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Aujourd`hui au Faso N° 48 du 2/5/2014

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Salifou Sawadogo (chargé des structures du CDP à l’étranger) : «Pourquoi nous faire passer pour des troubleurs et dédouaner les autres ?»
Publié le dimanche 4 mai 2014   |  Aujourd`hui au Faso


Salifou
© Autre presse par DR
Salifou Sawadogo, 2e secrétaire adjoint à l’organisation, chargé des structures du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) à l’étranger


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Au CDP, il occupe actuellement, le poste de deuxième secrétaire à l’organisation chargé des structures du parti à l’étranger. Ces derniers mois, il sillonne l’Afrique et l’Europe pour massifier davantage le CDP au niveau de la diaspora. Ses tournées politiques, il en parle dans le présent entretien. En avril 2010, lors de la convention du CDP, il avait créé l’événement, en haussant le ton envers certains responsables du CDP. Un sujet sur lequel l’homme n’est pas disert. Sur des questions actuelles telles que le référendum, l’article 37, la candidature de Blaise, il se prononce. Entretien avec un jeune loup du CDP.



On voit Salifou Sawadogo beaucoup à l’étranger (Côte d’Ivoire, Europe…) pour rencontrer la diaspora burkinabè. Qu’y allez-vous faire exactement ?


Au niveau de la direction politique du parti, j’occupe le poste de deuxième secrétaire adjoint à l’organisation, chargé des structures du parti à l’étranger. Vous comprenez qu’au regard de mes attributions, c’est tout naturel que je me retrouve hors du pays, pour rencontrer nos compatriotes pour leur donner des informations sur la vie de la nation, aux plans politique, économique et social. Il est nécessaire pour nos compatriotes qui sont à l’étranger et qui contribuent pour beaucoup au développement du Burkina, d’avoir une somme d’informations sur la marche du pays. Mais aussi, partager avec eux naturellement, des informations relatives à la vie de mon parti. C’est aussi pour nous, d’importants moments pour asseoir ou consolider les bases organisationnelles de la diaspora burkinabè au profit du CDP et enfin, recueillir ses attentes fortes et ses suggestions pertinentes et pouvoir rendre compte pour traitement.


Voilà, ce qui m’amène à l’étranger.


Vos adversaires affirment qu’il s’agit de missions, essentiellement axées sur l’enrôlement biométrique, le référendum et surtout, la présidentielle …


Vous savez que les partis politiques ont pour mission principale, l’animation de la vie politique nationale. Dire que nous parlons de l’enrôlement, de la biométrie ou du référendum, je ne vois pas en quoi il y a un problème particulier.


En côte d’Ivoire, il y a une forte présence de Burkinabè. On a entendu dire que vous les avez invités à voter Blaise Compaoré qui n’est même pas encore candidat ? Vrai ou faux ?


Ecoutez, c’est un secret de polichinelle que de dire qu’une bonne partie de l’opinion burkinabè en Côte d’Ivoire a beaucoup d’estime pour le président Compaoré, pour diverses raisons. Vous savez qu’aux temps forts des difficultés rencontrées par cette communauté, la contribution du président du Faso a été décisive. Aussi, les relations d’amitié Côte d’Ivoire –Burkina Faso, qui profitent fortement à nos compatriotes sur place, ne les laissent nullement indifférents. Disons que quelque part, ils sont reconnaissants au président du Faso . Donc, moi je n’ai pas à les appeler à voter pour le président Blaise Compaoré, qui, du reste, n’est pas encore candidat comme vous le dites ; mais ce sont des Burkinabè qui expriment de la sympathie et beaucoup de respect pour sa personne. Ça, je l’ai constaté, aussi bien dans les villes que dans les campagnes que nous avons parcourues.


Regardons dans le rétroviseur du CDP : le 9 avril 2010, à l’ouverture de la convention du CDP à la Maison du peuple, vous avez en tant que premier responsable de la jeunesse, fait une sortie contre les dirigeants CDpistes de l’époque, Simon Compaoré notamment, accusé de reléguer les vrais jeunes du CDP au second plan. Historiquement, est-ce que ce n’est pas l’officialisation du malaise qui couvait au CDP, et dont le summum a été atteint le 4 janvier 2014 ?


Je souhaite ne pas trop revenir sur cette partie. Moi, je retiens une chose, il y a eu conspiration contre ma personne, d’aucuns ont travaillé à me trucider politiquement et j’ai dit non. Ce sont les faits, pour le reste, aux historiens de faire leur appréciation.


Oui, mais est-ce qu’il n’est pas temps de dire les choses à présent ?


Il n’y a plus rien à dire qui soit nouveau, chacun s’est fait sa propre opinion.


A l’époque, le président du CDP, Roch Marc Christian Kaboré, ainsi que des personnes, telles que Jean Léonard Compaoré vous ont dissuadé de ne pas faire cette sortie. Vous avez promis de n’en rien faire. Et Vlan, le jour « J », vous avez déversé votre colère. Car le ton était véhément. Pourquoi ?


Je souhaite vraiment ne pas trop m’appesantir sur cette partie de la vie politique de notre parti. Je souhaite par ailleurs, parler peu de ma personne et je laisse le soin aux uns et aux autres d’apprécier. Ne mêlez pas le camarade Jean Léonard Compaoré à cela ; quant au président du parti à l’époque, Roch Marc Christian Kaboré, il a été pour beaucoup dans l’apaisement de cette situation.


Avec le recul, pensez-vous avoir bien agi ?


Dans les conditions qui étaient les miennes, c’est ce qu’il fallait faire.


Même s’il vous fallait aller à l’encontre des directives du parti ?


Là, c’est une appréciation de votre part.


D’aucuns vous ont accusé d’avoir mal digéré votre départ du gouvernement…


Moi, je vais vous dire que le jour où on rentre au gouvernement, on doit savoir qu’il y a un autre jour, pour en sortir. En quoi vais-je mal digéré ma sortie ? Véritablement, je ne vois aucune raison. Je l’ai lu dans la presse et dans ma position, je n’avais pas à confirmer ou à infirmer. C’est vrai, personne n’applaudit quand il sort du gouvernement, sauf s’il a décidé de démissionner, ce qui n’était pas mon cas. Mais dire que j’ai mal digéré ce départ, suite à la crise de l’époque, je dis non. Comme je vous le dis, je l’ai lu dans la presse, je n’avais pas de commentaires à faire que de laisser à chacun le soin d’apprécier comme il l’entendait.


Revenons au présent : le CDP a connu des départs massifs, ces derniers mois. Pensez-vous que le parti puisse s’en sortir ?


Nous avons connu des démissions de par le passé, je mesure également les démissions actuelles qui ne sont pas de moindre mesure. Mais j’ai foi en notre parti, en ses hommes et femmes. J’ai foi en l’idéal que nous poursuivons, et fort donc de notre bilan, moi je n’ai pas de doute qu’un fois de plus, notre parti continuera de jouer les premiers rôles au Burkina Faso. Retenez pour l’essentiel que nous travaillons à ce que le CDP reste le parti majoritaire dans notre pays ou le parti leader sur l’échiquier politique national.


Le congrès du 5 mars 2012, lors duquel des fondateurs et bâtisseurs du CDP ont été envoyés au garage n’est-il pas aussi une des raisons de cette hémorragie ?

Ecoutez, ils ont démissionné, ils ont donné les raisons de leur départ, à ma connaissance, la qualité de conseiller politique national n’est pas ressortie. Vous connaissez les raisons qu’ils ont avancées.


Oui, mais avouez que ce jour, les fondateurs du CDP ont été envoyés dans l’antichambre de la retraite politique ? Comment expliquez-vous cela ?


Il y a eu des décisions qui ont été prises au 5e congrès. Pour moi, c’est cela qui importe, c’est leur application. Ces décisions concernaient, aussi bien le renouvellement de la direction politique nationale du parti que des recommandations et résolutions qui ont été prises. Tout militant, quel que soit son rang ou grade, se doit de respecter les délibérations de cette instance nationale.


Le CDP veut aller au référendum pour permettre à son émérite candidat Blaise Compaoré de se représenter. L’opposition n’en veut pas du tout. Le Burkina Faso n’est-il pas dans l’impasse, politiquement parlant ?


Moi, je pense que c’est l’expression d’une vie démocratique dans notre pays. Lorsque sur une question posée, il y a des positions divergentes, c’est l’affirmation d’une vie démocratique. Ceci dit, il y a en qui appellent à la modification de l’article 37 portant limitation du nombre de mandats du président du Faso, d’autres se prononcent pour le statu quo ; ce sont des avis que je respecte et j’estime qu’en dernier ressort, il faut que le peuple tranche.


Avez- vous conscience que l’article 37 et le référendum sont des éléments « crisogènes » ?

Le CDP en tant que parti au pouvoir est, plus que tout autre parti politique, soucieux de la préservation de la paix et de la cohésion nationale, mais les dispositions d’ordre constitutionnel ne doivent aucunement être foulées au pied, parce qu’il y a une opposition qui s’agite. J’ai l’impression que l’on veut nous faire passer pour des « troubleurs » et dédouaner ceux qui voudraient outrepasser les dispositions constitutionnelles pour emprunter des voies qui pourraient effectivement porter atteinte à la paix dans notre pays. Je considère ce raisonnement malencontreux et malséant.


Le problème aujourd’hui, ce n’est pas la question juridique, mais une question d’alternance. Blaise Compaoré a fait 27 ans de pouvoir et pour nombre de ses compatriotes, il est temps de passer la main, surtout que la Constitution l’empêche de se représenter. C’est une question d’éthique et morale. Pourquoi le CDP refuse de voir le problème sous cet angle ?


Je suis heureux de partager avec vous que l’argument juridique ne tient pas. Pendant longtemps, on a vu d’éminents juristes et des hommes politiques de ce pays, perdre de leur salive, pour démontrer de mille façons que juridiquement, la révision de l’article 37 n’était pas possible. Aujourd’hui, je vois que le débat a progressé. Maintenant, on nous parle de question de morale ou d’éthique. La morale est d’ordre subjectif et que chacun peut apprécier. Pour ma part, j’estime que l’alternance ne doit pas être une sécrétion mécanique, elle doit répondre d’une volonté librement consentie par une majorité du peuple et cela, à travers les urnes. Pour vous, il y a des Burkinabè qui voudraient qu’il passe la main ; le débat n’en est pas là, puisqu’il n’est, à ma connaissance, candidat à rien. La vérité de nos jours est que des Burkinabè aussi estiment que la dévolution du pouvoir suprême en l’état actuel ne cadre pas avec les aspirations organisationnelles de notre peuple. Et pour départager tous ces Burkinabè, le référendum qui est une disposition constitutionnelle est tout indiqué.


Mais vu le contexte, est-ce opportun de forcer ? Nous sommes d’accord que ce n’est pas tout ce qui est permis par la loi qui est faisable.


Commençons par appliquer ce que la loi permet de faire, ce que la constitution autorise. Personne ne sera forcé dans les urnes. A vous suivre, il m’a tout l’air, de forcing, on veut l’imposer à une frange importante de notre peuple. Ce serait alors, une négation de la démocratie.


Avez- vous les moyens politiques de tenir ce référendum, c'est-à-dire est-ce que le jour « J », ne craignez-vous pas des incidents ?


Le jour « J », on appréciera. Mais rassurez-vous, nous nous donnerons les moyens démocratiques, pour que le référendum soit une réalité.


Est-ce que vous pensez qu’il y ait une solution médiane qui peut éviter au Burkina, les affres de l’embrasement ?


Vous savez bien que je ne suis pas devin. Néanmoins, je sais une chose : ce qui n’est pas interdit par la constitution est autorisé. Le référendum est un mécanisme constitutionnel. De ce point de vue, je ne vois pas pourquoi il y aura des difficultés. Tout bon démocrate devrait, sur cette question, appeler à voter « pour » ou à voter « contre ». Ainsi, en dernier ressort, le peuple de façon souveraine, sera le dernier décideur.


Le CDP dit d’ailleurs, qu’il n’y a pas de raisons qu’il y ait violence, car le référendum est démocratique. Mais, il divise. Pourquoi insister ?


Dans le monde, vous ne voyez pas que sur tous les grands sujets, il y a toujours des débats, des oppositions ou des avis contraires? Mais, on s’accorde sur un minimum. Ce minimum, ce sont les règles qui régissent la vie des partis et de la nation qui sont appliquées. Ce sont ces règles qui nous départagent, en dernier ressort. Vouloir tout autre chose, c’est emprunter des chemins qui ne s’inscrivent pas dans une logique démocratique.


Qu’est-ce que votre probable candidat, Blaise Compaoré, fera en cinq ans ce qu’il n’a pu faire faire en 27 ans ?


Je pourrais vous répondre sincèrement, après le congrès extraordinaire du CDP tel que recommandé par la première session du Conseil national. Ce congrès aura à apprécier le bilan du programme présidentiel « Bâtir, ensemble, un Burkina émergent » et à désigner le candidat du CDP à l’élection présidentielle de 2015.


Oui, que pourra-t-il apporter de nouveau ?


Vous me reposez la même question autrement et je pense avoir donné une réponse.


Et si demain par extraordinaire, Blaise Compaoré annonçait qu’il n’était plus intéressé par un 3e mandat, qui pour le remplacer, vu que beaucoup de candidats renâclent ?


Attendons de voir, puisqu’il ne nous a pas encore parlé d’une quelconque candidature ou d’un 3e mandat. Je ne voudrais pas être dans des hypothèses. Qu’il ne soit intéressé par un 3e mandat, je n’en sais rien. Mais je suis convaincu d’une chose, le président Compaoré est intéressé au développement continu de notre pays et il est soucieux du devenir du Burkina Faso. J’ai donc bon espoir qu’en temps opportun, il sera à l’écoute de la majorité de notre peuple.


Interview réalisée par

Dramane KONE

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