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Le Pays N° 5586 du 16/4/2014

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Référendum sur l’article 37 : sur l’article 37 : Ça passe ou ça casse
Publié le mercredi 16 avril 2014   |  Le Pays


Marche-meeting
© aOuaga.com par A.O
Marche-meeting de l`opposition : des milliers de personnes dans la rue à Ouagadougou
Samedi 18 janvier 2014. Ouagadougou. Des milliers de personnes ont marché dans les rues dans le cadre de la Journée nationale de protestation de l`opposition contre le Sénat et la modification de l`article 37 de la Constitution


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L’évolution du contentieux politique au Burkina, qui oppose l’opposition à la majorité présidentielle sur la question de l’article 37 de la Constitution, est matière à grosses inquiétudes pour la paix sociale. Les deux camps semblent rivaliser pour le moment sur le terrain de la mobilisation populaire, chacun comme pour dire à l’autre, qu’il est soutenu dans son action par le peuple burkinabè. En effet, le samedi 12 avril 2014, le Front républicain a tenu à Bobo-Dioulasso, un meeting marqué par la présence d’une immense foule, venue acclamer à tout rompre les orateurs du jour dans leur volonté affichée de soumettre le Burkina à un référendum qui décidera du sort de Blaise Compaoré en 2015.

Les nuages d’un éventuel affrontement entre les pro et les anti-référendum sont en train de s’amonceler dangereusement à l’horizon

Avant le Front républicain, c’était le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui avait organisé dans la même localité un méga-meeting, qui avait également drainé un monde fou, au cours duquel Roch Marc Christian Kaboré et ses camarades avaient martelé, sur un ton ferme, leur opposition à toute forme de modification de l’article 37.
Le moins que l’on puisse dire est que les nuages d’un éventuel affrontement entre les pro et les anti-référendum sont en train de s’amonceler dangereusement à l’horizon pour certainement le malheur du peuple burkinabè au nom duquel chacun s’apprête à livrer bataille. La capacité des uns et des autres à remplir des stades est importante certes, mais elle n’est rien devant les risques auxquels s’expose le pays du fait de l’attachement morbide de certains au pouvoir. Franchement, après 27 ans de pouvoir sans partage, après pratiquement trois décennies pendant lesquelles les Burkinabè, dans leur écrasante majorité, ont regardé la petite minorité agglutinée autour de Blaise Compaoré, accumuler gloire et fortune, le CDP et ses alliés du Front républicain n’ont pas besoin de mouiller le maillot pour remplir un stade. Par conséquent, ils ne doivent en tirer aucune fierté. N’importe quel régime en place, même honni, aurait fait la même performance, si c’en est une. Certes, comparaison n’est pas raison, mais l’on peut dire que les régimes qui ont été mis au ban de l’histoire se sont tous particulièrement illustrés dans la propagande et leur capacité extraordinaire à mobiliser le peuple pour défendre leur cause. Dans le cas du Burkina, l’on est tenté de dire que le Front républicain est au service de la mauvaise cause. Dans les principes, le référendum est une forme d’expression démocratique, qui permet au peuple de donner son avis sur les grands enjeux d’un pays. Mais ici, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit plutôt de courir le risque d’embraser le pays pour simplement satisfaire un individu qui, pourtant, est au pouvoir depuis 1987.
En réalité, le véritable débat qui vaille aujourd’hui au Burkina devrait porter sur la pertinence morale, politique et la légitimité d’un éventuel référendum pour modifier une énième fois la Constitution. Au lieu de mener le débat sous cet angle, ceux qui ont choisi de déifier Blaise Compaoré et de chosifier le peuple burkinabè, ont opté pour la thèse facile et générique selon laquelle en démocratie, on ne doit pas craindre le verdict du peuple souverain.

Qui du pouvoir ou de l’opposition travaille contre la paix au Burkina ?

L’on n’a pas besoin d’être un féru de la dialectique pour savoir que Assimi Kouanda et ses camarades du Front républicain sont disqualifiés pour soutenir cette thèse. L’on peut avoir l’impression, en effet, que ce qui préoccupe plus les animateurs du Front républicain, ce n’est pas la qualité des institutions de notre démocratie, mais plutôt leur propre survie. Si le pouvoir s’obstine tant pour le référendum, en dépit de l’avis des constitutionnalistes les plus éminents du pays et de la position d’une institution morale crédible comme l’Eglise catholique, c’est parce que simplement il peut compter sur la misère et l’ignorance du peuple burkinabè dont le niveau de conscience politique actuelle le confine dans un rôle de bétail électoral.
Le Front républicain est bel et bien conscient de cette réalité. Il va donc en profiter pour obtenir un plébiscite qui devrait plutôt faire pleurer. A écouter les ténors du Front républicain à l’occasion du meeting de Bobo, tout semble indiqué pour que Blaise Compaoré soit à la tête du pays forever. Tous ceux qui sont épris de paix, d’alternance, de démocratie sont désormais prévenus. Le tapis rouge sera déroulé à Blaise Compaoré à Kosyam pour des siècles et des siècles. L’opposition qui jure de s’y opposer farouchement doit intégrer cette réalité, car pour le pouvoir comme pour elle, l’histoire de l’alternance dans notre pays semble bégayer. Ça passe ou ça casse est-on tenté de soupirer. Dans un tel contexte marqué par deux Burkina qui s’observent en chiens de faïence, l’on pourrait se poser la question de savoir qui du pouvoir ou de l’opposition travaille contre la paix au Burkina. Hermann Yaméogo a pu parler de l’éventualité d’un coup d’Etat si la question de la modification de l’article 37 n’était pas tranchée par le peuple. Une parole qui semble être de trop. Heureusement qu’il n’est pas journaliste et qu’il est membre du Front républicain. Autrement, le procureur du Faso aurait été tenté de l’entendre pour incitation au pronunciamiento ! De toute évidence, le Burkina est à la croisée des chemins. Les attitudes et les propos des uns et des autres ne permettent pas d’être optimiste. C’est pourquoi tout le monde doit méditer cet enseignement de Emile M. Cioran : « Sous les résolutions fermes se dresse un poignard, les yeux enflammés présagent le meurtre ».

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