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Le Pays N° 5240 du 19/11/2012

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Jean-Baptiste Natama, (Directeur de cabinet de la présidente de l’UA) : « Porter haut le flambeau de notre pays »
Publié le lundi 19 novembre 2012   |  Le Pays


Jean-Baptiste
© Autre presse par DR
Jean-Baptiste Natama, (Directeur de cabinet de la présidente de l’UA)


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Jean-Baptiste Natama, officier de l’armée burkinabè, révélé à l’opinion publique à travers son passage en tant que secrétaire permanent du MAEP- Burkina (Mécanisme africain d’évaluation par les pairs), a déposé depuis peu ses baluchons à la présidence de la commission de l’Union africaine où il fait désormais office de directeur de cabinet. Avec lui, nous revenons, dans cet entretien, sur son extraordinaire parcours.

« Le Pays » : Les Burkinabè ont été ravis de votre nomination comme directeur de cabinet de la nouvelle présidente de l’Union africaine (UA). Dites-nous, comment cela est-il arrivé ?

Jean-Baptiste Natama : Avant de répondre à votre question, permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude au peuple burkinabè tout entier et aux plus hautes autorités de notre pays pour le soutien et la solidarité manifestés à l’égard de ma modeste personne, suite à cette nomination. J’ai été très touché par cet élan national marqué par un sentiment de fierté et exprimé, à travers des milliers de messages de félicitations, par des Burkinabè issus de toutes les régions de notre pays et de la diaspora. Je rends aussi grâce à Dieu et le prie de me donner la force et la sagesse d’assumer ces nouvelles responsabilités avec succès. Pour revenir à votre question, il vous souviendra que M. Jean Ping, alors qu’il présidait encore la Commission de l’Union africaine, m’avait fait l’honneur de me désigner pour seconder son haut représentant pour l’opérationnalisation de la force africaine en attente qui n’est autre que le général Sékouba Konaté, ancien président de la République de Guinée Conakry. Lorsque Mme Nkosazana Dlamini-Zuma a été élue, par l’assemblée au cours du 19e sommet de l’Union, pour présider la Commission, elle a entamé une série d’entretiens individuels avec toutes les personnalités qui occupaient de hautes fonctions au sein de la Commission. C’est dans ce cadre donc que j’ai été reçu par elle pour des discussions au cours desquelles elle a pu se faire, dans la mesure où elle me connaissait déjà, une meilleure idée sur ma personne ainsi que sur ma connaissance des questions internationales, notamment africaines. Et ce n’est que quand elle m’a fait part personnellement de son souhait de m’avoir comme directeur de cabinet que j’ai déduit, tout naturellement, que lesdits entretiens correspondaient, en quelque sorte, à des interviews.

C’est une nouvelle charge, très élevée en plus. Cela ne vous inspire-t-il pas une certaine peur ?

Je mesure l’importance et le poids des responsabilités qui viennent de m’être confiées et je compte les assumer avec humilité mais aussi avec courage et détermination, afin de ne pas décevoir la confiance placée en moi. Je les perçois plutôt comme une nouvelle opportunité qui m’est offerte pour porter encore plus haut le flambeau de notre pays en donnant le meilleur de moi-même dans l’exécution des missions y relatives. Cet état d’esprit qui m’anime ne laisse aucune place à la peur pour se manifester, même si j’ai conscience des nombreux défis auxquels l’Union africaine fait face.

En quoi va consister votre mission concrètement et quelle est la durée de votre mandat ?

Le poste du directeur de cabinet est hautement stratégique dans l’architecture de la Commission. Ainsi, il doit veiller au bon fonctionnement du bureau de la présidence de la Commission et exécuter toutes les missions confiées par la présidence. En ce qui concerne le second volet de votre question, il faut dire que l’on ne saurait parler de mandat en tant que tel dans la mesure où il ne s’agit pas d’un poste électif mais d’une nomination. Toutefois, la Commission étant élue pour un mandat de quatre (04) ans renouvelable une fois, la durée dans la fonction peut s’aligner sur celle de la présidente, si elle le veut, vu que cette nomination relève de ses pouvoirs discrétionnaires.

A tort ou à raison, on pense qu’il faut avoir l’aval de son pays pour briguer de tels postes. Est-ce votre cas ?

Il faut savoir qu’au niveau international, il y a plusieurs types de poste. Il y a des postes pour lesquels on est élu et d’autres où on accède nommé ou recruté. Pour le premier type, le soutien du pays est indispensable pour avoir des chances de se faire élire car il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu dans le processus. En revanche, pour les deux derniers, le pays peut ne pas y jouer un rôle car ce sont plus les qualités et compétences de la personne qui sont généralement mises en avant. Toutefois, au niveau du dernier type, la nationalité peut être un des facteurs déterminants parce qu’il peut y avoir le critère des quotas. Au sujet de mon cas, j’ignore franchement si les autorités de notre pays ont été consultées par la présidente de la Commission. Cependant, quel que soit le cas de figure, il est important de bénéficier du soutien et de l’accompagnement de son pays même si c’est a posteriori, lorsqu’on a un poste international. Ce soutien et cet accompagnement sont d’autant plus nécessaires qu’ils vous permettront de mieux réussir dans votre travail, outre le fait que vous pourriez de par votre position servir, d’une manière ou d’une autre, les intérêts de votre pays dont vous représentez l’image.

C’est le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) qui vous a révélé à beaucoup de Burkinabè et notamment la publication du rapport du Burkina Faso. Si vous devriez faire un bilan succinct, que diriez-vous ?

J’ai toujours eu pour principe de considérer les missions qui me sont confiées comme un sacerdoce et je ne pense pas avoir dérogé à ce principe à la tête du MAEP. En guise de bilan, je dirai qu’à ma nomination, j’ai élaboré une feuille de route, en fonction de ma lettre de mission que je pense, avec le concours de mes collaborateurs, avoir mis en œuvre. Ainsi, nous avons mis en place l’institution qui est désormais présente dans le paysage institutionnel de notre pays. Nous avons aussi conduit l’évaluation du pays qui dispose, depuis octobre 2008, d’un rapport holistique sur la situation de sa gouvernance dont la qualité est reconnue aux plans national et international car nous avons veillé à la transparence du processus y relatif pour en garantir la crédibilité. Ce rapport, du reste, a été adopté par le gouvernement comme le document de référence du Burkina Faso en matière de gouvernance. Nous avons également produit de façon régulière et dans les délais les rapports d’étape de mise en œuvre du Programme d’actions national (PAN). Nous avons, en outre, contribué au rayonnement de notre pays au niveau international ; nous avons sillonné le pays pour communiquer sur le MAEP, informer et sensibiliser toutes les couches de la population sur la bonne gouvernance et, grâce à ces actions, la notion de bonne gouvernance est aujourd’hui sur toutes les lèvres au Burkina Faso et des questions jadis taboues comme la corruption sont évoquées même par les autorités. De même, la mise en œuvre, déjà entamée par le gouvernement, des recommandations et du PAN offre de meilleures perspectives de gouvernance, etc.

On oublie presque que vous êtes un officier de l’armée burkinabè. Cela ne gêne-t-il pas votre carrière internationale ou est-ce qu’il constitue un atout dans vos nouvelles fonctions ?

Bien au contraire, la formation militaire est un atout dans la diplomatie car, dans l’approche et l’analyse des questions internationales, la stratégie et la géostratégie jouent un rôle déterminant. C’est pourquoi les pays qui ont une vision claire et une forte ambition pour leur diplomatie font faire des formations à leurs diplomates dans les grandes écoles militaires (cours d’état-major et cours de défense notamment). En outre, des principes tels que la confidentialité et la discrétion qui sont cardinaux dans l’armée et qui exigent une grande discipline de soi sont aussi essentiels dans l’action diplomatique car, tout comme le secret militaire, le secret diplomatique attire des convoitises en matière d’espionnage. C’est tout cela qui explique que dans l’histoire des nations, les plus grands diplomates aient été le plus souvent des militaires. Enfin, il y a lieu également de rappeler que la diplomatie n’est pas une science exacte et qu’elle fait plus appel à des aptitudes personnelles qui sont innées ou acquises par l’expérience, tels que le savoir-faire et le savoir-être, qu’à des connaissances théoriques et livresques.

Votre carrière fait certainement rêver de nombreux jeunes au Burkina Faso. Que pouvez-vous leur dire ?

J’invite les jeunes à ne jamais céder à la fatalité et à ne jamais opter pour l’esprit de facilité. Chacun doit rester maître de son destin qu’il doit apprendre à assumer avec dignité et honneur. Il faut donc se libérer de toutes les formes de dépendance et de manipulation qui inhibent la volonté d’action, secrètent le complexe et entravent l’accomplissement de soi. Pour cela, j’exhorte les jeunes à épouser des valeurs comme la foi en Dieu et la confiance en soi, l’amour du travail, du prochain, de la vérité et de la patrie, la pratique de la solidarité, de la vérité, de la justice et de l’humilité, le choix de la discipline, de la rigueur et de l’honnêteté, pour se donner les moyens d’accomplir eux-mêmes leurs rêves et contribuer ainsi au bonheur collectif de leurs concitoyens et concitoyennes. C’est à ce prix-là, j’en suis convaincu, qu’ils pourront goûter aux joies d’une vie faite d’accomplissement et de réussite.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO

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