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Le Quotidien N° 1077 du 2/6/2014

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Meeting de l’opposition au stade du 4-Août : le début d’un match à l’issue incertaine
Publié le lundi 2 juin 2014   |  Le Quotidien


Rejet
© aOuaga.com par Séni Dabo
Rejet du projet de référendum : l`opposition lance sa campagne de dissuasion
Samedi 31 mai 2014. Ouagadougou. Stade du 4-Août. L`opposition politique affiliée au chef de file a organisé un rassemblement populaire contre le référendum au cours duquel elle a lancé sa campagne de dissuasion contre ce projet des partisans du pouvoir pour réviser l`article 37 de la Constitution sur la limitation du mandat présidentiel


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L’opposition s’est lancée un défi inédit en prenant d’assaut le plus grand stade du Burkina le 31 mai dernier. Le challenge était himalayesque. Car il y a quelques années, elle pouvait à peine réunir une centaine de personnes à ses regroupements. On l’a vu lors de l’appel lancé par Me Bénéwendé Stanislas Sankara, à la Place de la nation, le 30 avril 2011, pour réclamer le départ de Blaise Compaoré. Ce fut certes un fiasco, mais peut-être le déclic pour les grandes joutes d’aujourd’hui. Mais avec les gigantesques marches réussies sous la houlette de Zéphirin Diabré, épaulé plus tard par les nouveaux arrivants du MPP, l’opposition burkinabè a trouvé un nouveau souffle. Elle peut désormais réunir des milliers de manifestants, et même rivaliser avec le parti au pouvoir. Ce sont ces gigantesques mobilisations qui ont fait reculer le pouvoir dans la mise en place du Sénat. L’opposition est dans cette même posture, pour dire non à un éventuel référendum constitutionnel. D’où le pari de remplir le stade du 4 Août « recto et verso, en haut et bas », selon les prévisions du chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré. Chacun interprètera l’opportunité de cette annonce, au regard de la mobilisation du 31 mai. Zeph a-t-il été trop prétentieux et trop sûr de ses forces ? Ou alors s’agissait-il d’une façon de revigorer ses troupes et de les amener à sortir massivement ? En tout cas, si le stade était plein, on ne peut pas pour autant dire qu’il a débordé de monde. Le pouvoir pourra ergoter sur cela et bien sûr railler Zeph de n’avoir pas atteint ses objectifs. Mais pour tout observateur honnête, c’est un succès pour l’opposition, qui n’avait jamais accompli une telle prouesse. Pour le symbôle aussi, c’est réussi, puisqu’il s’agit du début d’un match. Soit dit en passant, la Fédération burkinabè de football envierait certainement un tel public, pour son championnat. Car une telle foule, elle ne la voit que lors des matches internationaux des Etalons. L’opposition peut donc être fière d’avoir osé le challenge et surtout de l’avoir relevé. Il est de notoriété publique qu’au Burkina, il n’est pas aisé pour un parti d’opposition de rassembler de grandes foules. Jusqu’à une date récente, c’était impensable pour les opposants d’oser « attaquer » le stade du 4-Août, un matin, sous un soleil de plomb. Beaucoup ne croyaient pas en cette opposition alors très divisée et se disaient que le sacrifice n’en valait pas la peine. Et puis, il y avait surtout cette peur d’être vu à une telle manif considérée comme une danse des sorcières et subversifs. La peur de perdre son emploi, de ne pas avoir des marchés de l’Etat, d’être coupé de tout lien avec l’Etat. Certes, cette crainte des représailles continue d’étreindre encore beaucoup de Burkinabè, d’autant que la période est à la distribution massive d’argent à différentes couches socioprofessionnelles dont l’un des objectifs cachés est de fragiliser l’opposition. Mais les mentalités ont beaucoup évolué. L’engagement pour une cause que l’on trouve juste est plus fort que la peur. Voilà ce qui motive bien des manifestants de l’opposition. C’est donc un vivier convaincu et sûr sur lequel l’opposition peut compter.
Mais il reste à savoir si cette stratégie des meetings et marches, qui a fonctionné pour le Sénat, le sera pour le référendum. Car la surprise passée, le pouvoir s’est ressaisi et a lancé la contre-offensive. Aux manifestations de l’opposition, il répond par d’autres. Et comme en Afrique tout pouvoir a des moyens énormes quand il s’agit de sa survie, une débauche et une orgie de moyens sont mobilisées. C’est dire donc qu’à leur meeting, les partisans du référendum rempliront aussi le stade du 4-Août. A ce rythme, cela devient ridicule, puisque le pays se trouve dans une situation où chacun bande ses muscles pour montrer qu’il est le plus fort. Mais le plus grand gagnant de cette stratégie, c’est le pouvoir qui aura toujours le dernier mot. Ce ne sont pas les meetings dans des espaces clos, de surcroit un week-end, qui feront changer d’avis les tenants de la révision constitutionnelle. Car que voit-on ? Au moment même où se tenait le méga-meeting de l’opposition, le pouvoir faisait un tour d’échauffement au palais des sports avec une manifestation de jeunes. Cela, en attendant le giga-meeting au stade du 4 -Aout. Si l’objectif de l’opposition, à travers son meeting du 31 mai, était de faire renoncer le régime à son projet référendaire, alors c’est peine perdue. Car, ce sera toujours foule contre foule. Et à ce jeu, on passera le temps à haranguer des foules, sans que les lignes ne bougent. Le travail de terrain, pour expliquer au Burkinabè vivant dans le coin le plus reculé du pays, et surtout le convaincre de son combat, sera sans doute déterminant dans la victoire de l’un ou l’autre camp, plutôt que les actions démonstratives. Sauf si, bien entendu, le pays bascule dans des manifestations incontrôlées, avec leur lot de violences. Mais cela, aucun Burkinabè patriote ne le souhaite .

La Rédaction

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