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Le Quotidien N° 1009 du 11/3/2014

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Chefferie et politique :l’ère des relations incestueuses
Publié le lundi 10 mars 2014   |  Le Quotidien


Politique
© L’Express du Faso par Evrard Ouédraogo
Politique : le Larlé Naaba explique sa démission du CDP à la presse
Mardi 21 janvier 2014. Ouagadougou. Le Larlé Naaba Tigré a animé une conférence de presse pour expliquer sa démission du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir)


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Au cours d’un meeting du MPP, le Larlé Naaba Tigré a annoncé que le Mogho Naaba a interdit désormais que son nom soit cité au cours des rassemblements politiques. En fait, cette réaction est compréhensible. L’on observe en effet la propension des acteurs politiques et surtout des chefs coutumiers, à user abusivement du nom du Moogho Naaba. Car il faut savoir qu’aujourd’hui, au regard du respect que lui doivent les Burkinabè, le Moogho Naaba Baongho est devenu un label. Et chacun cherche à avoir ses faveurs, même par son nom interposé. En somme, chacun veut manger son piment à travers la bouche de l’empereur des Moosé. Si l’interdiction royale se confirme, il va sans dire que beaucoup manqueront d’arguments dans leur politique de mobilisation de l’électorat et des chefs coutumiers en pays mossi.

On ne pourra plus faire sa propagande sur le dos du roi des Moosé. Ces derniers temps, il a été donné de voir un triste spectacle auquels se sont adonnés des chefs traditionnels chez le Baloum Naaba, un ministre du Moogho Naaba. Il s’est agi, ni plus, ni moins, que d’une cérémonie d’allégeance au CDP et à Blaise Compaoré. Au nom de qui ces chefs ont-ils posé un tel acte ? En tout cas, de tels actes n’auront plus la bénédiction du Moogho Naaba. C’est le message que veut passer le monarque, en se démarquant des turpitudes des chefs et des politiques. Il préfère rester dans sa posture de neutralité qui fait tant sa popularité et qui lui permet de garder de la hauteur dans les joutes politiques actuelles.

Le Moogho Naaba, par sa position à équidistance des chapelles politiques, trace la voie pour un nouveau type de chefferie. Sans le dire explicitement, il prône visiblement une dépolitisation de la chefferie. Le débat a été mis sur la table depuis bien longtemps, pour un statut des chefs qui les éloignerait de l’action politique partisane. Mais il n’a jamais été tranché ; le dossier est toujours dans les tiroirs. Pourtant, le Moogho Naaba, par son attitude, montre qu’il milite en faveur d’une séparation des rôles. A force de traîner et de louvoyer sur la question, le Burkina pourrait être le dernier de la classe. Après le Ghana, depuis bien longtemps, la Côte d’Ivoire vient en effet de codifier le statut de ses dépositaires de la tradition. Pour ces pays, la place des têtes couronnées est ailleurs que dans les champs de bataille politique. Et ils ont raison. Comme toujours, dans bien des réformes majeures, le Burkina ne réagira qu’après les autres. Il fut ainsi par exemple des bulletins uniques, contre lesquels le pouvoir s’est longtemps opposé. Il en est de même à l’heure actuelle des candidatures indépendantes aux législatives et aux municipales, contre lesquelles tous les partis politiques se sont ligués. Au moment où bien des pays africains réfléchissent et agissent pour un positionnement valorisant des chefs et rois dans leur paysage institutionnel, le Burkina traine encore les pas. Le Sénat annoncé, qui comprendra aussi cette catégorie d’acteurs sociaux, ne règle malheureusement pas le problème. Car il s’agit de trouver un statut à ces chefs, de sorte à les amener à quitter la sphère politique. Il est même dans l’intérêt de ces coutumiers de disposer d’un tel statut. Le respect dû à leurs fonctions ne s’en trouvera que renforcé.

Ce sont les détenteurs de la tradition qui doivent donc arracher leur indépendance, si tant est qu’ils la veulent. Il ne faut pas compter sur des politiciens habitués à les utiliser comme grands électeurs, voire comme conducteurs du bétail électoral, pour rompre le cordon ombilical. L’échéance de 2015, avec ses risques de déchirure de la nation entre partisans et adversaires de la révision de l’article 37, doit être un déclic pour les chefs. Le moment est venu pour eux de s’ériger en gardiens des valeurs traditionnelles et en arbitres des conflits sociaux et politiques, plutôt que de jouer les boutefeux avec le peuple des militants passionnés .

La Rédaction

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