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Le bec-de-lièvre, malédiction des "enfants-sorciers" africains
Publié le jeudi 27 fevrier 2014   |  AFP


Bec
© aOuaga.com par A.O
Bec de lièvre : une mission médicale canadienne à l`oeuvre à la clinique Souka
Mercredi 12 février 2014. Ouagadougou. Une mission médicale canadienne a animé une conférence de presse sur la reconstruction gratuite des fentes labio palatines des enfants plus connues sous le nom de bec de lièvre qu`elle réalise du 10 au 20 février à la clinique El Fateh Souka


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OUAGADOUGOU - On les traite de sorciers, leurs parents les cachent, quand ils ne sont pas expulsés de leur village: les nourrissons naissant avec un bec-de-lièvre en Afrique sont souvent condamnés à une vie de paria s’ils ne sont pas rapidement opérés.
La rangée de fillettes et garçonnets défigurés, aux lèvres supérieures fendues et aux incisives apparentes, quand un trou ne sépare pas tout simplement le bout de leur nez de leur menton, fait peine à voir dans le hall d’attente de la clinique Suka de Ouagadougou.
Certains dorment, d’autres sont assis sagement, leur tête posée contre une épaule parentale. Personne ne parle ou presque. La crispation est manifeste.
Habibatou Saaba, dont le fils Zidan, âgé de 18 mois, vient d’être confié aux bistouris des chirurgiens de l’ONG canadienne "Mission sourire d’Afrique", fait les cent pas. Le "futur" de son enfant, dont elle veut faire un "infirmier", est en jeu, explique-t-elle.
"Jusqu’ici, elle cachait son fils", raconte sa belle-soeur qui l’accompagne. "Je lui ai demandé pourquoi. Elle m’a dit qu’on lui posait trop de questions. Que parfois les adultes se pressaient pour le dévisager."
"A sa naissance, j’étais tellement triste que je n’en mangeais plus", acquiesce Habibatou.
Au Burkina Faso comme ailleurs en Afrique, naître avec un bec-de-lièvre est une tare que les enfants et leurs proches portent leur vie durant.
"La plupart des familles pensent qu’elles sont victimes d’une malédiction", affirme Loïc Koffi, l’assistant social de la clinique.
Si en ville parents et enfants réussissent à surmonter ce handicap, les petits sont "traités de sorciers" en milieu rural, où ils provoquent des divorces, quand ils ne sont pas "bannis" des villages "avec leurs mamans", constate-t-il.
Un bénévole, qui fait office de traducteur entre les patients burkinabè, souvent pauvres et ne maîtrisant pas le français, et le personnel médical québecois, raconte le calvaire d’une mère récemment "chassée du village" avec sa progéniture pour avoir mis au monde "un enfant maudit".
"Elle a été obligée de se cacher en brousse, comme un animal, de vivre de cueillette. Un voyageur qui l’a rencontrée a eu pitié d’elle et l’a emmenée à Ouagadougou", narre-t-il.

- Problème réglé en 45 minutes -

Dans de telles circonstances, corriger un bec-de-lièvre, une intervention rapide et sans risque en Occident, prend une importance considérable sur le continent noir.
"Cette difformité (...) provoque de nombreux stigmates. Les enfants ont des problèmes psychologiques. Ils ne peuvent pas socialiser, aller à l’école, se marier, travailler", déplore Nkeiruka Obi, en charge du programme Smile train (le train du sourire) en Afrique de l’Ouest.
"Pourtant, ce problème peut être réglé en 45 minutes, pour un coût de 250 dollars (environ 180 euros), et changer la vie d’un enfant pour toujours", souligne Mme Obi, dont l’ONG basée aux Etats-Unis a réparé selon elle "près d’un million de sourires" aux quatre coins du globe, dont 127.000 en 2013.
Smile train, fondée en 1999, accorde 400 dollars par opération aux médecins, qui en échange soignent les patients gratuitement. L’ONG aide également à la formation de chirurgiens locaux et au développement d’infrastructures.
La quinzaine d’infirmières, anesthésistes et médecins de "Mission sourire d’Afrique", tous venus bénévolement, s’inscrit dans cette démarche. L’argent que leur reverse Smile train correspond au quart de leurs dépenses, évaluées à 80.000 à 100.000 dollars (entre 58.500 et 73.000 euros).
Des sponsors démarchés au Canada financent l’important reliquat.
A Ouagadougou, deux équipes travaillent en flux tendu dans le même bloc opératoire, aux normes sanitaires conformes aux standards occidentaux grâce à
du matériel rapporté de Montréal.
"C’est une opération difficile à faire parfaitement. Mais tous les tissus sont là. Il s’agit simplement de les mettre en place", explique le docteur Jean-Martin Laberge en réparant la bouche de la petite Safiatou, 6 ans.
"L’arc de Cupidon (au sommet de la lèvre supérieure) est parfait !", se réjouit-il à la fin de l’intervention. A ses côtés, sa femme Louise, également chirurgien, forme une consoeur nigérienne.
Comme pour les 65 autres enfants ayant été opérés, dont certains avaient également le palais fendu, le résultat est saisissant. Le visage de Safiatou est d’une beauté éclatante, à mille lieues du rictus qui déchirait son visage
trois quarts d’heure plus tôt.
"Hier, une mère nous a dit qu’elle allait retourner au village, bien habillée avec sa petite fille, et parader", sourit le docteur Laberge.
De fait, les mamans, souvent jeunes, rayonnent en contemplant leur progéniture endormie en salle post-opératoire. Dans une petite pochette, une photo prise avant l’intervention permet de garder en mémoire l’image d’un passé chaotique désormais révolu. L’avenir sera plus limpide, pour elles et leurs enfants.

jf/mba/mf

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