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Le Quotidien N° 1017 du 20/3/2014

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Lutte contre la gabegie : L’exception sud-africaine
Publié le vendredi 21 mars 2014   |  Le Quotidien




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L’Afrique du Sud est-elle un pays africain ? Question curieuse mais sensée, tant les normes démocratiques qui y ont cours sont sans commune mesure avec le reste du continent. L’Afrique du Sud est un cran au-dessus de l’ensemble des pays africains. Et elle vient une fois de plus de le prouver avec le rapport de la médiatrice de la République sur la résidence privée du président Jacob Zuma. Au pays de Mandela, les institutions de contrôle jouent véritablement leur rôle. Il ne s’agit pas de ces coquilles vides qui encombrent le paysage institutionnel de bien des pays africains, pour donner une illusion de démocratie. Ainsi donc, le chef de l’Etat du pays le puissant du continent n’a pas échapper à l’œil inquisiteur de la médiatrice.

Le résultat est sans appel, puisque Jacob Zuma est accusé d’avoir fait un usage abusif des fonds publics dans la construction de sa résidence privée. Bien entendu, comme dans tous les pays du monde, le pouvoir a tenté de bloquer la procédure. Mais les institutions sont plus fortes que tout et la vérité a fini par éclater au grand jour. Zuma est en effet un dur à cuire, un abonné aux scandales. Tout son parcours est ainsi émaillé de scandales. Il est taillé pour diriger la « République très très démocratique du Gondwana », ce pays autocratique imaginé par l’humoriste Mamane. Mais le sort a décidé, pour son malheur, qu’il soit à la tête d’un pays où on ne transige pas avec les règles démocratiques et éthiques.

La différence entre une démocratie et  une république bananière ? C’est la capacité des institutions à faire rendre gorge, contre vents et marées, aux délinquants à col blanc, y compris le chef de l’Etat. En France, Nicolas Sarkozy, une fois dépouillé de son immunité de chef d’Etat, doit répondre de faits qui lui sont reprochés dans l’exercice de ses fonctions. S’il est innocent, il sera blanchi. Dans le cas contraire, il devra subir les rigueurs de la loi. Cette obligation de rendre compte, quel que soit le statut du citoyen et quelles que soient les pressions sur les institutions, est l’essence même de la démocratie. En Afrique, on attend que le président tombe, avant de faire des révélations sur sa mauvaise gestion. Amadou Toumani Touré, qui était ainsi cité comme un exemple de probité, a été voué aux géhennes après sa chute. Son tombeur, Amadou Haya Sanogo, connait lui aussi le même sort. Quand il était au fait de sa gloire, personne n’osait dénoncer ses dérives. Il a fallu l’intervention française contre le djihadistes, le rétablissement de l’ordre constitutionnel normal et l’élection de Ibrahim Boubacar Keita, pour voir les langues se délier et le rouleau compresseur de la justice se mettre en marche. Entre-temps, de nombreux soldats sont morts de la bêtise du Néron de Kati. Si les institutions, qui sont foison, fonctionnaient normalement, bien des dirigeants seraient dans l’embarras. Bien malin qui peut faire en effet la différence entre les biens personnels du président et ceux de l’Etat.

La confusion est totale parce que personne ne lève le petit doigt pour arrêter cette dérive. Quand l’opposition dénonce la gabegie des dirigeants, on la traite d’aigrie et de jalouse. Les institutions de contrôle, dirigées par des copains et des coquins, sont là uniquement pour meubler le décor. Ou alors quand elles s’avisent à agir, c’est contre des personnes tombées en disgrâce. On l’a vu au Cameroun où l’opération Epervier, censée lutter contre la corruption et les détournements, s’est muée en un instrument de chasse aux sorcières. C’est pourquoi l’Afrique du Sud, malgré les lacunes de son système démocratique, fait figure d’exception dans l’océan de mal gouvernance en Afrique. Jacob Zuma semble avoir oublié ce détail : si son pays est géographiquement africain, il est démocratiquement extra-africain .

La Rédaction

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