Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Pays N° 5238 du 15/11/2012

Voir la Titrologie

  Sondage


 Autres articles

 Météo


Comment

Société

Bassiri Zango, manager general d’Epsilon Gold : « Notre société aiguise des appétits »
Publié le jeudi 15 novembre 2012   |  Le Pays




 Vos outils




Le 20 octobre dernier, une association d’orpailleurs appuyée par la population organisait une marche contre la société semi- mécanisée, Epsilon Gold Mining ltd, qui exploite le métal jaune dans le village de Banouassi dans la province de la Gnagna. Motif : exiger le départ de cette société dans un délai de vingt jours pour torture et maltraitance sur les populations riveraines. Toutes ces accusations sont battues en brèche par Bassiri Zango, manager général d’Epsilon Gold. Ce dernier voit une manipulation derrière toutes ces agitations dont l’objectif est de lui nuire et de lui retirer sa société semi-mécanisée dont les investissements sont estimés à ce jour à plus de deux milliards de F CFA. “ Il faut des solutions politiques et administratives », telle est la conviction de Bassiri Zango que nous avons rencontré le mercredi 31 octobre 2012 à Ouagadougou.

« Le Pays » : Le 20 octobre dernier, une association d’orpailleurs a organisé une marche à Bogandé pour exiger le départ de la société Epsilon Gold de son site. Avant toute chose, dites-nous comment vous avez commencé cette exploitation…

Bassiri Zango, General manager d’Epsilon Gold : L’origine est qu’en 1996, nous avons créé une société pour demander le permis de recherche qui s’appelait en ce moment Kalembaogo qui couvrait 400 km2. L’objectif pour nous, c’était de mener la recherche afin d’aboutir à la découverte du gisement pour commencer l’exploitation. De 1996 jusqu’en 2005, nous avons investi dans la recherche minière, ce qui nous a valu la découverte du gisement de Banouassi dont nous avons fait une étude de faisabilité technique et économique qui a abouti à sa mise en exploitation en 2006 après l’octroi d’un permis d’exploitation par l’administration des mines en 2005. Notre société s’appelle Epsilon Gold et emploie 97 personnes au total et nous avons fonctionné sans problèmes jusqu’aux événements du 5 au 8 avril 2011 qui ont vu le saccage total de nos installations.

A combien évaluez-vous les investissements pour l’installation de cette société minière ?

Au titre de la recherche et du capital investissement pour l’artisanat semi-mécanisé, nous sommes à un total de plus d’un milliard, 600 millions de F CFA.

On constate que depuis un certain moment, votre société fait face au mécontentement d’une association d’orpailleurs. Ces derniers vous accusent d’exactions sur les populations et pointent du doigt le comportement des CRS. Que répondez-vous à cela ?

D’abord, il faut qu’on nuance ce qu’ils appellent populations et ce qu’ils appellent orpailleurs parce qu’il y a une confusion sur ces appellations. Nous travaillons dans la zone depuis 1996 et en ce temps, l’orpaillage était géré par le Comptoir burkinabè des métaux précieux. Notre société n’a jamais fait d’orpaillage parce que ce n’est pas son domaine de définition. C’est une société de recherche et d’exploitation minière dont l’objectif est l’industrialisation. On a autorisé l’orpaillage sous réserve d’autorisation d’exploitation formellement attribuée et on a confié la gestion de l’orpaillage à des entités physiques. Donc, il n’y a pas de problème entre les orpailleurs et nous parce que ce sont deux entités distinctes. Les orpailleurs travaillent sur notre permis sous réserve d’autorisation et nous tenons simplement à exiger qu’ils respectent le cahier des charges que l’administration des mines a défini en matière d’exploitation artisanale.

Mais, comment on peut expliquer les événements d’avril 2011 et d’octobre 2012 où on a vu les orpailleurs vous donner un ultimatum pour quitter les lieux ?

Ça, c’est un faux problème. Je dirais que la façon dont l’orpaillage était géré sur notre chantier est en totale contradiction avec cet ultimatum. Les orpailleurs étaient connus, enregistrés et fichés et toute activité qu’ils mènent sur le terrain est notée jusqu’à la vente. De l’exploitation du minerai, du traitement, du transport jusqu’à la vente de leur production, tout est enregistré et signé. Nous n’avons jamais eu de problème avec les orpailleurs parce que tout était organisé avec leurs délégués. Toutes les préoccupations étaient soumises au responsable qui surveillait l’orpaillage et ils en discutaient pour essayer de trouver des solutions. Jusqu’à cette date, on n’a jamais constaté un problème insurmontable. D’abord, ils n’étaient pas nombreux, parce que c’était juste quelques dizaines de personnes. Mais maintenant, après le saccage de nos installations en avril 2011, nous avons demandé à tout le personnel de rentrer pour raison de sécurité. Et c’est après ce vide que les orpailleurs sont venus accaparer le chantier et les tranchées parce qu’on en avait fait énormément pour la recherche. Et toutes les structures aurifères avaient été mises à jour. Ces derniers sont venus et ont trouvé un terrain libre et ont commencé à l’exploiter de façon illégale. D’où maintenant l’apparition du syndicat qui n’est venu qu’après coup en 2012 pour essayer de gérer cette activité d’orpaillage qui était illégale. Ils ont mis leur structure en place et faisait payer aux orpailleurs la somme de 25 000 F CFA par semaine. Ils avaient leur justice et c’était un Etat dans un Etat. Cette structure qui s’appelle syndicat des orpailleurs est venu jeter le discrédit dans la zone. En fait, ce sont des gens qui pillaient les orpailleurs dans la réalité en imposant leur loi. En ce qui concerne le problème des CRS, quand ces derniers sont arrivés pour déguerpir le site, il y avait plusieurs orpailleurs de différentes nationalités avec plusieurs acheteurs illégaux qui régnaient en maîtres dans ce lieu. Quand la CRS est arrivée, il n’y a eu aucune résistance parce que les orpailleurs savaient qu’ils étaient en situation illégale et ceux-ci ont libéré les lieux sans s’opposer. Quand on accuse la CRS, cela me surprend parce que les même, qui font ces accusations (on a tué des gens, on a enseveli des gens) sont les mêmes qui étaient devant pour identifier les trous à reboucher. Quand la CRS a fait son travail de façon remarquable, on a installé un poste qui assure la sécurité sur le site et il n’y avait plus d’orpaillage. Ils ont massacré la zone sur 2 km2, il n’y avait plus de voie d’accès au site ; de même, tous les arbres menant au site ont été détruits. Ce syndicat accuse la CRS alors que dans une de sa correspondance adressée au ministère des Mines, il reconnaît publiquement que les forces de sécurité ont déguerpi les gens sans brutaliser personne. Donc, vous voyez avec de telles contradictions, c’est de l’intoxication et de la désinformation que ce syndicat met sur la place publique.

Lors des marches, ils sont allés remettre des revendications au haut- commissaire de la Gnagna et on a vu des vieilles personnes se plaindre des traitements inhumains de votre société …

On comprend. Ce sont leurs méthodes : désinformer et tromper le maximum de personnes afin de gagner l’opinion publique par rapport à leur lutte. Le syndicat est arrivé dans la zone en 2012. D’où viennent toutes ces informations ? Pourquoi s’il y a eu des actes condamnables de la part de la société, aucune plainte n’a jamais été déposée ? Nous, on est surpris qu’on parle de mort de personne, qu’on parle d’assassinat, qu’on parle de femmes qui ont perdu leurs grossesses sans qu’aucune plainte n’ait été déposée. En tout cas, je trouve tout cela étrange. Donc, cette marche est un moyen utilisé pour nuire à la société et tromper l’opinion publique.

Donc, toutes ces accusations contre votre société sont archi-fausses ?

C’est totalement archi-faux ; il n’y a jamais eu de mort encore moins de violences sur les populations.

Mais, est-ce qu’un cadre de discussion a été mis en place pour sortir de cette crise ?

Mais, comment des orpailleurs illégaux qui n’ont pas d’adresse, qui n’ont pas de permis et qui n’ont d’autorisation peuvent se targuer de pouvoir déguerpir une société qui est en règle ? Tout cela, ce sont des stratégies qui coïncident avec une période électorale et donc, ils jouent avec cette période pour influencer les politiques. Voilà la vérité.

Est-ce que depuis l’éclatement de cette crise, l’Etat s’est investi pour une issue ?

Quand le problème s’est posé, le Premier ministre et le ministre en charge des mines nous ont soutenu et nous ont manifesté leur solidarité en promettant de tout mettre en œuvre pour permettre à la société de rentrer dans ses droits et de reprendre ses activités. Effectivement, cela s’est passé même si on a mis pratiquement un an avant de pouvoir reprendre l’activité.

Est-ce que sur le plan financier, vous avez été dédommagé ?

Sur le plan financier, nous n’avons pas eu de compensation financière. Le total des pertes est évalué à plus de deux milliards de F CFA, mais nous espérons qu’avec le temps, nous trouverons une solution. Même si ce n’est pas financier, peut-être d’autres moyens permettront à la société de redémarrer ses activités.

Vous avez tantôt laissé croire que derrière ces manifestations, se cache une manipulation politique. Soyez plus explicite…

Exactement. Comme je vous le disais tantôt depuis l’éclatement de la crise en 2007, avec le problème de sécurité à Pièla, certains politiciens l’ont beaucoup utilisé et continuent de l’utiliser. Qu’est-ce qui s’est passé ? Les acheteurs frauduleux promettent toujours de soutenir et de financer la campagne de certains hommes politiques de la localité pour une protection au niveau de l’administration à Ouagadougou. Certains politiciens effectivement ne cherchent pas à comprendre et ne cherchent que des voix électorales. Ils ont décidé de manipuler la population, de manipuler les consciences, espérant avoir des voix électorales.

Pour vous, ces hommes politiques qui tirent la couverture sur eux sont de quel bord ?

Je m’abstiendrai de le dire parce qu’on les connaît ; Comme on le dit, tout le monde se connaît dans ce village. C’est pourquoi, ils ont choisi le début de cette campagne électorale pour faire du bruit. C’est une pression politique qu’ils veulent faire à un niveau donné. On utilise la population et les orpailleurs pour faire des pressions politiques.

Avez-vous l’impression que des gens tapis dans l’ombre veulent vous retirer votre société ?

Ce n’est même pas une impression, ce n’est pas un doute. Comment peut-on demander à une société légalement installée de déguerpir son site d’exploitation ? S’il en est ainsi, cela veut dire que toutes les sociétés minières du Burkina vont disparaître ! Il y a un groupuscule d’orpailleurs qui est manipulé pour qu’on nous retire la propriété de la société. C’est cette manigance qui existe depuis longtemps, parce qu’on a investi beaucoup et franchement, on avait prévu d’arriver à la petite industrie en 2013. Notre société aiguise l’appétit de certaines personnes.

Avez-vous réalisé des investissements sociaux dans la localité ?

Ce fut notre première préoccupation pour nous intégrer, parce que nous voulions que la société appartienne au village. Nous avons fait de nombreuses réalisations socio-économiques, que ce soit au niveau de la santé, de l’hydraulique villageoise, de l’éducation, des petits projets de développements, etc. Nous avons investi sur le plan social plus de 20 millions de F CFA dans la zone.

A ce stade quel est selon vous, la solution pour sortir de cette crise ?

Nous sommes reconnaissants aux autorités de notre pays pour le soutien dont nous avons bénéficié depuis les évènements d’avril 2011. Et nous espérons que cet appui va se pérenniser. Il faut dire que l’ambassade du Canada a pris aussi des initiatives pour soutenir les exploitations semi- mécanisées et nous leur en sommes reconnaissants. Nous pensons qu’à ce stade, il faut des solutions politiques et administratives pour permettre aux PMI/PME du secteur minier d’être viables.

Propos recueillis par Ambèternifa Crépin SOMDA

 Commentaires