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Aujourd`hui au Faso N° 40 du 18/4/2014

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Fidèle Hien (membre du Haut conseil du MPP) : «Le référendum nous conduira au chaos»
Publié le dimanche 20 avril 2014   |  Aujourd`hui au Faso


Fidèle
© Autre presse par DR
Fidèle Hien, membre du Haut conseil du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)


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Il fait partie de cette race d’hommes politiques burkinabè pétris d’expériences. Lui, c’est Fidèle Hien, un des pères fondateurs de l’ODP/MT, qui est allé ensuite à l’ADF, puis à l’ADF/RDA, à l’UNDD, à l’UDPS, pour enfin créer sa propre formation, la CDN. Aujourd’hui, membre du Haut conseil du MPP, il profite de cet entretien pour regarder dans le rétroviseur personnel, évoquer la vie politique du pays et, immanquablement, la problématique de l’alternance intimement liée à la question de l’article 37.

Aujourdh'ui au Faso : Fidèle Hien, considéré comme un trublion de la politique burkinabè, est atone, depuis quelques années. Pourquoi ?


Fidèle Hien : Trublion, c’est votre opinion. Atone, oui, en partie, parce que j’ai fait un choix depuis 2009. J’ai dit que l’Assemblée nationale ne m’intéressait plus. Et j’ai passé la main à un plus jeune et j’entendais m’occuper de ma carrière, parce qu’après tout, je suis un scientifique, un expert, je suis un consultant et je voulais m’occuper de ma carrière professionnelle.

Le hasard a voulu que je me retrouve au Millennium challenge account (MCA) pendant près de six ans, en tant que directeur des évaluations environnementales et sociales ; ça c’est un poste d’expert. Ce qui ne m’a pas empêché de gérer un parti politique. Mais bien entendu, ma décision de me mettre en recul, était fondé et j’ai voulu donc l’assumer.

Aujourd’hui, j’ai quitté le MCA pour diriger mon cabinet et je vous assure que j’ai retrouvé ma liberté de parole, par rapport à la position que j’occupais au MCA.

Parlons un peu de la Convention démocratique nationale (CDN), votre parti d’origine. Que s’est-il passé avec Djédjouma Sanou, pour en arriver à cette séparation fracassante ?

Ceux qui ont suivi, savent que cette séparation que vous dites fracassante, est survenue, lorsque en 2010, il s’agissait de la présidentielle. Pour notre parti, l’UDPS, il s’agissait d’aller à cette élection ou de soutenir un candidat de l’opposition.

Un pan important avait décidé de soutenir un candidat de l’opposition. Mais, Djédjouma Sanou et ses amis avaient décidé du contraire, et avaient pensé le contraire. La position que nous avons prise, majoritairement même au sein de l’organe dirigeant du parti, a été contestée auprès des autorités administratives qui lui ont curieusement donné raison. C’est ça aussi, l’administration de ce pays, malheureusement; et nous avons bien compris que Djédjouma Sanou a une grand-mère aux funérailles.

L’administration lui ayant donné raison, malgré le caractère tout à fait régulier de notre démarche, nous n’avons pas jugé utile d’insister. Nous avons décidé de ne pas disparaître, de démontrer à Djédjouma que sans lui, nous restons les mêmes et sans nous, il n’est presque rien.

D’ailleurs, les résultats des élections couplées de décembre 2012 ont parfaitement, montré la mesure de la situation donc, on ne boxe pas dans la même catégorie. C’est une situation malheureuse, l’opposition crédible avait décidé d’y aller, sauf lui. Posez-lui la question, je crois qu’il aura des choses à vous dire.

Au fait, la CDN a engrangé combien de mairies, aux dernières municipales ?

Nous avons repris le parti en main en juin 2012, et il fallait aller aux élections en décembre 2012. Nous avons opté de concentrer ses forces, là où il estimait avoir des chances, plutôt que de faire un peu comme l’araignée, de semer pour récolter des dividendes de financement publics qui sont tout à fait, ridicules.

Je crois que beaucoup de partis s’en sont rendus compte et l’ont appris à leurs dépens. Nous avons concentré nos efforts dans huit communes et nous avons engrangé 34 conseillers. Dans l’une de ces communes, nous avons pratiquement fait jeu égal avec le parti majoritaire, en termes de suffrages. C’est aussi cela, on a quelques fiefs desquels on ne peut pas nous extirper.

Vous voilà tous deux dans le MPP. Que de chicaneries, alors que rien ne vous opposait fondamentalement, pour être ensemble, encore au MPP. Pourquoi ?

Nous, à la CDN, depuis avril 2013, nous avions engagé des contacts avec une frange des cadres du CDP, dès lors que nous avons senti les remous, après le congrès de mars 2012. En fait depuis 2010, notre conviction était fondée qu’il n’y aura jamais d’alternance dans ce pays, tant que le CDP n’implosera pas. Tant qu’il restera cette machine, il ne pouvait pas y avoir d’alternance. En cela, nous donnions raison à Norbert Zongo.

A partir de ce instant 2010, et sur la base de cette conviction, lorsque le congrès du CDP a provoqué ce que vous savez, nous sommes rentré en contact avec certains cadres et nous avions quelques échanges un peu suivis, jusqu’à la fin de l’année 2013.

Nous avons suivi, pas à pas, la maturation de ce projet, et sur la base de la conviction que l’opposition dans son format de 2013, et malgré le coup de fouet managérial du CFOP, il était clair que tant que le CDP n’était pas frappé en plein cœur, l’opposition n’était pas en mesure de réaliser une alternance. Donc, lorsque le fruit a commencé à mûrir, nous avons pris la décision que si le CDP cassait et qu’une frange rejoignait l’opposition, une partie de l’opposition avait intérêt à faire la jonction, afin de réaliser l’alternance.

Alors, lorsque c’est arrivé, il se trouvait que c’était des camarades avec lesquels nous avons créé l’ODP/MT en 1989. On a milité pendant la Révolution, dans des groupes communistes, et on a fondé l’ODP/MT, sous le Front populaire, avec la conviction de mettre le pays sur les rails de la démocratisation.

Très tôt, j’ai quitté ce parti pour des divergences d’approche avec les structures de ma province, mais j’ai le sentiment que ceux qui ont quitté le CDP qui sont des gens que je connais et avec lesquels j’ai gardé des relations très suivies, ont retrouvé les valeurs communes que nous partagions en 1989, à savoir mettre le pays sur la bonne voie et mettre définitivement, fin au régime d’exception.

Maintenant, ils ont allés loin avec un système dont ils se sont rendus compte de la vraie nature. Ils avaient toujours les fondements démocratiques en eux, et ils se sont rendus compte qu’ils ne sont pas des caïlcédrats, mais plutôt des fromagers. Donc, les fromagers se retrouvent et le peuplement se reconstitue.

Notre décision d’aller au MPP a été prise avant que les démissions n’interviennent ; c’est pour cela qu’en février 2014, nous avons organisé une réunion du BPN, et le 15 mars, notre congrès a décidé de fusionner avec le MPP. C’est à cette période que Djédjouma m’a appelé pour me dire : «Mais Fidèle, tu es devenu socio-démocrate» ? J’ai répondu, en disant que j’ai toujours pensé à gauche ! Il m’a dit qu’eux, ils hésitaient encore. Aujourd’hui, il a rejoint, mais c’est ça aussi, la politique.

Votre éclipse vous a été propice dans une certaine mesure, puisque vous avez travaillé pendant 5 ans au MCA, ce qui vous a requinqué, financièrement. Aujourd’hui, vous avez un cabinet. Etait-ce pour vous refaire une santé, côté argent ?

Vous savez, cinq ans au MCA, au plan professionnel, je l’avoue, je me suis réalisé. Cela m’a permis d’évoluer à un autre niveau avec de nouvelles méthodes de travail et d’exigences. Le MCA et le MCC, c’est un autre niveau d’exigences, en termes de rendement, d’exigences. J’ai donné ce que j’avais de meilleur, mais aussi, j’ai pris ce que je pouvais prendre de cette expérience, au regard de l’envergure de ce programme et des relations que nous avons pu tisser avec le MCC.

Maintenant que je me sois requinqué financièrement, je dis que je ne suis pas appauvri comme au moment où je sortais de l’Assemblée nationale, d’où je suis, sorti aussi pauvre qu’au moment où j’y entrais. Au MCA, je ne me suis pas appauvri, même si j’avais une marge de manœuvre très difficile, mais j’ai appris à travailler sur plusieurs fronts. J’ai construit des bases, qui m’ont permis de réaliser un vieux rêve pour le reste de ma carrière. Le MCA, pour moi, c’était un nouveau défi, à travers lequel j’ai beaucoup appris.

Vous avez été ministre de l’environnement et de l’eau, de 2000 à 2002. Qu’est-ce qui vous a poussé à entrer au gouvernement ?

Rien ne m’y a poussé, c’était la conjoncture politique de l’époque. J’étais dans un parti d’opposition, l’ADF/RDA. Vous savez ce qui s’est passé, après le crime de Sapouy. La tentative de former un gouvernement d’union, en 1999, n’était pas loin. Le chef de l’Etat s’est retrouvé contraint d’élargir son exécutif à la recherche du consensus, à travers un autre gouvernement dans lequel nous avons exigé qu’il y ait un protocole écrit.

Qui détermine clairement les missions que nous devons assurer, mais aussi, les termes de cette mission. C’est du reste pourquoi, on a appelé ce gouvernement, un gouvernement de protocole. C’est dans ce gouvernement que je me suis retrouvé deux ans durant, donc rien ne m’y a attiré, c’est par la force des choses et le choix de mon parti de me proposer au poste de ministre de l’environnement et de l’eau.

Du reste, votre ex-partenaire, Djédjouma Sanou, a fait aussi l’expérience gouvernementale, en tant que ministre de l’habitat. Est-ce que ce n’était pas tout simplement, une question de poste qui vous a divisés ?

On n’était pas du même parti, lorsqu’on s’est retrouvé au gouvernement. On était loin de penser que lui «sankariste, et moi, pas sankariste pour un sou», je l’ai toujours affirmé.

Bien que j’aie beaucoup d’admiration pour Thomas Sankara et que je fasse partie de ceux qui ont été affectés par les évènements du 15 octobre 1987. Je ne suis pas sankariste. Djédjouma Sanou était un sankariste enfoncé, et il a quitté le sankarisme et moi, j’ai quitté l’UNDD.

C’est de cette démarche avec la CNDP de Alfred Kaboré qu’est née l’UDPS. Donc ça, c’était bien après l’expérience du gouvernement, quand nous étions à l’Assemblée. Voilà, c’est ça l’histoire. Aucune question de poste ne nous a divisés, la raison de notre rupture, c’est ce que je vous ai dit au début. C’est le fait qu’il ait refusé de se plier à la décision de la majorité au sein de son parti, la CND.

A l’époque, le bruit a couru que lors des législatives de 2002, vous avez trimbalé des valises bourrées d’argent que vous avez distribué à tire-larigot, d’où votre élection. Fadaises ou y a-t-il un fond de vérité ?

En 2002, après ces élections, il y a eu un hebdomadaire de la place qui a balancé que j’avais détourné plus de 200 millions du Programme «Saaga».

C’est apparemment ça, les valises d’argent que j’aurais distribué, pendant cette campagne. Mais, je vous assure, à travers une interview dans les colonnes de L’Observateur Paalga, j’ai demandé que ceux qui accusent, poussent le dossier en justice. Même en tant que parlementaire, j’ai demandé que mon immunité soit levée, pour que je réponde à cette accusation. En son temps, j’ai fourni les explications que c’était un parfait montage, que nul ne peut détourner l’argent d’un projet, s’il n’est ordonnateur du budget.

Comment vous pouvez ? Mais, cela relève d’une vieille pratique du CDP, quand il avait du mal face à un opposant. On essaie alors de lui nuire, en lui faisant porter toute sorte de casse. Mais, je peux vous ressortir tout le budget de cette campagne, y compris les sources de financement.

Vous ne verrez ni argent public, ni détourné, il s’agit de petits sous posés, petit à petit, grâce à des amis qui ont cru en nous. Ce n’était pas un budget faramineux, mais nous l’avons utilisé avec l’intelligence qui est la nôtre, tout, pour faire ce résultat, simplement parce qu’au-delà de cette question, c’est aussi une relation personnelle qui nous liait aux populations du Sud-ouest et cette relation personnelle est demeurée jusqu’ici.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à adhérer au MPP ?

Comme je l’ai expliqué au début. L’opposition, malgré les mues intervenues, avec la capacité managériale du nouveau CFOP, est restée la même. Vous savez, mon expérience, je la tire du concept de «Alternance 2005».

Ce mouvement de l’opposition, au sein duquel les meilleurs partis d’opposition s’étaient retrouvés pour réaliser l’unité dans la perspective de la présidentielle de 2005. Des règles et des consignes ont été adoptées à l’unanimité. Mais, il y a en qui, toute honte bue, ont décidé que ces règles ne s’appliquaient plus à eux, et qui se sont présentés, malgré tout ce qui avait été décidé pour identifier la candidature unique ou les trois candidats de l’opposition.

Bref, si l’on revient au contexte actuel en 2013, après les marches et contre-marches, lorsque la mayonnaise a commencé à prendre et que tous ont compris que le peuple qui en avait assez, pour une fois, s’est réveillé pour dire : on ne veut pas d’un pouvoir à vie, au sein de l’opposition, les petites maladies, les maladies infantiles ont résurgi immédiatement. Dès le mois de septembre 2013, ç’a commencé exactement, comme ils savent le faire depuis 2000. Du coup, je me suis dit que ce n’est pas avec des gens atteints de cette maladie incurable que le salut viendrait, tant que le CDP ne cassera pas.

Nous avons estimé que c’était nécessaire que ce parti casse, parce qu’ils y a des cadres qui croient en la démocratie et qui défendent les vertus de l’alternance pour le développement d’un pays. Alors, nous avons décidé d’aller avec eux, avant même que leurs démissions n’interviennent.

Pensez-vous que le MPP incarne réellement, aujourd’hui, l’alternance ?

Le MPP est un mouvement qui peut parfaitement aider à réaliser l’alternance. Mais, il faut que les démocrates et patriotes de l’opposition, de la société civile aient intérêt à faire mieux que de jouer à ce jeu qui consiste à dire que : «Moi, je serai candidat» ! En sachant que sortir avec 0,1% du suffrage exprimé n’est pas honorable.

J’ai beaucoup de fierté pour me présenter dans ces conditions. Je préfère sacrifier mon égo, pour travailler à l’avènement de cette alternance, parce qu’il s’agit de l’avenir de mes enfants, de nos enfants. J’ai de grands enfants qui ont eu la chance de faire de hautes études, mais tous n’ont pas réussi à avoir un emploi décent. Lorsque je regarde toute cette multitude, ces milliers d’autres qui ont le même profil, dans ce pays, et où ils en sont, je reste inquiet.

Vous avez suivi, lorsqu’il s’agissait de recruter des opérateurs pour le compte de la CENI, vous comprenez toute la détresse de ces jeunes. Ce sont pourtant, des diplômés d’université.

On est dans un système où il nous faut tout arrêter. Tous ces morts de la Révolution et en particulier de la Rectification, ce n’était pas pour aboutir à une gouvernance familiale, tout de même. Le Burkina Faso mérite mieux. Si tous ces sacrifices consentis devraient se résumer à l’histoire d’une famille, c’est tout simplement catastrophique.

C’est pour cela que j’étais désespéré des Burkinabè, et que j’ai plutôt la fierté d’avoir été Voltaïque, parce qu’à 21 ans, quand je votais en 1978, nous avons mis en ballotage le président de la république. Alors, ça, c’était des valeurs démocratiques. Donc, vous comprenez, toute cette détresse fait qu’au bout du compte, le MPP, en faisant voler en éclats le CDP, offre pour une fois, les conditions de réalisation d’une alternance.

Je crois que l’opposition, les démocrates, y compris ceux qui pensent que la politique n’est pas leur affaire, devraient comprendre qu’il faut réaliser d’abord l’alternance et après, nous déciderons de ce que nous allons faire. En tout état de cause, le MPP, lors de son congrès, a développé un agenda, un programme politique qui, il faut l’avouer, est assez claire, et qui permet de dire non, il n’est plus question de faire comme le CDP.

De ce point de vue, je crois que sans vouloir anticiper, nous donnons notre confiance au MPP ; et nous avons bon espoir que l’opposition démocratique aura bien compris le message, et travaillera à ce que ce nouveau parti réalise l’alternance et remette le pays sur la voie démocratique.

Vous connaissez un peu le CDP aussi, comment expliquez-vous que ce parti en soit arrivé avec ces départs massifs ?

C’est ce que j’ai dit tout à l’heure. Je connais l’ODP-MT, le CDP, je l’ai regardé de loin, mais on a tous observé, toutes les tares, les dérives, les plaies, les injustices qui ont été développées par ce parti avec pour finalité, de légitimer un pouvoir personnel.

En 1987, s’il n’y avait pas eu les hommes qui ont fondé l’ODP-MT, et ensuite, le CDP, le président Blaise Compaoré n’aurait pas tenu. Ils ont travaillé à créer les conditions pour lui permettre de rester, ensuite Blaise Compaoré a utilisé les mêmes hommes pour réaliser un dessein qu’il disait pourtant ne pas rechercher, à savoir s’accrocher au pouvoir.

Il l’avait dit, mais aujourd’hui, on voit bien où est-ce qu’on en est, c’est devenu une affaire de famille. Même ceux qui ne sont pas autorisés à parler au nom des institutions ou au nom des partis politiques ont commencé à dire : on va organiser un référendum.

Donc, vous comprenez que si rien n’est fait, la maladie de la famille Compaoré est celle qui va tuer le Burkina Faso. Moi, je refuse, à mon avis, tous ces sacrifices enregistrés dans notre pays ne peuvent pas aboutir à cela.

Le Burkina Faso semble aujourd’hui, suspendu. Fidèle Hien a-t-il quelques solutions ?

Moi, je suis militant de l’opposition depuis 24 ans. J’ai toujours mis mon énergie et mon intelligence à la disposition de la défense de la démocratie. Ces dernières années, j’ai activement participé à tout le travail de réflexion au sein des partis d’opposition réunis autour du CFOP.

A ce titre, je dirais que les analyses et les positions adoptées par l’opposition ont été pertinentes. Je crois qu’avec le travail qui a été fait, l’opposition a évité de se faire piéger. Au moins, cette fois-ci, l’opposition a été vigilante. Il faut que chacun de nous regarde les choses en face. Aujourd’hui, il y a de faux arguments et de fausses hypothèses que certains tentent de développer, en disant que l’article 37 ne fait pas partie des articles non révisables. Mais nous on dit : pourquoi le réviser maintenant, après ce qui s’est passé en 1991, 1999- 2000 ?

C’est le manque d’arguments. Je crois que l’opinion internationale commence à comprendre, que ce pouvoir-là va mener le pays vers le chaos. Je me réjouis de voir que les grandes chancelleries commencent à discuter et à échanger avec les autres forces politiques pour mieux comprendre la situation.

Ensuite, il y a les engagements que notre pays a ratifiés au plan international. Il y a ceux de la CEDEAO et l’UA. Aucun de ses engagements ne permet d’organiser un référendum. Si ces organismes laissent faire, ils seront comptables du chaos qui s’installera au Burkina Faso.

Je n’ai pas de solutions, j’ai seulement envie de dire que Blaise Compaoré doit avoir la sagesse d’arrêter, sauf, si pour lui, la fin c’est de faire tuer, et ça personne ne le souhaite. Personne n’a envie de revivre ce qui s’est passé en 1987. Il revient alors au régime Compaoré de comprendre cela et de ne pas faire ce pas de trop.

Votre appréciation de la médiation entamée par le président Alassane Ouattara ?

Vous savez, j’ai beaucoup aimé le hasard qui a bien voulu que lorsqu’on a appelé les trois ténors du MPP, à venir à Abidjan et qu’avant même qu’ils aillent, celui qui les avait appelés a été évacué pour des soins en France. C’était un heureux hasard. Ce n’était pas un hasard. Je crois que vu l’eau qui a coulé sous les ponts pendant son séjour dans l’Hexagone, lorsqu’il est rentré, il avait une autre mesure du problème burkinabè.

J’ai lu dans la presse, que le président de l’Assemblée nationale (NDLR : Guillaume Soro), qu’il avait dépêché à Ouagadougou ne lui avait pas dit toute la vérité et l’avait induit en erreur, en ce qui concerne la vraie nature du problème burkinabè. Alors qu’il ait maintenant décidé de rencontrer toutes les forces politiques significatives, montre bien qu’il n’a pas envie de mettre la main dans un engrenage qu’il sait dangereux.

Pour un démocrate comme lui, même si Blaise Compaoré l’a aidé à être ce qu’il est aujourd’hui, je crois qu’il aura l’intelligence, parce qu’il s’agit d’abord d’un intellectuel et non d’un militaire.

Il a l’intelligence et la sagesse suffisantes pour ne pas mettre le doigt dans cet engrenage. Il saura dire à Blaise Compaoré d’écouter pour une fois, ce que pensent son peuple et les forces sociales et politiques de son pays. Est-ce qu’il s’agit d’une médiation, je ne saurai le dire, mais il est certain qu’il a décidé de s’informer largement, afin de parler peut-être à l’autre. Nous espérons que ce qu’il dira aura l’impact et l’écho, afin d’éviter un chaos au Burkina Faso.

Comment voyez-vous le Burkina, d’ici à 2015 et après ?

Je suis tenté de dire que ceux qui crient à la crise manquent de logique. Parce qu’un président de république en fin de mandat, veut violer la loi fondamentale, parce que ses concitoyens lui disent : tu ne vas pas le faire. On s’oppose à ce que tu le fasses, alors, on dit qu’il y a crise et on demande de négocier. Que devons-nous négocier ? Doit-on négocier pour qu’une loi soit respectée ? Je crois qu’on se chatouille pour rire.

Si c’est pour négocier afin de contourner la loi à travers des situations non prévues. Vous savez ce que l’opinion pense de ce fameux «lenga». Il y a en qui font de la jonglerie, en disant qu’il faut faire une constituante pour remettre les choses à plat pour Blaise Compaoré. Vous pensez que ces gens ont une ambition pour ce pays ?

A priori, on veut se faire des sous et rien d’autre, en tenant ce discours. En tout état de cause, d’ici à 2015, nous préparons l’élection présidentielle.

Après 2015, si l’alternance survient, l’opposition actuelle va voir la nature du régime qui gouvernera ce pays. L’actuel président, à cause du format de notre Constitution, a trop de pouvoirs et c’est pour cette raison qu’on en est arrivé à là. Il nous faut changer la nature du régime, en rééquilibrant les pouvoirs, sinon remettre le pouvoir aux représentants du peuple, pour débarrasser une fois pour toutes, des tentatives de la monarchisation et de la patrimonialisation du pouvoir.

En résumé, d’ici à 2015, on prépare la présidentielle et après 2015, on change le régime et on met le pays sur les rails démocratiques et personne ne fera plus de deux mandats. C’est du reste, le seul moyen de redonner plus de visibilité et d’espoir à tous les jeunes. Vous, vous avez peut-être de la chance, mais je crois qu’il y avait certainement mieux à gagner aussi. Donc, il faut faire en sorte que tous ceux qui sont capables de créer les richesses bénéficient des cadres et des conditions favorables. On ne peut pas monopoliser la richesse d’un pays au profit d’un petit groupe.

Toutes ces histoires de référendum, c’est pour se donner de la contenance. C’est le jeu politique. Nous, on est serein et il faut que l’opposition se départisse de toute panique. Si on peut tuer tous ces hommes, femmes, jeunes et enfants qui se lèveront pour dire non au référendum, on verra.

Déjà, les 110 milliards de mesures sociales sont utilisés pour faire une campagne d’information de la part du gouvernement qui pense plus au circuit de redistribution pour acheter les électeurs.

Un mot, pour terminer.

Avec vous, je récupère mon droit de m’exprimer. Parce que vous dites que j’ai été atone, depuis un certain temps. Je récupère aussi, ma volonté de m’exprimer. Mais le plus important aujourd’hui, ce n’est pas de parler, c’est de faire ce qu’on à faire pour que 2015 voit un nouveau soleil se lever sur le Burkina Faso.

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