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Sidwaya N° 7618 du 7/3/2014

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Guy Désiré Yameogo, président du comité d’organisation des JCFA 2014: « Les premiers pas du festival sont assez difficiles »
Publié le vendredi 7 mars 2014   |  Sidwaya




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Depuis le 3 mars, la 3e édition des Journées cinématographiques de la femme africaine de l’image(JCFA) bat son plein, à Banfora et à Ouagadougou, sur le thème « Cinémas de femmes en Afrique ».Dans cet entretien, le président du comité d’organisation du festival, Guy Désiré Yaméogo, parle de l’importance de ce "FESPACO au féminin".

Sidwaya (S.) : Pourquoi tenir simultanément la 3e édition des Journées cinématographiques de la femme africaine de l’image(JCFA) à Banfora et à Ouagadougou ?

Guy Désiré Yaméogo(G.D.Y) : Depuis la création des JCFA, nous avons voulu nous inscrire en complémentarité avec les activités du Ministère de la promotion de la femme et du genre. C’est ainsi que la première édition des JCFA s’est terminée à Koudougou parce que cette ville abritait les festivités de la Journée internationale de la Femme. La deuxième édition des JCFA a eu lieu à Ouagadougou et à Dédougou. Cette année, c’est Banfora qui accueille la Journée internationale de la femme et les JCFA.

(S.) : Le cinéma souffre d’un manque de financements, même le FESPACO est touché. Est-ce pertinent d’initier un autre festival dans ce contexte difficile ?

(G.D.Y) : La pertinence de ce festival s’explique à deux niveaux. D’abord, c’est un cadre de promotion. Sans promotion, il n’y a pas de consommation. Et sans consommation, la production est vaine. C’est un cercle vicieux dans lequel le festival doit jouer sa partition. Depuis une quarantaine d’années, le FESPACO a fait un travail considérable pour la visibilité du cinéma. Tout le monde le reconnaît aujourd’hui. Nous sommes arrivés à un point où nous avons estimé qu’il fallait greffer autre chose à la biennale. Nous avons pensé au cinéma des femmes qui a commencé, lors des éditions du FESPACO, à monter en nombre et en qualité. Nous avons pensé qu’il était bien de trouver un cadre à ce cinéma en dehors du FESPACO pour mieux accompagner les femmes. C’est pourquoi les JCFA sont nées. Nous sommes conscients du manque de ressources financières. Les premiers pas du festival sont assez difficiles. Mais le succès grandissant de la manifestation est illustré par des partenaires tels que l’Organisation internationale de la Francophonie(OIF), Canal+, Royal air Maroc. L’Etat burkinabè est partant depuis le début. Petit à petit, le festival prendra sa vitesse de croisière. C’est le seul festival au monde consacré aux films de femmes en Afrique. Nous n’avons pas la prétention de tout faire, mais nous avons voulu apporter notre pierre à la promotion de la femme.

(S.) : Le cinéma est une question de talent. Les hommes et les femmes sont soumis aux mêmes critères lors des compétitions. Avec l’avènement des JCFA, est-ce à dire que les femmes sont écrasées par les hommes lors du FESPACO ?

(G.D.Y) : Le cinéma est un art. Le talent est égalitaire. Je prends pour preuves l’Etalon d’argent remporté par une femme, à savoir Djamila Sahraoui avec son film Yema. Pour l’instant, aucune femme n’a remporté l’Etalon de Yennenga (l’or) parce que les femmes sont rentrées tardivement aux postes de réalisation. Dès les premiers instants du cinéma africain, on avait besoin des femmes comme comédiennes. Progressivement, on a eu besoin d’elles comme maquilleuses. Elles ont progressivement occupé les différents postes. Aujourd’hui, nous avons des femmes productrices, réalisatrices. Le cinéma féminin révèle certaines particularités qu’il est intéressant d’étudier. Il y a tellement de choses pendant le FESPACO que nous n’avons pas suffisamment de temps pour se consacrer aux belles œuvres de nos sœurs. C’est pourquoi nous leur donnons rendez-vous entre deux festivals, pour mieux cerner leurs problèmes, leur parcours. Nous avons profité de la semaine pour faire des ateliers de formation, des échanges d’expériences. Nous avons des Brésiliennes qui sont venues partager les expériences des femmes de la diaspora. Tout cela va enrichir les femmes. Nous espérons que dans les prochaines éditions du FESPACO, l’Etalon d’or sera brandi par une femme.

(S.) : Beaucoup de femmes burkinabè de l’image ne sont plus jeunes. Est-ce que les JCFA prennent-elles en compte la nouvelle génération ?

(G.D.Y) : « C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tresse la nouvelle », disent nos parents. En matière d’art, nous avons besoin des deux générations (ancienne et nouvelle). Quand vous écoutez l’artiste-musicien, Salif Keïta, vous aimez ou vous n’aimez pas. Son âge vous importe peu. Il y a des films que vous regardez, mais vous ne cherchez pas à connaître le sexe de leurs réalisateurs. Nous avons eu des devancières qui ont à peine cinquante ans. Elles ne sont pas âgées. Grâce à l’Institut supérieur de l’image et du son/SE (ISIS/SE), nous avons du sang neuf dans le cinéma burkinabè. Nous avons de nombreuses réalisatrices. Mieux, nous avons des femmes dans les secteurs stratégiques du cinéma, à savoir la production, le son, le cadrage, le montage, etc. Nous voulons encourager toutes les générations. Nous sommes heureux de voir la doyenne, Ai Keïta toujours active, Mariam Sidibé, une costumière et maquilleuse à la retraite, qui a été honorée pour l’ensemble de son œuvre. Nous avons aussi reçu l’actrice malienne, Helene Diarra. Nous ne pouvons pas nous passer de la version des femmes au cinéma.

(S.) : Revenons au problème de financements. Certains lient ces difficultés à une mauvaise gestion des cinéastes africains. Qu’en pensez-vous ?

(G.D.Y) : Dans nos pays, l’expansion du cinéma a créé une euphorie chez les bailleurs de fonds et les Etats africains. Ils ont mis à la disposition des cinéastes des sommes importantes d’argent pour travailler. Il y a eu beaucoup de gaspillage. Il y a eu de la mauvaise gestion pour dire clairement les choses. Cette étape est passée. Aujourd’hui, pour financer un film, on ne donne plus directement de l’argent aux réalisateurs. Il faut passer par une société qui paie des impôts. C’est cette entreprise qui fait le film et qui doit rendre compte. Cela a permis d’assainir un peu le secteur. La formation a aussi aidé parce que c’était l’époque où les gens voulaient tout faire. Ils étaient réalisateurs, producteurs, distributeurs. De nos jours, les acteurs du cinéma se sont mieux spécialisés. Il est inconcevable qu’une personne arrive sur le plateau avec de l’argent dans ses poches. Pendant qu’il réalise, c’est lui qui dépense. Ca fait amateur. Plus on se professionnalise, plus ces dérapages sont moins visibles. Avec le contrôle de la direction générale de la cinématographie, le secteur est mieux organisé. Certains se sont rendus compte que les grandes sommes dilapidées auraient pu structurer le cinéma. Mais l’argent est parti dans les poches des uns et des autres. Nous connaissons des personnes qui mettent les financements reçus sur leurs comptes bancaires et travaillent à crédit avec des comédiens, des techniciens. Les brebis galeuses sont dans tous les métiers.

(S.) : Est –ce que le numérique est-il une solution au problème d’argent dans le cinéma ?

(G.D.Y) :C’est vrai. Le numérique a permis de réduire les coûts de production. C’est une chance pour nous. L’inconvénient est que beaucoup de personnes ne prennent pas le temps de se former au numérique. Conséquence, chacun se prend pour un réalisateur. Mais progressivement, la qualité va s’imposer. En définitive, c’est le spectateur qui décide. S’il aime un film, même mal tourné, il faut lui reconnaître son droit. La finalité de l’œuvre est la rencontre avec le public.

(S.) : Le numérique va-t-il tuer des métiers au cinéma ?

(G.D.Y) : Parmi les revers du numérique, il y aura la disparition progressive de certaines professions dans le cinéma. Pour cette édition des JCFA, nous avons opté pour cette technologie. La cinquantaine de films au programme est projetée en numérique.

Alassane KERE

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