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Sidwaya N° 7674 du 28/5/2014

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Intégration sous-régionale : Burkinabè et Togolais, le mariage parfait
Publié le mercredi 28 mai 2014   |  Sidwaya




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Ils sont environ 700 mille Burkinabè à vivre au Togo. Les raisons de cette immigration sont diverses. Parmi eux, l’on trouve des diplomates, des fonctionnaires internationaux, des acteurs du monde des affaires et des ouvriers. La cohabitation avec leurs frères togolais se fait, sans difficultés majeures.

Un beau matin de l’année 1989, Issiaka Tiendrebeogo décide de quitter Ouagadougou, le Burkina Faso pour le Togo. Dans ses mains, un petit sac dans lequel il a pris le soin de ranger quelques objets personnels et dans sa poche, quelques billets de banque. Agé de 25 ans à l’époque, il va à l’aventure à la recherche d’un mieux-être. Il s’installe à Lomé, la capitale du Togo. Comme tout aventurier, loin de sa terre natale, de sa famille et de ses amis, sa nouvelle vie est parsemée d’embûches. Vendeur occasionnel de réfrigérateurs de seconde main à ses débuts, il finit par devenir démarcheur dans la vente des véhicules d’occasion, couramment appelés ‘’France au revoir’’ au port autonome de Lomé. Chemin faisant, il rencontre Alice Quénum, une jeune Togolaise. Cette dernière deviendra en 1991, sa seconde épouse. "J’ai épousé deux femmes. La première est une Burkinabè que j’ai connue à Lomé et la deuxième est une togolaise. Chacune a quatre enfants. C’est parce que je n’ai pas les moyens, sinon ma religion me recommande quatre femmes", explique-t-il, tout sourire. Il poursuit : ‘’ Après le décès de mon père, la première est rentrée au pays avec ses enfants pour rester à côté de ma mère qui a pris de l’âge’’. Comme Issiaka Tiendrébéogo, Franceline Béré, une Burkinabè résidant dans la capitale togolaise depuis 1978, y est allée pour poursuivre des études d’allemand. Après quelques années de dur labeur à l’Université du Bénin (ancienne appellation de l’Université du Togo), elle revient au Burkina Faso, la tête pleine et le cœur rempli de joie. Son chemin a rencontré celui de Wenmi-Agore Coulibaley, un Togolais. Les deux tourtereaux, convaincus de leur amour, décident de s’unir le 30 septembre 1986. Bogra et Nadège Coulibaley sont nés de cette union. Le premier étudie le droit à Lomé et la deuxième fait des études d’archivisme à Ouagadougou. Une façon pour eux de revendiquer leur appartenance aux deux pays. "Naître de parents de nationalités différentes est un avantage pour nous. Nous avons la possibilité de vivre partout où nous voulons et être acceptés de part et d’autre", souligne Bogra Coulibaley. Burkinabè de par sa mère, Nadège Coulibaley compte construire sa vie au "pays des Hommes intègres." De l’avis de Mme Coulibaley, en dehors des difficultés rencontrées par n’importe quel couple au monde, son foyer fonctionne comme elle en avait rêvé dans sa jeunesse. Comme ces deux couples, les mariages entre Togolais et Burkinabè vivant à Lomé sont légion.

Une entente à toute épreuve

De Issiaka Tiendrébéogo à Franceline Coulibaley/ Béré, en passant par tous les autres, le regret n’existe pas, après qu’ils se sont mariés à un(e) Togolais (e) parce que "les Togolais sont de nature très gentils, sans problème particulier avec les gens d’autres nationalités". Et pour le président du Conseil supérieur des burkinabè de l’étranger (CSBE) de la section du Togo, Arouna Ouédraogo, ces types d’union témoignent de la vitalité de l’entente entre les deux peuples, depuis des décennies. Pour lui, la ‘’Suisse d’Afrique’’ est une terre d’accueil. "La communauté burkinabè y est bien intégrée. Lorsqu’il y a un mariage entre un Togolais et un Burkinabè, c’est un honneur pour les deux pays. Quand il y a eu l’accident d’Atakpamé (ndlr : il y a eu plus de vingt morts côté Burkinabè) tout récemment, les autorités togolaises se sont impliquées jusqu’au chef de l’Etat. Elles ont pris en charge tous les soins des blessés et enterré dignement les morts. Tout cela est de l’intégration et de la fraternité", a témoigné le président du CSBE du Togo, Arouna Ouédraogo. À chaque occasion, comme la fête nationale, les célébrations de mariages, de baptêmes ou lors des décès, les deux communautés se soutiennent mutuellement. C’est cette solidarité qui a fait naître divers regroupements dont l’association Songtaaba-Novissi, regroupant uniquement des femmes burkinabè ayant épousé des Togolais. Des Togolais estiment que l’intégrité et l’esprit travailleur des Burkinabè sont une réalité au Togo. "J’ai des amis dans la communauté burkinabè de Lomé. En général, ils ne cherchent pas des poux sur un crâne rasé. Ils tiennent généralement leur parole. Je fréquente régulièrement le port. J’ai constaté que la majorité des gens qui y travaillent, qui chargent ou déchargent les véhicules sont des Burkinabè. Leur présence ici, est bénéfique au Togo", confie un habitant de Lomé, Romain Akakpo.

Des milliards de FCFA renvoyés au Burkina Faso

A l’image de Franceline Coulibaley et d’Issiaka Tiendrébéogo, environ 700 mille Burkinabè ont choisi pour terre d’accueil le Togo, pour diverses raisons. Ils sont soit des fonctionnaires internationaux, soit des étudiants, des opérateurs économiques, des ouvriers, des agriculteurs, etc. Mais, le plus grand nombre se retrouve au port et dans le secteur informel. Le ravitaillement de la capitale togolaise en oignons, tomates, viande de bœuf est assuré en grande partie, par des Burkinabè. Certains reconnaissent que malgré le fait de vivre à environ mille kilomètres de leur patrie, ils n’ont pas coupé le cordon ombilical. Ils participent, à leur manière, à l’effort de construction du pays d’accueil et surtout d’origine. De l’avis de Arouna Ouédraogo, ses compatriotes expédient (en espèces et en nature) chaque année, des dizaines de milliards de FCFA au Burkina Faso. Si les affaires de certains fleurissent, d’autres par contre, ont vu les leurs prendre du plomb dans l’aile. Selon Mme Mariétou Younga, gestionnaire de l’hôtel Nouvelle Liberté, la crise économique mondiale et l’avènement des techniques de l’information et de la communication (TICs) ont joué négativement, sur la santé de ses affaires. "Les hommes d’affaires ne viennent plus fréquemment au Togo. Ils suivent l’évolution de leurs marchandises sur Internet. Ceux qui viennent ne passent plus de long séjour. C’est un problème pour nous hôteliers, parce que la clientèle se fait rare", affirme-t-elle, l’air inquiet pour l’avenir. Quant à Arouna Soré, un jeune entrepreneur de 32 ans, les affaires qu’il a développées au Togo lui ont permis d’avoir deux magasins de stockage de marchandises, des véhicules de transport, trois alimentations (deux à Lomé et un à Ouagadougou). "Après mon échec aux études, je suis venu m’installer ici, il y a quinze ans, sur invitation d’un parent. J’ai fait divers travaux au port, avant de me lancer dans l’entreprenariat. J’emploie quinze personnes", a-t-il indiqué. Selon le jeune entrepreneur, le problème commun à toute la communauté burkinabè du Togo est l’acquisition de documents administratifs. C’est pourquoi les uns et les autres ont manifesté leur joie, lorsque le Burkina Faso a ouvert son consulat honoraire au Togo, même si le consul honoraire n’a pas encore pris service.

Steven Ozias KIEMTORE
kizozias@yahoo.fr
Ouaga-Lomé-Ouaga

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