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« La quasi-totalité des sociétés burkinabé ont pratiqué l’esclavage » (Historien)
Publié le samedi 17 mai 2014   |  AIB




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Ouagadougou, le 16 mai 2014 (AIB)- La quasi-totalité des sociétés burkinabè, en particulier celles auparavant militairement puissantes et convaincues de leur supériorité culturelle, ont mené des razzias pour se procurer des esclaves, de véritables richesses avant et durant une partie de la colonisation française, a soutenu jeudi, l’historien burkinabè Pr Maurice Bazémo au cours d’une conférence publique.

L’esclavage pendant la période précoloniale dans l’actuel Burkina Faso, était surtout menée par des sociétés hiérarchisées disposant de cavaliers aguerris tels que les Mossi, les Peuls et les Touaregs contre des sociétés moins fortes militairement ou jugées acéphales, à l’exemple des Gouroussi, des Gourmanché, des Bobo, des Samo et des Bella, a affirmé Pr Maurice Bazémo.

Sous le prétexte de convertir « des mécréants » à la foi islamique, des fondamentalistes ont aussi utilisé la guerre sainte (Jihad) pour asservir des populations, a ajouté l’historien.

Selon l’enseignant chercheur à l’Université de Ouagadougou, des individus pouvaient également se procurer des esclaves auprès de familles qui frappées par la famine, étaient parfois obligées de céder leurs enfants.

M. Bazémo a expliqué que ces esclaves étaient entre autres, employés aux travaux champêtres et domestiques, des tâches jugées « avilissantes » par les nobles et servaient également de « monnaie d’échange international » pour acquérir des produits de luxe (chevaux, étoffes, sel).

Du fait de la forte demande de femmes à cette époque par des célibataires en surnombre, les jeunes filles et les adolescentes étaient prisées par les esclavagistes, a-t-il poursuivi.

M. Bazémo a relaté que le colonisateur français, chargé d’apporter ‘’la civilisation’’ aux ‘’barbares’’, va progressivement remettre en cause, l’ordre politico sociale dont la pratique de l’esclavage.

L’autorité coloniale, soucieuse de garder la précieuse collaboration des notables dans sa visée expansionniste, a d’abord timidement réagit face au phénomène.

Mais devant les querelles entre la Gauche et la Droite en France métropolitaine et face à la pression des pays européens en avance sur la question, la France a signé le 12 décembre 1905, un décret consacrant l’abolition totale de l’esclavage dans ses possessions africaines.

Auparavant, la France avait conduit des esclaves dont elle avait contribué fortement à la libération vers des ‘’villages de liberté’’ ou vers les missionnaires catholiques qui en firent les premiers chrétiens de la Haute-Volta, a déclaré Maurice Bazémo.

L’historien a indiqué que pour protester contre la décision, les bénéficiaires de la traite ont tenté de se révolter sans succès et ont par la suite refusé d’envoyer leurs enfants à l’école du blanc.

Les esclaves scolarisés à la place de ces enfants, seront les premiers auxiliaires du colon auprès de leurs anciens maîtres, une véritable « revanche de l’histoire », selon l’enseignant chercheur.

Au regard des multiples brassages nés des unions entre ex nobles et ex esclaves, M. Bazémo a, avec ironie, accusé les fervents défenseurs de « la pureté ethnique » de nourrir « un fantasme entretenu par l’ignorance ».

De l’avis de l’enseignant, seule l’éducation peut venir à bout de « la survivance de l’ethnocentrisme » et des formes d’esclavage toujours présentes dans certaines contrées du Burkina Faso et de l’Afrique.

La conférence publique sur « la question de l’esclavage pendant la colonisation au Burkina Faso », organisée dans le cadre des activités annuelles du Centre national des archives (CNA), vise selon son Directeur général Pr Hamidou Diallo, à valoriser les archives et à revisiter un pan de l’histoire du pays.

TAA/

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