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L`Observateur Paalga N° 8591 du 1/4/2014

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Burkinabè de l’étranger : «De Seattle à New York, il faudra 800 dollars et 7 h d’avion pour aller voter» (Adama Ben Gaston Sawadogo, délégué CSBE)
Publié le mardi 1 avril 2014   |  L`Observateur Paalga




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Le vote des Burkinabè de l’étranger à la présidentielle de 2015 ! Un sujet qui revient depuis un certain temps. Mais comment cela peut-il se faire concrètement ? Adama Ben Gaston Sawadogo qui est le délégué du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE) à New York où il réside depuis janvier 2000 nous a donné sa petite idée sur la question au cours de l’entretien qu’il nous a accordé de passage à Ouagadougou pour la 4e Assemblée générale du CSBE qui s’est tenue du 13 au 15 mars dernier. Il revient également sur la réalité du rêve américain et les conditions de vie des Burkinabè de New York. Lisez plutôt !






Pouvez-vous nous raconter votre petite histoire ? Comment êtes-vous parvenu à vivre le rêve américain ?


• Je travaillais dans l’Administration, je suis enseignant de profession et nous étions de la deuxième promotion de l’ENEP en 1986 ; j’ai enseigné de 1987 à 1994 puis j’ai été surveillant au lycée Philipe-Zinda-Kaboré. De 97 à 2000, j’ai été nommé chef de protocole du ministère de la Promotion de la femme. C’est ainsi qu’en 99 j’ai effectué mon congé en France et aux Etats-Unis et j’ai mûri l’idée d’aller tenter une expérience à l’extérieur étant donné qu’en tant que responsable de protocole nous recevions des gens qui parlaient anglais et la langue me faisant défaut ; j’ai pris la décision de prendre une disponibilité de deux ans pour aller apprendre l’anglais et revenir dans mon service. Mais quand je suis arrivé après les deux ans, j’ai renouvelé une deuxième fois et j’ai décidé d’y rester car ma femme m’a rejoint 5 mois après, nous avons eu un enfant. Compte tenu de la multiplicité des opportunités pour l’éducation de l’enfant, d’un commun accord, nous avons décidé de rester.

On ne paye même pas 5 francs pour la santé de l’enfant et c’est pareil pour l’éducation. Avec le revenu que nous avions là-bas ; nous étions à l’abri du besoin et il n’était pas sûr que si nous revenions, nous aurions pu nous occuper convenablement de notre enfant. C’est ce qui m’a motivé à rester là-bas, me sacrifier, même si c’est très difficile pour moi parce que ce n’est pas le même métier que nous faisions au pays.



Votre famille s’est-elle agrandie depuis lors ?


• J’ai trois enfants maintenant. Je suis arrivé aux USA en 2000 ; la première est née le 14 octobre 2003, le 3 juillet 2005, j’ai eu mon deuxième et le 8 janvier 2009 j’ai eu mon troisième.



Dans quel secteur d’activités exercez-vous à New York ?


• J’exerce dans le domaine de la distribution des boissons, dans la plus grande compagnie des Etats-Unis, le Manhatan beer distruber. Nous nous occupons de la distribution dans tous les hôtels, les restaurants et dans les alimentations.



Combien de Burkinabè compte la communauté de New York et dans quels domaines d’activités exercent-ils le plus souvent ?



• Il n’y a pas encore de chiffre exact, mais nous dépassons les dix mille parce que la plus grande concentration se trouve au niveau des quartiers populaires tels que le Bronx, Brooklin, Harlem qui est à Manhatan. Nous avons commencé à les recenser pour avoir des chiffres exacts bientôt. Les Burkinabè exercent dans divers secteurs. Si un Burkinabè arrive aujourd’hui même s’il est docteur, à cause de la barrière linguistique il ne peut pas exercer son métier là-bas au départ. Nous sommes obligés de lui chercher quelque chose dans les restaurants, qui sont les premiers recruteurs. Donc quel que soit ton métier au pays tu es obligé de travailler dans les restaurants, de faire la plonge pour avoir de quoi payer la maison, pouvoir aller à l’école apprendre l’anglais et par la suite exercer le métier que tu veux. Beaucoup partent faire du taxi car c’est un métier libéral. Il y a beaucoup de nos compatriotes qui ont eu des masters et qui ont trouvé qu’ils gagnaient beaucoup plus en faisant le taxi qu’en allant travailler dans un bureau. C’est ça la différence entre les anglophones et nous. Par exemple, dans ma compagnie un chauffeur qui fait la livraison touche 20 dollars de l’heure alors que le SMIG aux USA, c’est 7 dollars 25 l’heure. C’est ce que vous devez donc avoir au minimum si vous avez les documents nécessaires et que vous parlez anglais et qu’une compagnie vous recrute alors que quelqu’un qui va faire le taxi a 18 ou 20 dollars/heure. Est-ce que cette personne va laisser ce boulot même si nos compatriotes trouvent que c’est dégradant et aller avec tous les diplômes associés commencer avec 14 dollars ou 15 dollars ? Ce qui fait que même si nous avons des diplômes, nous continuons à exercer ces métiers. Si je prends mon cas, de mon travail le soir, je quitte à 4h du matin pour commencer à 5 heures, il n’y a pas d’heure de descente mais on est payé quand on finit son travail même si c’est à 2 heures du matin on te paye les 8h de travail. Si ton boulot te demande d’aller jusqu’à 20 h tu dois le faire et tu seras payé pour les heures supplémentaires. De ce fait, tu peux quitter à 5 heures du matin et revenir à minuit à la maison et comme c’est bien rémunéré, ce n’est pas un problème.



Ces activités vous laissent-ils le temps de vous informer sur votre pays natal ? Comment se vivent depuis là-bas les turbulences politiques actuelles, notamment sur la question de l’article 37 et celle de la mise en place du Sénat ?


• Il y a autant de Burkinabè à l’extérieur qu’à l’intérieur maintenant et avec les TIC, nous suivons l’actualité nationale plus que l’actualité américaine. Une fois arrivé à la maison après le boulot, je ne regarde pas les informations américaines qui font plus dans le sensationnel et le commercial. Je préfère regarder la télévision burkinabè pour savoir ce qui se passe en temps réel ou avec mon ordinateur je vais sur des sites comme lefaso.net pour savoir ce qui se passe au pays.

Sur la question de l’article 37, il faut dire que c’est la même chose, les avis sont partagés puisque la majorité des Burkinabè vivant aux USA sont des étudiants, et qui dit étudiant dit nouvelle génération. Je vous donne une anecdote : il y a quelqu’un qui a dit qu’il est né et il a trouvé le même président, qu’il s’est marié et a un enfant et toujours avec le même président. Quand on parle de la révision de l’article 37, ils se disent que c’est pour permettre au président de continuer. Ils reconnaissent le travail que le président a eu à faire et ils lui en sont reconnaissants, mais ils veulent le changement ; c’est moitié moitié.



Ces débats se mènent-ils au cours de rencontres périodiques ?



• Nous menons des activités. En tant que délégué, je convoque régulièrement une assemblée générale au moins une fois tous les 4 mois pour rencontrer toute la communauté burkinabè pour discuter et organiser des activités. Je suis également un promoteur culturel, j’essaie de faire connaître la culture de mon pays à l’extérieur et ça entre dans le cadre de ma mission. Nous organisons des activités culturelles et invitons des artistes burkinabè à se produire et autour de tout cela, il y a le débat. «Que pensez-vous de la révision de l’article 37» par exemple et les avis sont partagés comme je vous l’ai expliqué. Nous, en tant que responsable, nous disons qu’à l’extérieur, nous ne devons pas contribuer à attiser le feu. Nous sommes dans un pays de paix, de démocratie parce que avant on ne pouvait pas parler haut et fort, mais aujourd’hui on peut le faire et cela prouve qu’il y a la démocratie. Nous devons amener les uns et les autres à discuter pour trouver une solution. Sinon constitutionnellement, certains disent que l’article 37 peut être modifié et d’autres soutiennent le contraire mais personnellement je n’ai pas lu la Constitution pour savoir ce qu’il en est réellement. Chacun prend parti, librement.


Les Etats-Unis sont devenus aujourd’hui le nouvel eldorado des jeunes Burkinabè qui veulent tous vivre, comme vous, le rêve américain. Quelle est la réalité là-bas?


• C’est ce qu’on dit, mais nous devons apporter l’information juste à nos frères qui sont restés au pays. Jusqu’en 2000, c’était encore bien car il y avait de l’emploi. Quand un Burkinabè arrivait, dès le lendemain nous pouvions lui trouver un boulot. Mais après les attentats de 2001, tout a changé. Beaucoup de sociétés sont tombées en faillite. Elles se délocalisent et quand quelqu’un vient, premièrement c’est dans la ville de New York parce qu’il y a une loi de l’immigration qui est tellement efficace et solide que si vous arrivez vous n’avez pas besoin de circuler avec votre passeport et l’autorité n’a pas le droit de vous demander quelles sont votre nationalité, votre situation, etc. Vous êtes comme un Américain et la police même vous aide si vous avez des problèmes. Chacun a sa chance dans la vie. Nous voyons des jeunes qui arrivent et qui, grâce à nos expériences et à nos conseils, arrivent à s’intégrer et viennent en aide même à ceux qui sont allés depuis longtemps. Les USA, ce n’est pas parce que je suis ancien que je peux réussir, mais c’est savoir quelle initiative il faut développer même si tu ne parles pas la langue. Avec des idées novatrices, on peut réussir plus que celui qui est là depuis 20 ans. Mais il faut dire que ce n’est pas facile et celui qui vient doit se préparer et espérer, avec la chance et la volonté, réussir. Ce n’est pas facile, et il faut travailler des heures durant. Prenons mon cas. Ici j’ai été fonctionnaire, je pouvais travailler durant deux heures, quitter après aller prendre ma pause-déjeuner et ne plus retourner au bureau. Là-bas, ce n’est pas comme ça, c’est contrôlé, la compagnie est créée pour faire de l’argent donc il y a un manager général dans chaque section pour contrôler le travail. S’il n’y a pas de production, le manager perd son poste et qui va accepter perdre son poste et te laisser (rires) ? Tu as droit à une heure de pause-café pour aller manger et passer tes coups de fil. Après cette heure, tu dois revenir continuer ton travail et à la descente tu vaques à tes occupations. On constate ici dans l’Administration qu’on parle beaucoup. Les gens sont au bureau et passent leur temps au téléphone pendant que des gens attendent parce qu’ils sont en communication. Si ce n’est pas une communication pour le service, cela devrait se faire en dehors des heures de service. Aux Etats-Unis, ce n’est pas admissible.

A New York, les gens sont solidaires : si vous arrivez à l’aéroport, que vous prenez un taxi et que c’est un Africain qui le conduit, si vous dites que vous êtes Burkinabè et que vous ne savez pas où aller, même si c’est chez un autre Africain, il va aller vous déposer et contacter un concitoyen pour que vous soyez hébergé. Un Burkinabè qui arrive, c’est mon devoir d’aller le chercher même s’il va dormir dans mon salon, il sera nourri même si c’est un mois après que je vais trouver un boulot pour lui pour qu’il puisse voler de ses propres ailes.



La nostalgie du pays n’est-elle pas difficile à vivre par moments ? Est-ce que des mets traditionnels comme le tô ne vous manquent pas là-bas ?


• (Rires) Quand j’étais parti nouvellement là-bas, il y avait une mission qui venait, je n’étais pas là et ma femme a pris des tomates fraîches, du poisson pour me les envoyer parce qu’elle se disait que nous n’en avions pas là-bas. Pourtant si. Ce que nous trouvons ici au Burkina se trouve aussi aux Etats-Unis, sauf que nos enfants n’ont pas l’habitude de manger ce que nous mangeons ici au Burkina. C’est la même nourriture et mes enfants, par exemple, aiment le tô parce que ça dépend de la sauce. Ils n’aiment pas beaucoup le riz et nous avons le zamnè, le zinm (potasse). Il y a ce qu’on appelle les African market qui ont presque tous les produits que l’on trouve sur le continent africain grâce à la loi qui permet à ces produits de rentrer sur le sol américain. Personnellement, je n’aime pas manger américain et nous consommons burkinabè dans ma famille autant que nous le pouvons. Il y a, du reste, un compatriote burkinabè qui a ouvert un restaurant burkinabè à Lennox avenue à Harlem entre la 144e et la 145e avenue et les Américains apprécient beaucoup et ça marche bien.



Il est question du vote des Burkinabè de l’étranger à la présidentielle de 2015, comme vous en avez discuté au cours de l’AG du CSBE. Est-ce que ceux de New York pourront effectivement y participer ?


• Lors de l’assemblée générale, les Burkinabè de l’étranger ont posé le problème du vote. Conformément à la loi, les votes seront autorisés seulement dans les ambassades et dans les consulats. Les USA comptent 50 Etats, c’est comme toute l’Afrique et il n’y a qu’une ambassade et une mission permanente à New York. C’est dire donc que tous ceux qui voudront voter seront obligés de se déplacer à New York ou à Washington. Quelqu’un qui est à Seattle a 7 heures et demie de vol à faire et 800 dollars à dépenser pour son billet d’avion pour aller voter à New York. Vous voyez qu’il y aura une grande difficulté pour que tous les Burkinabè des Etats-Unis puissent exercer leur droit de vote. Ce qu’ils nous ont dit, c’est qu’étant à l’extérieur le pays hôte ne permettra pas d’installer des bureaux de vote dans des écoles comme au Burkina Faso, puisque c’est la représentation diplomatique qui est le territoire burkinabè. L’Etat ne peut donc pas s’engager à nous promettre d’autres bureaux de vote afin de rapprocher les Burkinabè des autres Etats où il n’y a pas de représentation diplomatique. En juin et en juillet, il y aura une mission de la CENI qui viendra, avec l’aide des délégués et d’ambassadeurs, commencer le recensement. Au vu du nombre de Burkinabè qui pourront être recensés, ils diront si tel ou tel pays pourra accueillir un bureau de vote. Si le nombre n’est pas suffisant, disons 10 par exemple, on ne pourra pas mettre un bureau de vote qui aura le même coût qu’un autre qui aura 800 personnes. De ce fait, ils pourront nous dire quel pays peut avoir un bureau de vote où les Burkinabè pourront accomplir leur devoir. Ce n’est pas sûr que tous les Burkinabè à l’étranger pourront voter. Si nous voulons exercer notre droit de vote et étant donné que c’est nous qui avons demandé cela à notre Etat, nous devons faire des sacrifices, mobiliser, sensibiliser les gens pour qu’ils puissent sortir. Nous ne devons pas dire que c’est éloigné et que nous ne pouvons pas y mettre les moyens. Si nous n’arrivons pas à le faire déjà comment nous voulons qu’à l’avenir la diaspora puisse avoir des représentants à l’Assemblée nationale ? Aujourd’hui, on nous dit de voter pour la présidentielle. Si nous n’arrivons pas à mobiliser les gens pour s’inscrire sur la liste électorale, comment demander que la diaspora puisse siéger au Parlement ?



Que faire alors pour que ce vote soit effectif ?


• Nous savions déjà qu’il y aurait des problèmes donc nous avons attiré l’attention de l’autorité. Les délégués sont des bénévoles, nous ne sommes pas rémunérés. Nous venons de notre poche en aide aux Burkinabè qui sont en difficulté. Les élections nécessitent un budget. Nous avons demandé d’inclure un budget CSBE pour permettre aux délégués de circuler et d’aller motiver, sensibiliser et recenser nos compatriotes afin de les amener à voter. Mais si dans le budget on ne tient pas compte de cela, il va de soi que la mobilisation ne sera pas conséquente puisque nous n’allons pas pouvoir continuer à enlever de l’argent de notre poche pour les besoins de la cause. Je sais que les autorités tiendront compte de nos suggestions et que nous aurons un budget qui nous permettra de sensibiliser la communauté.

Je lance également un appel à la classe politique, car c’est la première fois que les Burkinabè de l’étranger voteront. Cela signifie que les partis politiques doivent avoir leurs représentants dans chaque pays où il y a des Burkinabè. Pour préserver la cohésion, j’appelle les leaders politiques à faire preuve de tact sur ce point pour ne pas entraîner la fracture entre les Burkinabè. La campagne, c’est le fait d’exposer ses idées pour convaincre ; c’est loin d’être la bagarre. Après les votes nous resterons ensemble, notre rôle n’est pas de diviser mais de sensibiliser.



Au cours de votre AG, vous avez aussi évoqué la participation des Burkinabè de l’étranger à l’édification d’un Burkina émergent. Comment cela peut-il se faire concrètement ?


• Si on s’en tient aux statistiques, ils ont dit que la contribution financière que les Burkinabè de l’extérieur apportent au pays s’est élevée en 2012- 2013 à 53 milliards de FCFA, ce qui montre que c’est vraiment important. De ce fait, il faut qu’on les organise, qu’on leur montre les opportunités pour qu’ils puissent investir parce que beaucoup ont des capitaux mais ils n’ont pas de répondants ici et il n’y a pas de sécurité, de garantie. On préfère garder l’argent et on n’investit pas alors que l’investissement ici est rentable. Au cours de notre AG, nous avons eu beaucoup de sociétés et des banques qui sont venues nous montrer des opportunités. Il y a eu des sociétés immobilières telles que la CGE, AZIMMO qui sont venues. Les propositions sur le plan du coût sont tellement alléchantes et nous avons tenu à aller, de visu, constater, prendre des photos pour les montrer à nos compatriotes vivant aux USA. J’étais tellement positivement étonné de voir les cités témoins à 24 millions FCFA la villa de type F4 (trois chambres-salon douche interne, cuisine) bien faites, avec un apport de 15% comme acompte et le reste payable en 15 mensualités. Ça pourrait intéresser le Burkinabè de l’étranger. C’est ce que nous avons demandé depuis longtemps parce que la société AZIMMO qui s’est déplacée à New York nous demandait avant, 24 millions FCFA pour une villa mais il fallait verser 80% comme acompte et les 20% payables en une année. C’était difficile.

La CGE a fait une proposition qui répond plus aux attentes des Burkinabè de l’étranger. Ce sont des logements de qualité et les conditions sont plus avantageuses. Vous verrez que la diaspora va investir et créer des emplois.

Propos recueillis par Hyacinthe Sanou

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