme au niveau du ministère se constate également sur le terrain. Les établissements non reconnus sont connus du ministère. Les services techniques qui sortent pour l’inspection ont peu de soucis. Les établissements privés reçoivent rarement des visites des services techniques du ministère. Pourtant, les problèmes du primaire ne manquent pas au secondaire.

Le problème d’espace

L’un des points communs reste le problème d’espace. Nombre de ces établissements sont dans des espaces très réduits. C’est pourtant l’une des conditions du cahier de charge pour ouvrir un établissement d’enseignement privé. Il faut disposer de l’espace. Les textes prévoient au moins un hectare .Pour une salle de classe, il faut au moins prévoir 70 m2. Mais peu d’établissements peuvent respecter cette réglementation et ils ne sont pas sanctionnés. L’espace, même l’Etat n’en dispose plus. Dans les centres urbains la plupart de ces espaces qui étaient prévus pour l’éducation dans les arrondissements ont été bradés par les maires qui ont profité de la libéralisation du foncier. Le processus de déclassement des réserves administratives n’est plus un long chemin.

D’ailleurs le nom a changé pour faciliter les choses. Ces espaces sont désormais appelés réserves foncières. Conséquence : en ville l’Etat ne dispose plus d’espace pour construire des écoles même si le besoin est pressant. Le problème serait à l’étude pour que l’offre éducative puisse être améliorée en ville. La capacité d’accueil dans les écoles existantes pourra être renforcée. Mais faute d’espace, la solution envisagée est la construction en hauteur. Le projet a été présenté à certains partenaires financiers. L’agence française de développement se sent déjà intéressée. C’est principalement Ouagadougou et Bobo Dioulasso qui devront être concernées par le projet.

Pawanezambo Belem

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