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L`Observateur Paalga N° 8629 du 27/5/2014

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Dérapages verbaux du député Dermé : le CDP a-t-il des armes ?
Publié le mardi 27 mai 2014   |  L`Observateur Paalga


Salam
© Autre presse par DR
Salam DERME, Secrétaire National chargé de la Jeunesse


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Notre confrère Issaka Luc Kourouma déplore les dérapages verbaux du député Salam Dermé du CDP qui a affirmé, sur les ondes, que si l’opposition ne veut pas du référendum, le pouvoir peut revenir à l’Etat d’exception parce qu’il dispose d’armes. Et l’auteur de ces lignes de se demander si le CDP a des armes.

«Si les gens ne veulent pas du référendum, l’on peut revenir à l’état d’avant (état d’exception) car si ce sont les armes, c’est nous qui possédons les armes…» ; C’est avec consternation que j’ai entendu ces propos du député Salam Dermé du CDP sur YouTube. Propos diffusés par une radio de la place et repris par les réseaux sociaux. Ce sont des propos empreints de suffisance et déplorables car émis par une personnalité de son rang. Jusque-là le débat sur le référendum se menait autour de la force de l’argument. Chacun exposant son argumentaire parfois avec fermeté mais toujours avec mesure. Malheureusement, avec le propos du député Dermé, le Rubicon est franchi. L’argument de la force est désormais brandi. Et cela devient inquiétant. C’est pourquoi l’on ne peut pas se taire face à un tel dérapage. A ma connaissance, aucun opposant au référendum n’a jamais parlé d’armes pour faire prévaloir son point de vue. Mieux, le député Dermé doit savoir que ceux qui sont contre le référendum ne sont pas tous de l’opposition ; ils sont en effet légion les hommes et les femmes de paix et de bonne volonté, les institutions religieuses et les organisations de la société civile, qui sont contre le référendum. Et tous ont des arguments plus ou moins massues. Certains n’ont cessé de les exposer courageusement. Pour autant, ils ne sont pas tous politiques ou de l’opposition ou des adversaires du CDP. Il se trouve même que parmi eux, il y a des hommes et des femmes de sagesse, amis et sympathisants du président Blaise Compaoré qui sont contre l’option du référendum parce que soucieux de préserver la paix et l’honneur du président. D’où vient alors qu’un homme du rang de Salam Dermé, député et membre du bureau exécutif du CDP, tienne un langage guerrier qui dépolit le débat sur le référendum ? Pourquoi penser à un coup d’Etat parce que le débat sur le référendum est houleux et contradictoire ? N’est-ce pas manquer d’arguments et vouloir choisir des raccourcis pour aboutir à ses fins ? Dans tous les cas, l’on est en droit de se demander de quelles armes il s’agit ? Le député parle-t-il des armes de l’armée burkinabè ou des armes que posséderait son parti, le CDP ? Ce qui serait gravissime dans l’un et l’autre cas.

Considérer les armes de l’armée burkinabè comme étant celles du CDP est extrêmement grave. Faire un tel amalgame pour un député est blâmable et affligeant. Comment quelqu’un qui siège à l’Assemblée nationale au nom du peuple et pour le peuple peut-il croire que les armes d’une armée nationale (donc appartenant à tout le peuple) sont celles d’un groupe politique, fût-il au pouvoir ?

Une dangereuse intimidation

Le président Blaise Compaoré, fût-il chef suprême de l’armée et ministre de la Défense, cela ne donne pas le droit à son parti de croire que les armes de ce pays sont les siennes. Car la cause du Blaise Compaoré cherchant à être candidat en 2015 ne doit pas se confondre avec le statut du président Blaise Compaoré qui, à ce stade de l’évolution de notre pays, demeure le président de tous. Si d’aventure, M. Dermé pense à utiliser les armes du peuple pour régler la question du référendum, qu’il sache que cela pourrait être désastreux pour tous.

S’il s’agit d’autres armes que celles des forces armées du Burkina, dans ce cas, c’est encore plus grave et plus inquiétant car il faudrait que le député donne des précisions pour rassurer. Son parti posséderait-il des armes ? A-t-il des milices ? Si l’on devrait revenir à un état d’exception, qui l’instaurerait ? Autant de questions qui laissent perplexe.

J’ose croire que c’est par méprise que le député Salam Dermé a fait cette regrettable déclaration ; dans tous les cas, il convient de sonner l’alarme car dans le contexte délétère et passionné actuel qui caractérise notre cher pays, il faut éviter l’escalade verbale qui est généralement un prélude à la violence. En effet, que vont retenir les participants au meeting qu’animait le député Dermé et au cours duquel il a tenu les propos que j’incrimine ? En repartant chez lui, chaque participant retiendra, même de manière inconsciente, qu’en matière d’armes (donc de violence), le parti au pouvoir en est nanti. Et ceux qui n’avaient jamais pensé que la question du référendum pourrait se résoudre par des armes vont maintenant se mettre à y penser ; et s’il se trouve qu’il y a des violents qui ont participé au meeting de M. Dermé, il est à craindre que tôt ou tard, ils tombent dans la provocation facile à l’égard de ceux qui ne possèdent aucune arme et qui sont néanmoins contre le référendum. Et si c’est à dessein d’impressionner ou d’intimider que le député a évoqué les armes, qu’il sache que c’est une intimidation hasardeuse et dangereuse.

De par ces temps qui courent, chaque acteur politique devrait éviter la surexcitation, l’exaltation et la surenchère verbale. On peut être ferme et profond dans ses propos tout en restant humble, pacifique et sage.

Issaka Luc Kourouma

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