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Le Quotidien N° 1053 du 3/5/2014

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Insécurité à Ouagadougou : Cri du cœur des vigiles en galère
Publié le samedi 3 mai 2014   |  Le Quotidien




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Nous avons rencontré des acteurs de la sécurité à Ouagadougou, le 18 avril 2014, notamment les agents des sociétés de gardiennage, pour comprendre les conditions de vie et de travail de ceux-ci. Si la misère est la chose la mieux partagée dans le milieu des vigiles, certaines réalités diffèrent d’un vigile à un autre, au regard de la différence des employeurs. Pendant que certains travaillent dans des sociétés « fictives », en ce qu’elles existent de nom mais ne disposent pas de siège ; d’autres payent des salaires dérisoires à leurs employés, malgré qu’elles soient reconnues et tenues à certaines obligations. A l’issue de notre tournée, les vigiles ont lancé un cri du cœur pour l’amélioration de leurs conditions de vie, en vue de se consacrer corps et âme à leur métier qui contribue un tant soit peu à la quiétude et à la sécurité des populations dans les centres urbains.
La question de la sécurité est devenue préoccupante dans les centres urbains. D’où, l’apport non négligeable des agents des sociétés de gardiennage qui vient à point nommé renforcer l’action des forces de l’ordre qui sont, par moment, en nombre insuffisant ou mal équipées pour faire face à la criminalité grandissante. Nous avons fait un tour dans le milieu des vigiles pour comprendre leurs conditions de vie. Ce qu’on peut retenir, c’est que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, dans ce milieu qui est en proie à d’énormes difficultés. En témoigne le cas de Yida Sondo. Celui-ci est un jeune venu de Yako pour chercher de l’emploi dans la capitale, mais son rêve a tourné au cauchemar. « J’étais élève en classe de terminale. Mes parents n’ayant pas assez de moyens pour prendre en charge mes frais de scolarité, j’ai dû abandonner les études pour venir en quête d’un emploi à Ouagadougou. Dès mon arrivée, un monsieur m’a proposé le gardiennage avec un salaire de 40 000FCFA. Toute chose que je n’ai pas refusée. Ce monsieur m’a dit qu’un patron voudrait avoir un vigile devant sa concession. C’est ainsi qu’une société dénommée Yon’s security m’a embauché. Le directeur général de cette société, m’a fait signer un contrat. J’ai travaillé pendant trois mois avec cette société mais sans percevoir le moindre salaire. Je suis dans des difficultés », a -t-il témoigné. Pour Yida Sondo, ce qui est incompréhensible, chaque fois que ce dernier lui fixe un rendez-vous à un coin de la ville pour lui donner son salaire, il n’honore jamais sa parole. « Je l’appelle quand j’arrive au lieu du rendez-vous, mais il n’a jamais daigné s’y rendre. Je n’ai jamais connu le siège de la société. C’est par la suite que j’ai appris que la société n’en avait pas », a-t-il déploré. Pour Yida Sondo, la société a abusé de sa confiance en lui proposant du travail. « Il n’est pas intéressant que des employeurs mal intentionnés utilisent notre situation de chômeur pour s’enrichir malhonnêtement . Nous demandons à nos gouvernants de prendre leur responsabilité face à une telle situation. En sus, je n’ai eu aucune formation pour assurer mon travail. Je n’avais aucun matériel de travail », a-t-il regretté. Un des clients de cette société qui a voulu garder l’anonymat a confirmé les faits reprochés à la société Yon’s Security. « J’ai connu la société de gardiennage Yon’s Security par l’intermédiaire d’une autre société qui me l’a recommandée. Le directeur général, en la personne de Aristide Yoni, m’a promis de bonnes prestations. Mais en l’espace de quelques mois, on m’a changé 9 vigiles. Toute chose qui est exagérée et difficilement compréhensible. Chaque vigile qui vient a le temps de découvrir toute la concession. J’ai régulièrement versé la somme qui est due à la société, mais à ma grande surprise, le vigile qui est là depuis trois mois n’a jamais touché sa rémunération jusqu’aujourd’hui. Une fois, j’ai convoqué la société à la gendarmerie ville de Boulmiougou pour me plaindre. Le directeur général, qui m’avait dit qu’il était à Niamey la veille du jour de la convocation, a pu répondre le lendemain 3 avril 2014. Il a même pris des engagements de verser les salaires dûs au vigile. Jusqu’à présent, rien n’y fit. Il faut que cesse ce genre de manœuvres dolosives. A cette allure, nous avons bien peur que les sociétés de gardiennage dont on s’attache les services et qui devraient assurer notre sécurité puissent devenir une source d’insécurité pour les clients que nous sommes », a confié ce client. En tous les cas, nous avons vainement cherché à entrer en contact avec la direction de la société Yon’s Security pour mieux comprendre la situation. En l’absence d’un siège, selon les témoignages recueillis çà et là, nous avons utilisé sans succès les numéros téléphoniques affichés sur les documents de contrat. Les appels téléphoniques sur les contacts personnels du directeur général et de son assistant n’ont produit aucun fruit. La direction de la société est restée injoignable.
Les cas sont différents, mais avec une constante: la misère
Un autre vigile qui n’a pas voulu dévoiler ni son identité, ni celle de la société de gardiennage, nous a fait le témoignage de sa misère. « J’ai un salaire de 36 000 FCFA, mais au regard de la cherté de la vie, cette somme ne nous permet pas tirer notre épingle du jeu. Surtout pour nos collègues qui ont une ancienneté de service et qui ont une famille à prendre en charge, un tel salaire est véritablement insignifiant. En plus, nous travaillons dans des risques mettant notre vie en péril. Ces derniers temps, nous avons eu des camarades qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur travail, sans indemnisation des ayants-droit». C’est pourquoi, il a souhaité que les employeurs pensent à leur octroyer des indemnités de risque, fassent des déclarations des travailleurs à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) . Pour lui, il est important de les doter de matériels de travail comme les matraques, les tenues de travail pour leur permettre d’exercer efficacement leur travail.De l’avis d’Abraham Nikièma, d’une autre société de gardiennage, il n’est pas aisé d’être vigile. « C’est un travail qui demande beaucoup de rigueur et de vigilance, alors que pour la plupart du temps, les sociétés ne nous dotent pas de matériels adéquats pour mener à bien le travail. Le manque de torche, de matraque ou d’autres armes blanches, par exemple, constitue un casse-tête habituel qui ne nous permet pas d’être nous-mêmes en sécurité lors de l’exercice de notre travail », a-t-il fait savoir. Du point de vue salarial, il a expliqué que tout n’est pas rose, pour ne pas dire que tout est difficile. « J’ai un salaire de 28 000 FCFA et ce salaire n’est pas régulier. J’ai au moins 2 mois d’arriérés de salaire qui n’ont pas encore été payés jusqu’aujourd’hui. Lorsque les patrons ne veulent pas nous donner notre rémunération, ils nous disent que nous devrons avoir un retrait sur salaire, par exemple, parce qu’ils estiment que la tenue de travail n’est pas assez propre ou est en état de vétusté précoce pour défaut d’entretien », a-t-il déploré. Pour lui, tout ceci constitue un ensemble de réalités qui contribuent à la complexité de la tâche et à approfondir la galère des vigiles. Pour éviter que les hommes de sécurité deviennent une source d’insécurité parce que leur propre sécurité n’est pas assurée du point de vue sociale et salariale, il sera nécessaire que la question des vigiles soit passée au peigne fin par nos gouvernants, à travers une meilleure organisation du secteur .

Par Soumoubienkô Roland KI

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