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L`Observateur Paalga N° 8628 du 26/5/2014

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Souro Sanou : mouvement de foule pour un hôpital en détresse
Publié le lundi 26 mai 2014   |  L`Observateur Paalga


Bobo
© Autre presse par DR
Bobo : la réhabilitation de l`hôpital au centre d`une marche
Samedi 24 mai 2014. Bobo-Dioulasso. Le Balai citoyen et le Mouvement en rouge ont organisé une marche pour exiger la réhabilitation de l`hôpital Sanou Sourou


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Décidément, la question de la santé des populations n’est pas seulement l’affaire des seuls gouvernants. Pour s’en convaincre, il fallait tout simplement faire un tour ce samedi aux premières heures de la matinée devant le Centre hospitalier universitaire Souro-Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso. Une foule des grands jours s’était, en effet, rassemblée à l’appel du balai citoyen et du Mouvement en Rouge pour dénoncer la «léthargie» dans laquelle reste plongée le CHUSS et exiger des autorités «des solutions immédiates pour limiter les dégâts». Une plateforme revendicative a d’ailleurs été transmise au directeur général de l’hôpital et au gouverneur de la région à cet effet. Retour sur une matinée de toutes les incertitudes avec des manifestants surexcités et qui avaient visiblement du mal à cacher leur colère et leur indignation.

Depuis quelques jours, la ville de Sya bruissait de rumeurs selon lesquelles l’hôpital de Bobo-Dioulasso serait dans une situation presque chaotique. Et ce qui était toujours donné pour rumeurs finira par se confirmer avec certains témoignages d’usagers aussi accablants les uns que les autres et mettant surtout en cause des défaillances techniques principalement au niveau du bloc opératoire mais aussi de l’insuffisance en personnel de soins. Lentement mais sûrement, la colère ne cessait de monter dans de nombreux milieux où des habitants de Sya n’hésitaient pas à dénoncer l’indifférence des autorités politiques devant une telle situation et les nombreuses conséquences qui en découlent. Le moins que l’on puisse dire est que Souro Sanou est aujourd’hui un hôpital malade. Et de sources proches de l’établissement, le bloc opératoire central connaît actuellement des difficultés de fonctionnement dues essentiellement aux pannes des tables opératoires, de l’autoclave, des charriots d’anesthésie ainsi que de certains climatiseurs. Autre problème et pas des moindres, régulièrement dénoncé par les usagers est l’insuffisance en personnel de soins. Surtout au niveau de la chirurgie et à l’imagerie médicale où il n’y a qu’un seul radiologue. A tout cela s’ajoutent également les problèmes de la morgue avec les pannes des deux moteurs de la chambre froide entraînant ainsi une putréfaction des corps, les coupures d’électricité, la vétusté des locaux, etc. Les organisations de jeunes que sont le Balai Citoyen et le Mouvement en Rouge, très actifs ces derniers temps à Bobo-Dioulasso, vont saisir la balle au rebond pour lancer une campagne de sensibilisation et de mobilisation dans toute la ville pour, disent-ils, «sauver l’hôpital Souro-Sanou».

Le gouvernement au banc des accusés

La marche-meeting organisée à cet effet et qui avait pour point de ralliement l’entrée principale du CHUSS va connaître un grand succès. D’abord, du point de vue mobilisation avec la pleine participation des commerçants du marché central. Lesquels avaient accepté de baisser les grilles pour soutenir les organisateurs dans leur démarche jugée «noble et responsable». Autre élément non moins important au succès de cette manifestation est la présence remarquable des principaux leaders du Balai citoyen : Sam’s K le Dja et Smocky qui disent être arrivés à Bobo pour «défendre une cause juste et montrer à la face du monde que les temps ont maintenant changé et que le peuple burkinabè ne va plus jamais tolérer la mal gouvernance, et l’impunité». Le ton était déjà donné pour une manifestation qui a vite fait de se transformer en un véritable procès contre le pouvoir politique accusé de demeurer «indifférent» à une telle situation. Un pouvoir qui d’ailleurs serait à l’origine du marasme dans lequel reste plongé l’hôpital Souro Sanou, selon les manifestants. Tour à tour, les intervenants à cette marche-meeting vont dénoncer la rupture de nombreux services et surtout le manque de soins dont fait l’objet la grande majorité de la population dans cet hôpital qui, selon eux, n’existerait que de nom. «Il était temps d’agir pour attirer l’attention du gouvernement sur la souffrance des populations, surtout les plus démunies. Aujourd’hui, la grande majorité des habitants de Bobo et sa région n’ont plus droit à la santé et de nombreux accompagnants continuent d’assister impuissants à la souffrance voire à la mort de leur parent. En 2011 par exemple, le nombre de consultations enregistrées était d’environ 50 000 patients pour environ 25 000 hospitalisations avec un taux de mortalité global de 15% atteignant quelquefois 60% dans certains services. C’est trop et il faut que ça s’arrête», s’est indigné le coordonnateur du Balai citoyen, Diafodé Kaba Diakité.

Salia Sanou dans le collimateur des marcheurs

Et pour les «indignés» du samedi 24 mai devant le CHUSS, le pouvoir de Blaise Compaoré devrait plutôt orienter le combat vers les secteurs vitaux tels que la santé plutôt que de vouloir jeter tout son dévolu dans des débats politiques qui n’en valent pas la peine à leurs dires. Et les manifestants de se démarquer de toute idée d’un référendum au Burkina, de la modification de l’article 37, de la mise en place du Sénat et d’exiger dans le même temps le départ pur et simple du président Compaoré en 2015. Mais en attendant, ils ont consigné un certain nombre de doléances dans un document qui a d’abord été transmis au directeur général du CHUSS, Kiougou Bamogo, avant que la foule ne s’ébranle vers le gouvernorat pour le même rituel. Et tout semble indiquer que l’objectif de ce mouvement a été largement atteint par ses initiateurs. Le Balai citoyen et le Mouvement en Rouge ont réussi à rassembler une foule immense, à s’attirer la sympathie de la population, mais aussi à se faire entendre par les autorités. Des manifestants qui menacent d’ailleurs de redescendre dans la rue si leurs revendications ne sont pas prises en compte dans un bref délai. Mais en attendant, c’est le maire de la commune Salia Sanou qui serait actuellement dans le collimateur des organisateurs de cette marche-meeting. Lesquels lui ont annoncé une «visite de courtoisie» dans les semaines à venir pour «dénoncer» ces prises de position qui seraient en train de mettre en péril l’unité et la cohésion au sein de la population.

Jonas Apollinaire Kaboré

Trois questions à Kiougou Bamogo, DG du CHUSS

Quels commentaires faites-vous de cette manifestation qui a connu une grande mobilisation de la population ?

• C’est une manifestation pour interpeller les autorités par rapport au fonctionnement de l’hôpital pour une meilleure activité des soins. Je pense que cela est légitime parce que tous autant que nous sommes nous avons droit à la santé et dans les meilleures conditions. Il est vrai que les conditions d’accès aux soins sont de plus en plus difficiles et cela est surtout dû à de nombreux facteurs. Mais il faut surtout reconnaître qu’au niveau du gouvernement, il y a des actions en cours pour y remédier. A notre niveau, nous sommes conscients de la situation et nous espérons que les choses vont s’améliorer dans les semaines à venir.

Quelles sont à l’heure actuelle les problèmes que vous connaissez ?

• Ce qu’il faut d’abord reconnaître est que cet hôpital a été construit depuis 1920 pour 100 000 habitants. Aujourd’hui, cette population est passée à plus de cinq cent mille habitants. Donc déjà la capacité d’accueil ne répond plus aux normes. C’est pourquoi le gouvernement a prévu la construction d’un deuxième CHU à Bobo-Dioulasso. Au niveau du bloc opératoire, nous connaissions quelques difficultés de fonctionnement dues à des pannes d’équipements. Mais ces pannes ont été réparées et les quatre salles du bloc opératoire sont actuellement opérationnelles. Nous connaissons aussi des problèmes de personnel et un plaidoyer a été adressé au ministère de la Santé qui, à travers son programme de formation de 500 spécialistes en cours, permettra au CHUSS de disposer bientôt de personnel nécessaire. L’arrivée de médecins spécialistes est déjà enregistrée. Je pense que tous les problèmes que nous connaissons sont pris en compte au niveau du ministère qui a prévu d’importants projets pour cet hôpital et pour la ville de Bobo.

Peut-on avoir une idée de ces projets en vue pour l’amélioration de l’offre de soins à Souro-Sanou ?

• D’abord au niveau des infrastructures, il est prévu cette année même la construction et l’équipement complet d’un centre d’hémodialyse et d’un service néphrologie. Il est aussi prévu, pour cette année 2014, la construction d’un bâtiment pour renforcer le département de médecine, la construction d’une banque de sang, la réhabilitation de la morgue, l’extension des infrastructures de l’imagerie médicale et la réfection de l’ensemble des bâtiments (électricité, plomberie, étanchéité et peinture ». Dans le domaine de l’équipement, nous envisageons de relever le plateau technique. Le CHUSS a déjà reçu des équipements d’une valeur d’environ 700 millions de FCFA et composés de matériel médical et instruments chirurgicaux, de colonne d’endoscopie pour les spécialités chirurgicales, les boîtes de chirurgies, les appareils de diagnostic, les appareils d’imagerie (mammographie, table télécommandée, chaîne de numérisation avec reprographe laser paravent plombé). Dans les prochains jours, il est prévu la livraison de six tables opératoires et accessoires pour le bloc opératoire central et le bloc maternité. C’est dire que le gouvernement s’attelle chaque jour à apporter des réponses aux nombreuses préoccupations des populations.

Propos recueillis par JAK

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