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Le Quotidien N° 1024 du 28/3/2014

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Egypte : la démocratie attendra
Publié le vendredi 28 mars 2014   |  Le Quotidien




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Le jeu politique qui se joue en Egypte est un scénario bien connu des Africains. Combien de fois ont-ils vu des putschistes troquer leur uniforme pour le costume-cravate ? Les cas les plus récents furent Amadou Haya Sanogo au Mali et Michel Djotodia en Centrafrique. Venus en sauveurs, ils ont malheureusement plongé leurs pays dans la désolation. C’est le même statut de messie que les Egyptiens attribuent à leur maréchal chef des armées, qui vient d’annoncer son intention de briguer la magistrature suprême. Il faut le dire tout net, chaque fois qu’un coup d’Etat survient sur le continent et qu’un militaire prend le pouvoir, c’est un pan de la démocratie qui tombe. Mais, les Egyptiens n’en ont cure. Pour eux, l’essentiel est de pouvoir vivre en paix et vaquer à leurs occupations, même dans la dictature. Après l’épisode douloureux de la révolution et la page incertaine et aventuriste de la gestion des Frères musulmans, ils ne rêvent qu’à une chose : retrouver la quiétude et, pourquoi pas, aspirer à un mieux-être socioéconomique. L’armée a ainsi réussi son coup. Elle a patiemment attendu que le régime démocratique de Morsi se fourvoie, pour se présenter en seule garante de la paix en Egypte. Bien sûr, elle a donné un coup de main au destin, en menant la vie dure aux frères musulmans, du temps de leur splendeur, puis lorsqu’ils étaient contestés par une partie de la population. C’est un scénario bien huilé qui a donc permis le coup d’Etat, l’émergence du maréchal Al-Sissi et prochainement, son élection à la tête de l’Egypte. Et tant pis si pour cela on aura sacrifié la Révolution, stoppé la démocratie et tué des milliers d’Egyptiens.
Normale ou pas, avec la candidature de Al-Sissi, l’Egypte tourne la brève page des régimes civils. Le pays des pharaons est résolument tourné vers un pouvoir militaire. La faute aux civils représentés par les islamistes ? Ils y ont certainement une grande part de responsabilité. Ils ont prêté le flanc en engageant trop vite et trop loin des réformes qui ont fait croire que l’Egypte basculait vers la théocratie. Dès lors, même les démocraties occidentales, qui ont porté à bout de bras la Révolution, ont commencé à se méfier, voire à prendre leurs distances des Frères musulmans. L’amateurisme politique de Morsi et de ses compagnons les a conduits à confondre vitesse et précipitation, oubliant que l’Egypte n’était pas prête à subir les rigueurs d’un Islam radical. Tout compte fait, pour certains Egyptiens et pour les Occidentaux, un régime d’exception issu d’un coup d’Etat était préférable à un régime à forte connotation islamiste. La démocratie attendra donc.
Morsi a mal utilisé le pouvoir des urnes. S’étant fait élire démocratiquement, il se croyait tout permis, y compris remettre en cause les fondements laïcs du pays. Une erreur qu’il paie aujourd’hui au prix fort. De nombreux apprentis ou vieux dirigeants sont aussi tombés dans le même piège. Ce n’est pas parce qu’on a l’onction du peuple qu’on se croit tout permis. Les errements de chefs d’Etat démocratiquement élus, on en compte à la pelle sur le continent. Et si l’armée n’est pas républicaine et respectueuse des institutions, cela finit par un coup d’Etat. Dans tous les cas, l’enracinement de la démocratie doit permettre d’éviter les ruptures constitutionnelles. Les urnes doivent être les meilleures armes pour sanctionner un dirigeant incapable. Le Sénégal et bien d’autres pays, fort heureusement, l’ont démontré, à travers des alternances provoquées par des élections. Les putschs ne semblent donc pas être une fatalité en Afrique. Les Egyptiens s’inscrivent dans cette donne. Ainsi, pour le moment, la démocratie attendra.

La Rédaction

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