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Batié : L’or, le métal qui divise !
Publié le mardi 20 novembre 2012   |  Mutations


L’exploitation
© Autre presse par dr
L’exploitation aurifère par la population du Noumbiel


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L’exploitation aurifère serait devenue une menace pour la population du Noumbiel. Les sites sauvages d’orpaillage se sont multipliés dans la province ces dernières années. Cette exploitation anarchique pose d’énormes problèmes aux habitants, mais aussi aux autorités municipales. Dans la commune rurale de Midebdo, la population et ses autorités communales se préoccupent et redoutent les impacts sur l’environnement, sur l’eau et surtout sur la santé humaine.

Traditionnellement, l’exploitation aurifère dans cette zone est une activité exercée par les femmes, selon le haut commissaire de la province du Noumbiel, Raphael Kaboré. L’arrivée massive des exploitants allogènes a bouleversé les croyances. Ces croyances confrontées aux bouleversements provoqués par les orpailleurs rendent la cohabitation difficile. Les difficultés constatées dans l’installation de la campagne agricole sont perçues comme une conséquence directe de l’exploitation aurifère. « D’habitude, nous ne connaissons pas cette situation, les pluies étaient abondantes, mais cette saison, les cours d’eaux sont pour la plupart toujours à sec, il ne pleut pas », se lamente le maire de la commune de Midebdo. Dans les esprits, l’explication est à rechercher dans l’exploitation de l’or.

Le maire a adressé une correspondance aux autorités pour demander un soutien dans le contrôle de l’exploitation clandestine aurifère. Le Sud-Ouest et particulièrement le Noumbiel, frontalier avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, fait partie des régions les plus arrosées du Burkina. Pourtant, cette campagne n’a pas enregistré assez de pluies. Les provinces du Poni et du Noumbiel ont été durement éprouvées. Dans ces deux dernières provinces, les pluies se sont véritablement installées dans le mois d’août. Alors que les autres provinces ont enregistré des pluies régulières un mois plus tôt. Cette installation tardive et la mauvaise répartition des pluies ont occasionné des disparités dans les activités agricoles de la région, notamment les semis et les labours.

La province du Noumbiel, d’habitude bien arrosée, connaît un retard comparativement aux trois autres provinces de la région. La province du Noumbiel a enregistré « un retard dans le développement des cultures par rapport à la même période de la campagne précédente ». Cette province a souffert des poches de sécheresse parfois très longues. Ce qui a « perturbé le calendrier cultural et la croissance des cultures. », note le directeur régional de l’Agriculture du Sud-Ouest.

Mais au-delà des croyances, les sites aurifères sauvages posent de réels problèmes. L’exploitation ne suit aucune réglementation. Les orpailleurs n’ont aucune autorisation d’exploitation comme le recommandent les textes. Ces sites sauvages ignorent l’impact sur l’environnement et la santé et ne disposent d’équipements appropriés pour le traitement de l’or. L’utilisation du cyanure, produit hautement toxique pour le vivant, serait très courante. Ce produit se retrouve dans la nature. En principe, l’agrément délivré par la direction des mines pour l’exploitation semi mécanisée s’obtient après étude de dossier. Une étude d’impact environnemental et l’installation d’équipements appropriés sont des éléments obligatoires.

Et pourtant, ces orpailleurs clandestins contournent la direction des mines et exercent leurs activités en toute impunité. Dans la commune rurale de Midebdo, la pollution de l’eau commence à inquiéter la population. Les orpailleurs installent des machines broyeuses de minerais à proximité des cours d’eau, pour rechercher l’or. « Certains orpailleurs ont implanté à proximité de la rivière, d’où ils pompent l’eau, au moyen des groupes électrogènes équipés de tuyaux. Les eaux usées de leurs activités retournent à la rivière et la polluent. » Les orpailleurs sont bien conscients de la pollution de l’eau causée par leurs activités et ses conséquences sur la santé humaine et animale, mais ils persistent. La recherche du gain, le besoin en eau de leurs activités priment sur la protection de l’environnement et la santé de la population.

Ce qui révolte les habitants des villages, principalement les autochtones. Conscientes de l’ampleur de ces sites sauvages et de ces conséquences, les autorités régionales et provinciales ont pris des mesures pour assainir le milieu. Selon le Haut-commissaire de la province, des campagnes de sensibilisations sont régulièrement menées à l’endroit des orpailleurs pour le respect des règles et normes en matière d’exploitation aurifère. Les autorités exigent de tout orpailleur, l’installation d’un bassin récupérateur pour les eaux usées et l’éloignement des machines broyeuses des cours d’eaux. Il est recommandé que « les machines broyeuses soient installées au moins à 200 m de l’eau », nous confie une autorité. Raphael kaboré, le Haut-commissaire, déplore aussi la multiplication de ces sites sauvages dans sa province, mais avoue l’impuissance des autorités face à ces orpailleurs clandestins.

Des contrôles auraient été menés, mais celles-ci présentent des limites objectives. En avril dernier, les autorités régionales ont organisé un forum sur l’exploitation aurifère. La situation de la région a été passée à la loupe. Plusieurs recommandations ont été ainsi faites aux termes des journées de réflexion pour assainir cette activité dont les impacts néfastes sont unanimement reconnus. Cependant, la population ne croit pas à la bonne foi des autorités. En dépit des sites sauvages, la population dénonce les agréments délivrés à certains exploitants et l’impunité dont bénéficient ces orpailleurs qui ne sont pas en réalité clandestins. Certains pensent que des complicités existent entre autorités et orpailleurs dans cette activité très lucrative. Les autorités communales, encore moins les communautés locales ne sont pas associées dans les procédures de délivrance de ces agréments.

Franck Régis Tapsoba

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