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Le Quotidien N° 1061 du 13/5/2014

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Orpailleurs du Burkina: Les forçats des temps modernes
Publié le mercredi 14 mai 2014   |  Le Quotidien


Mahamoudou
© L`Observateur Paalga par DR
Mahamoudou Rabo, président du syndicat des orpailleurs


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Les chercheurs d’or au Burkina prennent de grands risques. Au mépris de leur vie, ils fouillent les entrailles de la terre, à la recherche du métal précieux.

Un spectacle surréaliste, en plein 21e siècle. On croirait revivre l’épopée de la ruée vers l’or, aux Etats-Unis. Ces forçats des temps modernes, ce sont les orpailleurs qui accourent de partout comme une nuée de mouches, chaque fois que l’or se met à briller quelque part. Ils sont toujours les premiers à sentir l’odeur du métal jaune, en attendant qu’un jour l’Etat vienne les déloger au profit des multinationales.

L’idéal en effet ce serait une extraction minière moderne, avec le risque d’accident zéro pour les travailleurs. Mais voilà, le Burkina est ce qu’il est, avec une jeunesse désœuvrée, prête à courir tous les dangers pour décrocher le gros lot. Ils ressemblent à ces milliers de jeunes qui traversent des déserts inhospitaliers, prennent des bateaux de fortune, défient les eaux tumultueuses pour l’eldorado européen.

Les orpailleurs, ce sont nos immigrés clandestins à nous. Les motivations sont les mêmes, tout comme les risques encourus, avec très souvent au bout de l’aventure, la désillusion, si on réussit à survivre.

Il ne faut donc pas chercher loin pour savoir pourquoi une telle témérité suicidaire. Il se pose ici avec acuité la problématique de l’emploi au Burkina.

Quand des jeunes paysans aux bras valides, désireux de se bâtir une vie confortable n’ont que la saison des pluies comme période de travail avec au bout des récoltes de misère, on ne peut pas les retenir face à l’attrait de l’or.

Quand en ville le chômage réduit les jeunes à l’oisiveté, à la mendicité ou aux petits métiers sans lendemain, aucun conseil ne peut les dissuader de tenter leur chance là où on ne pose aucune condition, sinon le courage et l’endurance physique. Certes, on peut trouver parmi ces orpailleurs des casse-cous, des personnes assoiffées par l’enrichissement rapide et toutes sortes d’aventuriers.

Mais la majorité a été contrainte à cette vie dangereuse par nécessité. Tant que les portes de l’emploi et de l’entreprenariat seront fermées à la majorité des jeunes, ce sera le règne de la débrouillardise, avec ses conséquences dramatiques.

Avant donc de vouloir édicter des règles sur les sites d’orpaillage -ce qui est une utopie- l’Etat devrait s’employer à créer les conditions d’une insertion socioprofessionnelle de la majorité de sa population.

Car, en dépit des efforts faits tant par l’Etat que par le secteur privé pour la création d’emplois, le nombre de jeunes désœuvrés, diplômés ou non, s’accroît d’année en année. Il suffit de voir les bousculades monstres lors des tests de recrutement pour comprendre la gravité de la situation.

La ruée vers l’or a encore de beaux jours devant elle. Avec malheureusement son lot de d’éboulements et de morts. Mais, il y a aussi de belles histoires dans les sites d’orpaillage.

Les plus chanceux s’en sortent avec le jackpot. La contribution de ces orpailleurs à l’économie est importante. Malheureusement, beaucoup d’entre eux manquent d’un savoir-faire en matière de gestion.

Aussitôt gagné, l’argent est dilapidé dans des investissements hasardeux.

Un cercle vicieux avec une sorte de dépendance au travail des sites se crée dès lors. A défaut donc d’interdire l’orpaillage, il faut chercher à mieux organiser les jeunes qui y travaillent et au besoin, les accompagner dans la gestion de leurs fortunes. On ne peut pas laisser en marge une composante aussi importante de la population active, même si elle s’adonne à un métier à risque et à la limite de la légalité.

Mais pour le moment, il n’en est rien et cette catégorie socioprofessionnelle est laissée à elle-même avec seule loi, celle de la jungle. Comme les immigrés clandestins envoient de l’argent à leurs familles, une fois installés en Europe, les orpailleurs contribuent eux-aussi à la marche de l’économie nationale. Tous doivent être accompagnés par l’Etat qui ne crache d’ailleurs pas sur la manne qu’ils génèrent .

La Rédaction

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