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Le Pays N° 5236 du 13/11/2012

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Hospitalisation du président mauritanien : Une si longue absence…
Publié le mercredi 14 novembre 2012   |  Le Pays




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L’opposition s’impatiente à Nouakchott. Elle donne de la voix car cela fait un mois que le président mauritanien est en convalescence en France. En interpellant le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, les députés de l’opposition, affiliés à la Coordination de l’opposition démocratique, veulent obtenir des explications sur trois points : les circonstances du tir qui a blessé le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, la réalité de son état de santé et qui gère l’Etat en son absence. En fait, de vives controverses entourent l’accident dont a été victime le chef de l’Etat mauritanien. L’affaire apparaît chaque jour on ne peut plus nébuleuse, alors que, selon la version officielle, il aurait été blessé après avoir reçu une balle tirée accidentellement par un soldat. Evacué le lendemain à l’hôpital militaire de Percy, en banlieue parisienne, Mohamed Ould Abdel Aziz se trouve toujours en France. La date de son retour reste inconnue. Mais ses proches assurent qu’il se porte bien et qu’il rentrera « dès que son médecin lui aura donné le feu vert. » En interpellant le pouvoir, l’opposition mauritanienne est dans son rôle. Ce n’est point une conduite opportuniste, mais responsable. Du reste, l’opposition a su respecter la personne du chef de l’Etat. Elle a aussi eu l’intelligence d’observer une période de compassion. Après un mois d’attente, elle est bien fondée à s’inquiéter et, au nom du peuple, à demander des comptes. Force est de reconnaître qu’à propos de la santé du président, les informations et leur traitement laissent à désirer. Le chef de l’Etat mauritanien jouit-il vraiment de toutes ses facultés ? Pourquoi tant de secret à ce jour ? En tout cas, la vacance du pouvoir paraît de jour en jour évidente. Le pauvre peuple mauritanien, lui, se trouve pris en otage par l’entourage du chef de l’Etat. Pourtant, des exemples dont on pourrait bien s’inspirer dans de telles situations existent. Chacun devrait se rappeler que les choses ont été gérées successivement au Nigeria et au Ghana. Ces deux pays ont bien su gérer le dossier de la santé de leurs dirigeants. Et lorsqu’ils ont perdu leurs chefs d’Etat, le remplacement n’a pas occasionné les remous que nous connaissons en Afrique francophone. L’existence d’un poste de vice-président a donc été fort utile. Il faut savoir évoluer avec le temps, et surtout prendre en considération les peuples que l’on gouverne. Comparativement au Ghana et au Nigeria, les situations de grande suspicion et d’incompréhensions, sources de tensions manifestes, sont surtout l’apanage des pays francophones. Le cas mauritanien rappelle ainsi des événements ou des situations qui, sur ce continent, conduisent très souvent à des luttes sourdes puis intenses, lorsqu’on sent que le chef de l’Etat a la santé fragile. S’il en vient à tomber malade, l’on choisit de garder le silence. Mais, au fil du temps, celui-ci devient pesant, les prétendants ne finissant pas de s’impatienter. Entre le chef du parlement et le Premier ministre qui invoquent des textes de lois et se disputent la succession de l’infortuné, il y a toute une kyrielle d’assoiffés du pouvoir qui se croient fondés à hériter du fauteuil présidentiel. Parfois même avant que le titulaire ne rende l’âme. On le sait alors sérieusement affecté, et c’est généralement ces chassés-croisés qui font sentir aux plus futés, qu’il y a des chances que le siège devienne vacant. Cela découle du concept d’« homme fort » qui hante les pouvoirs africains, et jalonne le parcours des chefs d’Etat. Ils sont si puissants qu’on les considère comme éternels à leur poste. Et lorsqu’ils contractent un petit rhume, leur santé étant considérée comme tabou, il s’ensuit un silence lourd et pesant. Le secret dont on entoure la santé du chef de l’Etat ne s’explique pas, puisque le peuple dont il détient son pouvoir a droit à un minimum d’informations. Le comble, c’est que toute la machine institutionnelle en prend un coup. A l’évidence, il y a amalgame entre les pratiques ancestrales du secret du pouvoir dans les chefferies traditionnelles bien assumées, et le culte de la personnalité qui ne devrait pas exister dans une vraie démocratie républicaine. Cela, d’autant que le chef de l’Etat reçoit son mandat du peuple pour un temps limité. Aussi faut-il constamment se rappeler les propos si pertinents et pleins de sagesse du président Barack Obama des Etats-Unis. A son avènement au pouvoir, il s’était rendu au Ghana, et n’avait pas hésité à inviter les Africains à bâtir des institutions fortes, seules garantes d’un idéal démocratique vrai. Mais, combien parmi les dirigeants africains y songent vraiment ? La plupart des institutions sont de véritables cavernes d’Ali Baba pour les pouvoirs en place en Afrique. Il les créent à leur guise, et les instrumentalisent à souhait. De sorte que même le parlement qui aurait dû être le grand serviteur et l’ardent défenseur des intérêts du peuple, est une coquille vide, incapable de rappeler les gouvernants à l’ordre. Ainsi, au nom d’une représentation factice du peuple, ils peuvent continuellement pomper les richesses nationales. Ainsi va la loi de la majorité présidentielle en Afrique ! Tant pis pour ceux qui ne font pas partie du système, y compris le citoyen lambda. Lui, ignore généralement tout de la subtilité du jeu. C’est pourquoi, lors des élections, il reconduit sans cesse le système, en votant pour des individus qui travailleront encore et encore à sa perte. Vivement donc que les choses se passent dans de bonnes conditions en Mauritanie. Car, le pays est au cœur de la résolution de la crise malienne et, il n’est pas de bon augure d’avoir un pouvoir vacant à Nouakchott par ces temps-ci. Il faut souhaiter que cela ne se termine par une crise institutionnelle. Mais quelle longue absence !

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