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Sidwaya N° 7646 du 16/4/2014

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Discours sur la situation de la nation : Les réponses de Luc Adolpe Tiao aux préoccupations des députés
Publié le mercredi 16 avril 2014   |  Sidwaya


Discours
© Assemblée Nationale par Paulin Piga N`Do
Discours sur la situation de la nation : Luc Adolphe Tiao pour la 4e fois devant les députés
Jeudi 3 avril 2014. Ouagadougou. Assemblée nationale. Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a prononcé le discours sur la situation de la nation en 2013 devant les députés


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Après avoir dressé la situation de l’état de la nation, le jeudi 13 octobre 2011 à l’hémicycle, le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, a répondu aux préoccupations des députés de l’opposition et de la majorité. Durant près de 4 heures, il a sans détours « affronté » les avalanches de questions des groupes parlementaires : Alternance-démocratie-justice (ADJ), Convergence des forces républicaines (CFR), Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) et du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Des éclairages ont été faits sur les volets de la gouvernance et des institutions, les affaires économiques et le développement durable, les infrastructures et enfin le social.

Gouvernance et institutions

Je voudrais d’abord, sans tomber dans une quelconque polémique, souligner que lorsque j’ai abordé la question de la prise de position du chef de file de l’opposition, c’est que nous sommes en démocratie et chacun doit donner son point de vue sur les actes posés. Un député nous disait que si nous estimons que le fait d’avoir appelé à constater qu’il y avait une vacance du pouvoir, de pouvoir demander un changement, cela n’est pas normal ; eux aussi pensent que ceux qui ont appelé à la révision de l’article 37 auraient dû être interpellés. Les choses ne se présentent pas de la même manière sur le plan constitutionnel. La vacance du pouvoir qui est réglementée par l’article 43 est bien précise et l’article 165 qui a trait à la révision de la Constitution est aussi clair. Cet article énumère trois cas où la révision est exclue. Il s’agit d’un projet ou d’une proposition tendant à remettre en cause la nature républicaine de l’Etat, le système multipartite et enfin, l’unité nationale.
La question de la révision de l’article 37 relève plutôt de la politique, donc discutable. On peut ne pas être d’accord, mais débattre parce que nous sommes en démocratie. Du reste, cette question de la révision de l’article 37 n’a jamais été posée par le Président du Faso, même si c’est le parti majoritaire qui l’a souhaité. Lorsqu’il a y a eu les débats, il a demandé à la classe politique de s’entendre. S’il n’y a pas de consensus, il n’y aura pas de révision de l’article 37. C’est dans ce sens que nous travaillons. Par rapport au Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP), je reste convaincu que la politique de la chaise vide n’arrange rien. Vous ne venez pas, on prend des décisions qui vous seront imposées. Dans l’histoire du Burkina Faso, ce n’est pas la première fois que des partis politiques boycottent certains forums organisés. En fin de compte, ce sont les décisions de ces forums qui sont imposées et auxquelles ces personnes vont adhérer. Nous pensons que lorsque le peuple, le pays est en face d’un problème fondamental, il faut laisser de côté certains principes figés. Le fait de demander de venir s’asseoir pour discuter de réformes politiques n’est pas un piège. Nous voulons un débat ouvert. Certains ont pensé que ce n’était pas nécessaire. Nous respectons leur position. Mais cela aurait été mieux qu’ensemble, nous puissions nous réunir et débattre. A l’examen des premiers résultats des travaux du CCRP, on ne voit pas en quoi cela posait fondamentalement un problème pour ceux qui n’ont pas participé. On constate que leurs propositions ont été prises en compte. Ceci étant dit, nous respectons leur choix et nous espérons que pour les assises régionales et nationales, ils reviendront sur leur position, puisqu’il s’agit pour tous de construire ensemble le Burkina Faso.

L’organisation des élections

Vous avez raison de vous inquiéter parce que c’est la première fois que nous allons organiser des élections couplées. Déjà pour organiser une élection, ce n’est pas simple, n’en parlons pas d’en organiser deux le même jour au même moment et au même endroit. Au regard de la tension qui a paralysé la fin de mandat de l’équipe précédente de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), nous avons pris un peu de retard dans l’organisation. Cependant, il faut saluer le travail remarquable déjà fait par le président actuel de la CENI et son équipe. En peu de temps, ils ont fait des propositions concrètes. Nous avons eu avec la CENI une séance de travail il y a une dizaine de jours. Le président de l’institution a exposé sa vision de l’organisation de la CENI. Nous l’avions écouté et apprécié ses ambitions. Nous avons convenu de l’utilisation de la carte biométrique comme seul document de vote. En effet, nous pouvons évoluer car ça fait longtemps que nous organisons des élections. Pour mettre en pratique cette volonté sur le terrain, nous avons convenu de mettre en place des groupes techniques thématiques composés de représentants de la CENI et du gouvernement. Ces groupes vont travailler sur quatre aspects. Le premier a trait à l’enrôlement et au recensement biométrique. Pour l’utilisation de la carte biométrique, il faut recommencer le recensement à zéro. Nous devons donc clarifier la compréhension de l’opération, en définir les modalités pratiques, les délais et arrêter les choix techniques définitifs. Le deuxième groupe va travailler sur le déroulement du scrutin, c’est-à-dire définir les modalités pratiques du vote en examinant les variantes possibles. Nous n’avons pas toujours la même interprétation. Sur le concept d’élections couplées, la CENI a présenté une vision qui n’était pas celle du gouvernement, parce que la CENI a fait l’option de deux élections le même jour et dans le même bureau de vote. Nous pensons au niveau du gouvernement que ce choix alourdit le processus parce que deux bureaux de vote dans le même local, cela revient à multiplier le nombre de superviseurs, donc des charges en plus. D’autres personnes pensent qu’on devrait décaler les élections pour organiser les législatives d’abord et les municipales la semaine suivante. En réalité, si ce sont des élections couplées, le scrutin se déroule le même jour, au même lieu et dans un seul bureau de vote. Et il faut que la commission puisse clarifier cela et nous proposer un calendrier pour les différentes opérations avant et après le vote. Un autre groupe va travailler sur l’amendement des textes législatifs et réglementaires. C’est vrai que l’année dernière, vous avez accepté le principe du report des élections municipales. Il faut donc modifier les textes en vigueur, identifier les implications de choix sur les textes législatifs et réglementaires avant ces élections et proposer de nouveaux textes, notamment la révision du code électoral qui sera soumis à votre très haute appréciation. Le dernier groupe aura la lourde tâche d’élaborer le budget et de proposer le financement. Vous savez que l’avant-projet de budget proposé par la CENI est assez lourd. Pour la biométrie, il faut un peu plus d’une vingtaine de milliards de FCFA.

La date des élections couplées

Quelle que soit la décision qui va être prise, il faut qu’au plus tard à la fin de ce mois d’octobre, nous ayons fait définitivement notre option compte tenu du temps qui presse. D’ici à deux semaines, il faut donc régler définitivement la question du vote, des documents à utiliser et du coût des élections afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour mobiliser les fonds. Ensuite, il faut que la CENI puisse rencontrer dans la même période, la classe politique et la société civile pour recueillir ses propositions et amendements. Le gouvernement pourrait adopter les mesures d’accompagnement en conseil des ministres d’ici à la fin du mois. Il est clair que ces élections ne pourront pas se tenir au mois d’avril ou de mai 2012. Il faut aller jusqu’au mois de novembre 2012, une date qui est vite arrivée parce qu’en matière d’organisation d’élections, le temps passe très vite. L’organisation de ces élections va demander non seulement des moyens mais aussi l’accompagnement de toute la classe politique. Ça ne sert à rien de « se tirer entre les pattes ». Il faut que chacun sache que la qualité des élections ne dépend pas seulement de la majorité ou de l’opposition, mais de toute la société. Nous devons tous avoir une approche positive, faire preuve de hauteur pour réussir ce processus. Depuis des années, nous organisons des élections. Nous avons les compétences et quand on est décidé, les gens se donnent. Je lance un appel à tous. Le gouvernement est décidé à jouer sa partition pour que ces élections se déroulent bien quelles que soient les difficultés auxquelles nous serons confrontés.

Le découpage des communes

En décembre 2009, nous avons adopté la décision portant découpage des communes urbaines à statut particulier, notamment celle de Ouagadougou en 12 arrondissements et 57 secteurs et celle de Bobo-Dioulasso en 7 arrondissements, 33 secteurs et 36 villages rattachés. Théoriquement, ces découpages ont été faits depuis deux ans. Aujourd’hui, nous sommes face à une décision difficile. Sommes-nous objectivement en mesure de régler cette question pour qu’elle soit prise en compte dans l’organisation des élections en cours ? Vous savez très bien que tout ce qui concerne le découpage demande un travail de patience. Notre volonté est de prendre en compte ce découpage et nous allons accélérer le processus. Mais si cela s’avère difficile, nous allons laisser les choses en l’état et attendre le moment propice.

L’accès du chef de file de l’opposition politique aux journaux de la télévision et de la radio nationale
La loi fondamentale stipule en son article 8 que les libertés d’opinion, de presse et le droit à l’information sont garantis. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et des règles en vigueur. De plus, le code électoral stipule en son article 31 que les partis et organisations politiques ont une stricte égalité d’accès aux organes nationaux publics de presse écrite, de radiodiffusion et de télévision. Nos médias publics comme vous le savez font l’objet d’un encadrement juridique à travers le Conseil supérieur de la communication (CSC). La loi n’a pas prévu un temps d’antenne dédié spécifiquement au chef de file de l’opposition politique ou au chef de file de la majorité. Naturellement, le chef de file de l’opposition politique peut être invité lors des journaux de la radio et de la télévision nationale. Mais tant qu’on n’a pas révisé la loi, on ne peut pas instituer un temps d’antenne pour le chef de file de l’opposition politique. Tous les partis politiques ont accès aux médias publics nationaux en fonction de leurs agendas, donc il n’y a pas d’exclusion. S’il y a un problème, le chef de file de l’opposition politique a la possibilité de saisir le CSC qui va prendre des mesures parce que ces médias appartiennent à tous les Burkinabè. D’ailleurs, je constate vraiment qu’un effort est fait, qu’il y a une évolution en matière d’accès des partis politiques aux antennes des médias publics. Nous voyons les figures de proue de l’opposition sur les petits écrans, ce qui n’est pas mauvais pour notre démocratie.

La couverture télévisuelle et radiophonique intégrale du pays

Cette question revient tout le temps. C’est vrai qu’il y a un fossé entre notre volonté de couverture intégrale du pays et la réalité. Cependant beaucoup d’efforts sont consentis. En 2010, le gouvernement a acquis 17 émetteurs de télévision et 6 émetteurs de radio FM, ce qui a permis d’améliorer la couverture télévisuelle et radiophonique. Ces efforts se poursuivront avec une diffusion complémentaire par satellite en bande KU et l’acquisition d’équipements de retransmission en direct par la télévision nationale et de nouveaux émetteurs de plus forte puissance pour la radio nationale. Certaines zones frontalières sont pour l’heure difficiles à couvrir car ne disposant pas d’un réseau électrique pour permettre le fonctionnement adéquat des émetteurs. Pour ce faire, j’ai donné des instructions au ministre de la Communication et à celui des Mines, des Carrières et de l’Energie afin qu’ils engagent les concertations nécessaires en vue de lever les obstacles à la couverture télévisuelle et radiophonique. En outre, afin de combler le déficit télévisuel, la collaboration des conseils régionaux sera nécessaire pour installer dans chaque chef-lieu un dispositif comprenant le montage, avec l’ambition à court terme de compléter ce dispositif pour en faire des stations régionales de télévision. Je puis vous assurer que nous ferons le maximum d’efforts pour le choix de technologies appropriées, à un coût relativement accessible parce que dans ce domaine, les équipements coûtent excessivement cher, et leur entretien difficile. Mais, nous allons faire des choix technologiques qui vont permettre d’améliorer substantiellement la couverture télévisuelle et radiophonique du pays.

Le gouvernement ne serait pas allé jusqu’au bout de sa logique parce que des officiers n’ont pas été touchés par les radiations

Nous sommes dans le domaine de la Justice et nous ne pouvons qu’interpeller ceux pour qui nous avons la conviction et les preuves qu’ils sont impliqués dans les mutineries. Si nous n’avons pas de preuves, c’est difficile. Les investigations se poursuivent et il n’y a aucune volonté de la part du gouvernement de protéger un officier s’il est prouvé qu’il a trempé dans les mutineries.

La sécurisation des populations

La sécurité est un facteur indispensable au développement durable. Je partage cette préoccupation parce qu’il y a des actes que nous ne devons pas tolérer, tels les actes de brigandage à des heures auxquelles on ne croyait pas. Nous sommes en train de renforcer la logistique pour un maillage plus serrer du territoire. Nous allons réorganiser nos services de sécurité afin de créer des unités conjointes plus fortes qui vont pouvoir intervenir plus rapidement. Nous allons regrouper les forces de police et de gendarmerie à des endroits où elles pourront intervenir plus efficacement. La police de proximité sera renforcée également pour que les populations dans les villages et secteurs puissent aider les forces de sécurité à lutter contre le banditisme. Je félicite au passage ces forces de sécurité pour le travail qu’ils ont fait ces dernières semaines. Ils ont réussi à démanteler des réseaux dangereux souvent au péril de leurs vies.

L’utilité des gyrocoptères

Ce ne sont pas des hélicoptères, mais des engins volant utilisés à des fins de surveillance, de détection de mouvements suspects. Nous en avons acquis quatre. Peut-être qu’on ne les voit pas, mais ils ne sont pas inutiles. Il fallait former les spécialistes pour piloter et assurer la maintenance de ces appareils, mais aussi les rentabiliser. Nous prenons acte de votre question et nous allons accélérer l’utilisation de ces appareils qui sont importants pour la sécurité de nos populations.

La suspension des lotissements

J’ai l’impression que nous voulons d’une chose et de son contraire. Tout le monde sait que ça ne va pas dans les opérations de lotissement. Les crises dans les communes tournent le plus souvent autour des questions de lotissement. Si nous voulons assainir la gestion des conseils municipaux, si nous voulons que les maires se recentrent sur leur attribut primordial, il faut revoir les questions de lotissement. On a comme l’impression que certains élus ne voient leur fonction que dans les lotissements. Il y a des maires, quand ils ont un problème financier, ils coupent un lopin de terre pour lotir, comme un berger qui vend une vache pour avoir un peu d’argent. Cela veut signifier qu’il y a des dysfonctionnements. Tant que nous n’aurons pas fini de mener les investigations, nous ne lèverons pas la mesure de suspension des lotissements. A l’approche des élections, certains nous poussent à lever la mesure alors que cela va libérer la voie à certains candidats qui vont faire de la spéculation. Cependant, notre décision n’est pas aussi fermée. S’il se pose des situations où le lotissement est indispensable, il y a un comité interministériel pour examiner ces dossiers. On ne va pas bloquer quelqu’un qui veut construire une usine quelque part. Il y a des dossiers qui ont été examinés et auxquels on a donné des suites favorables.

La lutte contre la corruption et les détournements

Rien qu’à voir l’évolution au plan institutionnel, on mesure les progrès réalisés. Nous sommes partis de l’Inspection générale d’Etat pour arriver à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE). Nous avons aussi la Cour des comptes. Le dispositif institutionnel fonctionne. Quand des députés affirment que des dossiers dorment dans des tiroirs, ce n’est pas sûr. L’ASCE transmet son rapport et la plupart des dossiers à la Justice. C’est à la Justice de rendre effectivement des jugements, il n’y a pas de volonté de couvrir quiconque. Et nous l’avons dit dès le départ. Celui qui a détourné doit payer, le hic est que les gens parlent de corruption, mais personne n’amène de preuves. Quand vous parlez de broutilles, c’est ce qu’on voit. Qu’on nous apporte des preuves de corruption, de détournement d’un milliard ou de 500 millions et ces gens iront en prison. Est-ce que dans les rapports de contrôle de l’ASCE ou de la Cour des comptes, vous avez vu quelqu’un détourner un milliard ? On ne peut pas inventer des dossiers pour poursuivre des gens. Ceci dit, on n’a pas le choix, il faut lutter contre la corruption.
Nous sommes dans un pays pauvre, nous arrivons à réaliser nos programmes parce que nous serrons la vis et nous avons le soutien de nos partenaires techniques et financiers. On ne peut pas accepter que certaines personnes soient plus égoïstes en s’appropriant illégalement les moyens de l’Etat. Nous ne pouvons donc pas couvrir la corruption et les détournements. Par ailleurs, quand les dossiers sont en Justice, le gouvernement n’a pas la possibilité de donner une injonction aux magistrats pour accélérer les procédures.
Néanmoins, il faut reconnaître que certains dossiers ont pu être jugés avec célérité. Si des gens estiment que ce n’est pas suffisant, à notre avis, c’est toujours mieux de juger de petits dossiers que de ne rien faire du tout. Quand c’est bien aussi, il faut le reconnaître. Mais certaines personnes font comme si rien ne bouge. Récemment au mois de juin, plusieurs dossiers ont été jugés. Je voudrais saluer également l’ensemble de ces associations « qui nous empêchent de dormir ». Il faut qu’ils travaillent de façon objective et nous prendrons en compte leurs propositions. La lutte contre la corruption est une lutte de longue haleine.

La propension de certains citoyens à manifester et à casser

C’est vrai, depuis la crise, nous constatons une propension de certains Burkinabè à brûler et à casser. Prenons l’exemple de la maternité Sylla Sanon du secteur n°21 de Bobo-Dioulasso. C’est vrai qu’il y a eu une défaillance du personnel soignant et une parturiente a perdu la vie. Mais est-ce que la solution réside dans le saccage ? En voulant protester contre le décès d’une parturiente, ces manifestants vont peut-être causer d’autres décès puisqu’il n’y a plus de maternité dans cette zone et les parturientes doivent aller plus loin. Il y a aussi le cas de la mine de Pelgtenga aux environs de Yako. Nous avons vu les images de saccage à la télévision. Certains ont tendance à vouloir prendre systématiquement la défense des gens qui font le désordre. Il faut éviter cela. Cette mine procurait des revenus au village. Est-ce la solution d’aller saccager la mine sous prétexte d’une rumeur ? Il faut que cela cesse et nous allons appliquer la loi dans toute sa rigueur. Nous ne pouvons pas tolérer le désordre. Le gouvernement a aussi une part de responsabilité parce que ces réactions sont aussi indicatives du manque de confiance de certains citoyens en leurs institutions ou en la Justice. Il faut que les populations aient confiance en la Justice, en leur préfet, en leur haut-commissaire, en leur gouverneur. Nous allons travailler à renforcer l’éducation civique parce que cette mentalité est dangereuse pour notre pays si elle doit perdurer.

Les problèmes au niveau de l’organisation du Hadj

Nous avons reçu les acteurs de l’organisation du Hadj au premier ministère pour discuter du coût du Hadj. Le tarif du transport est certainement l’un des plus élevé de la sous- région, mais nous ne sommes pas le seul pays. Nous avons discuté et nous sommes parvenus à obtenir une baisse du coût du transport. Le gouvernement a voulu s’assurer d’avoir un bon transporteur. Il y a eu concurrence, mais le texte permettait de choisir un seul transporteur. D’où un monopole de fait. Nous allons réviser le texte pour que l’année prochaine, tout en ayant les critères de sécurité et de prix, nous puissions choisir deux à trois transporteurs pour régler la situation. Le Hadj crée chaque fois des problèmes, peut-être, il va falloir organiser les états généraux. L’organisation pourrait être confiée au privé. Présentement, nous sommes autour de 2700 pèlerins inscrits, chiffre qui pourrait atteindre 3000 d’ici à quelques jours.

Le suivi des projets

Beaucoup de projets se déroulaient dans l’opacité. Un projet pouvait débarquer dans un village sans informer les habitants et sans rendre compte aux autorités. Il fallait un meilleur suivi et une transparence dans la gestion des projets. C’est pourquoi nous avons pris une circulaire qui permet d’impliquer les autorités régionales et permettre aux populations d’être informées des réalisations des projets et programmes dans leur espace. Cette décision va aussi permettre d’examiner les rapports des projets et programmes, d’identifier les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre et proposer des solutions.

La nomination des directeurs généraux par appel à candidature

Entre septembre 2010 et septembre 2011, nous avons lancé et traité des appels à candidature aux postes de directeurs généraux (DG) de 23 établissements et les résultats ont été transmis au gouvernement. 13 DG ont été nommés en conseil des ministres à l’issue de la sélection du comité après l’aval des conseils d’administration. C’est un texte qui est très important parce qu’il s’agit de permettre d’avoir de meilleurs cadres à la tête de nos entreprises. Mais nous devons également réfléchir : est-ce qu’on peut recruter tous les cadres des institutions, des organismes d’Etat par appel à candidature ? Je ne sais pas si en France ou aux Etats-Unis on nomme les DG de l’aviation civile par appel à candidature. Il y a des postes stratégiques qui relèvent de la souveraineté de L’Etat et ce dans tous les pays. L’essentiel étant de mettre en place des critères rigoureux de sélection. Nous allons poursuivre cette procédure pour les entreprises où nous avons pu constater effectivement que par appel à candidature nous avons eu des dossiers de qualité.

Affaires économiques et développement durable

Le foncier rural

Sur le foncier, il faut souligner que les possessions foncières acquises avant restent en l’état, car la loi n’est pas rétroactive. Afin d’atténuer les difficultés liées à la sécurisation foncière en terme de conflits, il y a des mesures déjà prises et d’autres sont envisagées. Il y a eu notamment l’adoption de huit décrets prioritaires d’application. En outre, nous avons le comité national de sécurisation foncière, les comités de sécurisation foncière rurale, les services fonciers ruraux dans certaines communes rurales qui tiennent des assemblées d’information régulièrement. De façon générale, nous allons vous soumettre très prochainement une relecture de la loi agraire et foncière. Depuis 1984, cette loi a eu beaucoup d’évolution. Nous devons faire en sorte qu’elle soit en phase avec l’évolution de notre pays. Ce que nous envisageons après l’adoption de la loi 034 sur le foncier rural est la création de l’agence nationale des terres rurales qui va gérer les terres appartenant à l’Etat et aux collectivités territoriales.
C’est une des décisions majeures que nous allons prendre dans les mois à venir. Mais vos inquiétudes sur le foncier, notamment sur la spéculation foncière amène quelques réflexions. Vous savez très bien que la loi 034 spécifie et délimite les compétences de l’Etats, des collectivités, des particuliers en matière de terres rurales. Chaque entité est indépendante pour gérer ce qui le concerne. Même cette gestion fait appel à un certain nombre de règles définies dans les décrets d’application. Les questions qui sont posées par rapport à cette spéculation sont de plusieurs ordres. Mais de quoi faisons-nous allusion lorsque nous parlons de terres confisquées ? Est-ce que nous parlons du foncier qui relève de l’autorité de l’Etat où l’Etat concède des terres pour des aménagements de grandes envergures comme les aménagements agropastoraux ? Ou bien ce sont celles des collectivités ou des particuliers ? Quoi qu’il en soit, la loi est claire. Dans son article 50, elle précise les mesures relatives aux superficies et aux conditions de mise en valeur imposées aux concessionnaires. Le décret d’application de cet article souligne que toute cession d’une possession foncière rurale requière l’autorisation du conseil municipal du lieu où elle est située lorsque la superficie du terrain est comprise entre 10 et 50 hectares. Entre 50 et 100 hectares, il faut l’autorisation conjointe des ministres chargés du cadastre et des domaines, de même que la tutelle technique de l’activité à réaliser. Au-delà de 100 hectares, seul le conseil des ministres est compétent pour autoriser la cession. S’il y a spéculation foncière, c’est que la loi n’est appliquée. Si la loi n’est pas appliquée, c’est parce qu’il y a des gens qui ne font pas leur travail.
Mais qu’est-ce qui empêche un maire d’une commune, si ce sont des terres qui relèvent des collectivités ou des particuliers, de saisir la justice ? Les textes sont là. C’est une question sur laquelle nous devons faire beaucoup attention. Nous sommes d’accord qu’il ne faut pas spolier les paysans de leur terre. Nous sommes conscients de cela. Mais il ne faut pas aussi tuer l’initiative. Il y a effectivement, des personnes, comme la loi le permet, qui ont des terres à travers le pays et qui les exploitent normalement. Cette production participe à l’amélioration de la production agricole de notre pays. Il y a aussi des gens qui ont acquis des terres pour planter des arbres et en faire de petites forêts.
Concernant certaines régions où il semble que les paysans sont spoliés de leurs terres comme le cas du Ziro, nous allons mener des enquêtes pour vérifier l’état de l’exploitation des terres qui sont entre les mains de ces personnes. Nous allons prendre les décisions, à savoir, retirer les terres et les remettre à ceux qui sont disponibles et veulent travailler. Aussi, nous allons vérifier pour savoir si ces terres ont été acquises dans les limites de ce que prévoit la loi. Il faut aussi se mettre à l’idée que l’agriculture évolue. Si nous voulons une agriculture moderne, nous allons avoir des ouvriers agricoles qui seront comme des fonctionnaires payés avec tous les avantages. Il faut que les mentalités évoluent. Nous souhaitons vraiment que des conflits ne naissent pas autour de l’exploitation des terres. Cela sera encore dommageable pour la stabilité de notre pays. Mais la question nous interpelle et nous allons l’approfondir pour trouver des solutions à la sécurisation foncière.

L’approvisionnement en eau potable et l’assainissement

En milieu rural, en terme de réalisation jusqu’au 30 juin 2011, on peut noter 6400 nouveaux points d’eaux modernes, 3789 réhabilitations de points d’eau, 262 systèmes d’adductions d’eau potable simplifiés, 65 réhabilitations qui ont été réalisées. Si on s’en tient au rythme actuel, environ 1384 point d’eau par an ont été réalisés sur la période 2007-2010. Ce chiffre est en deçà des besoins en eau potable pour le milieu rural. En effet, pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement, il nous faut parvenir à un rythme de 2300 nouveaux points d’eaux modernes par an. Pour ce faire, plusieurs mesures sont en cours telles que la recherche et la mobilisation de nouveaux financements pour combler le manque à gagner actuel, l’amélioration de notre capacité d’absorption en anticipant dans les procédures de déclaration des marchés… Mais il faut également reconnaître que sur le problème de l’approvisionnement en eau potable, nous avons fait des progrès. Cela a été reconnu par les structures spécialisées du Système des Nations unies. Il y a eu des questions sur le remplissage du barrage de Bagré et sur le projet pôle de croissance du barrage de Bagré. L’état de remplissage, comme je l’ai souligné, est inquiétant mais nous estimons que c’est une situation conjoncturelle et que cela ne peut pas compromettre ce projet de la SCADD parce que c’est un projet qui n’est pas simplement lié au barrage lui-même, même s’il s’agit pour nous de dégager un nombre important de terre à mettre en œuvre. Je puis vous assurer que malgré cette situation, le programme se poursuit.
S’agissant du barrage de Ouessa, d’une capacité d’environ 4 milliards de m3 d’eau, il a des vocations multiples notamment hydroagricole et hydroélectrique. La cuvette du barrage devrait couvrir une superficie importante. Le gouvernement a mis en place une commission interministérielle qui va étudier la constitution de ce barrage sous tous ses angles et faire des propositions. Pour le barrage de la Bougouriba, une étude de la réalisation de ce barrage durant les années 2000 a été faite par un bureau canadien. Présentement, le gouvernement s’applique à rechercher les financements pour actualiser les études et réaliser les travaux. Le coût de réalisation total de ce barrage s’est élevé à 150 milliards de FCFA. Ce montant n’est pas abordable pour un pays qui a des ressources maigres. Quant au barrage de Samandeni, il faut savoir qu’il a connu beaucoup de péripéties et le démarrage a été difficile. Mais au jour d’aujourd’hui, les choses ont vraiment démarré sur le chantier. On espère que les délais seront respectés et que la mise en eau de ce barrage se fera à l’horizon 2014. J’ai été sur le terrain dans le mois de juillet et j’ai été satisfait de l’état d’avancement des travaux. Pour ce qui concerne l’indemnisation des populations, il n’y a pas de problèmes car les choses se passent bien. 1580 personnes ont déjà reçu près d’1 milliard 400 millions FCFA. Aussi, l’opération-pilote de réinstallation des éleveurs sur le campement est bouclée. Les différentes infrastructures sont en train d’être réalisées. Je rassure l’honorable député que le barrage est en bonne voie. Au rythme où vont les choses, je suis convaincu que la mise en eau du barrage aura lieu à l’horizon 2014.

La production agricole et le développement rural

Des efforts ont été consentis. Aujourd’hui, le Burkina produit 270 mille tonnes de riz. Qui pouvait le penser ? Ce qui veut dire que plusieurs stratégies ont donné des résultats, notamment l’irrigation. Malgré ce que les gens disent, je pense que des progrès ont été réalisés dans l’irrigation. De plus en plus, pour les paysans, l’année ne comporte plus 3 mois de culture seulement. Ils travaillent pratiquement 12 mois sur 12. Ce qui signifie que nous avons lancé des stratégies qui portent des fruits. Une de nos stratégies sur laquelle nous croyons beaucoup est l’opération 100 mille charrues. L’opération démarre difficilement, mais je pense que nous réussirons à distribuer 100 mille charrues en milieu rural, surtout auprès des femmes d’ici à 5 ans. Sur les semences, j’ai constaté effectivement comme vous que dans certaines localités, les paysans reçoivent les engrais et les semences en retard. Ce sont les disfonctionnements de financement des opérations. Nous en avons pris conscience et nous voulons désormais que au plus tard au 1er trimestre de l’année en cours, nous ayons fait les commandes des intrants et des semences de telle sorte qu’ils soient prêts dès le début de la saison. Il a été reproché que les boutiques- témoins sont en nombre insuffisant.
Tout de même, il faut reconnaître que ces boutiques ont contribué à résoudre des problèmes pendant la crise. La mise en place de ces boutiques nécessite beaucoup de dispositions. Mais sur la base de l’expérience que nous avons vécue, nous allons les multiplier de sorte à ce qu’elles participent de façon indirecte à diminuer les coûts des denrées de première nécessité. Dans mes tournées dans les régions, j’ai constaté que les paysans travaillent avec beaucoup d’innovations. Il faut multiplier ces innovations. Il ne faudrait pas qu’elles restent dans les localités des innovateurs. Nous avons pu nous rendre compte aussi, des difficultés qui existent dans le développement de la production rurale.
En outre, j’ai été émerveillé de voir comment les agents de l’agriculture se battent pour encadrer les paysans. Je les félicite énormément. En ce qui concerne l’élevage, chaque année, des efforts sont consentis dans le budget de l’Etat pour soutenir les éleveurs, surtout dans le domaine de l’alimentation du cheptel en saison sèche. Au titre du budget de l’Etat gestion 2011, un milliard 75 millions FCFA ont été alloués pour l’acquisition de sous-produits agroalimentaires et des équipements pour les éleveurs. Au titre des prévisions de l’année 2012, cette allocation a été portée à 1 milliard 788 millions de FCFA. Cette allocation permettra de mettre à la disposition des éleveurs, une quantité importante d’aliments pour bétail. Il faut noter l’ouverture prochaine de l’usine de fabrique d’aliment pour bétail de Koubri dans la région du Centre qui viendra augmenter la capacité et la disponibilité des sous-produits agro-industriels. Il y aura le lancement très prochainement, de la campagne de fosse et conservation de fourrage naturel pour participer à la sécurité alimentaire chez les animaux. Sur cette question, lorsque j’ai été dans la région du Sahel, j’ai pu me rendre compte qu’elle était une préoccupation des éleveurs. Nous allons tout mettre en œuvre pour que cette région qui a des potentialités énormes en matière d’élevage puisse avoir un bon système dans ce domaine. Concernant l’abreuvement du bétail, l’Etat a consenti des efforts très considérables, ces dernières années. Au titre du budget 2011, il a été alloué 260 millions FCFA pour la réalisation de vingt forages pastoraux et six boulis. En outre, il sera réalisé 54 petits accès aux ouvrages hydrauliques.
Au titre du budget 2012, l’Etat a consenti un milliard 450 FCFA pour des infrastructures hydrauliques estimées à 100 forages, 13 boulis et 2 retenues d’eau. 200 millions FCFA ont été alloués pour la construction de pistes pastorales. Les mesures prises par le gouvernement pour une gestion de l’environnement dans le cadre de l’exploitation minière sont celles relatives à l’évaluation environnementale. L’objectif est de faire en sorte que les sociétés minières soient assujetties à une étude environnementale et sociale qui les contraint à prendre les mesures nécessaires pour réduire l’impact de leur activité sur l’environnement et la santé.
De façon générale, dans l’exploitation minière, le problème auquel nous sommes confrontés est celui du cyanure, notamment avec le développement de l’orpaillage. Cela est très grave, non seulement pour la santé humaine, mais aussi très grave pour l’environnement. Nous allons renforcer notre dispositif sur l’utilisation du cyanure pour davantage réprimer ceux qui en abusent. Une question a été posée sur le lac Bam. Il faut dire que j’ai été choqué par l’image de cette retenue d’eau que j’ai vue à la télévision nationale. Le projet de désensablement du lac est en bonne voie.

La hausse des prix des produits de grande consommation

Sur cette question, vous savez bien que la crise économique internationale, débutée en 2008, a renchéri les prix des produits sur le marché international. Ce qui fait qu’aujourd’hui, notre marge de manœuvre est très basse sur les coûts de certains produits. Face à cette situation, le gouvernement a pris certaines mesures pour subventionner les prix des produits de grande consommation. Déjà en 2010, le gouvernement a injecté 8,5 milliards FCFA pour mobiliser 36 000 tonnes de vivres, distribuées à prix sociaux dans 20 provinces déficitaires. Toujours dans le but d’alléger les dépenses, 12, 6 milliards FCFA ont été injectés en 2010 dans la mise en place et le fonctionnement des cantines scolaires dans 9252 écoles et la prise en charge d’autres frais apparents à cette situation. Depuis l’avènement de la crise internationale, le gouvernement a renforcé son dispositif de surveillance de la conjoncture économique nationale et internationale. Maintenant, la question est de savoir si nous pouvons continuer de subventionner les produits alimentaires. Nous avons l’impression d’être dans un cercle vicieux. Au début de la crise, nous avons décidé sur la pression, de subventionner les prix de certains produits tels que le riz. Ce qui nous a déçus, c’est qu’il y a eu des commerçants qui n’ont pas respecté leur engagement. Non seulement, nous les avons subventionnés et ils n’ont fait aucun effort. Nous sommes en train de voir au niveau du gouvernement le problème des subventions. Nous allons fixer un prix-plancher. Aussi, il faut revoir tout notre processus d’approvisionnement des produits de grande consommation. Aujourd’hui, pour certains produits comme le riz et l’huile, nous sommes dans une situation de monopole. Mais cela ne relève pas de la loi. Aucun monopole par exemple, de l’importation du riz n’a été donné à monsieur X. Mais comme nous sommes dans un pays où nous avons peu d’hommes d’affaires qui ont les reins solides, c’est ce qui fait que ceux qui peuvent aller importer des tonnes de riz par exemple en Asie ont de fait, le monopole. Nous étudions une formule temporaire, parce que tel que nous voyons les choses, nous ne pensons pas que la crise financière va cesser dans les deux ou trois années qui viennent. Ce n’est pas sûr que nous allons assister également à la baisse des prix des produits. Nous nous demandons alors s’il n’est pas mieux d’étendre les pouvoirs de la SONAGESS, en lui permettant d’importer le riz, pendant une certaine période pour permettre de baisser son prix ? Ou à défaut, nous n’allons pas évoluer vers une centrale d’achat comme avec la CAMEG ? Il y a une autre technique à laquelle nous réfléchissons. Il s’agit de voir comment nos opérateurs économiques peuvent se regrouper, afin de concurrencer ceux qui ont les reins solides. Cette option est difficile à réaliser parce que chaque opérateur préfère travailler seul dans son coin. En dépit de ce qui est proposé comme remède à ce problème, la solution à cette situation nous exige d’augmenter la production locale du riz pour nous permettre d’être indépendant véritablement.

Sortir l’industrie burkinabè de son marasme actuel

Dans le domaine du commerce, la diminution du prix des matériaux de construction a été évoquée. Mon analyse est toujours la même à ce niveau, c’est-à-dire, tant que nous allons continuer à dépendre de l’importation de ces produits, notre marge de manœuvre est très réduite. Néanmoins, nous allons travailler à rendre les produits de construction plus accessibles aux populations. S’agissant de l’industrie, notre économie est tirée par deux secteurs majeurs. Il s’agit de la production cotonnière et minière. Dans nos recettes d’exportation, la production minière occupe le premier rang. Pendant ce temps, l’industrie manufacturée se meurt. Que devons-nous faire ? Le gouvernement reste convaincu que nous ne pouvons pas nous développer, sans une véritable industrialisation. Notre vision est de faire du Burkina un pays émergent dans le domaine industriel, en particulier sur ses points forts, tels que le coton, le textile, l’agroalimentaire, le cuir, etc. Mais la question de l’industrie est freinée par deux éléments essentiels rentrant dans les facteurs de production. Il s’agit de l’énergie et du transport. Nous sommes l’un des pays de la sous-région où l’énergie coûte très cher et cela n’encourage pas les investisseurs. Nous allons travailler à réduire ce coût. Il faut aussi que les mentalités de nos opérateurs économiques et hommes d’affaires changent. Ils ne peuvent pas continuer à faire de l’import-export. Il y a des personnes qui peuvent mettre des unités industrielles en place. Le gouvernement fera en sorte pour les encourager de sorte à ce qu’on puisse développer notre industrie.
Quelques entreprises sont, en effet, en difficulté. Parmi celles-ci, on peut citer SAP Olympique, la SN SOSUCO, Dafani, SN-CITEC, Winner Industrie, Les Grands moulins du Burkina, la SOFITEX… Il s’agit d’accompagner ces entreprises techniquement et financièrement, avec des subventions ou des prêts. Nous devons tout mettre en œuvre pour sauver nos entreprises en difficulté. Une question a été posée particulièrement, sur la société BRAFASO. D’abord sur cette question, si les magistrats se sont sentis offusqués, parce que je suis allé dans cette usine, je voudrais leur présenter mes excuses. Je n’avais pas l’intention de défier la justice, encore moins remettre en cause une décision de justice. Mon acte répondait à une problématique. Comment pouvons-nous laisser mourir une unité qui a demandé un investissement aussi important, dans un pays où on dit que les gens ne veulent pas s’engager dans l’industrie ? Mon objectif est de voir comment l’Etat peut, au moment opportun, accompagner cette usine, même si le processus de liquidation est engagé. Si nous voulons avoir une jeunesse ambitieuse, il faut encourager ces genres de personnes et les encadrer.

L’indemnisation des victimes de la crise sociopolitique

Nous avons financé les acteurs du secteur informel dont les montants des pertes subies ne dépassaient 1,5 million FCFA d’une indemnisation directe aux guichets de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Au jour d’aujourd’hui, il y a eu environ 1215 victimes qui ont pu être indemnisées à hauteur de 188 millions 261 mille FCFA. Dans le même temps une autre partie des commerçants relevant du secteur structuré s’était enregistrée dans nos deux structures chargées des indemnisations pour bénéficier de l’opération "prêt d’urgence". Nous avons, avec le FASI, pu dédommager 549 victimes qui ont bénéficié d’une avance d’un milliard 395 millions FCFA. Au total, le Trésor public a déjà décaissé la somme de 4 milliards 76 millions 596 mille FCFA pour soutenir les solutions d’urgence en faveur des commerçants victimes de la crise que le pays a traversée, au cours du premier semestre. Pour compléter ce dispositif, le gouvernement a décidé de la mise en place d’une commission d’indemnisation de toutes les autres victimes pour tourner définitivement cette page sombre de l’histoire récente de notre pays. De façon générale, nous retenons que cette crise a enregistré environ 2200 victimes, toutes catégories confondues, sur l’ensemble du territoire. S’agissant de l’évaluation du coût des réformes politiques, nous avons débloqué 500 millions FCFA pour l’organisation, la prise en charge des différentes réunions. Dans le cadre de ces réformes, nous avons prévu, au regard des institutions que nous comptons mettre en place, une ligne budgétaire de 3 milliards FCFA. Toutes les mesures prises traduisent la volonté du gouvernement à contenir les effets de la crise intervenue dans le pays. Cependant, il faut souligner que les ressources du pays sont relativement limitées et fortement dépendantes de la conjoncture nationale et internationale. Il serait prématuré d’affirmer la disponibilité des ressources. Mais il est important de relever que le gouvernement ne perd pas de vue la volonté de sortir le pays de cette crise. A cet effet, il mettra tout en œuvre pour régler la crise. Il faut que nos partenaires acceptent que nous soyons obligés dans cette période, de mettre beaucoup d’argent dans le social. Nous exprimons, pour l’occasion, notre satisfaction vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) qui a accepté, après des négociations que nous avons eues, de nous soutenir.

Les moyens pour supporter les problèmes structurels de l’économie nationale

Est-ce que nous avons le choix ? Il faut trouver les moyens pour résoudre ce qui ne va pas. Malgré nos ressources limitées, nous avons un taux de croissance situé au-dessus de la moyenne dans notre zone. D’ailleurs, le dernier rapport de la Fondation Mo Ibrahim classe le Burkina Faso 19e sur 53 pays africains dans le domaine de la gouvernance. Le pays se classe 6e sur 16 en Afrique de l’Ouest. C’est la reconnaissance des efforts que le gouvernement fournit en matière de gestion et de finances. Pour résoudre les faiblesses structurelles de l’économie dont des députés ont fait cas, nous comptons poursuivre la modernisation de l’administration, la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur financier. Aussi, nous comptons assainir les différentes filières, notamment celle du coton. L’un de nos efforts consistera à faire en sorte de tirer le plus grand profit de l’exploitation minière. Nous allons voir dans l’ensemble, dans chaque région du pays, quelle activité peut être développée, afin de tirer l’économie. Je reste optimiste que nous pouvons y arriver.

L’infrastructure


L’exploitation minière

L’exploitation artisanale de l’or cause des problèmes. La difficulté est que les populations ne respectent pas les décisions qui sont prises en la matière. Par exemple, le gouvernement suspend à chaque fois les activités de l’orpaillage pendant la saison hivernale, mais il y a des personnes qui trouvent moyen d’aller faire le travail nuitamment. Cela provoque malheureusement des éboulements et des pertes en vie humaine. Nous sommes en train de renforcer les contrôles, mais aussi de revoir la règlementation. Actuellement, cette pratique se développe de façon désordonnée et installe surtout des mauvaises mœurs dans les zones concernées. Des enfants abandonnent l’école pour aller casser des cailloux pour trouver de l’or. De plus, des fléaux comme l’alcoolisme, la prostitution, etc ; se développent autour de ces zones. Nous allons continuer la réflexion pour mieux encadrer l’orpaillage artisanale. La question de la sécurisation des mines est une priorité pour le gouvernement. Il y a un plan de sécurisation des mines en cours d’élaboration. Les destructions de certains sites miniers, ces derniers temps, nous interpellent tous. Les populations doivent comprendre que lorsque nous disons que l’or représente aujourd’hui plus de 45.% de nos produits d’exportation, il faut que nous sachions que c’est grâce à cela que nous pouvons construire plus d’écoles, plus de centres de santé, etc. Alors quand des personnes se mettent à détruire près de 10 milliards d’investissement, ce n’est pas un bon signal que nous donnons aux investisseurs. Le gouvernement, à son niveau, va non seulement sensibiliser les populations, mais aussi prendre des mesures pour renforcer le dispositif sécuritaire du secteur minier.
Le secteur minier a connu une évolution positive depuis 2007 et contribue énormément à la croissance économique du Burkina. Par rapport à l’implication des collectivités territoriales dans la gestion du secteur. Il faut dire que les textes en la matière stipulent que les collectivités doivent participer aux choix des exploitations et veiller à ce que les populations locales soient réellement associées dans toutes les activités devant conduire à l’installation de la mine. Il y a des dispositions qui obligent également les industries minières à reverser une partie de leurs bénéfices dans le développement socioéconomique des zones d’exploitation. Il est vrai que nous avons constaté que ce reversement n’est pas systématique, mais nous allons prendre en compte cet aspect des choses dans la révision du code minier afin qu’un certain pourcentage puisse vraiment participer au développement des zones où les industries minières interviennent. Par ailleurs, nous avons déjà un mécanisme de contrôle de la production industrielle de l’or au Burkina. C’est ainsi que tout le processus d’extraction de l’or se fait en présence de nos douaniers, du représentant du ministère en charge des mines, de celui de la société minière et du transitaire. Cette opération de suivi et contrôle de l’or est sanctionnée par un procès-verbal qui mentionne le poids, le cours mondial et la valeur de l’or au jour où il a été produit. L’administration des mines dispose également des informations fiables et consensuelles qui serviront de base aux calculs des redevances professionnelles. Le ministère en charge de l’économie intervient aussi, à travers ses services d’inspection qui veillent à la vérification des entrées des revenus miniers de l’Etat. De plus, le gouvernement a mis en place la brigade nationale anti-fraude de l’or qui surveille la commercialisation du métal précieux dans des comptoirs privés, d’achats et d’exportation de l’or produit artisanalement au Burkina.
C’est dans le même sens que, dès le démarrage des exploitations minières, le Burkina a volontairement adhéré aux principes de l’initiative pour la transparence des industries extractives qui est une norme internationale en matière de bonne gouvernance dans le secteur. Nous sommes en très bonne voie pour adhérer définitivement à ce processus. Tout compte fait, nous pensons que nous pouvons encore tirer meilleur profit de l’or. Nous allons renforcer le dispositif qui permette aux entreprises minières de travailler, mais aussi qui nous permettent d’engranger plus de ressources.
Nous allons donc renforcer les appuis juridiques pour faire de telle sorte qu’aussi bien la population que le gouvernement puisse tirer le meilleur profit des exploitations minières. Nous sommes convaincus que la production de l’or qui oscille actuellement entre 20 à 30 tonnes par an pourrait progresser plus vite si l’on en croit aux prévisions faites par certaines entreprises minières. Cela devra donner l’occasion à notre pays de faire des investissements consistants dans la transparence. Il faut ajouter que ce qui nous manque dans ce secteur, c’est souvent certaines compétences, notamment juridique pour mieux encadrer le domaine minier. A ce propos, nous avons eu un appui de la Banque mondiale qui va nous aider à renforcer nos capacités en la matière.

L’énergie électrique

Avec la crise ivoirienne, nous avons ressenti de façon forte les problèmes d’électricité. D’une manière générale, beaucoup de pays africains vivent cette crise énergétique. Nous avons pensé résoudre cette crise en renforçant non seulement notre dispositif existant, mais aussi en optant pour les interconnexions. En ce qui concerne le renforcement de nos capacités nationales, nous avons acquis un générateur pour Komsilga 1 qui, malgré toutes les péripéties, est arrivé à destination et produira environ 18 mégawatts. Bientôt, nous aurons des moteurs pour Komsilga 2 avec 36 mégawatts et Komsilga 3 avec 40 mégawatts. Le coût d’investissement est d’environ 30 milliards de FCFA et nous espérons démarrer l’ensemble de ces centrales d’ici à la fin de l’année 2012. Nous allons également renforcer la centrale de Bobo 2 par l’installation d’une capacité additionnelle de 20 mégawatts d’un coût d’environ 16 milliards de FCFA. La mise en service devrait intervenir également en 2012. Dans le domaine des interconnexions, nous allons renforcer l’axe Bolgatenga-Ouagadougou qui permettra d’importer environ 30 mégawatts à partir de 2014 et 100 mégawatts à partir de 2017. Il y a aussi en vue l’interconnexion d’avec le Ghana en passant par Bobo Dioulasso, Sikasso et Bamako qui nous permettra d’importer 150 mégawatts d’ici à l’horizon à 2018. Il est prévu l’interconnexion avec le Nigeria en passant par le Niger et le Bénin qui donnera l’occasion au Burkina d’importer 200 mégawatts. La mise en service de ce projet est planifiée d’ici à 2020.
A cela, il faut ajouter l’hydroélectricité avec les grands barrages dont nous disposons et que nous allons continuer à construire. Malgré toutes ces solutions, nous réfléchissons sur la question des énergies solaires. C’est une grande préoccupation du président du Faso car c’est une de nos richesses inépuisables. Il est vrai que les coûts d’exploitation sont élevés et que certains lobbies sont contre cette technologie, mais nous restons convaincus qu’il faut que nous fassions l’option définitive de l’énergie solaire. Cela fait partie de la politique énergétique du gouvernement et c’est pourquoi une centrale solaire photovoltaïque de 20 mégawatts sera produite grâce à la société minière SEMAFO de Mana. Il aura également une expérience non loin de Ouagadougou, à Zagtouli. Nous allons donc approfondir la réflexion en la matière pour, à terme, réduire le coût de l’énergie au Burkina.

Les routes et grands chantiers

Au niveau des routes, si nous devons faire le bilan aujourd’hui, nous pouvons dire que dans l’ensemble, il y a une évolution positive dans certains chantiers. Toutefois, il est vrai que d’autres travaux piétinent où sont arrêtés. C’est le cas par exemple de la route Yéguéresso-Diébougou. Lorsque je visitais le chantier, l’entreprise nous a promis de terminer les travaux au plus tard le 30 septembre. Malheureusement, nous constatons que ce n’est pas le cas, nous allons donc prendre des mesures de sanction. D’une manière générale, les entreprises qui ne respecteront plus leurs engagements seront désormais sanctionnées conformément aux textes en vigueur. Il n’est plus question de prendre des chantiers et ne pas les exécuter, car nous perdons de l’argent. J’ai également instruit tous les ministres de faire le point des chantiers abandonnés, mal exécutés. Après ce bilan, nous allons prendre les mesures de sanctions nécessaires. Déjà que nos moyens sont limités, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser ces pratiques continuer. Il faut reconnaître qu’il y a beaucoup de raisons qui entrainent ces situations. Premièrement, certaines entreprises déposent des faux dossiers sur les capacités humaines et financières dont ils disposent pour réaliser le chantier. Deuxièmement, les études sont, souvent soient mal faites, soient faites, de façon superficielle, ce qui induit en erreur les entreprises qui devront exécuter le marché. Le résultat est que les avenants qui doivent être l’exception ont souvent le même coût que le marché initial. Nous allons, par conséquent, introduire des réformes pour non seulement éliminer ceux qui déposent les faux dossiers, mais aussi à terme, aboutir à la préqualification des entreprises. Par rapport à certains projets promis par le gouvernement et qui n’ont pas été réalisés, il faut savoir qu’entre l’engagement du gouvernement à réaliser un projet et sa réalisation, beaucoup de contraintes peuvent intervenir. Nous sommes en train de réfléchir pour voir dans quel cadre nous pouvons régler ce problème. Peut-être nous allons essayer de prioriser certains par rapport à d’autres. La bonne nouvelle, c’est le bitumage de la route Dédougou-Nouna-frontière du Mali, grâce au soutien du MCA. La sélection des entreprises a déjà été faite et nous espérons lancer les travaux dès fin novembre 2011. De toute façon, le gouvernement est conscient que le développement du Burkina passe par les investissements au niveau des infrastructures routières et nous allons poursuivre les efforts dans ce sens.

Le retard dans l’exécution du chantier de l’aéroport de Ouagadougou

Je me suis personnellement impliqué dans l’avancement du chantier de l’aéroport international de Ouagadougou. Actuellement, il faut reconnaître qu’entre le 30 juillet dernier à la date d’aujourd’hui, le chantier a évolué à plus de 60%. Ce qui montre qu’il existe des situations où il faut mettre la pression sur les entreprises. Pratiquement, chaque mois, nous avons des rencontres pour contrôler l’état d’avancement des travaux. Par exemple, durant le mois d’août, il nous avait été promis que le salon de l’aéroport sera prêt d’ici à fin septembre et lorsque le ministre en charge des Transports s’est rendu sur les lieux le 3 octobre 2011, cette phase n’était pas terminée. Nous avons donc décidé d’avertir l’entrepreneur pour cela. Il est vrai que le retard est dû à plusieurs facteurs, mais il faut arrêter de prendre des engagements et ensuite, ne pas les respecter. Tout compte fait, il faut que le chantier de l’aéroport soit terminé d’ici à fin décembre 2011. Je suis certain que cela est possible.

Les questions de transport

A propos de la question des surcharges et des transports mixtes, le gouvernement doit prendre des dispositions pour qu’on en finisse avec ces situations, en tenant compte aussi de certaines spécificités comme par exemple les lieux où il n’y a qu’un seul véhicule qui dessert la zone une ou deux fois par semaine. Au niveau de parkings, le gouvernement travaille de plus en plus à réaliser de grands parkings comme dans le cas du projet ZACA. Des airs de stationnement et de repos des routiers sont désormais pris en compte également dans le cadre des bitumages des nouvelles voies. S’agissant des travailleurs déflatés lors de la liquidation de la défunte compagnie multinationale Air Afrique, le 25 avril 2002. Il faut d’abord se rappeler que près de 365 travailleurs burkinabè étaient concernés par cette opération. Suite à la défaillance du service liquidateur dans le processus du règlement des droits sociaux, l’Etat a dès lors pris des mesures visant à l’apurement échelonné de cette créance afin d’aider financièrement les déflatés.
Aussi, déduction faite des paiements effectués à ce jour, le restant des droits sociaux dus, se chiffre à plus de 2 813 000 000FCFA. C’est pourquoi, le gouvernement a décidé, au cours du conseil des ministres du 4 août 2011, de faire recours d’un prêt de 2 500 000 000 FCFA auprès d’une banque de la place et le versement d’une allocation complémentaire pour solder les droits des restants dus, soit une enveloppe globale de plus de 3 400 000 000 FCFA pour solder définitivement les droits des travailleurs déflatés. Nous sommes en train de finaliser les modalités pratiques pour cette opération. Nous allons donc faire le maximum pour que dans les meilleurs délais, leurs souffrances soient allégées.
Quant à la question de la nomination du directeur général de l’aviation civile. Il est vrai que c’était prévu qu’il soit recruté par appel à candidature et finalement le gouvernement a modifié le décret pour le nommer en conseil des ministres. Cela se justifie par le fait que la sécurité aérienne est un domaine délicat qui relève de la responsabilité de l’Etat. C’est ce souci qui est à la base de cette décision.

Transcription :
Bachirou NANA
Steven Ozias KIEMTORE
Raphaël KAFANDO

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