Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



L’Hebdomadaire N° 717 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Alternance : les intellos passent à sa théorisation
Publié le lundi 10 mars 2014   |  L’Hebdomadaire




 Vos outils




Un panel s’est tenu le 22 février dernier sur le changement sous la houlette de la Coordination nationale du manifeste pour la liberté. Un manifeste en hibernation qui vient lui aussi de se réveiller. Le changement est décidément une question très à la mode chez nous par les temps qui courent. Lorsque de surcroit, ce sont des intellectuels de haut vol qui en parlent, difficile de ne pas tendre une oreille attentive. Ils conceptualisent  !



Dans une démocratie, il est admis d’entendre tous les sons de cloche. En l’occurrence, depuis la tenue d’un certain forum consacré à l’alternance, on n’échappe plus au mot changement. Impossible donc de soutenir que le changement n’est pas devenu une obsession du citoyen, de l’électeur, pour tout dire du Burkinabé. On nage tous les jours en plein dedans. Il nous est imposé et qu’on le veuille ou non, il faut ingurgiter.

Ce qui est sûr et certain, le microcosme politico-intellectuel de Ouagadougou en est persuadé, le changement est en marche. Alors, il travaille sans ménager sa peine à lui donner un contenu lisible. Le fruit est mûr, disent-ils mais reste à savoir comment le cueillir. Pour certains analystes, faut-il même savoir qui doit le cueillir. Autant de questions posées auxquelles, chacun des panélistes s’est évertué à trouver la bonne réponse. Ce sont de grands cerveaux et forcément, ils savent de quoi ils parlent.

Selon leur vision du changement, il n’est pas seulement question de changer les hommes, tel qu’il est aujourd’hui perçu par les partis politiques de l’opposition. Le jeu de chaises musicales, dans la formule prisée du système politique de la démocratie libérale, du ôtes-toi de là que je m’y mette, ne signifie pas pour ce trio de professeurs d’université qu’il y a changement. Il en faudrait beaucoup plus que ça.

La nuance de fond idéologique entre les partis en présence ne se mesurant qu’à l’épaisseur d’un papier à cigarette, il est fort possible, dira l’un d’eux, si changement il y a, qu’on assiste uniquement à un changement de têtes.

De nouvelles vieilles têtes en somme, qui tiennent un langage de circonstance pour berner les gobe-mouches. On en vient dès lors, à parler de changement idéologique et même de modèle de société. Selon cette belle vision du changement, il y a forcément à admettre que les choses se corsent sérieusement.

Car si, on s’en tient aux paroles du professeur qui a été le grand maître des débats de forum pour l’alternance, quand on est comptable de 27 ans de gestion, on ne peut pas se targuer d’être porteur de l’alternance.

Enfin, des intellos qui veulent bien ouvrir les yeux. Car par un numéro de « ginamori  » politicien, les démissionnaires du parti majoritaire n’agissent que dans un seul dessein, toucher à nouveau aux délices des palais dorés qu’ils ont perdus. Qui va oser parler de préservation de leurs intérêts égoïstes. Décidément, les choses se corsent.

De quelle alternance parle-t-on  ?

Lorsqu’il est question de changement, forcément que des appétits nouveaux apparaissent. Les politiciens étant des animaux à la peau dure, ils maîtrisent cet art consommé de dire qu’ils peuvent faire des miracles en faisant du neuf avec du vieux. Il suffit pour cela de changer de président.

De là, se convainquent les has been qu’ils peuvent, grâce à un discours mielleux, du plus doux à l’oreille parvenir à leurs fins. De ce non renouvellement programmé de la classe politique, les «  mogo puissants  » d’hier devenus opposants pour la cause, nos professeurs d’université en sont venus à réfléchir tout haut.

De quelle alternance parle-t-on  ? Selon leur analyse, l’alternance «  n’est pas une succession au sein d’un même parti ou de partis de la même mouvance  ». L’avertissement vaut son pesant d’or. L’alternance selon les panélistes suppose, que soit balayée la vieille garde, que tout soit chamboulé et surtout pas que ceux qui sont sortis du système, en viennent à marteler qu’ils ont le don de faire sortir un lapin de leur chapeau.

Car, il y a un gros risque qu’en sorte plutôt un rat. Ce que n’ont pas dit de manière adroite, parce que très bien enrobé par les formules appropriées, les panélistes, un participant, professeur de philosophie lui également, a franchi le rubicond.

Sans prendre de gants, ni passé par une circonvolution dans l’usage du langage, il a assené que le changement s’il s’opérait devrait être radical et non réformiste. Il reste alors quoi ? Il reste immanquablement la Révolution Nationale Démocratique et Populaire (RNDP). La boucle est bouclée.

On n’en a donc pas fini avec ce concept qui faisait rage au milieu des années quatre vingt. Le participant au panel rejoint un autre professeur de philosophie, assis à la table des panélistes, qui a exposé avec grande assurance, que le changement et le vrai, est idéologique et prône conséquemment un tout autre modèle de société.

Leur conviction au finish et préconisée par tous, est de faire appel aux forces du changement pour qu’elles se mobilisent et se coalisent pour imposer le vrai changement, au risque d’assister à un changement d’équipes seulement. Ce ne serait pas du changement  !

Forcément, on en arrive à la conclusion qu’il n’a pas fallu attendre bien longtemps dans le débat qui fait rage sur le changement, pour entendre ce son de cloche. Un son de cloche qui s’en prend aux courants révisionnistes qui ont gagné la bataille des deux blocs, Est et Ouest, depuis la chute du mur de Berlin.

Sus donc aux réalistes, qui pensent que le capital est incontournable dans la gestion économique de la société actuelle. La Révolution indispensable (RNDP) vantée par nos panélistes du samedi dernier n’a cependant pas éclairé notre lanterne. On ne sait toujours pas après cette sortie tonitruante, comment amener ce changement dit radical et non réformiste.

Toujours perçu comme un OVNI, le parti tenant de cette doctrine politique, du plus pur fondement idéologique, se perd dans la méthode de conquête du pouvoir, si tant est qu’il n’ait jamais songé à le conquérir un jour. Aussi prolétarien qu’il soit ce parti, sa sphère d’influence se limite à la petite bourgeoisie intellectuelle, avec l’université et certains syndicats de la fonction publique comme ses réels points d’ancrage.

On attend alors de voir, comment ce parti qui préconise la RNDP va traduire en pratique sa conception du changement, quand la dévolution du pouvoir se fait depuis plus de deux décennies maintenant par les urnes et pas autrement. Comme quoi, si l’opposition qui est bien présente dans le parlement, ne prend garde quant à sa stratégie de recours à la rue pour forcer le passage, un tsunami en réserve de la République peut lui réserver une surprise désagréable. Fatalement, elle sera submergée par sa gauche.

A elle de savoir se raccrocher au balancier électoral, bien réel à présent au Burkina, surtout après les résultats du scrutin des partielles de la semaine dernière. Sinon, on a enfin compris que l’alternance pour les panélistes ne se décrète pas. Il faut à la base une véritable offre alternative. Ce qui n’est pas le cas, au regard de l’origine des opposants qui s’agitent.

Souleymane KONE

 Commentaires