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Conférence sur la révision de l’article 37 à Ouahigouya : le nom de Chantal met le feu aux poudres
Publié le lundi 26 mai 2014   |  L’Observateur


30e
© Présidence par DR
30e anniversaire du CI-AF : Chantal Compaoré rend hommage aux acteurs de la lutte contre l`excision
Jeudi 24 avril 2014. Ouagadougou. Palais présidentiel. La Première dame Chantal Compaoré a offert un dîner aux participants de la conférence internationale sur l`excision dont la tenue coïncide avec le 30e anniversaire du Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants (CI-AF)


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A Ouahigouya, où il s’est rendu le samedi 24 mai 2014 pour une communication sur l’article 37, Luc Marius Ibriga, président du forum des citoyens et citoyennes de l’alternance, a été contraint, en pleine communication, de mettre fin à sa conférence. Un seul propos sur la première Dame a suffi à provoquer l’ire de militants du CDP qui n’entendent pas qu’on mêle son nom au débat politique national.



Peu avant 15heures, la salle de spectacle de la Maison des Jeunes et de la Culture de Ouahigouya (MJCO) affichait complet. Au moins 500 personnes, si on se réfère à la capacité du local, sont venues pour assister à cette conférence publique : « La révision de l’article 37 par référendum : légalité ou hold-up constitutionnel ? ».

Mais certaines présences intriguaient bien d’observateurs de la scène politique locale. Si des militants du CDP sont là, ce n’est certainement pas pour opiner du bonnet les propos du communicateur, Luc Marius Ibriga, inconditionnel de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Sont-ils venus pour apporter la contradiction aux thèses du conférencier ? Trop beau pour être vrai. « Leur culture politique, encore moins leurs connaissances du droit constitutionnel, ne peut leur susciter une telle prétention », soufflera plus tard un responsable d’une organisation de la société civile locale.

Dès l’entame de la conférence, les masques tombent. Bruyamment.

« Blaise Compaoré est le seul défenseur de la démocratie au Burkina Faso », réplique de Malick Ouédraogo, dit « Prince », dès qu’un des organisateurs de la rencontre a présenté le professeur Ibriga comme un « défenseur de la démocratie au Burkina Faso ». Des voix de protestation s’élèvent contre l’infiltré du CDP. L’atmosphère s’échauffe. La confusion s’installe. Mais le calme finit par revenir. Pas pour longtemps.

Dans son exposé, Luc Marius Ibriga évoquera d’abord l’article 165 de la Constitution, laquelle interdit toute révision qui met en cause, par exemple, l’intégrité du territoire national. Puis en déduit, en substance, qu’au regard de cette disposition législative, même Blaise Compaoré, qui a épousé une Ivoirienne, ne peut réviser la constitution pour accorder une portion du territoire burkinabè à la Côte d’Ivoire.

Un exemple qui n’a pas l’heur de plaire à Ibrahim Ouédraogo, homme lige du ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Yacouba Barry. Une « offense » qui le fit bondir de sa chaise, la colère inextinguible, le ton vociférant : « Vous êtes venus parler de référendum et non pas du chef de l’Etat et de sa femme. Roch a marié une Togolaise, pourquoi vous ne prenez pas l’exemple sur lui ? ».

C’est de nouveau la montée d’adrénaline dans la salle.

Quand Sidi Mohamed Ouédraogo, dit « Mao », membre de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), déplore l’attitude des militants CDP et ose déclarer que «la ville de Ouahigouya n’est la propriété privée de personne», il est aussitôt saisi au col par des loubards qui tentent de le traîner dehors pour lui régler son compte. Il échappera à la furie des partisans du référendum grâce aux biceps de ses camarades.

Le tumulte est à son comble. Les frondeurs exigent l’arrêt du débat et intiment l’ordre au public de vider les lieux. Ils renversent la table du présidium. Les nerfs sont à vif. On craint l’affrontement. L’assistance commence à quitter la salle. Les organisateurs sont contraints d’interrompre la conférence.

Visiblement requinqué par ce qu’ils considéreront comme une victoire, les gros bras du parti au pouvoir, conduits par leur meneur, Boukari Barry, menacent de tuer quiconque s’amusera à s’opposer à l’organisation du référendum et à la mise en place du Sénat.

Après l’incident, nous avons recueilli les propos du conférencier, Luc Marius Ibriga, et du secrétaire général adjoint de la section provinciale du CDP/Yatenga, Barou Oumar Ouédraogo. Nous avons voulu également recueillir les avis de certains participants, mais ils se sont débinés, sauf le président de la section provinciale de l’ODJ/Yatenga, qui a accepté de donner son opinion.



Emery Albert Ouédraogo





«C’est un acte prémédité et planifié»

(Luc Marius Ibriga)



Quels sont les sentiments qui vous animent après l’interruption de votre argumentaire au cours de cette conférence sur la révision de l’article 37 ?


Je dirai que je suis déçu. Je ne sais pas ce que ceux qui ont interrompu mon exposé avaient derrière la tête. J’ai juste pris un exemple pour expliquer que la constitution a été élaborée en tenant compte de l’intégrité du territoire. C’est-à-dire qu’on ne peut pas réviser la Constitution pour donner une portion du territoire burkinabè à un autre Etat. J’ai pris l’exemple, comme j’ai l’habitude de le faire avec mes étudiants, pour dire que notre chef de l’Etat, qui a épousé une Ivoirienne, n’a pas la possibilité d’accorder une partie du territoire burkinabè à la Côte d’ivoire. C’était pour rappeler que dans nos traditions, il était possible d’accorder une portion de son territoire à ses beaux-parents, mais si on se réfère à notre Constitution, Blaise Compaoré, président du Faso, ne peut pas le faire. J’ai pris cet exemple parce que, dans l’histoire de la monarchie, quand vous épousiez une fille, donner une portion de son territoire faisait partie de la dote. C’est cet exemple que j’ai voulu prendre pour illustrer mon propos. Avant même que je puisse me faire comprendre, j’ai été interrompu comme quoi je n’ai pas à parler du chef de l’Etat, comme quoi je n’ai pas à insulter le chef de l’Etat. Je ne sais pas en quoi dire que le Chef de l’Etat a épousé une Ivoirienne est une injure. J’ai voulu dire qu’un individu n’a pas le droit d’attenter à l’intégrité du territoire burkinabè quel qu’en soit le motif. Si pour cette question les gens du CDP qui étaient présents se sont énervés, je me demande comment ces derniers allaient réagir quand j’allais développer mon propos pour dire que c’est dans l’intérêt seul de Blaise qu’on veut faire le référendum. Parce que, à les entendre, on ne doit même pas prononcer le nom du chef de l’Etat. Je ne sais pas s’il est devenu Dieu, car je le considère comme mon président au même titre qu’il est leur président. Et à ce titre, je peux parler de lui dans le respect. Et je ne sais pas en quoi j’ai manqué de respect à Blaise Compaoré.



Quelle appréciation faites-vous de ces agissements ?


Disons que c’est un acte prémédité, planifié et préparé. Il nous est revenu qu’une rencontre s’est tenue dans la nuit du vendredi 23 mai à la résidence du président du Conseil régional du Nord pour saboter cette conférence. C’est la preuve que des personnes aux abois sont à court d’arguments. C’est pourquoi j’ai pris le soin au début de ma conférence de dire qu’en démocratie, on doit permettre que tous les points de vue soient exprimés. J’avais l’espoir que ce soir tout le monde allait s’exprimer librement. Le fait de saboter cette conférence prouve à souhait que certaines personnes sont à court d’arguments. Aujourd’hui, si le CDP utilise de telles méthodes aux antipodes de la liberté d’expression, cela montre que dans la lutte pour la conservation du pouvoir, ces gens sont prêts à tout. Cela prouve également que ce n’est pas uniquement par voie référendaire qu’ils veulent perpétuer le pouvoir à vie mais qu’ils sont également prêts à utiliser tous les moyens. On a comme l’impression que nous sommes en train de revenir à des années en arrière. C’est à l’époque des CDR qu’on pouvait voir de telles irruptions dans une rencontre pour empêcher les gens de s’exprimer ou de donner leurs points de vue.



Est-ce à dire que ce thème ne sera plus développé à Ouahigouya ?


Nous allons revenir parce que nous sommes au Burkina Faso, un pays qui se dit démocratique, où la liberté d’expression est assurée. Sur ce plan nous allons revenir. Il faut que nous nous levions tous pour dire non, qu’on ne peut pas nous empêcher de donner notre point de vue. Le Burkina Faso n’appartient pas à une seule personne, et nous ne serons jamais d’accord pour la patrimonialisation du pouvoir. Pour cela, le FOCAL prendra toutes les dispositions nécessaires.





« Le professeur est coresponsable de ce qui est arrivé »

(Barou Oumar Ouédraogo, SG adjoint de la section du CDP/Yatenga)


Quelle appréciation faites-vous de l’interruption de la conférence par certains de vos militants ?



A l’entame, je dirai que j’ai loué l’initiative de l’organisation de cette conférence. Dès lors que ce sont des occasions d’éducation, d’information pour mieux comprendre le problème que pose l’article 37, j’ai regretté que cette conférence ait été interrompue. Quant à imputer cet échec aux prétendus éléments du CDP, je n’en suis pas tellement sûr. Ce que j’ai pu comprendre, c’est que le professeur Ibriga a pris un exemple qui ne semble pas être apprécié par un groupe. Il voulait parler de la laïcité du pays qui ne permet pas la révision de la Constitution. Je ne sais pas ce qui l’a amené à parler de l’épouse de Blaise Compaoré qui serait une Ivoirienne. Quelqu’un dans la salle lui a demandé de passer à l’essentiel, notamment l’article 37, au lieu de parler de sujets qui semblent frustrants. Ceux qui ont réagi, Blaise est leur idole, et ils n’entendent pas qu’au lieu de parler du thème de la conférence on prenne des exemples inappropriés sur lui.



Mais selon vous, cette forme de protestation est-elle légale ?


Si la conférence avait pu se poursuivre, j’allais demander au professeur d’être plus pédagogique à l’avenir. C’est comme un enseignant qui pose une question à un élève et ce dernier n’arrive pas à y répondre. Il doit reformuler la question pour l’adapter au niveau de l’élève. Vous prenez un exemple qui ne sied pas, on attire votre attention sur ça et vous persistez. Vraiment, je ne l’ai pas trouvé très pédagogique, et il est coresponsable de ce qui est arrivé. A ce que je sache, ce qu’il devrait nous dire est plus important que l’exemple qu’il a pris. Si j’étais à sa place, j’allais m’excuser auprès des uns et des autres. Je n’approuve pas qu’il n’y ait pas eu de débat et que les choses se soient mal terminées ainsi. Dans la salle, beaucoup en avaient gros sur le cœur à propos de cette histoire de l’article 37. Je ne comprends pas les gens. S’il est tant inapproprié de réviser la Constitution, pourquoi ne pas saisir de cela des juridictions nationales ou sous-régionales pour qu’on en finisse. Nous-mêmes du parti majoritaire, nous voulons qu’on nous éduque. Si une certaine juridiction peut nous dire que c’est anticonstitutionnel on avalise. Mais on cultive la violence en persistant à dire que le référendum est anticonstitutionnel. Que ceux qui disent qu’ils vont empêcher la tenue du référendum par des moyens illégaux tirent aussi des leçons de ce qu’ils ont vu ce soir. C’est un peu cela qu’il faut éviter à ce pays. La question de l’article 37 est claire. Que quelqu’un ne veuille pas de Blaise Compaoré, c’est son problème. Mais que l’article 37 ne soit pas révisable, honnêtement et intellectuellement, ce n’est pas vrai, car il l’est.





« Certains ne sont pas aussi démocrates qu’ils le prétendent »

(Issouf Ouédraogo, président de l’OJD/Yatenga)

Je pense que les organisateurs de cette conférence doivent se frotter les mains, car avant tout ils ont atteint l’objectif principal qui est celui de créer le débat. Ils l’ont fait et il appartenait aux uns et aux autres de se défendre argument par argument pour convaincre. Malheureusement, il y avait un camp qui était à court d’arguments et ne supportait pas la tenue de la conférence. Ce qu’il faut retenir, c’est que cette conférence nous a permis de comprendre que les gens ne sont pas aussi démocrates qu’ils le prétendent. Ce soir on a constaté que les uns et les autres n’étaient pas prêts à défendre leurs arguments.

Rassemblés par EAO



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