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Le Pays N° 5234 du 9/11/2012

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Education au BURKINA : La F-SYNTER dépeint un tableau « peu reluisant »
Publié le lundi 12 novembre 2012   |  Le Pays




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A l’occasion de la rentrée 2012-2013, la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTHER) a rendu publique la déclaration ci-dessous.

La rentrée universitaire et scolaire 2012-2013 s’effectue dans un contexte national et international marqué par l’approfondissement de la crise du système capitaliste. Elle révèle la main mise des oligarchies financières sur les politiques et le développement des peuples. L’aplatissement des décideurs politiques européens devant les décisions de la Commission de l’Union européenne est assez illustratif de cette réalité. En même temps, des guerres sont fomentées contre les peuples de par le monde sous tous les prétextes et dont l’objectif fondamental est de masquer les causes réelles de la crise ; comme quoi le capitalisme, c’est la guerre. Au plan national particulièrement, la crise socio-politique qui a marqué l’année 2011 est loin de s’être estompée malgré le changement de gouvernement auquel elle a conduit. En effet, des hommes ont changé mais le système demeure et chaque jour, des faits viennent rappeler aux Burkinabè que le pouvoir de la IXe République est incapable de combattre l’impunité qu’il a longtemps érigée en système de gouvernance. Dans un contexte socioéconomique marqué par la précarité sanitaire avec le paludisme qui a fait des ravages encore cette année, la vie chère touchant tous les produits de grande consommation, le quotidien des populations en cette rentrée scolaire est franchement intenable. Pendant ce temps, le gouvernement s’active pour organiser des élections couplées en décembre prochain comme si la solution aux problèmes réside essentiellement là. Or, l’expérience de la communalisation intégrale avec ses scandales à répétition sur la gestion des Conseils municipaux et des maires, a montré au peuple les limites des illusions électoralistes quant à la résolution de ses nombreux problèmes. De même, le cas du Mali est là et patent ; démontrant que l’alternance n’est pas synonyme de démocratie encore moins une panacée pour la paix sociale. Dans le secteur particulier de l’éducation, les problèmes s’accumulent. L’option de la privatisation du système éducatif qui a pris une place centrale dans la politique éducative du gouvernement de la IVe République vient de connaître un nouveau tournant à cette rentrée scolaire avec des augmentations généralisées des frais de scolarité opérées par les structures patronales de l’enseignement privé que sont l’UNEE-PL (l’enseignement privé laïc), l’UNEC (l’enseignement catholique), l’UNEP (l’enseignement protestant), la Fédération nationale des établissements franco-arabes. Ces augmentations qui ont pris pour prétexte les revendications des professeurs sur le taux horaire de vacation, sont intervenues avec la complicité déclarée du ministère des Enseignements secondaire et supérieur qui, tout en laissant filer les hausses des frais de scolarité, a tranché d’autorité les taux horaires de vacation en les fixant à 2300 et 2 500 F CFA contre l’avis des organisations syndicales qui demandaient des taux échelonnés allant de 2700 à 4 000 F CFA.

« On ne sait plus quand commence l’année universitaire… »

Dans l’enseignement supérieur, on ne sait plus quand commence l’année universitaire et quand elle prendra fin notamment à l’université de Ouaga. Les pools universitaires ouverts au forceps à Fada et à Ouahigouya sont confrontés à des problèmes de sites. Dans les autres universités, les préoccupations récurrentes des étudiants, liées au transport, aux effectifs pléthoriques, à la restauration, etc. restent entièrement posées sans qu’aucune solution sérieuse ne leur soit apportée. Conscientes de cette carence du gouvernement dans la résolution des problèmes, l’administration de l’université de Koudougou, avec à sa tête le Pr Gérard Segda, a décidé de casser l’ANEB par des sanctions touchant 16 de ses militants ou responsables, allant de l’annulation des résultats de sessions à interdiction de s’inscrire dans les universités publiques et privées du pays en passant par des exclusions de 1 à 5 ans. Il est vrai que la fête du cinquantenaire de « l’indépendance nationale » arrive à grands pas, mais de là à chercher à sacquer des jeunes qui ont usé de moyens syndicaux pour poser des problèmes réels amène à se demander pour quel avenir travaillent ces sommités universitaires. Dans les autres ordres, comme à son habitude, le pouvoir, incapable de trouver les solutions appropriées à la crise qui tenaille le système éducatif depuis des années, sort une fameuse initiative visant à transférer le préscolaire et le premier cycle du secondaire au ministère de l’Education nationale (MENA). Ces réformes qui se suivent et dont les bilans n’ont jamais été faits clairement pour montrer leur apport au solutionnement des problèmes de l’école burkinabè, indiquent leur caractère anti-éducatif et anti- national. Imposées le plus souvent par les institutions de Breton Woods en l’occurrence la Banque mondiale et le FMI, elles visent plus à leur permettre de poser les bases de l’exploitation et de l’asservissement du peuple en tant que vision de développement et d’évolution de nos pays. Les bilans des PAS faits par leurs géniteurs eux-mêmes montrent, à souhait, que les objectifs assignés à ces genres de programmes et projets inspirés et soutenus financièrement par les impérialistes n’ont rien de progressiste pour nos pays. Ainsi, à l’image du PDDEB qui a englouti des centaines de milliards en une dizaine d’années avec les résultats incertains sur la qualité du système éducatif, le Programme de développement stratégique de l’éducation de base (PDSEB) dans lequel s’inscrit ce transfert, par sa vision actuelle, plombera encore davantage l’école dans notre pays. Outre son orientation philosophique, cette option politique du gouvernement dans le secteur de l’éducation pose de nombreuses interrogations pour lesquelles les réponses ne sont pas données. Elles touchent aussi bien des aspects institutionnels que juridiques, pédagogiques, administratives et de gestion, etc.

« »Des poursuites judiciaires doivent être engagées »

L’actualité nous conforte que la gestion rigoureuse de la chose publique est le moindre des soucis pour les tenants du système. Le rapport de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ARCE), une institution de l’Etat lui-même, sur les secteurs sociaux comme l’éducation, la santé est plus inquiétant.. Pendant que le gouvernement s’échine à démontrer qu’il est impossible d’améliorer les conditions de vie et de travail des élèves et étudiants en termes d’octroi de bourses, d’aides, de construction d’infrastructures et de recrutement conséquent d’enseignants, etc., ceux qui sont commis à la gestion de l’éducation au plus haut niveau s’illustrent par des pratiques indignes d’éducateurs en barbotant dans les frais de scolarité que les pauvres parents d’élèves et d’étudiants peinent à payer pour assurer l’éducation de leurs enfants face à la démission de l’Etat. Sur ce chapitre, la forfaiture de Joseph Paré, ancien ministre des Enseignements secondaire et supérieur (MESS), est d’autant plus révoltante que depuis 2007, notre syndicat avait attiré l’attention sur la gestion des sommes perçues par le ministère au titre des frais d’inscription versés par les parents et exigé un bilan, sans qu’aucune réponse convaincante ne nous ait été fournie. C’est pourquoi, les acteurs de l’éducation que sont les travailleurs, les élèves et étudiants qui sont les premiers touchés du fait du manque de moyens pour travailler, doivent exiger que ces pirates d’un autre siècle rendent des comptes sur leur forfaiture. Il ne s’agit pas, en effet, de faire rembourser de l’argent pour se dédouaner. Nous sommes dans un secteur qui doit être un rempart pour une société en décrépitude. Des poursuites judiciaires doivent être engagées contre ceux qui ont été épinglés et des sanctions à la hauteur de la faute prises à l’encontre des coupables. L’ex-ministre des Enseignements secondaire et supérieur, le Pr Joseph Paré, et tous les hauts responsables du ministère cité dans le rapport doivent rendre compte. Au-delà de ces cas, les acteurs du système éducatif doivent se mobiliser pour une gestion plus rigoureuse et saine des établissements et services. La F-SYNTER qui s’est toujours battue dans ce sens ne ménagera aucun effort pour une éducation au service des enfants de notre peuple. Au regard de ce tableau peu reluisant, les démocrates et notre peuple doivent se mobiliser autour des questions de l’éducation qui est un pilier important de développement et de progrès social. De nombreux problèmes ci-dessus soulignés dépassent les cadres de mobilisation des travailleurs de l’éducation, des élèves et étudiants. Ils interpellent tout notre peuple. Il est plus qu’urgent que le bilan sans complaisance de toutes ces réformes mises en œuvre jusqu’à présents soit fait et qu’un débat soit engagé sur le transfert du préscolaire et du premier cycle du secondaire au MENA à l’échelle de la nation. Nous exigeons du gouvernement des solutions appropriées aux graves problèmes de l’éducation en lieu et place du recours à la répression comme c’est le cas actuellement à l’université de Koudougou. Nous exigeons l’annulation de toutes les sanctions injustes prises à l’encontre des étudiants en lutte. Malgré toutes ces contraintes, nous souhaitons à tous, enseignants, parents d’élèves, élèves et étudiants, une bonne rentrée 2012-2013.

PAIN ET LIBERTE POUR LE PEUPLE !

Ouagadougou, le 24 Octobre 2012

Pour le Bureau national fédéral

Mamadou BARRO Secrétaire général fédéral

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