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Ansar Dine : Jeu de dupes à Ouaga
Publié le samedi 17 novembre 2012   |  L`événement


Ansar
© Autre presse par DR
Ansar Dine, l`un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali


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Entente cordiale entre le médiateur et le groupe Ansar Dine. Il suffisait de se voir et chacun se contenterait d’un service minimum. L’effet d’annonce devrait suppléer les questions essentielles. Blaise et son Ansar Dine se sont précipitamment vus, après le préalable de la palabre avec Djibril Bassolet, pour faire une annonce. Problème, personne n’y a cru.

Il faut se représenter les Forces en présence au Nord Mali. Au dessus des deux factions djihadistes Ansar Dine et Mujao se trouve la structure mère AQMI. Ansar Dine et le Mujao ont été créés selon un mode propre à Alqaeda : la scissiparité. Une telle scission emporte autonomie de fonctionnement et de gestion dans les Katiba (régions militaires), mais pas l’indépendance. C’est pourquoi d’ailleurs dans ces régions sous administration autonome se trouvent des proconsuls de AQMI. A Tombouctou et à Kidal, les deux principales régions directement administrées par Ansar Dine, se trouvent Moktar Belmotkar et Abou Zeid, les lieutenants de l’Emir de AQMI, Abdelmalek Droukdel, installé depuis les montagnes de la Kabylie algérienne.

Le premier Moktar Belmokhtar surnommé aussi « Mister Malborro », pour sa propension trop prononcée pour les trafics en tout genre, dont le lucratif trafic de cigarettes serait installé à Kidal. Trafiquant invétéré, il n’est pas toujours bien vu des autres chefs de Katiba. Il a su cependant bien s’incruster dans la région et développer son commerce qui fleurirait jusque dans le septentrion burkinabè (Gorom et Makoye). Dans cette deuxième ville, un trafiquant bien connu, dénommé Widili, disposerait de grands magasins de dépôts de contrebande et serait, à ce qu’on dit, un de ses relais. Mokhtar Belmokhtar, plus trafiquant qu’islamiste a été récemment débarqué de la tête de sa Katiba. En attendant la nomination officielle de son remplaçant, l’intérim est conjointement assuré par L’Emir Droukdel et par délégation par Abou Zeid.

Le deuxième proconsul installé lui à Tombouctou, n’est autre que le sinistre Abou Zeid, l’homme qui a juré d’en finir avec les « aposta » et qui est responsable de l’enlèvement des français de AREVA en septembre 2010. Quand Tombouctou est tombé, il est allé directement s’installer dans l’immense résidence que Kadhafi s’était fait construire dans la ville sainte. Chef de la Katiba qui couvre la région qui fait frontière avec le Niger, il n’intervient pas directement dans l’administration de la ville. Les habitants n’ont pas à faire à lui, mais directement aux hommes de Ansar Dine. C’est par lui cependant que l’Emir Droukdel, depuis sa planque de Kabylie, fait passer messages et conseils. Courant avril, l’Emir avait déconseillé l’imposition brutale de la charia. Il avait préconisé de ne pas « provoquer la population » et de « procéder par étape dans l’application de la charia ». Mais sur ces questions de gestion pratique, en général, le principe de la subsidiarité est toléré.

De façon concrète donc, Ançar dine dispose d’une marge de manœuvre dans l’administration de la zone sous son couvert. L’approche consistant simplement à ménager la susceptibilité des habitants. Ançar dine dirigée par Iyad Ag Ghali peut directement administrer les populations sans les rebuter. Il n’en sera pas de même si ce sont les responsables de AQMI, tous des algériens, qui le faisaient. La création du Mujao serait, en partie, provoquée, par la volonté de s’autonomiser des algériens. Maintenant est-ce que Ansar Dine et Iyad, peuvent prendre des décisions importantes en rapport avec l’avenir des zones contrôlées ? On peut en douter pour deux raisons au moins.

La première, c’est que Ansar Dine n’a ni les moyens militaires ni financiers d’une telle entreprise. Les hommes, les armes et l’argent sont assurés par AQMI. Si la structure de Iyad devrait s’engager dans un tel processus, il pourrait connaître le sort du MNLA. Evidemment, les choses deviendraient compliquées pour AQMI, parce que Iyad, dont le ministre des Affaires étrangères, celui qui a conduit la délégation à Ouagadougou, Alghabass Ag Intalla est de la puissante famille régnante des Ifoghas. Or les Ifoghas sont trop susceptibles et ne verraient pas d’un bon œil la domination des arabes et de surcroît des algériens. C’est le mince bouclier de protection de Ansar Dine contre AQMI. Mais un bouclier franchement trop mince. Le modus operandi dans cette région des sables et des dunes c’est la volte-face. Lyad en la matière est bien payé pour le savoir, lui qui est continuellement en train de retourner sa « djelaba ». Les proconsuls de AQMI dans les zones sous son contrôle, le savent tellement bien, qu’ils ont mis Iyad sous haute surveillance. On peut penser que la mise à l’écart de Mokhtar Belmokhtar a été justement décidée pour isoler encore plus le chef de Ansar Dine.

Deuxième raison, Iyad et Ansar Dine ne contrôlent pas l’ensemble de la zone. La région de Gao, jusqu’à Douantza, est sous le contrôle du Mujao. Une organisation beaucoup plus radicale. Son patron, le mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou est connu pour son islamisme chevillé, mais pas seulement. Il a compris le fric que l’on pouvait se faire avec les otages. C’est d’ailleurs l’une des causes de ses divergences avec les algériens de AQMI qui ne sont pas « suffisamment partageurs » à son goût.

Ansar Dine a donc très peu de marge de manœuvre pour s’engager pour un quelconque refus de « l’extrémisme ». C’est pourquoi d’ailleurs, ces missi dominici ont été réalistes en parlant seulement pour « les régions sous leur contrôle ». Les limites de l’exercice sont donc bien réelles.

A quoi joue alors la médiation burkinabè ?

La tendance dans les négociations serait d’isoler AQMI et le Mujao, considérées comme des organisations non maliennes. Ce faisant, l’opération militaire si elle devrait avoir lieu, aurait les populations locales comme alliées. Du point de vue stratégique, on ne peut que l’approuver. Sauf que si c’est une bonne initiative, elle est pour le moins mal engagée. La médiation burkinabè semble faire dans son « cavalier seul » qui lui avait valu tant de critiques des autres pays de la Cedeao. Puis elle semble forcer la main à un Ansar Dine qui sait objectivement qu’elle ne peut pas, sous peine de gros risques, prendre pareilles initiatives. C’est exactement de cette façon que la même médiation burkinabè s’était prise avec le MNLA, en avril et mai, et l’avait conduit à sa perte.

Deuxième aspect, il eut fallu quand même associer le gouvernement malien et non lui intimer après coup, l’ordre de prendre le relais. Ces aspects rendent suspecte, la conduite du médiateur burkinabè. Surtout à la veille d’échéances capitales dans l’engagement militaire contre les occupants du Nord Mali. Ces accords concoctés à Ouagadougou, n’emportent pas pour l’instant un quelconque enthousiasme au sein de la Cedeao. La présidence de l’organisation sous régionale est restée en retrait. Les préparatifs militaires ont continué et on se demande bien, ce que Blaise Compaoré va bien dire à ses pairs à la rencontre de Abuja, prévue ce dimanche 11 novembre.

Par Newton Ahmed BARRY

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