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Situation nationale : évitons un troisième larron
Publié le jeudi 20 mars 2014   |  Autre presse


Jonas
© Autre presse par DR
Jonas Hien, chargé de programme de l’ORCADE (L’organisation pour le renforcement des capacités)


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Ceci est une tribune sur la situation nationale de Jonas Hien est, entre autre, président de la Coordination nationale des organisations de la société civile du Burkina.


En février 2014, l’ancien ministre des Affaires étrangères de la République du Sénégal, Monsieur Cheick Gadhio, a parlé sur Radio France international (RFI). Il a interpellé les pays africains sur la crise que vit actuellement le Burkina Faso. Pour Monsieur Gadhio, le Burkina Faso a donné son nom à bien de pays africains dans la recherche de solutions à leurs problèmes sociopolitiques. Il n’est donc pas bon que les Africains regardent ce pays s’effondrer. Et il précise : il faut aider le Burkina. Ce panafricaniste de classe exceptionnelle n’a pas tort : il faut aider le Burkina Faso. Le pays est sur la voie de l’effondrement. D’ailleurs, un diplomate français, il n’y a pas encore bien longtemps, avait affirmé sur RFI que le prochain pays africain qui va s’effondrer après le Mali sera le Burkina Faso. Il en avait eu pour son compte aussi bien de la part de notre gouvernement que de certains citoyens burkinabè. Pour un diplomate, il faut reconnaître qu’il a été maladroit. Mais ces Blancs, ils sont au courant de bien de choses en Afrique en avance. En fonction de leurs intérêts, ils laissent éclater et arrivent en pompier ou en empêchent. On est donc obligé aujourd’hui de méditer sur les propos du diplomate maladroit. Il faut vraiment aider le Burkina Faso. Le Président Compaoré semble avoir opté pour l’effondrement du pays. Ses propos depuis Dori 2013, ajoutés à ceux de son parti, ne rassurent pas sur une possible sortie de crise sans choc. En face, l’opposition n’est pas non plus tendre. Ses partisans sont encore plus virulents : «il faut virer purement et proprement Blaise Compaoré pour de bon et définitivement». Une expression originale. L’échec de la médiation interne en dit long. Toutes considérations mises à part, il faut saluer cette médiation. Ces personnalités ont eu le mérite d’avoir essayé. Mais comment en sommes-nous arrivés là? Quelle chance de sortie de la crise de façon pacifique? Qui va alors sauver le Burkina Faso? Un peu d’histoire doublée d’enquêtes, de constats et d’inquiétudes d’un citoyen au milieu d’une crise sérieuse.

Un pouvoir bâtit sur du sable

Lorsque Blaise Compaoré a reçu le pouvoir des mains de militaires cet après-midi du 15 octobre 1987, il n’a pas été béni par ses compatriotes. En son temps, on avait tout entendu : «ça ne pardonne pas en Afrique, tôt ou tard» «où vous vivez vous-mêmes avec une crise, où vous terminez par des crises bizarres». En la matière, on croit ou on ne croit pas. L’évidence, c’est que «la bouche du Noir n’est pas bonne». En 1987 donc, beaucoup avait hésité sur l’alliance avec le nouveau régime. Ceux qui ont peur de mourir vite se sont vite ralliés. Ils n’aiment pas ce régime mais «s’il a fait ça à Sankara, ce n’est pas toi». Beaucoup ont donc choisi de suivre, pour continuer à vivre. Ainsi, sous le Front populaire, l’on voyait des gens qui criaient des slogans de survie et non de conviction. Du Front populaire à la création de l’ODP/MT en 1989, beaucoup ont encore hésité. Certains ont été fortement conseillés de continuer à suivre, car «chaque chose à son temps». D’hésitations en conseils, beaucoup ont effectivement accepté de continuer à suivre.

Quand vint la création du CDP en 1996, il y a eu là plus d’hésitations. Beaucoup ne voulaient pas entrer dans ce ‘’machin’’. Il a fallu des concertations, des négociations, des interventions, des pressions parfois, pour que certains leaders politiques acceptent de former le CDP. Mais en politique, le calcul occupe une place importante. Donc, dans le calcul de certains, «on l’accompagne et on prépare avec lui la passation de la ‘’main’’». Les rumeurs en son temps indiquaient que le père de Rock Marc Christian Kaboré l’a influencé pour qu’il ne soit pas candidat contre le Président Compaoré. Au même moment, d’autres Burkinabè ne voyaient pas d’un bon œil l’alliance de Rock Marc Christian Kaboré au Président Compaoré, estimant qu’il est même ‘’très présidentiable’’.

Chacun avait donc son plan et sa stratégie, à moyen ou long terme. Et le Président Compaoré le savait. C’est pourquoi il a organisé en quelque sorte toute cette mal gouvernance que nous vivons jusqu’aujourd’hui. «Il faut les laisser manger. S’ils gagnent l’argent, ils finiront par m’aider». La conséquence a été l’arrogance, l’impolitesse et l’incivisme qui ont caractérisé le pouvoir Compaoré des années durant, aussi bien chez les civils que chez les militaires. Les Burkinabè finirent par avoir marre d’un régime d’arrogants et d’injustes. Dès lors naquit l’expression ‘’le jour viendra’’. Le pouvoir Compaoré ne devait donc plus compter sur la grande majorité des Burkinabè en cas de problèmes. Ainsi, même les bienfaits du pouvoir sont décriés. Les Burkinabè ne veulent rien comprendre de ce régime. Ils ne voient que du négatif partout. L’impopularité du pouvoir s’est implantée. C’est ce qui justifie que, malgré tout, ils accueillent en masse le MPP (NDLR : Mouvement du peuple pour le progrès).

En 2000, le départ du pouvoir du Président Compaoré est évoqué dans un cercle restreint et secret. «Ce type-là ne va pas quitter le pouvoir. Il y a déjà des signes qui risquent de ne pas tromper. Que faire?». La réflexion conduit à dire qu’il faut continuer toujours à suivre tout en peaufinant la stratégie et en analysant les opportunités. En 2005, la même réflexion est reposée dans un cercle fermé et secret. Dans le même temps, et comme par enchantement, un autre cercle très fermé et hautement secret réfléchit sur la conservation du pouvoir. Là aussi, il fallait peaufiner la stratégie et observer les opportunités.

Pendant ce temps, la population continue à bouder le pouvoir dans tous les corps socioprofessionnels

Chez les opérateurs économiques, c’est le mécontentement total. «Que Dieu nous sauve avec ces gens. Si tes affaires commencent à marcher, il faut faire ce qu’ils veulent et ce qu’ils demandent, sinon, ils te bloquent tout. Et si tu n’attrapes pas bien les pieds de la Belle-mère nationale, tu vas mourir de faim. On n’est pas content mais officiellement on crie fort que Blaise Compaoré ou rien. Or, on cherche délivrance. On est vraiment fatigué avec ce régime. Mais on va faire comment!» La dernière élection à la Chambre de commence a fait l’objet de beaucoup de commentaires dans les coulisses. Ça a créé encore des mécontents car perçue comme une imposition de la Belle-mère qui ne dit pas son nom.

Du côté des fonctionnaires, à moins d’être syndiqué, c’est la même résignation. Tout a été politisé dans l’administration publique. Chacun se méfie et attend.

Le plus étonnant venait de ministres. Contrairement à ce que le citoyen lambda pense, des ministres n’étaient pas (ne sont pas?) les plus heureux. «On est ministre de nom. Parfois même on a honte et on ne sait quoi faire. Parmi nous, il y a des collèges qui ne peuvent pas parler fort devant leur directeur général. Le ministre ne peut pas l’enlever comme ça. Et pour certaines questions brûlantes, quand tu vas voir le Président, il te dit tout le temps ‘’va voir François’’. Tu te demandes si c’est François le Président maintenant. Même les Premiers ministres ne parlent pas fort comme ça devant les François. On veut être ministre mais vraiment ça ne va pas. Mais officiellement on chante le Président Compaoré et vous aussi vous chantez pour nous insulter. Vous ne savez pas qu’on souffre! On a les mains liées. On ne sait pas quand ça va finir».

Chez les militaires, c’était (c’est?) la même frustration. On crie aussi à des promotions ‘’bidons’’, à l’impunité, à l’injustice et à de supers militaires. En somme, là-bas, les officiers ne parlaient pas fort devant n’importe quel soldat. Il faut bien regarder son visage et s’assurer de quel corps il vient.

Allez-y à Ziniaré, les fonctionnaires vous raconteront leur misère avec la «petite sœur du Président». Il faut savoir faire allégeance sinon le pouvoir des Compaoré vous saluera.

Bref, le Président Compaoré a travaillé à avoir le peuple sur le dos. La gestion de son pouvoir a été injuste aux yeux de beaucoup de citoyens si bien qu’aujourd’hui, que tu aimes ou pas le Président Compaoré, il est difficile de le défendre. Le pouvoir se gère comme une affaire familiale. La seule personne qui pouvait lui faire éviter les problèmes était Salif Diallo. Malheureusement, son franc parler l’a conduit à des problèmes. Aucun Burkinabè, avisé de la chose politique n’ignore qu’il a travaillé contre ses principes dans le but de maintenir coûte que coûte le régime Compoaré dans lequel il était l’homme à tout faire, en bien et en mal, dit-on.

En 2010, les stratégies d’alternance et de conservation du pouvoir se poursuivent de part et d’autre, fermées et secrètes. Dans le cas de l’alternance, «il faut l’arrêter en 2015», démocratiquement, «sinon, le peuple va nous égorger en masse avec nos enfants et nos femmes. Les gens ne suivent plus. Les jeunes sont en train de faire des listes de cibles. Et il suffira d’une petite étincelle et ils vont nous tuer ici. On l’a assez accompagné et comme il a ramené tout maintenant à sa famille, il faut qu’on sache ce qu’on veut». Mais là, il fallait garder le secret bien fermé et continuer à jouer le jeu. Mais avant 2010, Salif Diallo est sanctionné par son parti. Rock Kaboré et Simon Compaoré sont virulents à son égard. Mais, en fait, pour eux, Salif va faire foirer les choses. C’est trop tôt pour parler ainsi. On risque de soupçonner des choses. Mais dans le fond, le pont entre ce trio n’est pas coupé. Ils se communiquent très discrètement et dans des lieux de leur convenance.

En 2011, avec la crise politico-socio-militaire, on apprend que des pressions sont exercées sur Rock Marc Christian Kaboré par des hommes politiques pour être cette fois-ci homme. Il faut prendre ses responsabilités. Mais Rock ne se décide pas. On ne sait même pas ce qu’il veut. Certains finissent par s’énerver et disent qu’il est tenu par des dossiers sales. Pendant ce temps, le pont Rock, Salif et Simon se porte bien, loin de tout soupçon. En fin politicien, Salif, du haut de Vienne ou de Niamey, continue à peaufiner la stratégie et est en contact avec ses deux amis restés au pays. Mais il est suivi de près à l’étranger. Ses deux amis au pays poussent même le CDP à aller vers la modification de l’article 37 de la Constitution. Mais l’objectif futur est clair. Il faut mettre fin à la «patrimonialisation du pouvoir» car tout montre que le Président Compaoré va passer le pouvoir à François Compaoré. Pour ce faire, Salif compte beaucoup sur Rock. Il faut réussir le coup. Et le coup c’est de créer un jour leur parti politique.

Et c’est en 2012 que le Président Compaoré va se faire définitivement avoir. La rupture entre lui et ses anciens camarades n’est plus loin. En effet, à quelques jours du fameux congrès du ‘’sang neuf’’ du mois de mars 2012, le Président Compaoré appelle quatre (4) personnalités du parti, individuellement et secrètement. Il confie à chacun d’elles qu’il l’a choisi pour prendre la tête du CDP. Il leur demande (individuellement bien sûr) de garder le secret jusqu’à la dernière minute. Alors, chacun a préparé son discours de clôture du congrès. A la dernière minute, le Président Compaoré les réunit et déballe la composition du Bureau. Non seulement aucun des quatre (4) personnalités secrètement rencontrées n’a été retenu pour prendre la tête du CDP, et pis, ils ont été mis de côté ou fait conseillers. Je ne décris pas ici ce qui peut être considéré comme pouvant être une des causes de l’accident auquel Simon Compaoré a été victime au sortir dudit congrès. Ce qui est sûr, il a eu le courage de marquer son opposition à la nouvelle équipe dirigeante tout de suite et maintenant.

Dès lors, le groupe Rock, Salif, Simon, se consolide. Il cherche maintenant une bonne opportunité pour s’afficher, s’affirmer et assumer leur passé.

L’opposition, la société civile et la population ne veulent ni du Sénat ni de la modification de l’article 37 ni d’un quelconque référendum. L’occasion est bonne et favorable pour le trio.
Le groupe prend le courage de rencontrer le Président Compaoré et lui demande d’écouter le peuple. Aujourd’hui, Simon Compaoré confesse en reconnaissant qu’ils ont tenté de tromper le peuple sur ces questions. Mais c’était sans compter avec la vigilance de l’opposition et de la société civile. Toutes les propositions faites au Président Compaoré au cours de ces rencontres n’ont pas donné. Le trio peut maintenant surprendre la grande majorité des Burkinabè. Déjà en décembre 2013, la rumeur est persistante sur leur démission en début 2014. «Ils veulent laisser les gens fêter avant de se faire entendre». Pour les avertis, ils sont attendus au mois de mars 2014. Le 3 janvier 2014, le fruit est déjà trop mûr. Le Président Compaoré tente de rattraper ce qui peut l’être. Une rencontre est tenue sous sa présidence. A cette rencontre, Rock a déjà dans sa poche la note de démission à remettre directement au Président. Mais la rencontre tourne court. Simon Compaoré et Assimi Kouanda «se rentrent dedans ». Rock décide alors de remettre la démission au parti. Le 4 janvier 2014, c’est officiel, la rupture est consommée. Depuis lors, on assiste au phénomène MPP qui se présente comme une force politique à même de «virer purement et proprement Blaise Compaoré pour de bon et définitivement», si l’on s’en tient aux propos de Salif Diallo. On aura noté que même si l’opposition, avec l’arrivée de l’UPC, n’avait pas favorisé le terrain et raccourcir les choses pour les démissionnaires, le CDP allait imploser obligatoirement comme le prédisait le défunt Norbert Zongo. Le chemin était déjà tracé depuis longtemps. La sortie des Rock n’est donc pas de l’improvisation mais un travail de vieux politiciens qui ont de l’expérience à revendre.

La crise s’intensifie et demande que l’on sauve le Burkina Faso. Alors quelle chance de sortie de crise?

La chance de sortie de crise.

Sortir de la situation actuelle de façon pacifique n’est pas impossible. Mais elle ne sera pas aisée non plus, à la seule condition qu’une partie baisse ses exigences. Le fond du problème est d’ordre sécuritaire et est entre les mains à la fois du Président Compaoré et des Burkinabè eux-mêmes. En effet, aucune assurance n’est donnée sur la sécurité du Président une fois hors des chars et des kalachnikovs. On n’en fait pas un débat de fond. Les ‘’jusqu’auboutistes’’ ne veulent pas en entendre parler. « Son mandat est fini, il n’a qu’à partir. Si quelque chose lui arrive après, ce n’est pas notre problème. C’est lui qui aura cherché. Quand il faisait du mal aux autres, il croyait que quoi.» Mais il faut poser ce problème clairement assortie d’une position claire qui situe le Président et sa famille sur leur sécurité. Faute d’un tel débat, la violence est inévitable. On comprend aisément pourquoi le camp présidentiel tient mordicus au référendum. Or, le référendum pourrait être la source d’où partira la violence. Et si le camp présidentiel ne désarme pas malgré la désapprobation populaire, c’est qu’il compte sur une force particulière. L’Armée? Si oui, le problème sera plus que compliqué et la violence plus qu’inévitable. Si c’est non, le problème reste le même s’il doit avoir un passage en force avec le référendum et on court le risque de retomber sur l’Armée. En effet, nul n’a besoin de conseils divins pour savoir qu’un référendum ne peut se dérouler dans le contexte actuel. Une imposition du référendum va produire le désordre total et en la matière l’Armée ne demande pas à y être invitée. Elle se met à fournir des explications après avoir accompli. Mais dans quel sens? C’est là l’inconnu. Et même une seule année de perturbation sociale ou de remise en cause de la démocratie sera un recul pour le pays. Alors, posons le débat clairement sur la sécurité du chef de l’Etat et de sa famille puisqu’on sait qu’ils ont peur du lendemain et c’est humain. Ne tournons donc pas en rond pour avoir un jour à créer un ministère de réconciliation et de reconstruction. Le peuple doit donc jouer sa partition.

On comprend la difficulté du président Compaoré. Il est entre le marteau et l’enclume. L’opposition l’a à l’œil et lui rappelle chaque jour la date limite de son pouvoir : novembre 2015. Son entourage l’a aussi à l’œil et attend de voir comment il va les lâcher et les «jeter à la vindicte populaire». Et pourtant il faut qu’il se décide. Il doit parler. La solution est entre ses mains. Il sait ce que le peuple veut. Pour l’aider, je voudrais partager avec lui des expériences réussies.

En 2000, lors de l’élection présidentielle au Sénégal, entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, sentant les choses bizarres, Abdou Diouf convoque son chef d’Etat-major général des armées et son ministre de l’Intérieur. Il veut avoir la situation sur l’élection. Ses deux collaborateurs lui disent : «si la tendance actuelle se poursuit, vous perdrez l’élection». Abdou Diouf connait son entourage du parti socialiste (PS). Une telle information ne passera pas avec eux. Alors, il remercie ses deux collaborateurs et leur demande de disposer. Et il coupe l’herbe aux pieds de ses camarades du parti. Il téléphone tout de suite chez Abdoulaye Wade. Lorsqu’on informe Wade qu’il a un appel du Président Diouf, Wade gesticule : «Non, je ne le prends pas. Je ne négocie pas». Un de ses camarades l’oblige à prendre le téléphone car «c’est tout de même le Président de la République qui t’appelle». Lorsque Wade dit Allo! Abdou Diouf lui lance : «Excellence Monsieur le Président de la République. Toutes mes félicitations. Je souhaite que la passation se fasse très rapidement pour le bonheur du Sénégal et des Sénégalais. Demandez à vos services de prendre attache rapidement avec les miens pour organiser cela». Wade n’en revient pas. Il convoque une conférence de presse rapidement pour annoncer que c’est bien lui le vainqueur puisque Diouf lui-même vient de lui téléphoner pour l’en féliciter. Les proches de Diouf sont amers. Certains ne l’auront pas accepté. Justement, Diouf le savait et ne voulait pas d’une crise pour le Sénégal. Lors de la dernière élection entre le même Wade et Macky Sall, le même phénomène se reproduit. Sentant également les choses bizarres, Wade convoque son chef-d’Etat-major général des armées et le patron de la gendarmerie. Il veut lui aussi avoir la situation. Les deux généraux sont unanimes : «Monsieur le Président, vous avez perdu l’élection.» Wade tient des propos qui laissent comprendre ce qui peut être encore fait pour lui. Les deux généraux répondent: «la victoire de Macky Sall est déjà acquise et vous ne pouvez pas faire autrement, Monsieur le Président.» Wade leur demande de disposer et court à la maison. Il réunit sa famille: «On a perdu l’élection et je ne peux pas faire autrement». Il décroche son téléphone et appelle Macky Sall à qui il adresse toutes ses félicitations et la chance pour le bien du Sénégal.

Le Sénégal est le Sénégal, mais la mondialisation veut qu’on s’inspire des bonnes pratiques pour éviter des crises socio-politiques et pour la paix dans les pays. Le Président Compaoré est un grand médiateur. Il saura nous épargner d’une crise sociale aiguë en abandonnant l’idée du référendum, porteur de tous les risques. L’expérience sénégalaise va l’inspirer.


Jonas Hien

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