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Énergie : quand Akon électrise l’Afrique
Publié le mercredi 26 fevrier 2014   |  Jeune Afrique




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Retour aux sources pour le chanteur de Rn'B Akon : l’Américano-Sénégalais vient d’écumer son continent d’origine pour une tournée des palais présidentiels. Objectif ? Apporter ses lumières sur le programme "Akon lighting Africa". C’est que, sur le continent, l’accès à l'énergie est un sujet… électrique. La plupart des musiciens alternent tournées acoustiques et électriques. La dernière virée d’Akon est clairement de la seconde catégorie, bien qu’il ne s’agisse pas d’un tour de chant. Dans neuf pays africains, Alioune Badara Thiam – le nom de baptême du chanteur – a présenté un ambitieux projet d’électrification en milieu rural. C’est que l’accès à l’énergie électrique fait grincer des dents sur un continent pourtant écrasé par un soleil dont on dit qu’il sera le courant de demain. Les rayons solaires burinent l’épiderme des gens du sud, alors que manque cette électricité que les gens du nord gaspillent en cabine de bronzage. Il n’y a qu’à observer la situation du pays où Akon a commencé sa vie et sa tournée des huiles politiques. Jeudi dernier, la société sénégalaise d’électricité, Senelec, annonçait un programme de délestage justifié par des "travaux d’entretien, de renforcement et d’amélioration de la qualité du service". Les perturbations dans la fourniture du précieux jus sont à ce point monnaie courante, au pays de la Teranga, que des collègues d’Akon en avaient fait des chansons. Quelques mois avant de devenir ministre de Macky Sall, Youssou Ndour empruntait aux Beatles la mélodie Obladi, Oblada et y apposait les paroles "Leep mo Lendem", littéralement "tout est dans l’obscurité", en wolof. Au même moment, le rappeur Didier Awadi évoquait la crise énergétique dans le titre "Dafa Doy". Équation irrésolue Si la satire musicale empêcha, un moment, les Sénégalais de sangloter sur leur obscurité chronique, le manque de courant a conduit au décès de manifestants, en Guinée, la semaine dernière. Le Premier ministre guinéen, Mohamed Saïd Fofana, avait promis de résoudre en une semaine des problèmes récurrents de coupures d’électricité dans certains quartiers de Conakry. Le mardi 18 février, des jeunes lassés d’attendre, affrontaient les forces de l’ordre, au milieu de pneus incendiés, de poubelles renversées et de gaz lacrymogène. Au cours des émeutes, un protestataire et un élève gendarme étaient tués et 33 personnes blessées légèrement. Avec des délestages qui pourraient persister 8 heures par jour, difficile d’exiger que des élèves apprennent leurs leçons ou que des médecins fassent fonctionner efficacement un centre de santé. Face à cette équation énergétique irrésolue qui concerne une bonne partie du continent, les Ouest-Africains ne sont pas rassurés par la période de l’année. La bande sahélienne s’achemine vers la période caniculaire, synonyme de "pointe énergétique". Le thermomètre dépassera les 40°C, alors qu’aucune pluie conséquente ne sera tombée depuis septembre 2013. La demande en climatisation ou ventilation sera la plus élevée de l’année, au moment même où les barrages largement asséchés peineront à fournir l’énergie hydroélectrique en quantité suffisante. Avec des délestages qui pourraient persister 8 heures par jour, difficile d’exiger que des élèves apprennent leurs leçons ou que des médecins fassent fonctionner efficacement un centre de santé. En fin de semaine dernière, alors même qu’Akon foulait le sol du Burkina Faso, la société nationale d’électricité préparait les esprits. Un communiqué de la Sonabel évoquait "un certain nombre d’actions dans le but de minimiser les perturbations", des limites dans les "possibilités d’importation avec le partenaire ivoirien" et un possible "rationnement de la fourniture d’électricité" à l’approche du mois d’avril. Au même moment, les autorités burkinabè annonçaient que le Faso abriterait le 5e forum de l’Autorité de régulation régionale du secteur de l’électricité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Arrec). Quand ? Du 13 au 14 novembre 2014, après que la saison des pluies aura approvisionné les barrages. Il serait dommage que de grand-messes mondaines se déroulent dans une salle de conférence jetée dans l’obscurité… L'espoir fait vivre En attendant, les Burkinabè se nourriront d’espoir, Akon ayant promis d’électrifier 150 000 à 200 000 foyers au Burkina. Pas étonnant qu’il ait été reçu comme un chef d’État par un président Compaoré qui souffre, lui, d’une atmosphère politique plutôt électrique. L’accueil a été chaleureux, malgré le lapin que le chanteur de RnB avait posé aux Ouagalais lors de la dernière cérémonie des Kora music awards tenue dans leur capitale. Si "Akon Lighting Africa" apporte, comme convenu, de l’électricité à près d’un million de ménages ruraux africains, le continent pardonnera au chanteur ses faux bonds artistiques. Et l’artiste n’aura plus les scrupules du déraciné qui a la sensation de profiter seul d’une fortune accumulée loin de son Afrique découragée.
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