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Le Pays N° 5588 du 18/4/2014

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Situation nationale : attention, danger !
Publié le lundi 21 avril 2014   |  Le Pays


Opposition
© Autre presse par DR
Opposition burkinabè : ça tangue à Ouaga pour Blaise Compaoré


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On assiste actuellement à des dérapages langagiers qui risquent fort de déchirer le tissu social déjà durement éprouvé. En effet, les propos incendiaires et indécents que tiennent certains hommes politiques au cours des meetings et contre-meetings qui se succèdent, attisent la haine. Lors d’un des meetings dans une grande ville du Burkina où il y a beaucoup de chenilles à manger, et auquel j’ai assisté dans le but de glaner quelques morceaux de viandes et de grains de riz pour mon repas du soir, un homme politique s’est illustré négativement par la vulgarité de ses propos. Même moi fou ne me permettrais pas de répéter ce qu’il a dit. Il a traité ses adversaires de tous les noms d’oiseaux. Pire, il a demandé à Dieu de brûler les fesses de ses anciens camarades de lutte. Devant une grande foule rassemblée, je ne sais comment - mais je sais seulement que l’essence était gratuite pour ceux qui voulaient participer au meeting - il a accusé sans aucune preuve peut-être l’un de ses adversaires d’avoir détourné une route qui était destinée à sa ville. Le caractère probablement diffamatoire et vulgaire de ses propos m’ont fait oublier ma faim. Sans être un homme de foi, j’étais obligé de prier pour lui afin que le Seigneur adoucisse son cœur et le ramène sur le droit chemin. Il faut vraiment que le Tout-Puissant aide le Burkina car il n’y a pas que cet homme seul qui tienne de tels propos. D’autres hommes politiques en font autant avec une légèreté déconcertante. Certains pensent que les injures élèvent un homme politique. Bien au contraire ! Cela le rend vulgaire. Même fou, je suis conscient que la situation sociopolitique au pays des Hommes intègres est explosive et que chacun doit jouer balle à terre. Hélas, certains de nos hommes politiques ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Ils sont même prêts à calomnier leurs géniteurs, juste pour se faire remarquer par le prince dans l’espoir que le moment venu, ce dernier les récompensera à la hauteur de leurs bravades, en leur offrant des strapontins. Quelle morale peut-on enseigner aux jeunes devant lesquels on se livre à de telles bassesses ? Je ne suis pas un homme politique mais je sais que la politique, ce n’est ni la guerre ni l’inimitié. Il n’y a pas de grandeur à vilipender son adversaire politique. On peut accepter ou du moins, comprendre que des hommes politiques se lancent des piques. Mais aller jusqu’à demander à Dieu de punir ses anciens compagnons de lutte, ça ne vole pas haut. Dans ses messages, un homme politique doit savoir faire la part des choses en ne tenant pas des propos incendiaires ou diffamatoires, mais plutôt des propos constructifs et responsables. Aucun peuple n’éprouve du plaisir à écouter des propos qui peuvent conduire à la haine. Si des hommes dits lucides se comportent ainsi, comment veulent-ils que nous autres marginaux fassions ? Le pays est à la croisée des chemins. Et même fou, je ne suis pas le seul à avoir peur pour le Faso car il y a un véritable danger à l’horizon. Gageons que les uns et les autres se ressaisiront car si le Faso prend feu, personne ne sera épargné. En tout état de cause, l’histoire jugera chacun selon ses actes. A force de tirer sur la corde, on est en train de consacrer, si ce n’est déjà fait, la cassure de la société burkinabè sans penser aux graves conséquences qui pourraient en résulter.


« Le fou »

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