Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



L’Hebdo du Burkina N° 782 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Ram Ouédraogo, président du Rassemblement des Ecologistes du Burkina Faso / « Au-delà de tous ces débats politiques, il n’y a qu’un arbitre suprême : le peuple »
Publié le lundi 26 mai 2014   |  L’Hebdo du Burkina


Politique
© aOuaga.com par A.O
Politique : des partis de la majorité et de l`opposition créent un front républicain
Jeudi 23 janvier 2014. Ouagadougou. Une quarantaine de partis politiques de la majorité présidentielle et de l`opposition ont créé un front républicain qui a été présenté aux journalistes lors d`une conférence de presse. Photo : Ram Ouédraogo, président du Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF)


 Vos outils




Dans une première vie, c’est le monde du show biz qui était sa passion. Il fut éditeur, manager et impresario du côté surtout de la Côte d’Ivoire pays dans lequel il a passé une partie de sa vie et qui passe pour être sa seconde patrie. Entre temps, il décide de tout laisser tomber de sa vie passée pour se consacrer à la politique. Il rentre donc dans son Burkina d’origine puis crée avec certains autres camarades Les verts du Burkina, un parti politique d’obédience écologiste. Il quittera par la suite ce parti suite à une crise intervenue entre lui et certains de ses « lieutenants » pour le contrôle dudit parti pour lancer le Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF). On retiendra de lui qu’il est un ancien parlementaire et ancien ministre d’Etat, chargé de la Réconciliation nationale et des Réformes politiques, membre fondateur des Verts d’Afrique et militant du Mouvement global des verts du monde. Ram Ouédraogo, puisque de c’est de lui qu’il s’agit, affiche à son compteur plus de 25 ans de vie politique et peut se targuer de bien connaître tous les acteurs du landerneau politique burkinabè qu’il a côtoyé ou vu évoluer. Et ce ne sont pas ces nombreuses photos que l’homme garde jalousement par devers lui qui diront le contraire. C’est cet opposant historique au président Compaoré, passionné de politique, d’écologie qui prône constamment les valeurs de paix, de tolérance, de dialogue et de pardon que nous avons rencontré. Sans détours et en toute franchise, le président Ouédraogo a répondu à l’ensemble de nos questions portant sur l’actualité nationale.



L’Hebdomadaire du Burkina : Votre parti est membre du Front républicain. Pourquoi avez-vous adhéré à ce regroupement de partis et formations politiques  ?

Ram Ouédraogo : Les objectifs du Front républicain rejoignent les nôtres. En rappel, nous avons nous-mêmes créé le 21 septembre dernier un Front républicain pour une alternance pacifique au Burkina Faso. Après notre analyse de la situation sociopolitique nationale, nous avons demandé que tous les démocrates patriotes et tous ceux qui œuvrent pour la paix se mettent ensemble pour promouvoir des idéaux de paix, de tolérance, de dialogue, de respect de la république, de solidarité et de compréhension entre les Burkinabè.

Tout cela fait qu’on s’est retrouvé avec d’autres partis qui épousent les mêmes causes et les principes. Et c’est ainsi qu’on est arrivé à la création du Front républicain à partir du mois de janvier 2014. Ce front regroupe des partis d’opposition, de la majorité y compris le parti au pouvoir le CDP.

Quelle lecture faites-vous de la démonstration de force du Front à Bobo-Dioulasso, manifestation au cours de laquelle la cuvette du stade « Wobi » a refusé du monde  ?

Cette démonstration de force montre bien que très souvent la force n’est pas là où on croit. C’est aussi la preuve que bon nombre de nos concitoyens aspirent tout simplement à vivre en paix et en sécurité. Vous voyez certains marcher, organiser des meetings pour galvaniser les foules et les rallier à leur cause.

Il fallait montrer aussi qu’à côté, il y a une autre partie de la population d’ailleurs majoritaire organisée au sein des partis politiques et des forces politiques ou tout simplement des citoyens qui ont aussi leur mot à dire. Il fallait donner la chance à d’autres et c’est cela aussi la démocratie. C’est pour ça aussi qu’il ne faut pas hésiter à recourir chaque fois que possible à l’arbitrage du peuple puisque finalement on parle en son nom. Je crois que c’était une bonne chose de montrer aux autres qu’il y a des Burkinabè qui pensent autrement.

Après Bobo-Dioulasso, quelle est la suite pour ce qui est de l’agenda du Front républicain  ?

Ecoutez, nous devons jouer notre rôle. L’agenda du Front républicain prévoit que nous fassions le tour du Burkina Faso pour expliquer, sensibiliser, informer, éduquer sur tout ce qui concerne la nation. Il s’agit aussi de comprendre comment les choses se passent dans le Burkina profond.

Le pays ne se limite pas seulement à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les deux principales grandes villes. Le Burkina c’est aussi les autres villes et les villages profonds. Il faut aller vers ces populations pour les écouter et comprendre les problèmes afin d’y apporter des solutions et des réponses. Nous avons donc un agenda bien précis dans le cadre du Front républicain.

Mais les partis membres du Front mènent également leurs activités. Tout cela prépare la grande rencontre commune du Front républicain. Les partis membres du Front préparent le terrain et le Front républicain arrive dans son ensemble pour continuer le travail de conscientisation des populations.

Quelle est la position des écologistes du Burkina Faso sur les questions querellées du Sénat d’une part et de l’article 37, d’autre part  ?

Toutes ces questions sont d’un intérêt national certain. Et nous les écologistes serons d’ailleurs à Bobo-Dioulasso le 07 juin prochain dans le cadre d’un séminaire de formation à l’intention de nos cadres et militants des régions des Haut-Bassins, du Mouhoun, du Sud-Ouest, des Cascades.

A travers cette rencontre, nous allons encore expliquer une fois de plus à nos militants la constitution de notre pays. Puisque en réalité, il y a beaucoup de gens qui parlent mais qui ne connaissent même pas les textes qui régissent la vie de la nation. Si bien que sur le Sénat, c’est un acquis pour nous et nous n’allons pas revenir là-dessus. Le bicaméralisme est une réalité au Burkina consacré par l’article 78 de la Constitution.

Donc, le Sénat constitutionnalisé doit être mis en place et il n’est pas question de tergiverser sur la question. Concernant l’article 37, soit on est démocrate ou on ne l’est pas du tout. Ceux qui réclament la modification de l’article 37 sont dans leur bon droit puisqu’il y a des possibilités constitutionnelles dans ce sens.

Ceux qui refusent la modification de l’article 37 sont aussi dans leur bon droit. En démocratie, on ne peut pas être d’accord sur tout. Mais au-delà de tous ces débats politiques, il n’y a qu’un arbitre suprême  : le peuple. Donc la Constitution permet de poser la question au peuple et savoir quelle est sa position sur tous ces débats politiques en cours.

Alors résultat, l’article 49 permet au président du Faso de poser la question au peuple. Cet article dit que lorsque les Burkinabè ne s’entendent pas sur un point précis qui est d’importance pour la vie de la nation, le président du Faso peut et a le droit de demander l’avis du peuple. En démocratie, je ne vois pas d’autre voie que celle-là à moins qu’on utilise les machettes, les couteaux, les fusils ou qu’on fasse du « balakaïsme » ou de « l’anti-balakaïsme ».

Le référendum est légal. On pose la question et chacun va y répondre. Si les gens ne veulent pas de la modification, ils diront dans leur majorité de garder l’article 37 en l’état ou mieux de la loger à l’article 165 qui renferme les dispositions qu’on ne peut pas toucher dans la Constitution à savoir  : la nature et la forme républicaine de l’Etat, l’intégrité du territoire national et le multipartisme intégral.

A contrario, s’ils veulent qu’on lève le verrou limitatif du mandat présidentiel, ils le diront aussi. Le débat doit être démocratique et ne doit pas sous-estimer le peuple en disant qu’il ne sait pas ce qu’il veut ou bien que c’est un peuple qui ne sait pas ce qu’il veut ou aller. Ce même peuple a élu des députés de l’opposition et de la majorité à l’Assemblée nationale. Si ce peuple ne savait pas ce qu’il voulait, il n’allait pas élire des opposants à l’hémicycle. C’est finalement pour dire que le peuple burkinabè est à même de savoir ce qui est bon pour lui et ce qui ne l’est pas.

Le référendum, disent certains est coûteux et inutile. Par ailleurs, ils avancent que le peuple dans sa grande majorité veut l’alternance. Etes-vous de cet avis  ?

Moi je fais partie de ceux qui sont opposés à la modification de l’article 37. Je l’ai toujours dit et j’ai même écrit un livre pour l’expliquer. Mais démocrate je suis et je le reste. Voilà pourquoi nous disons qu’on doit pouvoir poser la question au peuple pour qu’il fasse son choix souverain. Quant au coût dont certains parlent, je dis simplement que toutes les institutions coûtent chères dans une république. Mais que vaut l’argent face à des vies humaines  ?

Est-ce qu’un homme a un prix  ? S’il est mort, c’est fini et c’est extrêmement grave. Aussi pour faire l’économie des drames à l’instar d’autres pays qui vivent des situations terribles, il est bon d’aller à un référendum, de dépenser de l’argent pour éviter l’instabilité et le chaos. Parce que après et en cas de crise grave lorsque les gens achètent des armes, cela coûte encore plus cher qu’un référendum.

L’argument du coût du référendum ne tient pas la route car toutes les institutions coûtent chères. Quant à dire que la majorité aspire au changement, vous ne pouvez pas vous asseoir chez vous et dire que la majorité aspire au changement. On doit poser la question au peuple et si la majorité se dégage pour dire qu’on veut le changement, cela se fera. Sinon tout le reste n’est que affabulations de politiciens qui rêvent d’être calife à la place du calife.

Une partie de l’opinion publique est loin d’être tendre avec vous, accusé que vous êtes souvent d’être un opposant à la solde du président Compaoré et du régime en place. Opposant « gâteau », « mou », « mouton ». Ils ne manquent pas de qualificatif vous concernant. Que leur répondez-vous  ?

Vous savez, moi je suis foncièrement démocrate. Et la démocratie, c’est aussi la liberté d’expression, d’opinion et de choix. Malheureusement au Burkina Faso, il y a cette dictature de la pensée. C’est-à-dire que si vous ne dites pas ce que certains veulent entendre, on vous insulte, on vous vilipende.

Si vous dites que ceux qui gèrent le pays le font mal cela fait de vous un vrai opposant selon la conception de certaines personnes. Si vous trouvez qu’il y a des acquis, on vous traite de vendu, de mouton, etc. Moi, j’ai plutôt pitié de ces gens-là. Mais il faut du tout pour faire un monde.

Il y a des bêtes et méchants qui ne tolèrent pas la différence et sont des adeptes de la pensée unique, de la dictature. Alors que la liberté d’expression, d’opinion et de soi doit s’imposer à tout démocrate. Il faut que les gens souffrent que d’autres penses le contraire de ce que eux-mêmes pensent. Et ce n’est pas pour autant qu’on est un vendu ou un mouton. Voyez-vous ce qui s’est passé récemment et qui m’a affligé  ? Le président du Faso lors de sa tournée dans le Centre-ouest a fait escale à Poa, le village natal de Boukary Kaboré dit « Le lion ».

Evidemment, il a accueilli le président du Faso, lui a serré les mains et a échangé quelques mots avec lui. Depuis qu’il a posé ces gestes républicains, on lui tombe dessus à bras raccourcis. Le président du Faso est celui de tous les Burkinabè y compris des opposants. Et à ce titre, on lui doit respect. Nous devons être des dignes fils de la nation et devons nous impliquer pour tout ce qui relève de l’intérêt supérieur de la nation.

Moi personnellement, si je suis rentré de la Côte d’Ivoire, ce n’est pas pour être ministre mais président du Faso. Ça fait 25 ans que je me bats pour cela. Cependant, je respecte le président du Faso, de même que je suis objectif dans mes analyses. En ma qualité d’opposant réel, je critique, je propose et j’apprécie.

C’est un mauvais procès qu’on a fait au « Lion  » lorsqu’on l’insulte. Ce n’est pas juste d’autant plus que le chef de file de l’opposition politique lui-même, avec une délégation est allé rencontrer le président du Faso et les médias ont largement relayé l’information. Pourquoi ils ont serré, à l’occasion, les mains du chef de l’Etat si ce sont des mains qui ne méritent pas d’être serrées  ?

Du reste, ayant travaillé avec le collège des sages, je voudrais rappeler quelque chose. Le collège des sages a toujours prôné le dialogue et la concertation qui doivent être permanents. Les acteurs de la vie sociopolitique doivent se rencontrer régulièrement pour échanger et sur ce qui les oppose et sur la vie de la nation.

Mais les gens prennent ce qui les intéresse et oublient l’essentiel. Est-ce comme cela que la démocratie peut fonctionner  ? Il y a chaque fois un groupe de Burkinabè, de véritables dictateurs qui veulent imposer leur point de vue à tous.

Regardez en Europe, chaque fois que la vie de la nation est en jeu, le président de la République pour ne prendre que la France, convoque les leaders politiques y compris ceux de l’opposition pour échanger sur la question. Mais c’est au Burkina qu’on peut dire à quelqu’un qui a serré les mains du président qu’il est ceci et cela. Mais qu’à cela ne tienne, il faut les laisser insulter parce que c’est aussi une question d’éducation et de culture. Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un qui est ignorant de respecter la position de l’autre.

Le chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré a publié une liste de partis et formation politiques qui ne seraient pas de l’opposition. Votre parti, le RDEBF y figure. Votre réaction  ?

Concernant le chef de file de l’opposition, je n’ai pas grand chose à dire. Moi, je m’en tiens à la loi qui dit que tout parti qui se réclame de l’opposition doit faire une déclaration adressée au ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité et rendre publique cette déclaration. C’est ce que nous avons fait. Vous savez, moi je ne suis pas un rentier politique.

Je n’ai pas reçu d’héritage politique et je me suis fait par moi-même. Lorsque je suis rentré au Burkina Faso pour faire de la politique, il y a 25 ans de cela, je ne me suis appuyé sur aucun héritage. Je me suis battu et on a même dit que je suis venu parler de l’écologie politique, un luxe pour occidentaux, loin des préoccupations des Burkinabè. Et pourtant, je suis resté. Un quart de siècle après, regardez  !

L’écologie a droit de cité au Burkina Faso. C’est une réalité et mieux j’ai même fait « des enfants ». Parce qu’il y a 4 ou 5 partis politiques qui se réclament de l’écologie politique et dont moi je suis le 1er. J’ai donc fait des fidèles toute chose qui prouve que j’ai travaillé sur la base de mes propres qualités et mes capacités intellectuelles, matérielles, financières, morales et même physiques. Nous nous sommes battus ici pour que la démocratie devienne une réalité.

Et ceux-là aujourd’hui qui profitent de cette démocratie ont oublié l’adage Sénoufo qui dit que « quand vous êtes en bas d’un manguier, une mangue tombe, vous prenez et que vous la mangez, il faut remercier le grand vent qui la fait tomber. » Je veux dire que c’est nous qui avons risqué notre peau ici, marché, usé les godasses pour réclamer la conférence nationale souveraine qui visait à créer les conditions d’une véritable démocratie au Burkina Faso.

Nous ne l’avons pas obtenue, mais notre combat a fait qu’il y a eu des avancées pour la démocratie. Même le référendum pour la Constitution nous étions encore là. Ceux-là qui se réclament aujourd’hui de la « vraie opposition  » étaient du côté des bourreaux de l’époque. Alors que parmi nous les opposants historiques, il y a eu des blessés, des souffrances et même des morts. Et aujourd’hui certains nous traitent de vendus.

Non, nous sommes des hommes d’Etat et notre préoccupation c’est d’abord le Burkina Faso, l’intérêt supérieur de la nation. Dans ma quête du pouvoir, je fais toujours attention à ne pas mettre en danger la cohésion nationale et les intérêts de la nation. Voilà aussi pourquoi lorsqu’il y a un danger, Ram s’élève contre et il s’interpose. Parce que si vous arrivez au pouvoir, vous devez gérer les hommes et les biens.

Mais si vous n’avez plus de biens et d’hommes à gérer vous faites quoi  ? Vous allez gérer le chaos comme en Centrafrique, le Sud-Soudan  ? Voyez-vous aujourd’hui les difficultés qu’a la Côte d’Ivoire pour retomber sur ces pieds  ? Un pays qui était un miracle économique.

Moi je ne suis pas un rentier politique. Nous nous sommes battus. Le rentier politique, c’est quelqu’un qui était du parti au pouvoir, qui s’est rempli les poches, qui a eu maintenant une certaine capacité financière et qui quitte le parti au pouvoir pour devenir opposant.

On peut m’insulter tous les jours, mais je ne changerais et ne dévierais jamais de ma trajectoire qui est la défense des intérêts du Burkina Faso. Du reste, je veux même ajouter que ce n’est pas une honte que d’appartenir à la majorité présidentielle. Regardez le résultat des élections des partis qui sont de cette majorité.

Ce sont les mêmes qui se placent bien à l’issue des élections. Mais aussi on pouvait dire que comme c’est ainsi, on va finalement rejoindre cette majorité. Ce sont les mêmes qu’on suit, qui mobilisent puisqu’ils ont des rentes, ce qui m’a fait dire qu’ils sont des rentiers politiques. Le chef de file de l’opposition politique n’est pas un homme d’Etat. Peut-être qu’il est un habile politicien mais pas un homme d’Etat. Pourquoi je dis cela, c’est simple. Vous voulez être président d’un pays.

Et vous excluez des partis importants de la vie politique nationale de votre bord. Prenez alors le cas de figure où il y a des élections avec finalement un deuxième tour. Et que vous êtes en bonne position et que vous avez besoin des voix de tout le monde. Vous faites comment  ? Alors que vous avez exclu, insulté et traité les autres de tous les noms. Cela veut dire que lorsqu’on est un homme politique, on pense toujours à demain et on fait attention dans son langage.

La politique n’est pas figée et les choses peuvent fluctuer. Je pense alors que c’est une erreur que d’exclure des partis de l’opposition encore que nous avons la légalité avec nous. Sur ce plan, le chef de file encore une fois et depuis qu’ils sont là ne fait que commettre des erreurs. Alors que c’est nous, Hermann Yaméogo, Soumane Touré dans le gouvernement d’ouverture qui nous sommes battus pour avoir le statut de l’opposition. Ils étaient alors où ceux-là qui parlent aujourd’hui et qui viennent même du pouvoir en place.

L’opposition burkinabè dans sa haine pour Blaise Compaoré et son pouvoir, n’a jamais pris la peine d’analyser pour voir dans quelle situation nous sommes. De tous les opposants historiques tels Ernest Nongma Ouédraogo assis au village, Train Raymond Poda, Etienne Traoré, Hermann Yaméogo, Moussa Boly… les gens avec lesquels nous nous sommes battus et les photos sont là pour l’attester ne sont pas grand chose aujourd’hui.

Qui dirigent aujourd’hui  ? Le chef de file lui-même sort des rangs du CDP. Quand vous prenez les dissidents du CDP qui rejoignent l’opposition, ils sont puissants et forts. Où se trouve l’opposition historique  ? Elle est hors-jeu. Vous voyez le marché de dupe  ? C’est pour cela, je dis qu’il s’agit d’un coup d’Etat orchestré depuis des années contre l’opposition réelle. Vous verrez que les partis ont été cassés au fur et à mesure et que certains en ont profité pour émerger parce qu’ils ont tout eu avec le pouvoir.

Regardez la composition de l’Assemblée nationale. Le chef de file se retrouve avec 19 députés, l’autre parti de la majorité l’ADF/RDA 18 députés… Mais regardez la portion congrue réservée à l’opposition dite traditionnelle et historique. Nous savons de quoi nous parlons et, sur ce plan, personne ne peut me donner des leçons d’opposition ou bien d’éthique et de morale. Ces rentiers politiques sont trop mal placés pour nous faire ce type de leçons.

Justement d’anciens bonzes du CDP ont démissionné de ce parti pour créer le MPP. Votre commentaire  ? Comprenez-vous les raisons qu’ils invoquent pour justifier leur démission  ?

Il n’y a pas beaucoup de commentaires sur cette question. On adhère à un parti politique parce que cela répond à vos aspirations. Si ce n’est plus le cas, soit  vous démissionnez pour rejoindre un autre parti, vous vous abstenez de faire de la politique, ou vous créer un autre parti si vous en avez les moyens et les capacités. Et c’est cette dernière option que ces gens ont choisie.

On est en démocratie et c’est leur droit. Par contre, les motifs avancés ne sont pas crédibles  : le Sénat, l’article 37, le référendum. Un quart de siècle durant, ils étaient comptables de la gouvernance du président Blaise Compaoré. Si subitement, en moins d’un ou deux ans de la fin du mandat du président Compaoré, ils découvrent que tout était mauvais, cela veut dire tout simplement que eux-mêmes les bâtisseurs devaient s’en prendre à eux-mêmes. Ils peuvent démissionner parce que c’est leur droit mais ils doivent avoir un autre message.

Aujourd’hui, ce que veut savoir le peuple burkinabè c’est qu’on l’apprenne comment conjuguer les 5 verbes du bonheur  : travailler, se loger, se nourrir, s’éduquer, se former. C’est cela qui est important pour le peuple. Sinon le Sénat, l’article 37, le référendum ne sont pas des arguments solides mais plutôt des thèmes porteurs. Et comme il s’agit de thèmes porteurs, les politiciens de tout acabit s’engouffrent toujours dedans. Si je dis ça, le peuple sera content. Lorsque vous dites aujourd’hui dans certains milieux, je suis contre le référendum, l’article 37 et le Sénat, tout le monde vous applaudi.

Mais lorsque vous dites qu’il faut poser la question au peuple, on dit voilà un vendu. Donc ils ont surfé sur la vague qui veut aujourd’hui que tous ceux qui s’opposent à toutes ces questions sont bien vus par une partie de la population.

Malheureusement pour eux, démonstration a été faite qu’en réalité, la majorité n’est peut-être pas là où on croit. Peut-être que je peux me tromper mais ils vont regretter ce qu’ils ont fait. Ça me fait rire lorsque j’ai entendu leurs pleurnicheries à propos des passeports diplomatiques annulés. Moi-même mon passeport n’a jamais été renouvelé par ceux-là même qui crient à leur tour. Mais lorsque vous crachez en l’air, c’est sur vous que ça retombe. De toutes les façons, nous nous retrouverons le moment venu sur le champ de bataille.

La mobilisation dont ils font preuve présentement va s’effriter au fur et à mesure car nous voyons bien que les gens sont en train de prendre déjà du recul par rapport à ce nouveau parti. Le message que donne les leaders du MPP n’est pas audible et crédible s’il doit toujours porter sur les trois points cités.

Les écologistes peuvent-ils être une alternative crédible à même de réaliser l’alternance dans l’avenir  ?

Ça c’est inévitable et je peux parier là-dessus. Face aux nombreux défis politiques, économiques sociaux culturels et environnementaux  ; incontestablement c’est l’écologie politique qui offre une alternative crédible. L’écologie politique de par ses fondements, ses principes, les valeurs défendues est bonne pour un pays comme le Burkina Faso. Elle prend en compte l’intérêt général, l’amour de la partie, la solidarité, la fraternité, l’unité, le dialogue…

Et en terme de géopolitique, vous voyez bien que nous sommes dans une sous région où il y a beaucoup de problèmes. Cela est dangereux pour le Burkina et les pays qui l’entourent. Aussi si vous n’avez pas des bâtisseurs, des hommes de paix, des hommes sages, vous courez à des catastrophes.

Or de tous temps, les écologistes de par leurs actes pensent toujours à l’intérêt supérieur de la nation et à l’intérêt général. Les écologistes que nous sommes ne sont pas des radicaux. Nous devenons des radicaux lorsqu’on touche à un seul cheveux des Burkinabè ou lorsqu’on veut mettre la nation en péril. Mais je vous dis que la nature va imposer les écologistes.

Récemment lorsque le Pape François recevait le président Hollande qui a eu la présence d’esprit de faire le déplacement avec Nicolas Hullot, célèbre présentateur de l’émission « Ushaia » qui parle d’écologie, il a dit que Dieu pardonne quelquefois l’homme mais la nature jamais. Lorsque vous la détruisez, vous en subissez toujours les conséquences.

L’écologie est donc une alternative crédible et depuis plus d’une dizaine d’années, nous avons axé notre action sur la formation et l’éducation. Et le séminaire du 7 juin prochain à Bobo-Dioulasso est encore une occasion d’outiller encore nos militants à nos idéaux de paix, de sécurité et de stabilité.

L’occasion sera aussi propice pour préparer la grande rencontre des verts qui se tiendra en Afrique à Madagascar à partir du 19 juin 2014. Récemment encore le président Obama qui était en Californie a dit que contre les changements climatiques, la seule solution était l’énergie solaire et il en a fait son cheval de bataille. Au Burkina Faso, ce sont les écologistes qui sont bien placés pour succéder au président Compaoré.

Cet homme qui est un homme sage, patient, qui pense à l’intérêt général, montrez-moi aujourd’hui dans le débat qui est mené le parti politique ou l’homme politique qui est dans le sillage et la vision de Blaise Compaoré. Au contraire, on assiste à des insultes, à la promotion de l’extrémisme. Avez-vous déjà vu, le président Compaoré se plaindre d’avoir été insulté  ? Jamais  !

C’est un homme sage qui peut diriger un pays de 15, 20 et 30 millions d’habitants et apporter aussi son expertise dans la sous région et ailleurs. Cet homme mérite d’être succédé par quelqu’un aussi de sage, qui ne rue pas dans les brancards, qui ne divise pas mais qui unit, qui accepte tout le monde, qui prône toujours le dialogue et la concertation.

Quelle chance donnez-vous à ce qu’on peut appeler la médiation ivoirienne au Burkina Faso  ?

D’abord, je n’ai pas bien compris cette médiation. Il n’y a pas de crise institutionnelle au Burkina Faso. Il y a un débat démocratique. Des gens ont quitté un parti pour en créer un autre et c’est tout. Je crois que la démarche du médiateur ivoirien est de faire en sorte que des anciens camarades puissent se retrouver.

Mais cela ne concerne pas la nation. Cependant, la Côte d’Ivoire qui sort d’une situation terrible ne veut pas que son voisin frère et immédiat connaisse la même situation. Car par ricochet si le Burkina vit une situation d’instabilité, cela va rejaillir forcément sur tous les pays de la sous région. De ce point de vue, je pense que le président Ouattara a essayé de raccommoder des morceaux entre des anciens camarades.

Sinon le Burkina n’est pas en danger. Les uns marchent et les autres aussi, chacun pour réclamer quelque chose. L’essentiel est que tout cela reste dans le cadre strict des institutions de la république. Et il n’y a pas de problème. On arrive à une échéance majeure qui est l’élection présidentielle et chacun utilise ses armes pour être calife à la place du calife. C’est normal, mais il ne faut pas pour cela mettre le pays en danger.

Vous étiez récemment en Côte d’Ivoire. Quel était le motif  ? Avez-vous rencontré le médiateur ivoirien et si oui que vous êtes-vous dit  ?

Je n’ai pas eu l’honneur d’être reçu par le président de la Côte d’Ivoire. Comme vous le savez, notre code électoral permet aujourd’hui à la diaspora partout où elle se trouve de pouvoir prendre part aux élections à compter de 2015.

Et c’est un combat que nous avons mené depuis 25 ans. Lorsque vous regardez le corps électoral de la diaspora, il est très important. Prenez la Côte d’Ivoire avec 4 à 5 millions de Burkinabè dont la moitié est un électorat potentiel. C’est aussi le cas du Ghana, du Mali, du Niger… Nous avons donc entrepris de rencontrer nos compatriotes en allant au Niger, le 30 mars dernier où nous avons installé la coordination du RDEBF.

En Côte d’Ivoire, on y était en janvier pour poser les premières bases et nous sommes retournés le 21 avril dernier pour mettre en place notre coordination pour la Côte d’Ivoire. Ce travail va se poursuivre jusqu’en Europe. C’est donc dans ce cadre que nous étions en Côte d’Ivoire.

Et vous n’ignorez pas que moi j’ai un peu d’avance sur les autres en Côte d’Ivoire parce que c’est mon pays de naissance, où j’ai grandi, fait des amis et mes armes. Je n’ai pas rencontré le président, mais j’ai signalé ma présence par courrier au président Ouattara, à celui de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, au ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko pour leur dire que j’étais sur le sol ivoirien pour y mener des activités politiques. Je profite remercier la 1ère dame de Côte d’Ivoire à qui j’ai adressé un courrier pour lui présenter mes vœux de 2014 et qui m’a répondu par lettre recommandée pour dire qu’elle était vraiment honorée. Je suis content de mon séjour qui s’est bien passé et nous ne tarderons d’ailleurs pas à y retourner.

Pour conclure cet entretien, qu’est-ce que vous auriez voulu dire que nos questions ne vous ont pas permis d’aborder  ?

Je voudrais tout simplement dire aux Burkinabè et surtout aux hommes politiques que ça n’arrive pas qu’aux autres. Il y a des pays qui ont connu la stabilité des décennies durant mais qui finalement ont basculé dans l’horreur, le chaos, la violence. Et cela est le fait des hommes politiques à cause de leur boulimie du pouvoir qui consiste à conquérir le pouvoir d’Etat par tous les moyens. Y compris en marchant sur des milliers de cadavres pour arriver à leur fin au détriment des peuples comme ce qui se passe aujourd’hui au sud-Soudan.

Donc nous devons cultiver l’amour, la fraternité car le Burkina Faso ne nous appartient pas. Nous l’empruntons aux générations futures et nous devons le leur laisser tout beau, riche, uni et diversifié. Si maintenant on veut l’alternance ce qui est normal en démocratie, on ne doit pourtant pas le rechercher par tous les moyens.

Elle doit être préparée, ordonnée, organisée afin que ceux qui arrivent remercient ceux qui partent et que tous puissent vivre en parfaite harmonie dans le même pays. Toute autre démarche faite de rancune, de haine ou d’esprit de revanche n’a pas d’avenir. Et nous ne voulons pas de cela au Burkina Faso.

Nous, nous sommes des partisans de la paix et de la non-violence et c’est notre credo chez les écologistes. Nous voulons que les gens adhèrent à notre façon de voir les choses et qu’on respecte ceux qui gouvernent. Il faut savoir leur pardonner car ce sont aussi des humains comme nous et non des dieux. Toutes les contradictions doivent se régler dans le dialogue et la concertation, le dialogue qui est l’arme des forts comme disait si bien le vieux Houphouët-Boigny.

Interview réalisée par Angelin DABIRE

 Commentaires