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L`Observateur Paalga N° 8582 du 19/3/2014

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Maire de l’arrondissement 4 : Anatole Bounkoungou, évidemment !
Publié le mercredi 19 mars 2014   |  L`Observateur Paalga




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Après sa brillante victoire lors des élections municipales partielles du 23 février dernier, nous rapportions que, sauf tremblement de terre, Anatole Bounkoungou présiderait de nouveau le conseil municipal de l’arrondissement 4 de Ouagadougou. En effet, son parti, l’Organisation pour la démocratie et le travail (ODT), sur les 20 sièges à pourvoir, en avait raflé 14 contre 5 pour le parti majoritaire, le CDP, conduit par Zakaria Sawadogo, et 1 pour le Faso autrement. Hier mardi 18 mars 2014, il n’y a pas eu de séisme, au gouvernorat de la région du Centre où l’élection s’est déroulée puisque Anatole Bounkoungou, sans coup férir, a été réélu maire devant une gigantesque mobilisation de ses partisans, avec 15 suffrages recueillis contre 5 nuls.

Prévue pour 10 heures au Gouvernorat de la région du Centre, c’est finalement avec 15 minutes de retard que les 20 conseillers du désormais fameux arrondissement 4 commencent à accéder à la salle de réunion où doit se dérouler le scrutin. Mais avant, les différents élus étaient venus beaucoup plus tôt et attendaient avec beaucoup de fébrilité l’autorité qui devait présider la cérémonie, le haut-commissaire de la province du Kadiogo, Alidou Ouédraogo.

Anatole Bounkoungou, à 9 heures 30 minutes, vêtu d’un ensemble cotonnade blanche, sans trompette, ni tambour fait son entrée. Il continue jusqu’au hall, où il échange brièvement avec les conseillers qui attendaient déjà.

Quelques minutes après, tel un essaim d’abeilles ses partisans, à grand renfort de tam-tams, de sifflets et de vuvuzelas, certains coiffés de casquettes, d’autres habillés de tee-shirts, à l’effigie de leur champion, commencent à déferler sur l’avenue qui jouxte le gouvernorat et à s’agglutiner devant le portail. Au fil du temps, leur nombre ne fait qu’augmenter.

En outre, ils deviennent de plus en plus incontrôlables et des bouchons se forment. Les boutiques et autres commerces environnants baissent leurs stores, car on ne sait jamais. Dès lors, et pendant que l’enceinte du gouvernorat était pleine comme un œuf, la police décide de bloquer l’entrée.

10 heures 10. Alors qu’on spéculait sur une éventuelle volte-face et un boycott du scrutin par le candidat malheureux et ses camarades, Zakaria Sawadogo, l’air un peu grave, fait son apparition dans le hall. Très chevaleresque, il va serrer la main à tous, même à son frère ennemi, Anatole Bounkoungou, avant de prendre place à côté des élus qui lui sont proches.

Après, il y a comme une ligne de démarcation entre les différents conseillers : ceux de l’ODT regroupés autour d’Anatole, d’un côté de la salle, et ceux du CDP autour de Zakaria de l’autre ; le seul élu du Faso Autrement s’est, lui, fait plutôt discret.

Quoi qu’il en soit, tous devaient montrer patte blanche avant d’accéder à la salle, les forces de l’ordre contrôlant et vérifiant les mandats et les identités des élus. Tous brandissent le précieux sésame qui leur ouvre la porte de la «situation room» et les choses sérieuses peuvent commencer. Le maître de céans, Alidou Ouédraogo, explique l’organisation et le déroulement du scrutin aux 20 conseillers qui sont effectivement dans la salle.

Les partisans commencent à grogner

Les articles 252 et 253 du code électoral burkinabè stipulent que la réunion des nouveaux conseils municipaux est convoquée par le haut-commissaire pour les communes à statut particulier et par le préfet du département pour les autres, dans la semaine suivant la proclamation des résultats par la juridiction administrative. Et le conseil municipal élit le maire et ses adjoints parmi ses membres au scrutin secret et à la majorité absolue des membres composant le conseil. Si après deux tours de scrutin aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour et l’élection a lieu à la majorité relative. En cas d’égalité de suffrages, le plus âgé est déclaré élu.

Après la lecture de quelques articles du code électoral et des explications sur le déroulement du scrutin, le haut-commissaire invite tous ceux qui ne sont pas conseillers de l’arrondissement 4 à quitter les lieux.

Commence alors une interminable attente, aussi bien du côté du bataillon de pisse-copies qui attendaient que de celui des très nombreux soutiens d’Anatole.

De très longues minutes s’égrènent depuis que la salle de réunion a été refermée à double tours et elle est surveillée comme du lait sur le feu par des policiers en faction. Beaucoup avaient parié sur une élection-éclair, le scrutin étant perçu comme une simple formalité. Vu le résultat sorti des urnes le 23 février dernier. Que nenni. Une heure après, aucune information n’avait encore filtré de la salle. Les partisans de Bounkoungou, plus nombreux mais moins patients que les journalistes, donnent de la voix et commencent à grogner. On entend çà et là des «hey ! hey ! Pas d’entourloupe, nous sommes prêts à verser notre sang pour Anatole si jamais…»

L’entrée du gouvernorat et les rues y attenantes sont complètement obstruées par une foule de plus en plus excitée, déterminée et pour le moins impatiente. «Les jeux étaient faits depuis. Pourquoi ça prend autant de temps ? Ce n’est pas clair», clament-ils.

Les forces de l’ordre et le protocole, ayant flairé un débordement imminent, parlementent avec la foule pour qu’elle libère les lieux et qu’elle aille attendre le nouveau maire et son conseil à la Bourse du travail, située à un jet de pierre du gouvernorat, afin de permettre aux principaux acteurs de travailler dans la sérénité. Ils essuient instantanément un niet des plus catégoriques. Pour beaucoup, c’est la preuve que les choses ne se passent pas comme prévu et que cette proposition n’est ni plus ni moins qu’une manœuvre pour mieux les flouer.

Une demi-heure plus tard, alors que les forces de l’ordre, avaient retiré les téléphones portables des 20 conseillers avant qu’ils n’accèdent à la salle, soudain on entend une clameur, comme celles qui montent des tribunes lors d’un match de foot : «Ya yenda ! » (c’est lui), «quand bien même vous n’aimeriez pas le lièvre, reconnaissez qu’il court vite».

Des taupes dans la salle pourtant hermétiquement fermée ? Nous ne mettrons pas en tout cas le petit doigt au feu.

Finalement, c’est après un peu plus de trois heures d’horloge que les conseillers sortent de leur internement. L’information est désormais officielle : Issa Anatole Bounkoungou est encore le nouveau maire de l’incandescent arrondissement 4 de la commune de la capitale. Il a recueilli 15 suffrages sur les 20, les cinq autres étaient nuls. Vraisemblablement, il a été porté à la tête du conseil municipal par les 14 conseillers de l’ODT et celui du Faso Autrement. Le même score a été réalisé pour l’élection des différents présidents de commissions. (Voir encadré)

Dehors, ses partisans sont hystériques et complètement déchaînés «Les voix du Seigneur sont insondables, quand vous refusez à chaque fois le pardon, à la fin on vous souhaite meilleure santé», s’extasiaient-ils avant d’escorter leur protégé chez lui avec des numéros de cascade à vous couper le souffle.

Espérons maintenant que le nouveau conseil d’arrondissement et son édile pourront travailler paisiblement pour le bien-être des populations et que les perdants, par des voies détournées, ne tenteront pas de leur mettre des bâtons dans les roues.

Abdoul Karim Sawadogo
&
Jean Stéphane Ouédraogo

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