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Le Quotidien N° 1018 du 21/3/2014

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Ble Goude a la CPI: Une arme à double tranchant pour ADO
Publié le samedi 22 mars 2014   |  Le Quotidien


Charles
© Autre presse par DR
Charles Blé Goudé


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Il est difficile de suivre la logique des autorités ivoiriennes dans leur démarche judiciaire post-crise. L’extradition annoncée de Charles Blé Goudé à la CPI (Cour pénale internationale) participe à ce cheminement en zigzags. Si l’on s’en tient à l’argument ayant prévalu au transfèrement de Laurent Gbagbo, Blé Goudé ne devait pas être livré à la CPI. En effet, en son temps, le gouvernement ivoirien avait invoqué l’impréparation de la justice nationale, après la grave crise post-électorlae. Aujourd’hui, changement de discours pour justifier la remise de Blé Goudé à la justice internationale, étant donné que l’argument d’une justice ivoirienne non prête ne tient plus. Alors, on présente parfois ce nouvel éloignement comme une condition de la réconciliation. D’un cas à l’autre, le régime ivoirien use donc d’explications variables. Il reste le dossier Simone Gbagbo, lui aussi sur la table de la CPI. On attend de voir quelle attitude le pouvoir adoptera face à l’épouse de l’ex-président ivoirien. En principe, il n’y a pas de raison que son extradition soit encore longtemps refusée à la CPI, étant donné que la dame de fer du bord de la lagune Ebrié a aussi une grande part de responsabilité dans la plongée du pays dans les abîmes de la guerre. Mais la Côte d’Ivoire a sa logique dont on arrive difficilement à percevoir les mécanismes.
Charles Blé Goudé pouvait être jugé en Côte d’Ivoire. C’est le principe même privilégié par la CPI, si le pays est capable d’administrer une justice indépendante et équitable. La Côte d’Ivoire avait donc la possibilité de juger l’ex-général de la rue et de refuser de le livrer. La Libye, un autre pays récemment sorti d’une guerre civile aussi effroyable, a bien refusé de livrer Saif El Islam, sans que le ciel lui tombe sur la tête. Pourtant, il n’y a pas de comparaison possible entre les deux pays, la Côte d’Ivoire ayant une expérience démocratique que la Libye n’avait jamais eue. Avec cette promptitude à répondre aux injonctions de la CPI, Alassane Ouattara cultive de bonnes relations avec la CPI. La Côte d’Ivoire, pour utiliser une expression jadis en vogue dans d’autres domaines, est un bon élève. Cette collaboration pourrait cependant se présenter comme un couteau à double tranchant. On est en effet impatient de voir comment le président Ouattara réagira, si la CPI épingle un de ses proches. Dans le camp du pouvoir, des personnalités, aujourd’hui nommées à de hautes fonctions, sont régulièrement épinglées par les organisations de défense des droits de l’homme. Certes, ADO a encore une carte en main, qui puisse lui permettre de refuser l’extradition de ses proches si des mandats étaient émis à leur encontre. Il s’agit bien sûr de Simone Gbagbo, arrêtée bien avant Blé Goudé, réclamée par la CPI, mais jamais livrée. ADO pourra toujours dire qu’il n’obéit pas à toutes les injonctions du tribunal de La Haye.
L’autre interrogation que suscite l’extradition prochaine de Blé Goudé, c’est son impact sur le processus de réconciliation nationale et accessoirement sur la paix et la sécurité en Côte d’Ivoire. Si la réconciliation nationale s’entend par entente entre le FPI et le RDR, alors c’est raté. Après un semblant de trêve, marquée par une esquisse de négociations, on peut affirmer sans risque de se tromper que les ponts sont coupés entre les deux partis. Pour preuve, le FPI a appelé à un « boycott massif » de l’opération de recensement général de la population. Mais si par réconciliation on fait référence au processus global de retrouvailles entre Ivoiriens, les choses avancent relativement bien. Le retour incessant d’exilés en est une des principales manifestations. Concernant la paix et la sécurité, l’extradition de Blé Goudé ne peut pas les remettre en cause. Le pays a atteint un niveau de stabilité tel que, en dehors de quelques attaques d’individus venus du Libéria, il n’y a rien à craindre. En somme, le pays a passé le cap des turbulences sécuritaires. Mais rien n’est jamais définitivement acquis en matière de paix. C’est pourquoi le président Alassane Ouattara doit faire de la justice, pour tous les Ivoiriens victimes de la crise post-électorale, un credo inébranlable.

La Rédaction

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