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Contentieux pré-électoral : Des juges acquis au CDP?
Publié le mardi 13 novembre 2012   |  Journal du Jeudi


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© Autre presse par DR
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), section du Boulkiemdé


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Lorsque samedi dernier à Simonville, à la rentrée politique du giga-parti au pouvoir, “l’Assimi-lé Kouanda” affirmait qu’il faisait «confiance aux institutions judiciaires de notre pays», on était encore loin de s’imaginer que le tribunal administratif de Ouahigouya pouvait remettre le CDP sur la ligne de départ pour les élections municipales à Gourcy. Eh, bien! c’est désormais chose faite. Envers et contre toute attente. Et la question qui brûle les lèvres est de savoir si ce verdict n’apporte pas de l’eau au moulin de ceux qui croient qu’il y a des juges acquis au parti présidentiel.

Déjà considéré à raison comme le ventre mou de l’Etat de droit et de la démocratie à la sauce burkinabè, le pouvoir judiciaire est à nouveau mis à rude épreuve par le contentieux pré-électoral. Depuis le 31 octobre, il renvoie de Ouahigouya l’image d’une institution qui est capable de sauver le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir, des situations les plus désespérées. Et la preuve a été donnée par l’annulation pure et simple de l’arrêté n°2012-002/Ceni/Cepi/-ZDM/Cec-GRC en date du 23 octobre 2012 portant publication des listes de candidatures pour les élections pour les conseillers municipaux du 2 décembre 2012». En français moins jargonnesque, le tribunal administratif de la région du Nord déclare ainsi que la Commission électorale communale indépendante de Gourcy a eu tort d’annuler les deux listes de candidatures présentées par le CDP. Mieux, il «déclare valide la liste de candidature déposée par Ouédraogo Boureima pour le compte du CDP». Une liste qui n’est autre que celle parrainée par le député Tahéré Ouédraogo qui n’est autre que le «beau-père national».

On en arrive ainsi au triomphe de la justice sur l’organe de gestion des élections. L’application par la commission ad hoc de la Ceci de Gourcy de l’article 246 du Code électoral qui stipule que «chaque parti ou regroupement de formations politiques ne peut présenter qu’une seule liste de candidats dans la même circonscription électorale» a été donc reconnue inappropriée et de nul effet par le tribunal administratif de Ouahigouya.

Selon son argumentaire, seule la liste du «beau-père national» peut être déclarée avoir reçu l’onction du bureau exécutif national du giga-parti au pouvoir. Par conséquent, le CDP peut reprendre sa place dans les starting-blocks de la compétition pour les municipales. Cette décision judiciaire sauve le parti présidentiel, mais l’honneur est-il sauf?

Si la Ceci de Gourcy ne fait pas appel du verdict, ce qui est moins probable, l’Assimi-lé Kouanda et le «beau-père» national peuvent pousser un grand ouf de soulagement et même sabler le champagne pour célébrer cette première victoire en prélude à la «victoire écrasante» promise au soir du 2 décembre. Mais les questions demeurent. Qui a ordonné que le parti présente deux listes dans cette circonstance alors que nul n’est censé ignorer la Loi électorale? Que reste-t-il de l’image de la Ceni et de son président qui payent finalement les pots cassés de l’inconséquence du CDP à présenter deux listes? Que vont faire maintenant les partis concurrents, notamment le PDP/PS, «Le Faso autrement» et tous les autres candidats de la commune urbaine de Gourcy? Et finalement, quelle image de la justice doit-on retenir de cette affaire rocambolesque qui se solde par le triomphe du parti au pouvoir, considéré à tort ou à raison comme «le plus fort»?

Ce sont là autant de questions qui méritent d’être posées et qui remettent en question la pertinence et la finalité du jeu électoral. Et qui viennent malheureusement donner quelque peu raison à ceux qui pensent que les résultats sont connus d’avance et que ce n’est pas la peine de se décarcasser ni pour voter, encore moins pour être candidat. En engageant une ultime bataille judiciaire pour reprendre la main à Gourcy, le CDP s’est évité de perdre le Nord (entendez, cette ville du septentrion), mais la démocratie et surtout l’image de la justice risquent d’en prendre un coup. Car, si dans la forme tout était possible, dans le fond cette affaire fragilise la structure d’organisation des élections qu’est la Ceni, surtout pour ces échéances transitoires qui sont les dernières du mandat du Blaiso national.

Si la balance de la justice a penché aussi facilement au profit du CDP à Gourcy, on se demande ce qui adviendra maintenant des autres affaires, notamment la plainte que l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré compte poursuivre contre l’irrecevabilité des candidatures de Boureima Badini et Somkinda Traoré/Ouédraogo, qu’il accuse de n’avoir pas rompu avec leur statut de magistrat dans les règles. Le CDP va-t-il également se servir de son puissant rouleau compresseur pour faire reconsidérer la décision du tribunal administratif de Banfora qui a invalidé la liste de ses candidatures aux municipales dans la commune urbaine de Banfora?

Rien ne semble encore acquis. Tant qu’il y aura des juges jugés «acquis» ou que l’actualité politico-judiciaire poussera à un tel sentiment, il sera difficile de prédire de quoi la politique sera faite demain au Faso.

F. Quophy

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