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Université de Koudougou : La version de l’enseignant violenté par les étudiants
Publié le mardi 6 novembre 2012   |  Autre presse


Université
© Autre presse par DR
Université de Koudougou du Burkina Faso


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Depuis quelques semaines, l’université vit une crise qui menace de contaminer tout le secteur de l’éducation. L’exclusion de certains étudiants pour actes de violences sur un enseignant est la cause principale de l’emballement. A la demande expresse de l’enseignant victime de violences de la part des étudiants, et vu l’intérêt de la question, nous publions la version des faits de M. Mahamoudou Oubda, enseignant d’histoire et d’archéologie.

Dans un encadré de Cyrille Zoma publié à la page 9, il est écrit que : « Le témoignage du professeur Mahamadou Oubda (il a dit avoir été violenté par les étudiants) a été le principal argument brandi par le président de l’UK pour sanctionner les 14 étudiants, dont un était absent de Koudougou et un autre malade au moment des faits. Pourtant, devant les étudiants et à la presse plus tard, le même professeur avait soutenu n’avoir pas été agressé ni malmené par les étudiants. Voilà retranscrits les propos qu’il avait confiés à un confrère d’une radio de la place : ‘’JE RAPPELLE QU’AUCUN ETUDIANT NE M’A TAPE. JE N’AI REÇU AUCUN COUP, MEME PAS UNE SEULE INSULTE OU INJURE, JE N’AI ENTENDUE’’. A signaler que devant le conseil de discipline le professeur s’est encore rétracté et est revenu sur ses propos en accusant les étudiants ».

Malheureusement, et je le regrette, cet encadré est truffé de contrevérités et d’expressions placées hors de leur contexte et qui laissent croire que je n’ai été ni violenté, ni malmené. En espérant pouvoir bénéficier du droit de réponse, je voudrais porter à l’opinion l’information juste.

Le mardi 4 septembre 2012, jour de mon agression, pendant que nous étions en concertation dans le Bureau du Directeur de l’UFR situé au 2e étage pour trouver une issue à la crise qui secoue l’UFR, nous avons été informés qu’un étudiant s’était fait tabasser par d’autres et que si nous ne sortions pas, tout pouvait dégénérer. Sur ces entrefaites, le Directeur, pour calmer la situation, me chargea de sortir dire aux étudiants de prendre congé et de rester à l’écoute pour les conclusions de la rencontre.

Je suis sorti et j’ai passé l’information, mais avant de rejoindre la salle de réunion, une haie d’étudiants se forma subitement autour de moi et le nommé Nikiéma Francis me demanda de descendre démentir certaines déclarations que j’aurais faites sur lui devant des étudiants. Sans que je ne m’y attende, il poussa l’outrecuidance jusqu’à m’attraper par la main pour me traîner au rez-de-chaussée. Comme je résistais, ces camarades l’aidèrent en me bousculant pour me faire marcher.

Devant cette altercation bruyante, le Directeur sortit et leur intima l’ordre de me laisser passer. Mais ils n’eurent cure de son intervention en tant qu’autorité. Puis ils me soulevèrent à la stupéfaction de tous pour m’amener de force devant leur « tribunal populaire ». En me débattant pour me défaire d’eux, je m’accrochai à un pilier du bâtiment. Ils n’eurent de cesse de me tirer encore et si fortement cette fois-ci que j’ai eu des égratignures à la main gauche. C’est entre leurs mains que nous avons dépassé la salle d’informatique et le bureau du CSAF (une quinzaine de mètres environ) et ils me déposèrent enfin.

Je croyais qu’en me déposant ils renonçaient à leur forfait. Je décidai d’aller me nettoyer dans les toilettes puisque je saignais de la main gauche. Ils me rattrapèrent et Nikiéma Francis de dire : ça ne sera pas ici. Cette fois-ci, il poussa la contrainte sur ma personne jusqu’à me serrer les cols au point que mon portefeuille tomba sans que je ne m’en rendis compte (c’est plus tard devant l’UFR qu’on me le remit).

Entre temps, une confusion générale s’installa devant l’UFR et mes agresseurs interrompirent leur attaque sur ma personne pour aller mettre de l’ordre dans leurs propres rangs. C’est ainsi je pus pousser un ouf pour rejoindre le domicile d’un collègue.

Sur ces événements, un journaliste de radio Notre Dame de la Réconciliation et un autre de L’Éveil-Éducation ont recueilli ma version des faits le 11 septembre 2012.

Dans sa livraison n°210 du 20 septembre au 4 octobre 2012 à la page 8, L’Éveil-Éducation relève clairement ce j’ai dit à savoir que j’ai été violenté. Ce journal dans son éditorial écrit ceci : « A l’UFR/LSH, des étudiants mécontents ont violenté un enseignant depuis le deuxième étage jusqu’au rez-de-chaussée. Ils l’ont fait devant d’autres étudiants qui ont laissé faire. Que plus jamais au nom des franchises universitaires qui protège toute la communauté universitaire, qu’aucun enseignant ne subisse la violence des étudiants. Plus jamais ça ».

Cependant, l’article de votre représentant à Koudougou, Cyrille Zoma, inspiré des montages de Michel Yaméogo de Radio Notre Dame laisse supposer le contraire. M. Cyrille Zoma, qui était au campus le 11 octobre s’est contenté de la version des étudiants et du montage de Michel Yaméogo alors qu’il pouvait me contacter au bureau.

Devant le Conseil de discipline, j’ai soutenu n’avoir aucune critique particulière à l’endroit de l’ANEB et de ses militants car étant moi-même membre du bureau national d’un syndicat d’enseignant-chercheurs en l’occurrence le SYNADEC, je ne peux être mécontent de voir les étudiants s’initier au syndicalisme. C’est contre Francis Nikiéma que j’ai porté plainte en Conseil de discipline car je reste convaincu que c’est lui qui a orchestré l’attroupement et le traitement humiliant infligé contre ma personne. J’ai été violenté d’autant plus que Nikiéma Francis m’a d’abord tiré par la main, ensuite les autres m’ont soulevé et enfin, lui m’a serré les cols.

Selon les conclusions du Conseil de discipline, il est ressorti que six (06) étudiants m’ont molesté et ont agressé physiquement deux (02) autres étudiants (agressions ayant entrainé blessures et évanouissements). Ils sont exclus de tous les établissements d’enseignement supérieur du Burkina Faso.

Huit (8) autres étudiants sont exclus de l’UK pour cinq (5) ans pour : « participation active au boycott de cours et évaluations ; attitude, propos et comportement d’intolérance ayant entrainé un trouble à la vie administrative et académique ». En définitive mes déclarations n’ont pas varié, elles ont été mal interprétées ou transformées.

Avec mes vifs remerciements pour la publication de la présente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de ma parfaite considération.

Koudougou, le 25 octobre 2012.

M. Mahamoudou Oubda,
Chef de département d’Histoire et archéologie
Université de Koudougou

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