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Le Quotidien N° 1043 du 19/4/2014

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Violences scolaires au Burkina : le seuil d’alerte est dépassé
Publié le samedi 19 avril 2014   |  Le Quotidien


Les
© Autre presse par DR
Les élèves du lycée départemental d`Andemtenga ont manifesté le 10 mars 2014 pour exiger le départ du proviseur


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Kankalaba, Koper, Silly, Léo … La liste des localités dont les établissements scolaires se sont enflammés ces derniers jours est longue. Pour diverses raisons, pédagogiques ou non, les élèves ont violemment manifesté avec pour mot d’ordre principal le rejet de l’injustice. Mais comment, à cet âge, peut-on exprimer avec une telle hargne son mécontentement ? Assurément, des ressorts se sont cassés au sein de la société burkinabè, de sorte que même les plus jeunes ne semblent plus croire en l’Etat de droit tel qu’il se pratique. Quand Bongnessan Arsène Yé lançait, il y a quelques années, que la morale agonisait au Burkina, il n’imaginait sans doute pas que les choses prendraient les proportions actuelles. Car cette guérilla larvée, avec les élèves comme acteurs et les comme épicentres, tire sa source d’un mal profond, celui de la perte de certaines valeurs au Burkina. On ne peut pas cautionner l’usage de la violence comme mode de revendication. L’histoire récente du pays, avec les événements de 2011, prouve à souhait que cette façon d’agir retarde le pays. Mais encore faut-il que les gouvernants offrent une autre alternative aux citoyens pour manifester leur colère. Certainement pas. Visiblement, les institutions ne sont plus à même de jouer leur rôle de régulatrices sociales. La justice notamment est l’objet de nombreuses plaintes et récriminations. Beaucoup de Burkinabè ne croient plus en cette justice et préfèrent régler eux-mêmes leurs différends. Résultat, c’est le règne de la loi du Talion. En définitive donc, l’injustice provoque l’incivisme. Pour mettre fin à cette escalade de la violence, rien de tel qu’un sursaut patriotique de la part des gouvernants, à travers l’instauration d’instituions qui inspirent confiance. Le pouvoir de la 4e république peut-il seulement inverser la tendance et ramener l’incivisme et les violences à un seuil tolérable? Là est la question. Car malgré les campagnes de sensibilisation et toutes les actions menées pour restaurer le civisme dans le comportement quotidien des gens, le phénomène de la justice populaire va crescendo. L’usure du pouvoir a-t-elle alors quelque chose à voir avec la déliquescence générale observée jusque dans les écoles ? Il aurait fallu peut-être un autre régime pour expérimenter une autre approche, pour savoir si la chienlit actuelle est liée au pouvoir en place.

En regardant de près les causes des différentes éruptions sociales au Burkina, on voit qu’elles sont en majorité liées à l’abus de pouvoir, à l’impunité et à la mal gouvernance. Ce sont les signes de la mauvaise santé du système. Sauf si le pouvoir se remet profondément en cause, il est difficile d’envisager la fin des émeutes au Burkina. Tant que ce sera la même gouvernance, avec toutes les tares qu’elles trainent avec elle, on ira de Charybde en Scylla. Lors de la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature, le Garde des Sceaux lui-même a fait l’aveu du malaise au sein de la Justice : « Parmi les faiblesses qui ont été diagnostiquées, il y a les difficultés d’ordre structurel et fonctionnel que rencontre le CSM pour garantir l’indépendance de la justice, la politisation, la corruption et les conditions de travail très difficiles des magistrats ». Mais pourquoi face à ce diagnostic sans appel et connu de tous depuis de longues années, rien n’est fait pour rendre leur indépendance aux juges ? Les professions de foi du pouvoir, jusque-là, sont restées des incantations sans suite parce qu’il a peur de voir la Justice prendre trop de liberté au point de lui créer des ennuis. N’oublions pas que des dossiers judiciaires embarrassants pour les dirigeants sont sur la table des juges. L’affaire Norbert Zongo, pour ne citer que celle-là, traîne à révéler ses secrets. Et le responsable du blocage n’est autre que l’Etat burkinabè, en tout cas si l’on en croit un récent arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Si donc malgré le diagnostic clairement établi, rien n’est fait, on pourrait croire que le régime craint de se faire hara-kiri. Et de ce fait, il ne bougera pas le petit doigt. Dès lors, l’impunité risque d’être toujours omniprésente, et l’incivisme aura la peau dure. Ironie de l’histoire, le ministre de la Justice, qui jure de nettoyer les écuries d’Augias, fut procureur dans une autre vie et dans une affaire très compliquée, celle dite de David Ouédraogo. Alors, l’indépendance de la justice est-elle possible ? En tout cas, en matière de défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat le seuil d’alerte est largement dépassé au sein de la société burkinabè. Il faut forcément agir .

La Rédaction

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