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Sidwaya N° 7652 du 25/4/2014

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Dr Patrcie Combary, coordonateur du programme national de la lutte contre le paludisme: « Un vaccin attendu en 2015 »
Publié le samedi 26 avril 2014   |  Sidwaya


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© Autre presse par DR
Lutte contre le paludisme


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Le paludisme est la première cause de mortalité en Afrique. Au « pays des Hommes intègres », plusieurs actions sont entreprises pour son éradication comme nous l’indique dans cet entretien, le coordonateur du programme national de la lutte contre le paludisme, Dr Patrice Combary.

Sidwaya(S) : Le monde entier commémore chaque 25 avril, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Au Burkina Faso, quelle sera la particularité de cette commémoration cette année ?

Patrice Combary (P.C) : La spécificité de cette commémoration au Burkina Faso, c’est que depuis deux ans, nous essayons de la couplée avec la Journée mondiale de la santé. Cette année, nous avons décidé de la commémorer en différé le 10 mai à Koudougou sous le thème : « Investir dans l’avenir et vaincre le paludisme ». C’est le thème de l’année dernière qui a été reconduit. Ce thème se fixe comme objectifs, de dynamiser les engagements en faveur de la lutte contre le paludisme. Mais aussi, d’essayer de voir comment vaincre ce fléau qui constitue un problème important dans nos pays en développement.

S : Quel est l’état des lieux de la lutte contre le paludisme au Burkina Faso ?

P.C : Le paludisme au Burkina Faso constitue toujours un problème majeur de santé publique. Si nous nous référons aux statistiques pour étayer cela, il constitue le premier motif de consultation, d’hospitalisation et de décès. En 2013, il a constitué près de 45% des motifs de consultation, plus de la moitié des motifs d’hospitalisation, et plus du tiers des décès ont été attribués au paludisme dans nos formations sanitaires. Cela est encore plus criard chez les enfants de moins de 5 ans. En 2005, nous avons enregistré dans les formations sanitaires, plus de 7 000 000 de cas de paludisme, avec malheureusement, près de 400 000 cas de paludisme grave, avec environ 6 000 décès avec une létalité d’environ 1, 4 % qui est en régression par rapport à celui de 2012 qui était de 1,8%. Il s’agit vraiment d’une maladie tropicale qui entrave le développement humain, surtout l’économie nationale et l’économie de l’ensemble des ménages affectés. Elle réduit l’espérance de vie, joue sur l’éducation des enfants par leur absentéisme à l’école. Les paludismes graves peuvent entrainer des séquelles, la surdité, etc. Quand les enfants sont malades, les ménages aussi dépensent énormément pour résoudre ce problème parce qu’en période hivernale, ce n’est pas une seule personne qui est atteinte dans la famille. Comme toute la population du Burkina Faso est exposée, il y a des fortes chances que vous ayez plusieurs cas de paludisme au niveau des ménages.

S : Les recherches sont-elles avancées dans le domaine ? A quand le nouveau vaccin contre le paludisme ?

P.C : Les recherches sont avancées mais pas un vaccin avant 2015. Nous avons la chance d’abriter dans notre pays un centre de recherche qui contribue avec au moins 11 centres de recherches en Afrique pour pouvoir fabriquer ce vaccin qui ne sera pas attendu avant 2015. Le vaccin ne viendra pas résoudre tous les problèmes du paludisme. Parce qu’il est orienté vers les enfants de moins de 1 an. S’il réussit, nous allons le mettre dans le Programme élargi de vaccination(PEV) pour diminuer les décès chez les enfants de moins de 5 ans.

S : Parlant d’investissement, le Burkina Faso a organisé une campagne nationale de distribution universelle de moustiquaire imprégnée d’insecticide à longue durée d’action. Quel bilan pouvez-vous dressé de cette campagne nationale ?

P.C : En 2010 et 2013, le Burkina Faso a organisé des campagnes universelles de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. En 2010, nous avons distribué près de 6 600 000 moustiquaires et environ 9 700 000 moustiquaires pour l’ensemble de la population en 2013 et près de 96% des ménages ont pu avoir des moustiquaires. Nous déplorons malheureusement, le fait que certains ménages ne sont pas venus chercher leurs moustiquaires. D’autres peut-être ne savaient pas, que même avec la perte du bon, en venant dans les formations sanitaires, l’on pouvait leur donner les moustiquaires. Nous avons une certaine quantité de moustiquaires mais malheureusement, nous sommes obligés d’arrêter la campagne pour faire le bilan, car nos partenaires nous le demandent. Et les moustiquaires qui restent, nous allons les distribuer aux femmes enceintes. Nous distribuons des moustiquaires aux femmes enceintes au cours de leur grossesse.
Une deuxième action, nous menons une lutte anti-larvaire au niveau de la ville de Ouagadougou, la pulvérisation extra-domiciliaire, dans les caniveaux pour réduire le paludisme. Toujours dans le domaine de la prévention, nous avons le traitement préventif intermittent chez la femme enceinte et nous donnons gratuitement des comprimés pour protéger la femme contre le paludisme après le premier trimestre de la grossesse en donnant trois comprimés par mois jusqu’à l’accouchement. Quand on est malade, pour le traitement, on fait un diagnostic par le test de diagnostic rapide qui est gratuit dans toutes les formations sanitaires. Les médicaments sont subventionnés à raison de 100 F CFA pour les enfants de moins de cinq ans, à 200 F CFA pour les enfants de 6 à 13 ans et de 300 F CFA pour les adultes. Si le paludisme par hasard devient très grave, il y a un premier kit qui permet de prendre en charge rapidement le malade. Car, c’est le paludisme grave qui cause les décès. Le coût de ce kit est estimé à environ 9000 F CFA chez les enfants et chez la femme enceinte à environ 19 000 F CFA. C’est pour dire que chaque personne qui vient pour un paludisme grave bénéficie de ce kit.

S : Des informations qui vous parviennent, ces moustiquaires ont-elles été utilisées à bon escient ?

P.C : Nous sommes en train de faire une évaluation dont les résultats sont attendus pour cette année. Cela permettra de connaitre vraiment le taux d’utilisation des moustiquaires à travers tout le territoire national. Mais en 2010, une étude a été faite et qui a montré que 93% des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans utilisaient les moustiquaires. Et l’ensemble de la production était utilisé à un pourcentage de 77,7%. Notre objectif est d’au moins 80% pour avoir un effet sur la réduction du paludisme.

S : La commémoration des journées mondiales constitue toujours des occasions de célébrer des victoires. Quels sont les acquis engrangés dans le domaine de la lutte contre le paludisme au Burkina Faso ?

P.C. : Le premier acquis en matière de lutte contre le paludisme, c’est que nous arrivons à le diagnostiquer avant le traitement. Auparavant, on le suspectait pour faire le traitement. Maintenant, nous avons des tests de diagnostic rapide. Aussi, nous avons pu faire deux campagnes de distribution universelle de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action. Ce qui s’est révélée satisfaisante. Le ministère de la santé a fait un effort pour décentraliser les centres de santé passant par le nombre de contact par habitant de 0,3 en 2002 à 0,77 en 2012. Nous avons aussi formé des agents communautaires qui traitent le paludisme dans les villages. C’est-à-dire, que dans chaque village, quand l’enfant a la fièvre, il y a un agent de santé communautaire qui est prêt à lui donner le médicament pour éviter que le paludisme soit très grave. Voici globalement, les gros acquis que nous avons eus dans le cadre de la lutte contre le paludisme.

S : Cette année, quelles seront les activités qui vont meubler la journée commémorative ?

P.C : Les principales activités, sont des activités de sensibilisation à travers le Burkina Faso par le biais des différents médias, une exposition de toutes les stratégies que nous utilisons pour vaincre le paludisme, des conférences, etc.

S : Cette année, la dingue a créé la psychose au sein de la population à tel point que certains la confondaient au paludisme. Qu’en était-il exactement ?

P.C : La dingue est une maladie à part. Mais malheureusement, les signes de la dingue ressemblent à ceux du paludisme. Elle se manifeste par la fièvre, les céphalées, les frissons, etc. Parfois au niveau de la dingue, il y a des signes hémorragiques. A 90%, les signes se ressemblent et les gens les confondent. Sinon, ce sont des maladies complètement différentes. Maintenant que nous avons les tests de diagnostic rapide, si l’on fait le test que c’est négatif, nous pouvons penser peut-être à une autre cause de fièvre telle que la dingue. Mais avant, avec la suspicion et sans diagnostic, c’était un peu difficile de le détecter.

S : Quel appel avez-vous à lancer à la population pour que la lutte contre le paludisme soit un succès au Burkina Faso ?

P.C : Nous demandons à l’ensemble de la population d’utiliser tous les jours, les moustiquaires distribuées en 2013. Surtout les personnes les plus vulnérables à savoir les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Aussi, en cas de fièvre, il faut aller rapidement dans les centres de santé pour se faire dépister pour voir si l’on a le paludisme et se faire traiter rapidement chez le médecin ou chez l’agent de santé communautaire. Cela permettra d’éviter que le paludisme simple ne devienne grave. Il faut observer aussi, les mesures d’hygiène parce que le paludisme est dû, à la prolifération des moustiques dans des zones insalubres. Si nous assainissons notre cadre de vie, l’Etat va se charger d’assainir la ville. Et je pense qu’on pourra réduire considérablement les cas de paludisme dans notre communauté.


Abdel Aziz NABALOUM

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